Bienvenue à

Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal





Ambroise Hoiearnviu
IRL
INRP
STATS
Ambroise Hoiearnviu
# 02.09.22 19:32

Ou comment faire des heures sup'

Elle a les bras chargés de tout un tas de bouquins quand elle passe la porte en fer forgé de la serre dans laquelle elle enseigne quotidiennement. L'habitacle baigné d'une lumière déclinante a retrouvé son calme caractéristique, après le départ de tous ses élèves et étudiants, qui plongent régulièrement le lieu dans une cacophonie digne de ce nom. D'ailleurs, quelques pots lui gênent le passage quand elle avance vers la grande table en fer, posant son barda sur un morceau de surface épargnée par les méfaits des petits garnements.

- AAH ! S'exclame-t-elle soudain de sa voix fluette, sursautant en constatant soudainement qu'elle n'est pas seule sous le toit de verre. La table gronde sous les ouvrages lâchés à la hâte, et elle s'appuie d'une main dessus en tenant sa poitrine de l'autre, le souffle court. Yve ! Tu m'as fait peur !

Juste une explication, pas une remontrance, après tout il a tout à fait le droit d'être ici. Et Ambroise mine de rien commence à avoir l'habitude d'avoir des frayeurs, puisque son chat Papi est aussi silencieux qu'une tombe et s'amuse parfois à surgir de nulle part. D'ailleurs, le voilà qu'il saute souplement sur la table, approchant d'Yve et de son travail, remuant une truffe curieuse à quelques centimètres de ses affaires.

- Papi... Sermonne la sorcière, le ton las de savoir déjà qu'elle ne sera pas écoutée. Tant pis, Yve se débrouillera bien avec son chat. Tu n'as qu'à le pousser s'il te gêne !

Un sourire chaleureux illumine son visage alors qu'elle entreprend de nettoyer la serre laissée dans un souk incroyable par ses élèves. Elle soulève elle-même les pots et les outils, range les gants et les torchons, mais pour ce qui est de la terre et de la poussière, elle sort d'un geste distrait sa baguette de la poche cousue sur mesure de sa longue robe verte, relevée ça et là de bandes de tissus blanc.

- Recurvite !

Et un des torchons empilés s'envole dans les airs, venant frotter avec vigueur et tendresse la surface maintes fois rayée de la grande table.

Enfin, le lieu retrouve un ordre convenable - c'est-à-dire qu'on peut circuler dedans et travailler sur la table, ça reste Ambroise. Et la jeune femme ouvre un premier livre, bien à plat sur la table, sur le point de commencer son travail du jour. Puis tout à coup, elle redresse la tête, comme si elle se souvenait d'une chose extrêmement importante...

- Yve ! Est-ce que tu voudrais boire un peu de thé ?

Elle s'est déjà approchée de sa petite cuisine improvisée, près de la réserve, et remplit au robinet de fonte un tout petit chaudron qu'elle accroche au dessus du tas de bois déjà prêt. Et elle prend son temps pour allumer le feu à l'allumette, s'y reprenant à deux fois avant que les flammes ne jaillissent.

Toute dispersée qu'elle est, comme à son habitude, elle ne remarque qu'à l'instant que quelque chose la tracasse. Des grésillements insupportables dans sa cervelle, un mal de crâne qui menace.

- Yve, rassure-moi... Tu n'aurais pas rapporté un de ces... Engin de malheur ? Un téléphone portable, je veux dire ?

Se plantant à quelques mètres de lui, comme une daronne, les paumes posées sur les hanches, au dessus desquelles sa robe est cintrée par un fin cordon de coton, elle le fusille de son regard vert.


sa petite robe :

❀ avec petit Yve ❀
artemis | www


Yvan El Sing
IRL
INRP
STATS
Yvan El Sing
# 02.09.22 21:31
Ambroise et Yve

Comment faire des heures supp’

Un cri de surprise.

Un oeil qui se leva paresseusement sur sa professeure, et Yve retourna aussitôt à ses travaux. Assit à l'une des tables, celle située près de la sortie, il avait abandonné ses affaires en travers du chemin. Sa canne était appuyée contre le bord de sa chaise, et il ne daigna pas saluer Ambroise.

