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Ioanna Petrakis
IRL
INRP
STATS
Ioanna Petrakis
# 16.02.23 13:02
Du sable et du mauvais whisky

FT OLE LUKØJE


Personnes ou personnages, on s’en fout. Ce qui compte, ce sont les pages.

Sept lignes rouges sur le verre d’une bouteille. Une graduation écarlate pour cette vodka aussi claire que la Volga. Sept lignes, comme les sept prophétesses de la tradition juive. Comme les rayons criards et tape-à-l’œil de cette saloperie d’Appolon. Comme toutes les couleurs squattant un putain d’arc-en-ciel. Sept lignes rouges pour sept jours, conventionnels et quelconques, qui s’assemblent et s’transforme en une semaine merdique. Des jours qu’elle ne décompte même plus, Ioanna. Elle se contente de boire, se satisfaisant amplement de cette brûlure serpentant dans sa gorge. Son éditrice pouvait toujours lui trouver des centaines d’autres techniques pétées. Elle pouvait toujours essayer de la limiter, de la restreindre et de l’étrangler, cette soif inassouvissable. Elle ne suffoque même pas. Alors Ioanna s’envoie une autre gorgée, une rasade, et les dernières paroles de son éditrice traînent encore dans sa tête. Elles restent là. Elles tournent et elles trottent là-dedans, des fragments de conversations téléphonique comme autant de fantômes flânant dans un fort catalan. Personne ou personnages, on s’en fout, qu’elle lui disait. Ce qui compte, ce sont les pages. Le problème, alors, vient sans doute de là. Du fait qu’elle en veut toujours plus, de pages, tout comme Ioanna veut toujours plus d’ivresse. De moments d’inconsciences, d’insouciances et d’inconséquences. Des lendemains de cuite qui s’éternissent. L’une ne s’goinfre que d’encre et de papier, quand l’autre ne se nourrit que d’éthanol et d’nicotine. Et aucune d’elles ne semblent prompt à respecter l’régime alimentaire de l’autre.

Le corbeau tire une clope de son paquet, presque vide. Une flamme, de quelques centimètres à peine, et des volutes de fumée viennent s’écraser contre le plafond. Toujours plus. Elle a voulu lui expliquer, que ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Que tous ces portraits, ils n’ont rien de fictionnel. Qu’il faut encore rencontrer et capter l’essence de quelqu’un, qu’il faut capturer quelque chose. Quelque part, son procédé s’apparente à une partie de chasse. Une partie d’chasse où elle ne flingue personne, mais une partie de chasse quand même. Mais qu’importe. Personnes ou personnages, on s’en fout. Ce qui compte, ce sont les pages. Et sûrement qu’aucun chasseur ne resterait dans un appartement parisien pour débusquer du sanglier. Alors, elle enfile un perfecto sur ses épaules, et ses pieds dans des pompes de cuir noir aux lacets serrés. Le genre de bête qu’elle traque, elle peut encore espérer tomber dessus, un peu par hasard. En traînant dans quelques bars, des pintes en appât. Et de toute manière, elle ne connait encore rien de mieux que ça pour rencontrer des gens. Pousser la porte d’un bar, et s’installer au comptoir. Alors ses semelles frappent lourdement les marches, et elle descend les escaliers, avec cette cigarette qui glisse, de ses lèvres à ses doigts et de ses doigts à ses lèvres. Jusqu’à débouler, sur un trottoir cradingue, avec la dégaine d’une statue grecque, d’albâtre et d’onyx.

Il y a les passages piétons, les pots d’échappement, et les feux d’circulation. Les ronronnement belliqueux des moteurs, et les autres. Quelque chose en elle pense qu’ils se ressemblent tous. Qu’ils sont approximativement pareil. Mais elle sait, au fond, qu’elle est un peu comme eux. Un crissement d’la mâchoire, comme un éclair qui calanche déjà, dans une seconde. Elle s’estompe là-dedans. Dans ce Paris comme dans n’importe quelle autre ville de la sorte, comme dans n’importe quelle autre ville qu’elle a connu. Comme une ombre de plus parmi les ombres. Puis il y a le filtre de sa cigarette, qui commence à brûler. Alors elle le balance, son mégot, dans la première poubelle qui passe, avant de s’engouffrer dans les tunnels du métro. Souterrain de fer et de carrelage, labyrinthe de bruit et d’odeurs. Elle passe une main dans l’obscurité de ses cheveux, et l’un des grands serpents de métal débarque, dans un grondement sourd, dans un grincement sinistre. Sur le quais. Elle s’engouffre dans ses entrailles et compte les arrêts. A quelques kilomètres de là, il y a ce cabaret qui ouvrira ses portes, dans quelques minutes. Et ses yeux se ferment, un instant, pendant que sa main s’referme sur son enregistreur vocal, juste là, dans l’fond de sa poche. Elle ne sait pas si Diane sera là, ce soir, d’une manière ou d’une autre. Mais un léger sourire se dessine quand même sur l’visage de cette folle de Cassandre. Elle a des balles dans son fusil, et l’canon est scié. Et son éditrice, elle, aura bientôt d'nouvelles pages à dévorer.

