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Quand je suis né, peu après la Lumière, beaucoup d'anges gagnèrent le titre de Gardien, et je les enviais -allons j'ai beau être un ange, je ne suis pas parfait, je suis l'Ange de l'Humilité, Vertu opposée à l'Orgueil, pas celui du Désintéressement-, ils allaient et venaient entre le Plan Céleste et celui des humains, les protégeant et les découvrant dans toute leur entièreté, sans jamais entrer totalement en contact avec eux certes, mais ça devait être si excitant et incroyable.
Je me rappelle d'une querelle causée par un ange qui se plaignait d'un des humain dont il avait la charge, disant qu'il était né sans voix ou ouïe, d'aucun intérêt et se moquait de lui, me mettant ainsi dans une colère noire -encore une fois, je ne suis pas infaillible- et j'allais le frapper du feu divin quand Dieu nous arrêtât net, ce fût la première fois que Le Seigneur se mît en colère contre un Séraphin, et il me semble la dernière....
Mais aujourd'hui, depuis que Dieu nous a abandonné, je suis égal aux humains, enfin presque, j'essaye d'agir, de vivre, de devenir comme eux, je les aime, j'aime les humains, avec tout leur orgueil et toutes leurs fantaisies.
Ce matin, il fait froid, très froid...alors je me pare de la plus grosse écharpe dans mon armoire, d'un grand manteau noir en tweed épais et de gants de cuir ainsi qu'un bonnet à pompon et à motif de boules de Noël, il est bientôt la fin de l'année alors autant le porter, ça égaillera la journée des jeunes du centre.
Je met Lelaps en laisse et nous prenons le bus pour le Centre Lgbtqia+, à mon habitude, je dis bonjour à toute personnes que je croise, habitués comme étranger, des fois très bien reçu, des fois pas du tout, le cliché du parisien étant absolument incivil et grincheux est -selon moi- faux mais, que voulez vous? Les clichés ont, comme les habitudes, la vie dure.
C'est moi qui ouvre ce matin, il n'est que 7 heures, rien d'alarmant, j'ai encore le temps, nous sommes un samedi donc on ouvre toute la journée.
Je souffle par dessus mon écharpe et la buée vole et danse dans l'air avant de s'évaporer, Lelaps, n'aime pas du tout le froid non plus alors, je lui ais acheté une parka pour chien qui lui va à ravir.
J'arrive et un petit groupe est déjà là, je reconnaît les têtes, je souris et lance un:
-Salut tout le monde!
Une façon de dire bonjour différente pour chacun.es, un fist bump pour Roxy, un gros câlin pour Léon, un check pour Laura et un bisou sur la joue pour Charli, toustes dans une tranche d'âge d'à peu près 15-19 ans, des lycéens, pas toustes mal dans leurs peau, pas non plus à l'aise en société, et ils viennent pour passer un moment dans un endroit sécuritaire et où iels peuvent être elleux mêmes.
Ces petits habitués, plus que des enfants que je voit presque tout les jours, ce sont mes petits habitués, mes enfants, peut être serais-je un peu trop paternaliste, mais n'est ce pas là l'essence d'un ange?
Mais, malheur, Roxy me dispute du haut de ses 1 mètre 78:
-C'est quoi ça? Dit-elle en pointant Lelaps du doigt.
-Comment ça? Qu'est ce qu'il se passe?
-Pourquoi tu lui a mis ça, c'est horrible! La pauvre Lelaps doit être en train de souffrir à cause de ce cruel faux pas de fashion!
Je prends mon bébé dans les bras et réplique:
-Je ne vois pas de quoi tu parles, c'est absolument magnifique!
Je fais légèrement bouger la mâchoire du bas de Lelaps tout en jouant un morceau de ventriloquie:
-Ne l'écoute pas Mahasiah, elle est juste jalouse de tes goûts en terme fashion, moi je suis absolument magnifique, prête pour la Fashion Week.
J'arrête de jouer à la poupée et réponds:
-Merci Lelaps, au moins toi tu as du goût.
Et Léon se permit de rajouter quelque chose:
-Euhm....Siah...On peut parler de ton bonnet?
-Non, vous ne pouvez pas....
Après une vague de rires, et surtout un fou rire de Charli, qui est un public très facile, je décide d'ouvrir la porte et de laisser tout le monde rentrer, nous allumons les lumières et je fait du café, tous s'assoient sur les canapés, presque fatigués et je les regarde déçu de voir aussi peu d'énergie chez des jeunes de leurs âges.
Je fait l'air de grommeler et leur fait signe que je vais fumer avant de commencer la performance, Roxy se porta évidemment volontaire pour surveiller Lelaps, et évidemment je répondis que c'est plutôt Lelaps qui doit les surveiller.
Alors, je me faufile dehors, Vogue au bec, le corps caché sous des couches et des couches de vêtements, et allume le bâton de nicotine, ça ne me fais pas grand chose, comme manger et dormir, mais je ne sais pas...ça m'aide à comprendre les humains.
La fumée s'envole, suivie par la vapeur et une forme assise en face, dans un sweater, caché, je ne vois pas vraiment son visage, mais je le connais, un autre genre d'habitué, qui viens, erre près du centre, mais n'ose jamais venir, je ne suis pas du genre à forcer les gens à venir mais il me semble que ce jeune garçon à besoin qu'on le pousse quand même un peu; alors je m'approche, doucement, paraissant le plus aimable possible et tends ma main:
-Salut, comment tu t'appelles? Moi c'est Mahasiah, tu veux venir au centre? On a des gateaux et des boissons chaudes...
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A shelter is a place that everyone deserve.
Numa n'était pas capable de remplir les cases d'orientation sexuelle sur une simple application de rencontre. D'ailleurs, il se demandait pourquoi il fallait donner autant de renseignements ; de son point de vue, les gens étaient des gens, pas des genres. Il aurait été capable de citer tous les pokemons existant à ce jour, si on lui demandait d'argumenter pourquoi tel starter était meilleur, et en quoi trouvait-il que Héricendre méritait mieux que le mépris de la communauté. Par contre, remplir des cases, il n'y arrivait pas. Son échec avec Dimitri s'était soldé par de multiples crises d'angoisse, et une question aux allures existentielles : qu'est-ce que je suis ?
Jusque là, Numa s'était défini par ce que les autres définissaient de lui, mais ces définitions n'étaient pas tout à fait juste, sans qu'il puisse mettre le doigt dessus. Et puis, il ne pouvait pas mettre « autiste » dans la case de l'orientation sexuelle qu'exigeait l'application. Encore moins, depuis que Dimitri était rentré de sa vie, et que Numa l'avait ghosté. Encore moins, depuis qu'il avait eu la sensation d'être un trophée, une proie, chose dont il s'était rendu compte quand il avait piraté le contenu de son compte messenger. Sa méfiance à l'égard des autres le poussait à braver leurs vies privées, afin de scripter au mieux sa personnalité et de chercher à correspondre à un certain idéal.
Bon.
Le jeune homme avait scrollé pendant des jours sur internet, notamment sur Twitter, en cherchant des réponses à des questions qu'il se posait. Certains vécus faisaient écho au sien, mais il craignait d'intervenir, d'interroger et de nouer des liens. Quelques fois, il avait vu passer l'adresse du centre LGBTQI+ de Paris, et plusieurs fois, il avait cherché sur Google Maps l'endroit exact où il se trouvait. Et c'était resté dans son crâne. Pourquoi pas se rendre là-bas. Mais tu n'aimes pas sortir. Et puis c'est ridicule. Qu'est-ce que ça changera ? A part les détraqués, personne ne voudra de toi. Tu finiras seul, c'est mieux comme ça.
T'es juste un nerd.
Du genre à préférer les dating game qu'à rencontrer les gens dans la vraie vie. On t'a bien prouvé à quel point ceci était une erreur.
Mais... c'était resté. Avec Le Chat lové sur sa poitrine, Numa avait réfléchi de longues nuits à ce qu'il devait faire, et ce qu'il pouvait faire. Le Chat finissait par lui donner des coups de tête contre sa mâchoire, il se frottait contre son cou, et il vrombissait comme un moteur contre son torse. Plus Numa refusait de se concentrer sur ce sentiment d'inconfort, plus ça tournait dans son crâne. C'était le refrain d'une chanson, et il se retrouva incapable de faire autre chose que d'y penser. C'était comme si le script dans son cerveau ne voulait pas passer à l'étape suivante, comme si au fond de lui, le rouquin savait que c'était la bonne solution. Mais qu'il ne se sentait pas légitime, juste cassé.