Ce n'était pas de l'indifférence. Du moins, il n'y avait rien de méchant ni de cruel dans son attitude.

Yve était concentré.

Et comme à chaque fois que cela arrivait, le jeune homme était avalé par un millier d'idées extraordinaires. Il pouvait passer dix heures dans la même position, au point d'en oublier la douleur à sa hanche. L'on aurait dit qu'il avait été abandonné ici par ses camarades ; il profitait du calme surtout. Devant lui, des plantes étaient alignées. Près de sa main droite, un petit récipient dans lequel il avait mélangé quelques herbes. Ambroise bougeait dans tous les sens, et parfois, Yve soupirait d'agacement en l'entendant.

Un peu trop à son goût.

Elle était jolie, pourtant, il ne lui pardonnait pas d'empiéter sur son travail.

(Oui le respect est mort)

Le chat lui tira un haussement de sourcils ; il était vrai qu'elle se traînait son félin un peu partout. Yve n'aimait pas particulièrement les chats ni les chiens d'ailleurs. Il leur préférait les oiseaux. Ses camarades se moquaient de lui, en balançant qu'il rêvait d'en devenir un.

Et les chats, ça bouffait les oiseaux.

Oh. Non. Cela faisait partie de la vie, le cycle naturel des choses. Et il arrivait que les oiseaux s'en prennent à des chats. Yve n'y mettait pas d'émotions particulières.

Retour à ses préoccupations ; pouvait-on lier les plantes à la technologie humaine ? Il avait lu dans une revue que la musique aidait à les faire pousser. Pourquoi ? Avait-il un lien entre les ondes et les fleurs ? Alors quand Ambroise se manifesta - encore -, Yve grogna. Le front maintenu par sa grande main rachitique, il se redressa en posant sa plume sur son carnet.

« Un engin de malheur, cela n'existe pas, Madame Hoiearnviu, son accent flamand rendait sa voix rocailleuse. Et ce n'est pas un téléphone portable, il s'agit d'un métronome. Vous savez pour mesurer le temps en musique, Yve montra d'un geste las de la main l'appareil ; il fonctionnait à pile. Pouvez-vous arrêter de faire du bruit, je vous prie ? J'essaye de me concentrer, et d'établir un lien entre la musique et les plantes. Certaines... »

Yve s'arrêta, il fixa Ambroise de haut en bas. Puis il haussa les épaules en devinant que ses théories ne devaient pas l'intéresser. Yve soutint son regard, plus blasé qu'Ambroise ne le serait jamais, sans ciller. Puis il soupira, avant de se redresser péniblement.

« Vous voulez que je vous aide, peut-être ? Vous allez salir votre jolie robe avec... vous savez, la terre. »

Il avait oublié de répondre pour le thé.
KoalaVolant
Ambroise Hoiearnviu
IRL
INRP
STATS
Ambroise Hoiearnviu
# 06.09.22 8:38

Ou comment faire des heures sup'

Alors qu'elle virevolte à droite à gauche autour de lui, Yve semble à peine remarquer sa présence. Elle aurait pu croire qu'il ne l'a pas entendue, mais elle voit et entend bien, à ses crispations et ses soupirs répétés, qu'il a bien compris qu'il ne serait plus tranquille dans la serre en cette fin d'après-midi. Ambroise sait bien, à force de le côtoyer, qu'Yve n'est pas très loquace, surtout quand il travaille. Elle sait donc nécessairement qu'il ne sert à rien d'essayer de lui parler à tout bout de champ comme elle le fait en l'instant, surtout elle sait que ça l'agace. Mais c'est plus fort qu'elle, voir l'étudiant isolé ici à continuer à travailler alors que ses camarades sont en train de faire du flying-ball ou de préparer une soirée mémorable dans l'ignorance quasi totale du corps enseignant, ça l'attriste. Elle a tout à fait conscience que tous les étudiants ne sont pas les mêmes et qu'Yve est bien assez grand maintenant pour savoir ce qu'il veut dans la vie et sûrement ne veut-il pas se mélanger aux autres et préfère-t-il rester seul dans son coin, mais quand même, elle pense que c'est important d'essayer d'avoir un minimum de vie sociale. Alors elle tente de lui causer, de casser cette carapace qu'elle ne pense pas si solide que ça, pour l'habituer à s'ouvrir un peu plus aux autres.