Ole Lukøje
IRL
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Ole Lukøje
# 18.02.23 19:32
Ole Lukøje
Du sable et du mauvais whisky | Ft Ole Yiyp
Dialogue en : #048b9a
Liens divers : Fiche de présentation ; Fiche de liens

Résumé : Marchand de Sable à temps partiel ▬ Mixologue dans un casino ▬ Illustrateur de livres jeunesse ▬ Baigne dans le "dangereux" trafic de sable ▬ Légèrement obsédé par cette matière ▬ A développé une rancœur tenace envers l'espèce humaine.

Caractère : Bordélique ▬ Charmeur ▬ Curieux ▬ Consciencieux ▬ Egocentrique ▬ Extraverti ▬ Fainéant ▬ Fier ▬ Dédaigneux ▬ Imaginatif ▬ Grande-gueule ▬ Lâche ▬ Matérialiste ▬ Menteur ▬ Moqueur ▬ Pingre ▬ Provocateur ▬ Tête en l’air.
Du sable et du mauvais whisky
Ioanna & Ole
Parmi les idioties que les humains avaient pu inventer, dans le temps et les idées qui viennent avec, l’argent se place relativement haut dans la liste des absurdités. Du moins, c’est ce que dit Ole. Néanmoins, il se voit bien obligé de se plier à ces caprices : pour manger, et dormir sous un toit principalement.

Pour s’acheter du sable, bien plus important.

Ole jamais ne se balade sans cette précieuse denrée. Même au travail, où il a toujours une petite pochette remplie - il choisit tous les matins son sable du jour comme on choisirait un nœud papillon : avec précision, finesse et originalité. Il est très fier de le porter, il est vrai, même si ce n’est que pour son bon-vouloir. Car rares sont ceux qui le savent, qui le voient, qui l’expérimentent. Ole garde son trésor bien précieusement, au nez et à la barbe de tous. Néanmoins, c’est là quelque chose de connu, pour son plus grand déplaisir, à son travail - dès que les gens les côtoient un peu trop longtemps, sa grande gueule et lui.

Ole travaille dans un casino, ouvert exclusivement aux mythes. Et en plus de son travail rémunéré de barman et mixologue, Ole assure l'intérim dans le poste de gros bras et vigile. Évidemment, quoi de mieux qu’une sieste forcée de dix minutes - aux voleurs, racket, mauvais perdants et autres alcoolisés - pour les faire sortir en toute discrétion et tout tranquillement ? Une fois sur le parvis de l’établissement, rentrer de nouveau devient une toute autre affaire.

Ole, ça ne lui plaît guère - que de gâcher son précieux sable pour ces futilités.
Mais il s’y voit bien obligé : personne d’autre ne voudrait l’embaucher, malgré ses apparentes qualités.

Alors il prend poste avant l’ouverture et qu’il réajuste son nœud papillon - et autre tablier pour compléter la tenue de travail. Les gros bras se mettent en place, les croupiers dans l’espace de jeu. Il jette un dernier regard au cocktail du jour, qu’il a déjà appris plus tôt dans la semaine - dans le doute, dira-t-il.

Et l’établissement ouvre.

Il ne faut pas que quelques minutes pour que l’endroit ne se remplisse et que la soirée débute correctement. Des tables de jeux qui roulent, et des boissons qui coulent. Ole est étonnamment concentré dans son travail de mixologue, ça pourrait presque surprendre connaissant l’énergumène. Mais c’est que - même s’il aime s’en plaindre - il l’aime bien, son boulot.

Quelques minutes plus tard, et son manager te pointe, alors que tu rentre tout juste dans l’établissement, te dirigeant lentement vers le bar. Il explique rapidement, avant que tu n’arrives :

“Eh, Lukøje ?”
“Hm ?”
“Tu feras attention à elle. Elle a tendance à… trop bien jouer, si tu vois l’idée.”


Oui, il voit l’idée. Les gens qui jouent trop bien sont très souvent conviés à partir des casinos, et tu ne ferais visiblement pas exception.

“Et pourquoi c’est pas les vigiles qui font attention à elle ?”
“M’emmerde pas, Ole. Ils sont déjà au courant.”


Il lève les mains, comme vaincu, sourcil haussé - et son manager se casse tandis que tu t’assois à son bar. Ole lui lance une moue agacée, marmonnant quelque chose comme quoi il devrait être payé plus. Puis il concentre de nouveau son attention volage sur toi.

“Bienvenue ! Qu’est-ce que j’vous sers ?”

Il porte un grand sourire. Comme s’il n’attendait qu’une chose : que tu te diriges vers les tables de jeux pour te faire gauler.



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