Alors... Numa y alla.
La première fois, il songea à s'y rendre en semaine, en sachant que le centre était fermé. Le but ? Se préparer mentalement à franchir son seuil, une autre fois, sans avoir les gens. Les gens et le bruit qu'ils faisaient, les gens et leurs effleurements brefs dans les transports en commun. Les gens et leurs regards, lorsqu'ils cherchaient à capter le sien. Il prit du temps pour mémoriser tout ce qui se trouvait aux alentours, les noms des rues, les différents commerces, les entrées du métro. Bien évidemment, il avait déjà visualisé tout ça sur Google Maps, mais le voir dans la vraie vie, avec la lumière aveuglante des lampadaires, les odeurs propres à Paris, ça avait été nécessaire.
Un travail préparatoire - donc -, qui dura. Dura. Dura. Au final, se rendre devant le centre LGBTQI+ présentait une forme de routine. Même heure, même jour, même tenue. Même sentiment d'inconfort et d'angoisse, dès qu'il s'apercevait que les gens y entraient. Même place, même regard vide, lorsqu'il observait le bâtiment. Et surtout, chaque geste était réglé comme du papier à musique. Numa s'assoit, son sac à dos entre ses jambes, il sort son paquet de cigarettes. Il n'aime pas ça, mais ça lui donne une impression falsifiée de s'intégrer. Il fume, et il reste, jusqu'à ce que sa cigarette se consume.
Le rituel était parfait, si ce n'était aujourd'hui.
Numa avait vu une personne longiligne rentrer dans son champ de vision. Il avait tourné aussitôt la tête ailleurs, les yeux indifférents à la chaleur qu'il propageait autour de lui, muet au ton bienveillant qui était employé. Le vent claquait contre sa nuque, des frissons traversaient son dos ; Numa détestait ça.
Le garçon se demanda quel était le rapport avec les gâteaux et les boissons chaudes, et parler soudain à un inconnu n’en faisait pas partie de ses plans. Ses doigts tremblaient sur la cigarette, et il laissa un long silence rempli d'un profond malaise. Il gardait la tête tournée, de trois quarts, observant du coin de l'oeil Mas... Masha... Mahasiah, sans savoir quoi répondre. Au final, il bafouilla quelque chose comme :
« P-pap-pas... la peine. »
Avec une forte envie de disparaître, là, tout de suite.
Jusque là, Numa s'était défini par ce que les autres définissaient de lui, mais ces définitions n'étaient pas tout à fait juste, sans qu'il puisse mettre le doigt dessus. Et puis, il ne pouvait pas mettre « autiste » dans la case de l'orientation sexuelle qu'exigeait l'application. Encore moins, depuis que Dimitri était rentré de sa vie, et que Numa l'avait ghosté. Encore moins, depuis qu'il avait eu la sensation d'être un trophée, une proie, chose dont il s'était rendu compte quand il avait piraté le contenu de son compte messenger. Sa méfiance à l'égard des autres le poussait à braver leurs vies privées, afin de scripter au mieux sa personnalité et de chercher à correspondre à un certain idéal.
Bon.
Le jeune homme avait scrollé pendant des jours sur internet, notamment sur Twitter, en cherchant des réponses à des questions qu'il se posait. Certains vécus faisaient écho au sien, mais il craignait d'intervenir, d'interroger et de nouer des liens. Quelques fois, il avait vu passer l'adresse du centre LGBTQI+ de Paris, et plusieurs fois, il avait cherché sur Google Maps l'endroit exact où il se trouvait. Et c'était resté dans son crâne. Pourquoi pas se rendre là-bas. Mais tu n'aimes pas sortir. Et puis c'est ridicule. Qu'est-ce que ça changera ? A part les détraqués, personne ne voudra de toi. Tu finiras seul, c'est mieux comme ça.
T'es juste un nerd.
Du genre à préférer les dating game qu'à rencontrer les gens dans la vraie vie. On t'a bien prouvé à quel point ceci était une erreur.
Mais... c'était resté. Avec Le Chat lové sur sa poitrine, Numa avait réfléchi de longues nuits à ce qu'il devait faire, et ce qu'il pouvait faire. Le Chat finissait par lui donner des coups de tête contre sa mâchoire, il se frottait contre son cou, et il vrombissait comme un moteur contre son torse. Plus Numa refusait de se concentrer sur ce sentiment d'inconfort, plus ça tournait dans son crâne. C'était le refrain d'une chanson, et il se retrouva incapable de faire autre chose que d'y penser. C'était comme si le script dans son cerveau ne voulait pas passer à l'étape suivante, comme si au fond de lui, le rouquin savait que c'était la bonne solution. Mais qu'il ne se sentait pas légitime, juste cassé.
Alors... Numa y alla.
La première fois, il songea à s'y rendre en semaine, en sachant que le centre était fermé. Le but ? Se préparer mentalement à franchir son seuil, une autre fois, sans avoir les gens. Les gens et le bruit qu'ils faisaient, les gens et leurs effleurements brefs dans les transports en commun. Les gens et leurs regards, lorsqu'ils cherchaient à capter le sien. Il prit du temps pour mémoriser tout ce qui se trouvait aux alentours, les noms des rues, les différents commerces, les entrées du métro. Bien évidemment, il avait déjà visualisé tout ça sur Google Maps, mais le voir dans la vraie vie, avec la lumière aveuglante des lampadaires, les odeurs propres à Paris, ça avait été nécessaire.
Un travail préparatoire - donc -, qui dura. Dura. Dura. Au final, se rendre devant le centre LGBTQI+ présentait une forme de routine. Même heure, même jour, même tenue. Même sentiment d'inconfort et d'angoisse, dès qu'il s'apercevait que les gens y entraient. Même place, même regard vide, lorsqu'il observait le bâtiment. Et surtout, chaque geste était réglé comme du papier à musique. Numa s'assoit, son sac à dos entre ses jambes, il sort son paquet de cigarettes. Il n'aime pas ça, mais ça lui donne une impression falsifiée de s'intégrer. Il fume, et il reste, jusqu'à ce que sa cigarette se consume.
Le rituel était parfait, si ce n'était aujourd'hui.
Numa avait vu une personne longiligne rentrer dans son champ de vision. Il avait tourné aussitôt la tête ailleurs, les yeux indifférents à la chaleur qu'il propageait autour de lui, muet au ton bienveillant qui était employé. Le vent claquait contre sa nuque, des frissons traversaient son dos ; Numa détestait ça.
Le garçon se demanda quel était le rapport avec les gâteaux et les boissons chaudes, et parler soudain à un inconnu n’en faisait pas partie de ses plans. Ses doigts tremblaient sur la cigarette, et il laissa un long silence rempli d'un profond malaise. Il gardait la tête tournée, de trois quarts, observant du coin de l'oeil Mas... Masha... Mahasiah, sans savoir quoi répondre. Au final, il bafouilla quelque chose comme :
« P-pap-pas... la peine. »
Avec une forte envie de disparaître, là, tout de suite.
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Un regard, presque effrayé, il est intimidé je pense, et puis rien, pendant tout de même un long moment.
-P-pap-pas... la peine.
Ah! Ça parle! Alors, est ce que je vais pouvoir te faire parler un peu plus jeune homme?
-Tu es sûr? Tu as l'air d'avoir bien froid, et puis je t'avoue que je te vois presque tout le temps ici, tu es sûr que tu ne veux pas entrer? Les gens sont gentils au Centre, un peu remuant, pour certains, mais ce sont de vrais anges.
Je pouffe un peu intérieurement; ce genre de blague m'a toujours fait bien rire.
Je ressors une cigarette, et l'allume, avant de m'asseoir à un petit mètre de lui, respectant son espace personnel, c'est pas en le surchargeant que je vais réussir à le faire s'ouvrir.
Un ballet de silence, de vapeur et de fumée danse dans l'air, et ne trouvant pas cela le plus dérangeant au monde, je laisse passer un peu le temps, admirant le spectacle de nos souffles matérialisés dans l'air, mais alors, le ciel se couvrant un peu, inquiétant, la météo avait prévu de la pluie? Je crois....