Ou alors peut-être que c'est juste qu'elle s'ennuie et qu'elle cherche elle-même quelqu'un avec qui discuter. Toujours est-il qu'Yve ne semble pas réceptif à ses sollicitations. Jusqu'à ce qu'elle se poste à côté de lui, les mains sur les hanches, et qu'il n'ait plus le choix de tourner la tête vers elle puisqu'elle envahit son espace de travail. C'est presque un petit sourire victorieux, une lueur ravie, qui passe fugacement sur son visage quand il lui adresse enfin la parole de son accent à découper au couteau. Elle retrouve rapidement une moue agacée, agitant sa main en direction du métrotruc tout en soupirant.

- Et ça... Emet des ondes ? Ou des champs électromagnétiques ? Je suppose.

Elle porte un regard méfiant sur l'objet en question, incapable de savoir comment cela fonctionne ni même si ça a quelque chose de dangereux. Elle croit se souvenir que ça ne fait pas partie des appareils les plus nocifs, mais elle s'en tiendra quand même à distance.

Lorsque qu'Yve lui glisse une remarque à propos du bruit qu'elle fait, elle se crispe, allonge sa colonne en se redressant subitement d'un air faussement mécontent, le nez plissé dans une moue exagérée. Et alors que les explications de l'étudiant s'évanouissent dans un silence, elle enchaîne, un air taquin dans la voix.

- Oui, eh bien... Moi aussi, j'essaye de me concentrer !

De toute évidence, elle n'a pourtant pas fait preuve d'un gros effort de concentration depuis qu'elle est arrivée sous le toit lumineux de la serre. Elle va pour s'en retourner à son chaudron qui fumera bientôt, mais la dernière question du jeune homme la retient. Alors qu'elle fait mine de chasser la terre d'un revers vif de la main sur sa cuisse, ses yeux roulent presque dans leurs orbites.

- Yve... Je travaille dans la terre tous les jours, ce ne sont pas quelques petits tâches qui vont me faire peur.

Et pourtant, tout le monde sait qu'Ambroise couve ses robes comme la prunelle de ses yeux et qu'elle se retrouve extrêmement contrariée lorsqu'elle vient à en tâcher l'une d'entre elles. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle s'en remettra à l'un de ses étudiants pour faire le ménage. Derrière ses airs de ne pas y toucher, Ambroise, elle aime se salir les mains.

Derrière elle, le chaudron se met soudain à siffler comme une cocotte que l'on aurait oubliée sur le feu, ce qui n'a strictement aucun sens puisqu'il n'a pas de couvercle. Petit stratagème qui permet à Ambroise de ne pas oublier qu'elle a mis de l'eau à chauffer. Peut-être devrait elle songer à mettre une alerte aussi pour quand son thé tiédit et qu'il s'apprête à revenir à une température qui ne lui sied plus pour le boire, parce qu'il lui arrive souvent d'oublier qu'elle s'en est servi un et elle se retrouve à devoir avaler ses breuvages froids.

S'en retournant donc prestement à sa petite cuisine, elle verse l'eau chaude dans une fine tasse en céramique et raccroche le chaudron au dessus du feu éteint. Comme ça, si jamais il prenait l'envie à Yve de se servir une tasse lui aussi, il lui suffirait d'en attraper une sur les petites étagères au dessus de l'évier, parmi les plantes et les boîtes contenant ses sachets de thé, et d'y verser de l'eau.

- Si jamais tu en veux, j'ai plein de thés différents. Vert, noir, blanc... Tu n'as qu'à piocher ce que tu veux.

Elle n'a pas peur de le laisser fouiller ici, ses thés les plus spéciaux étant bien sagement rangés chez elle ou derrière un sortilège dont seuls elle et Jan détiennent le secret.