Je reformule ma proposition:
- Tu ne vas pas rester sous la pluie, si? Moi ça ne me dérange pas, je trouve cet évènement météorologique très poétique, mais si tu préfères t'abriter...
Et je comprends, enfin ça me frappe comme un éclair, le garçon est mal à l'aise, il n'aime pas parler, je ne lui laisse même pas le temps de répondre, moi et ma grande trompette d'ange; je respire profondément et me tais, je dois écouter, reprendre mon statut d'ange rien qu'un peu, écouter les humains, les écouter et les aider.
Alors la pluie tombe et coule le long de nos joues, de nos vêtements, manquent d'éteindre nos cigarettes et mettent en agonie les insectes passants qui se prennent des gouttes en pleine poire, la pluie tombe et clapote sur le sol créant des miroirs aux formes vagues sur le sol, les feuilles volent et tombent au sol, certaines dans les flaques et elles voguent comme des petits bateaux faits exprès pour des insectes ou des êtres minuscules comme les fées.
Je soupire et ne bouge pas, je ne sais pourquoi mais me trouver à côté de ce garçon, bien qu'apaisant, me donne un sentiment d'inquiétude et d'envie de protéger, presque instinctif.
-P-pap-pas... la peine.
Ah! Ça parle! Alors, est ce que je vais pouvoir te faire parler un peu plus jeune homme?
-Tu es sûr? Tu as l'air d'avoir bien froid, et puis je t'avoue que je te vois presque tout le temps ici, tu es sûr que tu ne veux pas entrer? Les gens sont gentils au Centre, un peu remuant, pour certains, mais ce sont de vrais anges.
Je pouffe un peu intérieurement; ce genre de blague m'a toujours fait bien rire.
Je ressors une cigarette, et l'allume, avant de m'asseoir à un petit mètre de lui, respectant son espace personnel, c'est pas en le surchargeant que je vais réussir à le faire s'ouvrir.
Un ballet de silence, de vapeur et de fumée danse dans l'air, et ne trouvant pas cela le plus dérangeant au monde, je laisse passer un peu le temps, admirant le spectacle de nos souffles matérialisés dans l'air, mais alors, le ciel se couvrant un peu, inquiétant, la météo avait prévu de la pluie? Je crois....
Je reformule ma proposition:
- Tu ne vas pas rester sous la pluie, si? Moi ça ne me dérange pas, je trouve cet évènement météorologique très poétique, mais si tu préfères t'abriter...
Et je comprends, enfin ça me frappe comme un éclair, le garçon est mal à l'aise, il n'aime pas parler, je ne lui laisse même pas le temps de répondre, moi et ma grande trompette d'ange; je respire profondément et me tais, je dois écouter, reprendre mon statut d'ange rien qu'un peu, écouter les humains, les écouter et les aider.
Alors la pluie tombe et coule le long de nos joues, de nos vêtements, manquent d'éteindre nos cigarettes et mettent en agonie les insectes passants qui se prennent des gouttes en pleine poire, la pluie tombe et clapote sur le sol créant des miroirs aux formes vagues sur le sol, les feuilles volent et tombent au sol, certaines dans les flaques et elles voguent comme des petits bateaux faits exprès pour des insectes ou des êtres minuscules comme les fées.
Je soupire et ne bouge pas, je ne sais pourquoi mais me trouver à côté de ce garçon, bien qu'apaisant, me donne un sentiment d'inquiétude et d'envie de protéger, presque instinctif.
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A shelter is a place that everyone deserve.
Numa se sentait démuni.
Même si Mash... Mahasiah respectait une certaine distance, le rouquin n'était pas à l'aise. Il n'avait pas prévu une interaction sociale, pas aussi brusque, pas aussi directe. Le fait que Mahasiah ajoute qu'iel le voyait régulièrement par ici l'intimida. Numa regarda ailleurs, il se concentra sur le paysage alentours. Sans qu'il s'en rende compte, il commença à légèrement se balancer d'avant en arrière, le bout de ses doigts devenait rouge sous le froid. Il ne donnait pas l'air de l'écouter, ou de l'entendre ; son script se lançait en boucle, mais à chaque fois, c'était une belle Erreur 404 qui s'écrasait dans son crâne.
La cigarette était immonde, un baiser acide dans sa bouche, mais qui au moins lui donnait des allures adultes. Numa coinça son autre main entre ses cuisses, et il continua le même mouvement. Le rythme ne changeait pas ni sa façon de remuer le haut de son corps ; un parfait mouvement de balancier.
Quel idiot d'être venu ici, et d'avoir attiré l'attention de Mahasiah ; la personne semblait vouloir rester avec lui. Patient et modéré, certes, mais Numa ne comprenait pas pourquoi il dépensait son temps avec un monstre comme lui. Le jeune homme respirait profondément, la pluie commença à tomber, recouvrant le bâtiment d'un voile obscur, tandis que les gouttes frappèrent le pavé. Numa écouta leur musique, plus délicate à ses oreilles que les grondements des voitures. Il les sentait s'écraser dans sa tignasse rousse, lui arrachant d'autres frissons désagréables. Parfois, il observait Mahasiah du coin de l'oeil, jamais son visage, plutôt ses mains. Son cerveau cherchait à analyser les gestes, les traduire, il pédalait davantage dans le vide qu'à produire une solution à un problème trop complexe pour lui.
Alors qu'il suffisait juste... Juste... Juste... Juste... Juste...
Son corps allait d'avant en arrière, les gouttes plic-ploc, le froid lui fait rougir les oreilles et les joues. Les phares des voitures le crispèrent, ça devenait brusquement agressif. Dans ce Paris humide et gris, les lumières des véhicules étaient des flashs violents. Numa cligna des yeux, il se tassa sur lui-même, et au bout d'un moment, il se contenta de rabattre la capuche de son sweat sur sa tête. Il en tira le rebord, afin de s'y dissimuler, de se mettre à l'abri de la pluie, mais aussi des lumières, des autres.
Qu'il suffisait juste... juste... juste... juste... juste...
Accepter, communiquer, acquiescer, parler, hoche la tête, discuter, approuver, raconter. Mais raconter quoi, au juste... ? Au juste. Au juste. Juste. Juste. Juste. Ses mains tremblaient, mais c'était plus à cause de se maladie que du froid ; en fait, Numa ne le sentait pas trop.
Fais un effort. Fais un effort. Fais un effort. Tu lui fais perdre son temps. Tu lui fais perdre son temps. Temps. Temps. Temps. Temporalité. Temporaire. Tempérer. Tempester ? Temps et pester en même temps ? Temps. Tant. Mesure. Mesurer. Mesurer le temps. Temps-tangible. Tant de temps. Tant du temps. Tant mieux. Tant pis. Temps... tant si peu. Temps. Météo.
Il pleut. Il bruine. Il tombe. Giboulée. Précipitation. Se précipiter.
« J'ai.. je-je...-je... j'aime... p-p-pas... les g... je-jeje-gens. »
Les gens. Bruyants et envahissants. Les gens illogiques et tactiles. Les gens, et les gens, et les gens. Tout le temps les gens. Trop de gens. Dans le métro. À l'école. Dans la rue. Ils font vivre la ville, et c'est la ville qui les fait vivre ? Sur-vivre. Sous-rire.
Non. Pas la force, pas maintenant de sous-rire.
Même si Mash... Mahasiah respectait une certaine distance, le rouquin n'était pas à l'aise. Il n'avait pas prévu une interaction sociale, pas aussi brusque, pas aussi directe. Le fait que Mahasiah ajoute qu'iel le voyait régulièrement par ici l'intimida. Numa regarda ailleurs, il se concentra sur le paysage alentours. Sans qu'il s'en rende compte, il commença à légèrement se balancer d'avant en arrière, le bout de ses doigts devenait rouge sous le froid. Il ne donnait pas l'air de l'écouter, ou de l'entendre ; son script se lançait en boucle, mais à chaque fois, c'était une belle Erreur 404 qui s'écrasait dans son crâne.
La cigarette était immonde, un baiser acide dans sa bouche, mais qui au moins lui donnait des allures adultes. Numa coinça son autre main entre ses cuisses, et il continua le même mouvement. Le rythme ne changeait pas ni sa façon de remuer le haut de son corps ; un parfait mouvement de balancier.
Quel idiot d'être venu ici, et d'avoir attiré l'attention de Mahasiah ; la personne semblait vouloir rester avec lui. Patient et modéré, certes, mais Numa ne comprenait pas pourquoi il dépensait son temps avec un monstre comme lui. Le jeune homme respirait profondément, la pluie commença à tomber, recouvrant le bâtiment d'un voile obscur, tandis que les gouttes frappèrent le pavé. Numa écouta leur musique, plus délicate à ses oreilles que les grondements des voitures. Il les sentait s'écraser dans sa tignasse rousse, lui arrachant d'autres frissons désagréables. Parfois, il observait Mahasiah du coin de l'oeil, jamais son visage, plutôt ses mains. Son cerveau cherchait à analyser les gestes, les traduire, il pédalait davantage dans le vide qu'à produire une solution à un problème trop complexe pour lui.
Alors qu'il suffisait juste... Juste... Juste... Juste... Juste...
Son corps allait d'avant en arrière, les gouttes plic-ploc, le froid lui fait rougir les oreilles et les joues. Les phares des voitures le crispèrent, ça devenait brusquement agressif. Dans ce Paris humide et gris, les lumières des véhicules étaient des flashs violents. Numa cligna des yeux, il se tassa sur lui-même, et au bout d'un moment, il se contenta de rabattre la capuche de son sweat sur sa tête. Il en tira le rebord, afin de s'y dissimuler, de se mettre à l'abri de la pluie, mais aussi des lumières, des autres.
Qu'il suffisait juste... juste... juste... juste... juste...
Accepter, communiquer, acquiescer, parler, hoche la tête, discuter, approuver, raconter. Mais raconter quoi, au juste... ? Au juste. Au juste. Juste. Juste. Juste. Ses mains tremblaient, mais c'était plus à cause de se maladie que du froid ; en fait, Numa ne le sentait pas trop.
Fais un effort. Fais un effort. Fais un effort. Tu lui fais perdre son temps. Tu lui fais perdre son temps. Temps. Temps. Temps. Temporalité. Temporaire. Tempérer. Tempester ? Temps et pester en même temps ? Temps. Tant. Mesure. Mesurer. Mesurer le temps. Temps-tangible. Tant de temps. Tant du temps. Tant mieux. Tant pis. Temps... tant si peu. Temps. Météo.
Il pleut. Il bruine. Il tombe. Giboulée. Précipitation. Se précipiter.
« J'ai.. je-je...-je... j'aime... p-p-pas... les g... je-jeje-gens. »
Les gens. Bruyants et envahissants. Les gens illogiques et tactiles. Les gens, et les gens, et les gens. Tout le temps les gens. Trop de gens. Dans le métro. À l'école. Dans la rue. Ils font vivre la ville, et c'est la ville qui les fait vivre ? Sur-vivre. Sous-rire.
Non. Pas la force, pas maintenant de sous-rire.
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-J'ai.. je-je...-je... j'aime... p-p-pas... les g... je-jeje-gens.
Est ce que je lui fait peur? Ou est ce le froid qui fait trembler sa voix? Ou encore est-il tout simplement bègue?
Mais je comprends, il doit subir une forme d'anxiété sociale sévère, donc être avec des gens...doit être un cauchemar pour lui.
Pauvre garçon...j'ai bien l'impression que la vie ne fut pas tendre avec lui.
-Je comprends ne t'en fais pas...j'ai...été comme toi il y a très longtemps.
Tubal-Caïn, descendant du frère fratricide, père du démon Asmodée, tua et conquît la Terre, chassant Noé, tuant et asservissant les hommes, les femmes et les animaux, et lorsque le Déluge arriva, il mourut, mais c'était un humain que j'avait observé des cieux, et je le haïssais, il était le mal, alors je comprends la douleur du garçon, enfin je pense comprendre, les gens peuvent faire peur, ils peuvent être dangereux et des fois semblables aux monstres que l'on peut trouver sous notre lit.
Je regarde les flaques et prends dans ma main une fourmi qui a perdu son chemin, alors l'idée me vient de reprendre mon jeu de ventriloquie ce matin:
-Pauvre petite, tu ne trouves plus ton chemin?
Alors, prenant une toute petite voix, je la fait répondre:
-Oui, est ce que vous pouvez m'aider à trouver ma maison?
-Avec joie, mon ami ici présent et moi même allons t'aider.
-Et comment vous appelez vous? Que je puisse remercier proprement mes sauveurs...
-Et bien je m'appelle Mahasiah, mais tu peux m'appeler Masiah, ou Cass', et je te présente...Comment t''appelles tu déjà?
Je me retourne à nouveau vers lui, la fourmi au bout de mon doigt, docile, curieuse, elle attend sa réponse.
Il sent...la pluie, l'herbe coupée, le tabac, les bonbons au citron et le chat, il est émouvant en un sens, il est de ces enfants qui n'ont pas eu le temps de vivre leurs enfance, de ceux qui ont dû grandir trop vite...comme beaucoup des enfants de la communauté... je n'ai pas de pitié pour lui, comme l'on attendrais d'un ange, mais une réelle empathie.
Je rallume une cigarette, levant les yeux au ciel, attendant sa réponse, ou sa non réponse, dans tout les cas je resterais là et je l'attendrais...
Est ce que je lui fait peur? Ou est ce le froid qui fait trembler sa voix? Ou encore est-il tout simplement bègue?
Mais je comprends, il doit subir une forme d'anxiété sociale sévère, donc être avec des gens...doit être un cauchemar pour lui.
Pauvre garçon...j'ai bien l'impression que la vie ne fut pas tendre avec lui.
-Je comprends ne t'en fais pas...j'ai...été comme toi il y a très longtemps.
Tubal-Caïn, descendant du frère fratricide, père du démon Asmodée, tua et conquît la Terre, chassant Noé, tuant et asservissant les hommes, les femmes et les animaux, et lorsque le Déluge arriva, il mourut, mais c'était un humain que j'avait observé des cieux, et je le haïssais, il était le mal, alors je comprends la douleur du garçon, enfin je pense comprendre, les gens peuvent faire peur, ils peuvent être dangereux et des fois semblables aux monstres que l'on peut trouver sous notre lit.
Je regarde les flaques et prends dans ma main une fourmi qui a perdu son chemin, alors l'idée me vient de reprendre mon jeu de ventriloquie ce matin:
-Pauvre petite, tu ne trouves plus ton chemin?
Alors, prenant une toute petite voix, je la fait répondre:
-Oui, est ce que vous pouvez m'aider à trouver ma maison?
-Avec joie, mon ami ici présent et moi même allons t'aider.
-Et comment vous appelez vous? Que je puisse remercier proprement mes sauveurs...
-Et bien je m'appelle Mahasiah, mais tu peux m'appeler Masiah, ou Cass', et je te présente...Comment t''appelles tu déjà?
Je me retourne à nouveau vers lui, la fourmi au bout de mon doigt, docile, curieuse, elle attend sa réponse.
Il sent...la pluie, l'herbe coupée, le tabac, les bonbons au citron et le chat, il est émouvant en un sens, il est de ces enfants qui n'ont pas eu le temps de vivre leurs enfance, de ceux qui ont dû grandir trop vite...comme beaucoup des enfants de la communauté... je n'ai pas de pitié pour lui, comme l'on attendrais d'un ange, mais une réelle empathie.
Je rallume une cigarette, levant les yeux au ciel, attendant sa réponse, ou sa non réponse, dans tout les cas je resterais là et je l'attendrais...
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A shelter is a place that everyone deserve.
Comme lui, hein ?
Numa n'y croyait pas trop, et il se contenta de laisser un autre silence. Le froid courait dans ses vêtements, et il se demanda pourquoi il était ici ; ce qu'il désirait ? Retourner sous la couette lestée, avec le Chat. Le Chat lui manquait dans ces situations, il n'avait pas ses ronronnements réconfortants à écouter ni son poil — tout doux — dans lequel il aimait perdre ses doigts. Bref, Numa était en train de penser au sens de sa vie, lorsque Mahasiah remua près de lui. Il était surpris de le voir toujours là, et il le regarda de trois quarts... Discuter avec une fourmi ?
. . .