Sa tasse fumante à la main, l'enseignante s'en revient à l'espace qu'elle s'était dégagé sur la table. Et reprenant son tas de livre et son bric-à-brac, le thé posé en équilibre au sommet de tout ça, elle chemine péniblement jusqu'à se glisser juste à côté d'Yve. Une nouvelle fois, le tout atterrit dans un fatras incroyable sur la table en fer, et elle se laisse tomber sur un tabouret voisin de la place de l'étudiant.

- Ouf... Elle chasse les cheveux rebelles passant devant son visage et commence à s'étaler. Un lien entre la musique et les plantes, tu disais ? Est-ce que tu pourrais m'en dire davantage ?

❀ avec petit Yve ❀
artemis | www


Yvan El Sing
IRL
INRP
STATS
Yvan El Sing
# 06.09.22 19:05
Ambroise et Yve

Comment faire des heures supp’

Yve leva un sourcil devant la question d'Ambroise. Avant de lui répondre, il se pinça le haut du nez — juste entre les deux yeux — sans contenir son soupir las.

« Non, Mademoiselle, c'est comme une montre. Vous voyez ? Ou une horloge, comme vous préférez. »

L'autre main sur le rebord de la table pour se maintenir debout, le jeune homme suivait d'un oeil les faits et gestes de sa professeure. Il était clair qu'il était en train de la juger. Honnêtement, Yve ne prenait pas la peine de se cacher, et il l'assumait pleinement. Il l'estimait immature, sans s'imaginer qu'elle lui prêtait mille solutions pour résoudre son « souci » de sociabilité. Il était vrai qu'Yve dénotait parmi les étudiants. C'était un jeune né vieux ; la présence de la canne, depuis toujours, le tenait à l'écart des garçons de son âge. Il ne partageait pas leurs passions pour les sports, et il ne s'intéressait pas aux rumeurs tournant autour des bonnets de soutiens-gorge des filles.

Ambroise rouspéta, et Yve attendait. Finalement, elle lui fit savoir qu'elle était une femme forte et indépendante, qui n'avait pas peur de se recouvrir de terre. Yve haussa son autre sourcil, en grognant en flamand. Puis, il s'assit péniblement sur sa chaise. Perte de temps et d'efforts. Il reprit ses travaux, dans un silence relatif ; l'esprit déconcentré par la présence de sa professeure. L'on aurait dit qu'Ambroise cherchait à le détacher de ses théories. Il en noircissait des pages entières, d'une écriture illisible, accompagnée de dessin et de points d'interrogation. Il posa le coude sur la table, le poing fermé sur le front.

« Mh mh... non merci, café. »

Bougonna-t-il de sa voix rocailleuse, ce qui témoignait de sa capacité à faire deux choses en même temps.

Au moins, c'était un bonus qu'il avait d'avance par rapport à ses camarades masculins.

Bien. Les plantes étaient-elles douées de rythme ? Qu'est-ce qui les poussait à pousser — à l'instar de son joueur, il appréciait les jeux de mots idiots —, alors ? La voix ? La voix, c'était comme une musique. Et étaient-elles sensibles d'une quelconque manière au métro...

« Attention, Mademoiselle. »

Yve se redressa, expulsé de ses pensées par l'avalanche habillé de vert. Il rattrapa de justesse sa tasse de thé, avant de la reposer sur la table en grognant — encore. Juste ce qu'il fallait de temps pour que la jeune femme se décide à prendre place à côté de lui.

Cette fois-ci, Yve haussa ses deux sourcils.

« Ma... rah. »

Yve, exaspéré sans le dire, s'écarta légèrement de la table. Il déroula son bras derrière Ambroise pour attraper sa canne, en serrant les dents. Sa hanche le lançait, ses antis-douleurs perdaient en efficacité, ou du moins, il les tolérait trop bien. La main entre Ambroise et lui, il fit attention pour ne pas le frôler ne serait-ce qu'avec un doigt, avant de récupérer sa canne. Là, il s'appuya dessus pour se relever, il recula d'un pas et il se pencha derrière elle.

Il pointait de l'index ses notes.

« C'est partit d'une étudie scientifique que j'ai lu dans un magazine, no-mag, précisa le jeune homme. Un homme parlait du fait qu'il arrivait à faire pousser ses carottes plus vite, en leur passant du Wagner. Ce n'est pas idiot, les plantes sont des êtres vivants, peut-être ont-elles la fibre musicale, ensuite... il désigna des gribouillis qui n'avait de sens que pour lui-même. Est-ce que la musique possède une partie de magie ? Innée ? Ou bien les plantes ont une individualité, des goûts ? C'est intéressant d'un point de vue scientifique et philosophique, décida-t-il. »

Yve se racla la gorge, il alla rajouter quelque chose, mais son épaule son torse frôla l'épaule d'Ambroise. Il recula alors.

« Mes excuses. »

Il montre sa paume, en guise de bonne foi, avant de hausser les épaules.
KoalaVolant
Ambroise Hoiearnviu
IRL
INRP
STATS
Ambroise Hoiearnviu
# 08.09.22 9:13

Ou comment faire des heures sup'

Une montre ? Bon alors si c'est comme une montre elle peut bien supporter la présence du métrotruc.

La façon dont Yve l'examine lui fait crisper légèrement sa mâchoire, seul signe de contrariété réel qui jouxte toute la panoplie de mimiques d'apparat qu'elle lui sert pour le faire réagir. Elle voit bien qu'Yve ne voit pas sa présence et ses interventions d'un très bon oeil et si, chez des élèves d'un âge moins avancé, elle ne s'en serait guère préoccupée, lire sur son visage à lui toutes les réserves qu'il a certainement à son sujet la mine un peu. Ambroise, elle a à cœur de faire de son mieux pour ses élèves et ses étudiants. Parfois, faire de son mieux, ça veut dire agir d'une façon qui laissera les jeunes perplexes, agacés, contrariés. Mais auprès des plus âgés, faire de son mieux signifie souvent être à l'écoute et apprendre d'eux tout autant que leur enseigner son savoir.

Aussi, elle réalise qu'elle devrait faire preuve d'une écoute un peu plus qualitative auprès d'Yve, et si elle claque ses affaires sur la table avec toujours aussi peu de considération pour le calme qu'il affectionne tant, elle a bien l'intention de prêter une oreille attentive à ce qu'il a à lui conter.

La tasse s'envole presque sur la table, et il n'y a que les reflexes visiblement bien aiguisés d'Yve pour y remédier. Elle le remercie d'un sourire avant de suivre le manège étrange du jeune homme qui s'enroule autour d'elle, se plaquant contre la table dans une moue désolée quand elle comprend qu'il ne cherche qu'à récupérer la canne dont elle l'a maladroitement privé. Alors que sa silhouette se déplie difficilement derrière elle, elle lui glisse un léger "Excuse-moi.." qui se perd dans le début de ses explications.

La musique fait pousser les plantes. Ambroise hoche doucement la tête, parce qu'elle a naturellement déjà eu vent de ce sujet. La botanique est son domaine, et ce n'est pas qu'une question de terreau et d'engrais. Et si elle peine à suivre lorsqu'on lui parle de fréquences et d'harmoniques, elle s'est suffisament accrochée pour comprendre des phénomènes qui les touchent tout autant eux en tant qu'humains, que ses amies les plantes. Elle va pour tenter une suggestion mais elle sent soudain l'arrière de son épaule entrer en contact avec le torse de l'étudiant et elle se fige. Depuis quand Yve est-il si proche ? Maintenant qu'elle y fait attention, l'odeur caractéristique de son déodorant plutôt entêtant - mais dans le mauvais sens - a enveloppé l'espace. Ambroise aussi se racle la gorge, avant d'effectuer un pas sur le côté pour reprendre une goulée d'air frais. Et ce n'est qu'après ça qu'elle se tourne pour s'adresser à lui.

- Ne t'en fais pas. Concernant tes recherches, je pense que tu peux te tourner vers différentes disciplines. Il y a, comme tu l'as évoqué, l'étude de la musique et de ce qu'elle induit comme phénomènes, à la fois physiques, puisque tu sais déjà que la musique se propage sous forme d'ondes mécaniques, et peut-être magiques. Nos amies les plantes, tout comme nous, sont physiquement composées de cellules, qui ont un fonctionnement complexe. Nos cellules, tout comme celles des plantes, réagissent à leur environnement. Et les ondes, selon leur fréquence et leur intensité, peuvent impacter leur cycle de vie et les phénomènes dont elles dépendent. Et je ne parle pas de l'existence d'une intelligence ou d'une personnalité chez les plantes, sujet que tu peux également creuser, je n'en sais pas beaucoup à ce propos.