Numa ne réagit pas, laissant Mahasiah faire son petit numéro, sans capter le but de tout ceci — établir un plan de communication avec le phasme roux. Il regarda l'insecte sur la grande main de Mahasiah, ses attitudes corporelles qui restaient aussi cryptiques pour lui qu'une recette de cuisine en hongrois runique. Lorsque Mahasiah s'arrêta, le jeune homme sortit son téléphone. En silence, il ouvrit un traitement de texte, puis pendant deux minutes, il écrivit.
Numa n'avait pas l'énergie suffisante pour argumenter à voix haute.
Il toucha Mahasiah à l'épaule, et lui présenta son écran. Il avait écrit :
Les fourmis ne parlent pas.
Elles communiquent autrement, avec les odeurs, par exemple. Elles relâchent des phéromones dans l'air, qui peut être capté par les autres fourmis, via leurs antennes. Elles peuvent produire un ensemble de phéromone pour transmettre des "phrases", si la situation est complexe et l'exige. Ces phéromones leur permettent — aussi — de reconnaître les fourmis appartenant à leur famille, ou les autres qu'elles ne connaissent pas. S'il s'agit d'une fourmi étrangère, elles peuvent identifier grâce à ça la classe sociale, etc.
Ces phéromones permettent aussi d'avertir d'un danger, une fourmi morte produira une odeur différente, servant à prévenir les autres. La reine produit en continue un type de phéromone, si elle disparait, ça permet aux autres fourmis d'en prendre conscience, et d'élever les futures reines.
Elles communiquent aussi via des sons, des ondes sonores dans le sol produites par un crissement. Ces ondes, souvent, sont pour avertir les autres d'un danger, puisque les autres percevront ces ondes dans leurs pattes. Ça sert aussi à demander de l'aide.
Elles utilisent aussi des gestes pour demander de l'aide.
Et elles ont deux estomacs, le premier permet de se nourrir, le second est une poche où la nourriture ne sera pas digérée. La fourmi ira vomir l'aliment pour aider une autre fourmi fatiguée, par exemple.
Donc tu ne peux pas parler à cette fourmi, parce que tu n'utilises pas le même langage. Tu devrais la reposer, et la laisser reprendre son travail. Elle n'a probablement pas perdu son chemin, à mon avis, elle cherche de la nourriture en servant d'éclaireuse.
Et je m'appelle Numa.
Ses mains tremblaient sur le téléphone, et Numa fixa Mahasiah, sans lae regarder dans les yeux ; il attendait qu'il ait finir de lire avant de reprendre son téléphone.
IRL
INRP
STATS
La fourmi me parle et j'écoute le trouble de sa situation, il se trouve que le garçon est assit sur l'entrée de sa maison.
Il sort son téléphone, et écrit, je lit, je comprends, je sourit un instant et puis me lève, toujours portant avec soin la petite créature avant de demander au garçon de se décaler, j'attends qu'il bouge un peu et puis je me baisse et je décroche un carreau des marches sur lesquelles il était assit pour faire apparaître un trou où grouillent un millier de fourmis.
La petite fourmi laisse échapper un crissement quasi imperceptible et se glisse dans le trou que je recouvre du carreau de faillance.
Puis me relève et reprends ma place d'auparavant avant d'inspirer la fumée tout doucement et de l'expirer et de parler au garçon:
-Enchanté Numa.
Je lui affiche un grand sourire aimable avant de continuer:
-C'est un magnifique prénom.
Je réfléchis à sa façon d'agir avec son portable:
-Les fourmis sont des créatures fascinantes n'est ce pas? Tu en sais beaucoup de choses sur les animaux?
Je prends une pause et inspire à nouveau du tabac et laisse échapper la fumée par mes narines avant de finir:
-Peut-être préfèreras-tu communiquer autrement que par la parole, ça ne me dérange pas du tout Numa.
Le vent se fait plus fort et fouette mon visage, je souris fermant les yeux et enlevant mon bonnet pour laisser mes cheveux voguer au grés de l'alizé.
Il sort son téléphone, et écrit, je lit, je comprends, je sourit un instant et puis me lève, toujours portant avec soin la petite créature avant de demander au garçon de se décaler, j'attends qu'il bouge un peu et puis je me baisse et je décroche un carreau des marches sur lesquelles il était assit pour faire apparaître un trou où grouillent un millier de fourmis.
La petite fourmi laisse échapper un crissement quasi imperceptible et se glisse dans le trou que je recouvre du carreau de faillance.
Puis me relève et reprends ma place d'auparavant avant d'inspirer la fumée tout doucement et de l'expirer et de parler au garçon:
-Enchanté Numa.
Je lui affiche un grand sourire aimable avant de continuer:
-C'est un magnifique prénom.
Je réfléchis à sa façon d'agir avec son portable:
-Les fourmis sont des créatures fascinantes n'est ce pas? Tu en sais beaucoup de choses sur les animaux?
Je prends une pause et inspire à nouveau du tabac et laisse échapper la fumée par mes narines avant de finir:
-Peut-être préfèreras-tu communiquer autrement que par la parole, ça ne me dérange pas du tout Numa.
Le vent se fait plus fort et fouette mon visage, je souris fermant les yeux et enlevant mon bonnet pour laisser mes cheveux voguer au grés de l'alizé.
IRL
INRP
STATS
A shelter is a place that everyone deserve.
Grand sourire, difficile à décrypter.
Numa avait appris que les gens souriaient, souvent, mais pour tout et n'importe quoi. Ce n'était pas facile de démêler l'expression, tant on pouvait l'interpréter différemment. Lui, il ne souriait pas, mais il avait des ricanements, secs, quand il était mal. Quand Mahasiah sourit — donc —, il trouva certes que c'était très joli, mais il cherchait la signification de ce sourire. Malaise ? Politesse ? Tristesse ? Bonheur ? Qu'est-ce que l'autre attendait ? Un sourire ? Une attitude en particulier ? Alors Numa se concentra sur le goût âcre de sa cigarette.
Sous-rire, c'était comme dire « bonjour » sans savoir si le jour serait bon aussi. Encore fallait-il que le jour ait un goût. Le goût de ses journées était souvent fade, indigeste souvent, parfois un peu sucré. Ils avaient la saveur de la grisaille, l'amertume de la pollution. Le « bon » jour était un drôle d'augure.
Qui sembla s'éclaircir, un instant.
Numa regardait ses pieds, prêt à dégainer son téléphone portable pour argumenter — encore —, mais au dernier moment, ses doigts s'arrêtèrent. Tremblant et très fin, au-dessus de l'écran, le rouquin prenait la mesure de ce que l'ange lui soufflait. C'était rare, lorsqu'on lui posait la question sur ses « préférences » de communication ; la majorité des gens estimaient ne pas devoir faire l'effort. C'était à lui, de toujours tirer sur la corde, donner son énergie pour décrypter les intonations, les regards, la pression de la bouche avec les paroles.
Sauf là.
Peut-être que pour Mahasiah, c'était juste une question anodine, peut-être était-il simplement plus attentionné que les autres. Numa se demandait « pourquoi », mais ce « pourquoi » n'avait pas autant d'importance que le sentiment de sécurité, que l'ange venait d'infuser en lui. Mahasiah avait fait le premier pas, bien plus compréhensif que tous les psychiatres ayant traversé sa vie. Bien plus que sa propre mère, et ça lui rappela un peu Jean.
Numa resta silencieux, il commença par écrire, mais bien évite, il effaça le contenu. Il avait coincé sa cigarette entre ses dents, et il sentait enfin le froid transpercer ses os. Il cherchait la bonne réponse que Mahasiah demandait, mais à chaque fois qu'il la clapotait, il la trouvait frustrante. Au final, il lui montra l'écran.
Je peux parler, à l'oral, mais je n'aime pas ça.
Je peux écrire, mais les bruits alentour gênent parfois ce que tu dis. Pourquoi tu m'as demandé de bouger d'ailleurs ?
... Je préfère le langage des signes. Mais ce n'est pas grave, si tu ne l'utilises pas.
Parce que les personnes valides n'en comprenaient pas l'utilité, parce que le langage des signes était une culture en soi. Et même s'il n'était pas sourd, Numa le préférait. Les gestes n'avortaient pas sa compréhension, c'était clair, net et précis. Du premier degré, sans l'habillage volubile du français. Numa s'attendait à ce que Siah lui dise qu'iel ne savait pas.
IRL
INRP
STATS
Rien, un silence, juste lui qui me regarde longtemps, me dévisage, et je suis gêné et je commence à me dire qu'il ne veut plus que je lui parle ou même que je soit là assit à côté de lui...
Alors je fume et je m'apprête à partir, pour le laisser tranquille quand j'aperçois du coin de l'oeil du mouvement, le garçon ressors son portable et je patiente, il pianote vite et puis me retend le portable, je lis.
Je me rappelle de la fois où j'ai rencontré Dame Anne Sullivan et la jeune Hellen Keller; j'étais médecin à l'époque, c'était 1889 et la petite avait attrapé un froid dont j'étais chargé de traiter. Et quand j'ai vu cette amitié sincère, cet amour filial, bien qu'elles ne partageaient pas le même sang. Anne traduisait à la jeune fille tout ce que je disais, par ailleurs la jeune fille avait un sens de l'humour plutôt adorable.
Enfin, après cette rencontre je me suis mis à apprendre la langue des signes anglaise, puis la française, et il est vrai que je n'avais pas communiqué ainsi depuis fort longtemps et il est fort probable que je soit encore rouillé, mais j'allais tenter.
Je souris à Numa, dans un esprit d'empathie, de gentillesse, ce sourire que je fait à tout les humains...Je sais qu'ils ont des vies tellement complexes, toujours plongés dans des choix d'éthique et philosophiques Cornélien, et les obstacles et autres épreuves qu'ils subissent sans jamais pouvoir esquiver tout au long de leurs vies sont les raisons qui me poussent à toujours être aimable envers eux, apaisant leur journée au moins un peu...
C'est bien des choses que Dieu n'aurait jamais fait, et bien une chose que je lui reprochais...dans le silence de mes ailes.
Alors je sourit et commence cette danse d'arabesques et de gestes simples décrits par mes doigts:
Je le désigne du doigt puis fais un geste négatif du doigt, je fait vibrer mes doigts, paume ouverte d'une main contre ma tempe avant de poser mon majeur sur un paume et de le tourner, ensuite de pincer l'air de mes doigts face à mon visage et d'enfin croiser mon bras droit avec mon bras gauche en un mouvement de scie pour dire:
Ne t'inquiètes pas. Tout va bien se passer.
Je souris encore et continue ma myriade de gestes:
Je peux parler en LSF, ça ne me dérange pas, je comprends que tu préfères parler ainsi si ça te fatigue moins.
Peut être que les façons et manières que j'ai de signer certains mots sont obsolètes et datent d'il y a au moins un siècle mais si il comprends c'est le principal, alors je continue:
Désolé ça fait très longtemps que je n'ai pas parlé en LSF, il faut dire que je n'ai pas souvent l'occasion.
J'essaye d'attraper un sourire de sa part, mais c'est assez dur...Il à l'air d'avoir mon âge...je crois...je ne voit pas très bien sous cette capuche.
La pluie danse plus fort et mes cheveux dansent avec elle, je la laisse glisser, plic ploc, sur mes joues et je réponds à sa question, toujours en signant:
Je t'ais demandé de bouger car tu étais assis sur l'entrée principale de la fourmilière alors j'ai remis la petite à sa colonie.
Enfin, il est temps pour moi de lui poser une question:
Tu sais beaucoup de choses sur les créatures de ce monde?
Quelle drôle de façon de signer cela Mahasiah...
Alors je fume et je m'apprête à partir, pour le laisser tranquille quand j'aperçois du coin de l'oeil du mouvement, le garçon ressors son portable et je patiente, il pianote vite et puis me retend le portable, je lis.
Je me rappelle de la fois où j'ai rencontré Dame Anne Sullivan et la jeune Hellen Keller; j'étais médecin à l'époque, c'était 1889 et la petite avait attrapé un froid dont j'étais chargé de traiter. Et quand j'ai vu cette amitié sincère, cet amour filial, bien qu'elles ne partageaient pas le même sang. Anne traduisait à la jeune fille tout ce que je disais, par ailleurs la jeune fille avait un sens de l'humour plutôt adorable.
Enfin, après cette rencontre je me suis mis à apprendre la langue des signes anglaise, puis la française, et il est vrai que je n'avais pas communiqué ainsi depuis fort longtemps et il est fort probable que je soit encore rouillé, mais j'allais tenter.
Je souris à Numa, dans un esprit d'empathie, de gentillesse, ce sourire que je fait à tout les humains...Je sais qu'ils ont des vies tellement complexes, toujours plongés dans des choix d'éthique et philosophiques Cornélien, et les obstacles et autres épreuves qu'ils subissent sans jamais pouvoir esquiver tout au long de leurs vies sont les raisons qui me poussent à toujours être aimable envers eux, apaisant leur journée au moins un peu...
C'est bien des choses que Dieu n'aurait jamais fait, et bien une chose que je lui reprochais...dans le silence de mes ailes.
Alors je sourit et commence cette danse d'arabesques et de gestes simples décrits par mes doigts:
Je le désigne du doigt puis fais un geste négatif du doigt, je fait vibrer mes doigts, paume ouverte d'une main contre ma tempe avant de poser mon majeur sur un paume et de le tourner, ensuite de pincer l'air de mes doigts face à mon visage et d'enfin croiser mon bras droit avec mon bras gauche en un mouvement de scie pour dire:
Ne t'inquiètes pas. Tout va bien se passer.
Je souris encore et continue ma myriade de gestes:
Je peux parler en LSF, ça ne me dérange pas, je comprends que tu préfères parler ainsi si ça te fatigue moins.
Peut être que les façons et manières que j'ai de signer certains mots sont obsolètes et datent d'il y a au moins un siècle mais si il comprends c'est le principal, alors je continue:
Désolé ça fait très longtemps que je n'ai pas parlé en LSF, il faut dire que je n'ai pas souvent l'occasion.
J'essaye d'attraper un sourire de sa part, mais c'est assez dur...Il à l'air d'avoir mon âge...je crois...je ne voit pas très bien sous cette capuche.
La pluie danse plus fort et mes cheveux dansent avec elle, je la laisse glisser, plic ploc, sur mes joues et je réponds à sa question, toujours en signant:
Je t'ais demandé de bouger car tu étais assis sur l'entrée principale de la fourmilière alors j'ai remis la petite à sa colonie.
Enfin, il est temps pour moi de lui poser une question:
Tu sais beaucoup de choses sur les créatures de ce monde?
Quelle drôle de façon de signer cela Mahasiah...
IRL
INRP
STATS
A shelter is a place that everyone deserve.
Si Numa avait été doué d'expressions faciales, il aurait froncé les sourcils devant Mahasiah. Peut-être aurait-il montré sa surprise, peut-être aurait-il penché la tête. Néanmoins, Numa n'était rien de tout ça, et son visage d'angle et cerné, se contenta de se tourner de trois-quarts. Ce n'était pas une marque de désintérêt, mais c'était pour rester concentré. À aucun moment, le jeune homme n’encra ses yeux vides dans ceux de son vis-à-vis, au contraire ; ils s'intéressaient aux détails de ses mains, aux mots se découpant dans le silence. Il se concentrait sur les signes, sur la façon dont les doigts de Mahasiah remuaient, bougeaient, communiquaient. Il se balançait d'avant en arrière, tandis que la pluie sur le pavé lui donnait la sensation d'un marteau claquant au sol. Parfois, entrecoupé par le vrombissement des voitures. En silence, Numa sortit son casque antibruit, et le jucha sur ses oreilles.
Maintenant que le rouquin était plus confortable, coupé de la cacophonie de Paris, il pouvait digérer les informations. Il attendit un peu, il reformula intérieurement ce que Mahasiah lui avait dit, puis il répondit. Il ferma le poing, si ce n'était l'index et le pouce tendus, près de sa bouche. Numa signifia qu'il souriait, alors qu'aucun trait de son visage anguleux n'avait formé de sourire. Mais il souriait, dans sa tête ; tout simplement. Il serra ensuite les doigts de ses deux mains, hormis les pouces, et il fit un léger geste vers sa poitrine.
Merci.
D'accord.
Les gens ne le connaissent pas, je suis surpris. D'habitude.
Mais c'est bien.
Les gestes de Numa étaient rapides, malgré que Mahasiah lui ait signé que cela faisait longtemps qu'il l'avait utilisé, le jeune homme l'oubliait. Peut-être était-ce une marque spontanée de sa part. Dans tous les cas, Numa bougeait les mains, les doigts, avec la même habileté dont il faisait preuve derrière un ordinateur. Le bout de ses doigts tremblait.
Comment sais-tu pour la fourmilière ?
Je me suis intéressé aux fourmis, quand j'étais enfant.
Mais sa mère n'avait jamais voulu que Numa étudie réellement le sujet ; les fourmis, c'étaient des insectes dégoûtants — de son point de vue. Elle avait cherché à enfouir son intérêt spécifique, en lui disant que comme tous les gamins, il aurait dû s'intéresser aux dinosaures, aux chiens, mais pas à des créatures immondes.
Tu es souvent ici.
Remarqua Numa, sans réellement faire le lien entre le rôle de Mahasiah au sein de l'association. S'il avait pu, le jeune homme aurait fouillé dans le passé de toutes les personnes qu'il avait vu entrer. Il ne pensa pas d'ailleurs que sa remarque pouvait paraître inquiétante, dans sa tête, c'était une façon de communiquer, en établissant un lien ; pragmatique. Mais un lien tout de même.
Tu veux dire quoi, par créature ?
Numa reposa les mains sur ses deux genoux osseux, son corps continuait le même mouvement, régulier. Ses yeux allaient de Mahasiah au centre, avant de se poser sur ses chaussures. Il cherchait s'il y avait d'autres fourmis, où se trouvait la fourmilière. Puis, il se perdit sur le détail d'une feuille, collée à sa basket. Le rebord avait jauni, mais elle était encore d'un vert vif pour cette époque de l'année.
IRL
INRP
STATS
Le garçon entoure sa tête d'un casque que je suppose anti-bruit et je le regarde faire, sans trop insister, apparemment le contact visuel lui est pénible.
Il signe, vite, j'ai un peu de mal à suivre mais au final je réussis à attraper quelques mots et à tout mettre en ordre pour au final comprendre le sens de ses phrases:
Merci.
D'accord.
Les gens ne le connaissent pas, je suis surpris. D'habitude.
Mais c'est bien.
Je lui réponds, simplement et plus doucement:
C'est normal, de rien.
Une amie m'a appris il y a fort longtemps.
Avec plaisir.
Il reviens sur l'histoire de la fourmi:
Comment sais-tu pour la fourmilière ?
Je ne sais vraiment pas quoi dire pour le coup...c'est assez embarrassant, peut être qu'un mensonge cru passera? Alors je signe:
Ce n'est pas la première fois que je la rencontre cette petite fourmi, et à chaque fois, elle semble perdue, et pour cause, sa fourmilière est compliqué à atteindre...
Un peu comme toi...
Je me permet cette familiarité bienveillante pour tenter de percer la carapace et voir sa sensibilité, l'encourager et l'aider à s'accepter.
Je me suis intéressé aux fourmis, quand j'étais enfant.
Intéressant! Moi j'adorais les corbeaux, ils sont fascinants.
Il prends un temps et me fais remarquer quelque chose:
Tu es souvent ici.
Je suis étonné, pensant qu'il savait qui j'étais dans le fonctionnement du Centre et je lui réponds:
Oh et bien c'est parce que je suis bénévole au Centre, je gère les permanences et ce genre de choses.
Je souris à nouveau, et me rallume une ultime cigarette alors que Roxy sort du Centre, me cherchant du regard, je lui fais signe que j'arrive et elle rentre à nouveau.
Numa me signe une dernière question:
Tu veux dire quoi, par créature ?
Euh...ben... je parlais d'animaux comme les corbeaux..
Chose cocasse est que les corbeaux, quand ils furent créés, montraient déjà des signes d'intelligences similaires à ceux des humains et sont vraiment certaines des créatures les plus fascinantes sur Terre. Et cette coïncidence me fait signer une précision à Numa:
C'est fort cocasse que nos animaux préférés soient liés, tu le savais?
J'inspire et expire la fumée, souriant toujours et écoutant la pluie tomber.
Il signe, vite, j'ai un peu de mal à suivre mais au final je réussis à attraper quelques mots et à tout mettre en ordre pour au final comprendre le sens de ses phrases:
Merci.
D'accord.
Les gens ne le connaissent pas, je suis surpris. D'habitude.
Mais c'est bien.
Je lui réponds, simplement et plus doucement:
C'est normal, de rien.
Une amie m'a appris il y a fort longtemps.
Avec plaisir.
Il reviens sur l'histoire de la fourmi:
Comment sais-tu pour la fourmilière ?
Je ne sais vraiment pas quoi dire pour le coup...c'est assez embarrassant, peut être qu'un mensonge cru passera? Alors je signe:
Ce n'est pas la première fois que je la rencontre cette petite fourmi, et à chaque fois, elle semble perdue, et pour cause, sa fourmilière est compliqué à atteindre...
Un peu comme toi...
Je me permet cette familiarité bienveillante pour tenter de percer la carapace et voir sa sensibilité, l'encourager et l'aider à s'accepter.
Je me suis intéressé aux fourmis, quand j'étais enfant.
Intéressant! Moi j'adorais les corbeaux, ils sont fascinants.
Il prends un temps et me fais remarquer quelque chose:
Tu es souvent ici.
Je suis étonné, pensant qu'il savait qui j'étais dans le fonctionnement du Centre et je lui réponds:
Oh et bien c'est parce que je suis bénévole au Centre, je gère les permanences et ce genre de choses.
Je souris à nouveau, et me rallume une ultime cigarette alors que Roxy sort du Centre, me cherchant du regard, je lui fais signe que j'arrive et elle rentre à nouveau.
Numa me signe une dernière question:
Tu veux dire quoi, par créature ?
Euh...ben... je parlais d'animaux comme les corbeaux..
Chose cocasse est que les corbeaux, quand ils furent créés, montraient déjà des signes d'intelligences similaires à ceux des humains et sont vraiment certaines des créatures les plus fascinantes sur Terre. Et cette coïncidence me fait signer une précision à Numa:
C'est fort cocasse que nos animaux préférés soient liés, tu le savais?
J'inspire et expire la fumée, souriant toujours et écoutant la pluie tomber.
IRL
INRP
STATS
A shelter is a place that everyone deserve.
Numa ne comprenait pas tout.
Comment Mahasiah avait rencontré cette fourmi, en particulier ? Il ne comprend pas. Vraiment. Il était bien trop pragmatique pour prendre conscience de la personne près de lui, ni de ses capacités. Numa ignorait que les mythes envahissaient Paris, drapé dans leurs milliers de contes, leurs millions d'interprétations. Ce dont il se doutait encore moins, c'était qu'il avait une proportion naturelle à les attirer. Mahasiah d'abord, Papa-Longue-Jambes, Dastre, Lucifer, Leonidas - autant de légendes, urbaines, bibliques, d'histoires pour enfant qui se collaient à lui.
Tu racontes n'importe quoi.
Ce ne peut pas être la même fourmi à chaque fois.
Il faudrait que tu saches reconnaître ses phéromones.
Et Numa, avec son esprit premier degré, il signa, avec la même dextérité, sans se demander si ça allait trop vite pour Mahasiah. Tant qu'iel ne le mentionnait pas, il ne comprendrait pas. Son casque remuait sous sa capuche, ses cheveux roux se collaient à son front, et il signa :
Je suis à côté de toi, c'est facile de m'atteindre.
Sans voir la métaphore, sans capter la remarque — plutôt juste pourtant — de Mahasiah. Numa continua ses mouvements, figé dans leur répétition rassurante, le vent claquait contre ses joues pleines de taches écarlates. Il nota l'information, les corbeaux, le bénévolat, le centre, la personne qui venait les regarder. Les corbeaux, le bénévolat, le centre, la personne qui venait les regarder. Les corbeaux, le bénévolat, le centre, la personne qui venait les regarder.
Corbeau, corps-beaux, bénévolat, bénit-là, centre au centre d'une personne qui venait de les regarder.
(Numa ne voyait pas là, qu'il prenait tout le temps de Mahasiah.)
Les fourmis ne sont pas mes animaux préférés.
Ses mains s'agitèrent, chaque doigt est agile, souple, bien plus que sa bouche. Dont les mots butent, se rayent, se froissent, se cassent. Qui bute. Et bute. Dont le but échappe souvent, qui réchappe d'un malaise de langage bien plus profond que son bégaiement.
(Un B-gaiement, une baie-gaiement)
Mes animaux préférés sont les chats.
J'ai un chat.
Noir.
Il est tout grand et mince.
Noir comme tes corbeaux, comme tes cheveux.
Pas un poil blanc.
Numa parlait toujours spontanément de Le Chat. Le Chat était son ami le plus fidèle, celui qui avait le droit de se lover contre lui, celui qui se frottait à ses jambes, avec la bonne pression. Celle qui est ferme, ne l'effleure pas, ne fait pas mal. Le Chat répondait au langage des signes, par des roucoulements, des ronronnements, des attitudes je-m'en-foutistes. Le Chat n'aimait personne, hormis Jean. Peut-être que Numa était l'humain particulier de Le Chat.
Il pourrait demander à Mahasiah, s'iel avait un animal de compagnie. Il pourrait échanger, maintenir la conversation. Il pourrait. Mais ce n'était pas dans ses capacités, il n'avait pas le bon décodeur pour les gens ; il ne savait pas échanger des banalités.
Le Chat, c'était son intérêt spécifique, celui de la joie, de la douceur de velours.
Il ne pense pas, simplement, à retourner la question, à alimenter la discussion.
IRL
INRP
STATS
Le pragmatisme de Numa me pris de court et étant mal à l'aise et confus il me faut un temps avant de reprendre correctement le fil de la conversation:
Oui en effet ce n'est sûrement pas la même fourmi mais il y en a toujours une qui ne peut pas rejoindre la colonie parce qu'elle a peur d'un humain assis sur l'entrée de la fourmilière.
Puis l'incompréhension revient et je comprends la méprise, le quiproquo, alors je signe derechef:
Non, je voulais dire que tu es comme la fourmi qui a du mal à rejoindre sa colonie, tu as du mal à rejoindre le centre...
Et les méprise continuent, il me fait part que les fourmis ne sont pas ses animaux préférés et je le regarde signer avec attention
Oh je vois, tu préfères les chats.
J'ai un chien moi, elle s'appelle Lelaps, elle est douce et timide, brune et blanche.
Il se réfère à mes cheveux et je lui souris, en effet mes cheveux sont inspirés du corvidé pour ce qui est de la couleur.
Les corbeaux prennent des bains de fourmi...elles mangent les parasites sur l'oiseau, et le nettoient et lui protège la fourmilière d'éventuels prédateurs...
Je regarde vivement l'heure sur ma montre et me lève doucement tout en signant:
Il va falloir que je retourne au Centre, si tu veux venir, ce sera avec joie, je peux te présenter aux autres et faire l’interprète.
Mais sinon...
Et j'hésite, j'ai envie de connaître un peu plus ce garçon...je ne sais vraiment trop que dire...et je reste planté là un instant avant de finir:
Si tu veux on peux aller...boire un café...un jour, quand tu veux...je peux te laisser mon numéro de téléphone, ou je peux prendre le tien. Si tu veux bien évidemment.
Je suis rouge à cause du froid et de la gêne mais ce garçon....je ne peux pas dire que je suis amoureux de lui loin de là...mais un instinct me pousse à devenir proche de lui, et sa situation claire me pousse à vouloir le protéger...peut être qu'au final ma vraie nature est celle d'un ange gardien?
Oui en effet ce n'est sûrement pas la même fourmi mais il y en a toujours une qui ne peut pas rejoindre la colonie parce qu'elle a peur d'un humain assis sur l'entrée de la fourmilière.
Puis l'incompréhension revient et je comprends la méprise, le quiproquo, alors je signe derechef:
Non, je voulais dire que tu es comme la fourmi qui a du mal à rejoindre sa colonie, tu as du mal à rejoindre le centre...
Et les méprise continuent, il me fait part que les fourmis ne sont pas ses animaux préférés et je le regarde signer avec attention
Oh je vois, tu préfères les chats.
J'ai un chien moi, elle s'appelle Lelaps, elle est douce et timide, brune et blanche.
Il se réfère à mes cheveux et je lui souris, en effet mes cheveux sont inspirés du corvidé pour ce qui est de la couleur.
Les corbeaux prennent des bains de fourmi...elles mangent les parasites sur l'oiseau, et le nettoient et lui protège la fourmilière d'éventuels prédateurs...
Je regarde vivement l'heure sur ma montre et me lève doucement tout en signant:
Il va falloir que je retourne au Centre, si tu veux venir, ce sera avec joie, je peux te présenter aux autres et faire l’interprète.
Mais sinon...
Et j'hésite, j'ai envie de connaître un peu plus ce garçon...je ne sais vraiment trop que dire...et je reste planté là un instant avant de finir:
Si tu veux on peux aller...boire un café...un jour, quand tu veux...je peux te laisser mon numéro de téléphone, ou je peux prendre le tien. Si tu veux bien évidemment.
Je suis rouge à cause du froid et de la gêne mais ce garçon....je ne peux pas dire que je suis amoureux de lui loin de là...mais un instinct me pousse à devenir proche de lui, et sa situation claire me pousse à vouloir le protéger...peut être qu'au final ma vraie nature est celle d'un ange gardien?
IRL
INRP
STATS
A shelter is a place that everyone deserve.
Numa ne se rendait pas compte de l'inconfort qu'il provoquait chez Mahasiah. Il n'en avait pas la moindre idée, c'était comme si ses yeux ne voyaient pas les diverses émotions qu'il laissait filtrer, que ce soit dans sa façon de signer, ou bien sur sa figure. Si on n'était pas clair avec lui là-dessus, le jeune homme ne parvenait pas à rassembler le puzzle. Il était pris dans sa conversation - certains sujets déclenchaient une boucle, qui tournait, tournait, et dont il ne parvenait pas à se défaire -, si bien qu'il était agité lorsqu'il répondait à Mahasiah.
Je ne ressemble à une fourmi.
Les métaphores ? Ça sonnait comme métas, un mot employé dans le jeu vidéo pour définir les normes. La comparaison ne parvenait toujours pas à se faire un chemin dans son crâne, il n'était pas comme une fourmi, il ne pouvait pas être comme elle, c'était impossible. Et de ce qui était de rejoindre le centre ? L'invitation tomba dans l'oreille d'un sourd, ou bien Numa ne l'avait pas vue dans les signes de Mahasiah, ou bien il avait décidé de l'ignorer.
(Il était encore trop terrifié.)
Lelaps, c'est bizarre ce nom.
C'est quelle race ?
Le Chat, c'est Le Chat.
Lelaps... il n'avait jamais entendu un nom pareil auparavant. Numa cligna des yeux, il se balançait de plus en plus vite sur le banc. Lorsqu'il regardait Mahasiah communiquer, il glissait ses mains entre ses cuisses, qu'il serrait, jusqu'à sentir des fourmis dans le bout de ses doigts - quand bien même, Numa n'avait jamais senti de réelles fourmis sous son épiderme, il n'avait jamais su le pourquoi du comment de cette expression. La proposition de Mahasiah lui tira un ricanement bref, nerveux, et Numa rentra la tête dans les épaules. Pendant près de deux minutes, il lui tourna la tête, les yeux rivés sur la rue humide, à fixer les feuilles des arbres à l'épreuve du vent. Il continua son mouvement, jusqu'à parvenir à faire le point.
En vérité, Numa cherchait la bonne réponse. Lorsqu'il la trouva - de son point de vue -, il raccrocha son attention sur la personne à côté de lui, il signa :
D'accord pour le café.
Pas maintenant.
J'ai besoin de temps.
Mon numéro c'est 06xx xx xx xx.
Il répéta plusieurs fois ses gestes, afin de s'assurer que Mahasiah allait retenir. Il vit les rougeurs, se demanda s'il n'était pas en train de tomber malade à force de discuter avec lui dans le froid. Il prit son téléphone, il retapa le numéro, lui montra. Une fois que l'échange fut conclut, Numa se détourna sans un mot, sans un regard. Il avait simplement oublié de saluer Mahasiah, et toutes les connivences sociales auxquelles il tentait désespérément de se plier. Numa avait froid, il avait besoin de rentrer ; Mahasiah avait beau avoir été patient·e, le jeune homme se sentait épuisé.
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