Elle marque une pause et se tourne vers sa pile de livre, tapotant distraitement la couverture de l'un d'entre eux. Elle hésite, avant d'ajouter :

- Ce n'est pas pour rien que je n'aime pas les appareils électriques et électroniques, Yve. Quand je vois les effets que peut avoir une simple musique sur la croissance des plantes, je me dis que tous les types d'ondes peuvent impacter notre organisme. Imagine que certaines ondes électromagnétiques aient un effet néfaste sur le fonctionnement de nos cellules ou de nos neurones ? Tout cela se passe à l'échelle de l'infiniment petit, je pense que nous sommes tout à fait incapables de saisir la dangerosité de la chose, pour l'instant.

Elle relève un regard neutre sur le visage d'Yve. Elle ne sait pas s'il va adhérer avec ce qu'elle vient de dire, mais au moins elle aura partager son avis sur le sujet.

- J'espère que cela pourra t'aider pour tes recherches.

Et elle ouvre subitement l'un de ses livres, qui pour sa part, concernent le lien entre la nature des sols et les caractéristiques des plantes qui y poussent, notamment le lien entre la couleur d'une fleur et les nutriments et éléments qui composent la terre de laquelle se nourrissent ses racines.

- Bien, tu veux du café ?

Elle croit bien l'avoir entendu marmonner ça tout à l'heure. Alors elle s'approche à nouveau de sa petite cuisine pour attraper un petit pot de café moulu et un filtre. Et elle lance, par dessus son épaule.

- Tiens Yve, est-ce que tu pourrais aller chercher des plateaux dans la réserve ? Pour les pots et nos tasses. Comme ça il n'y aura plus de catastrophe.

Elle sourit, s'affairant à la préparation de la boisson chaude. Elle espère qu'il trouvera ce qu'il faut quand la réserve encombrée et sombre. Il risque d'avoir un peu de mal, tout de même.

❀ avec petit Yve ❀
artemis | www


Yvan El Sing
IRL
INRP
STATS
Yvan El Sing
# 08.09.22 22:28
Ambroise et Yve

Comment faire des heures supp’

Yve, pour l'une des rares fois lors de ses échanges avec un autre être humain — et plus particulièrement femelle —, sentit comme un regain d'espoir. Ambroise ne lui reprocha pas combien il était ennuyeux, et elle sembla sincèrement s'intéresser au sujet. Agréablement surpris, il était en plein regain d'espoir quant au futur du monde.

Puis tout s'écroula.

Comme un château de cartes que le vent balaie avec nonchalance.

Le jeune homme avait ouvert la bouche, prêt à répliquer, le cerveau envahi par un millier de pensées. Des idées, explosion de couleurs dans une boîte grise. Et tout cela s'arrêta net. Ambroise était allé trop loin. Son entrain avait été fauché et Yve, la main tendue, l'index dressé en voulant ajouter autre chose, laissa ses bras retomber le long de son corps. Il se frotta les yeux, déçu.

Les doigts crispés sur le pommeau de sa canne, Yve inspira. Puis il bloqua son souffle, alors qu'Ambroise s'élançait sur les dangers des ondes, de l'électricité, de la technologie. Yve garda pour lui, ce qu'il songea férocement en cet instant.

Ambroise pouvait dire ça parce qu'elle était valide. Parce qu'elle n'avait pas besoin de la technologie pour survivre dans un monde, qui n'était pas assez adapté aux gens tels que lui. Elle croyait cela, parce qu'elle n'avait pas à se déplacer avec une béquille depuis ses cinq ans.

Parce qu'elle n'avait pas eu des parents, persuadés que la magie allait résoudre sa marche. Parce que la condescende des sorciers l'empêchaient maintenant de courir.

« J'imagine que c'est votre peur irrationnelle pour la technologie qui vous empêche de porter un soutien-gorge, Madame Hoiearnviu. »

Son accent avait cogné contre sa gorge, sa voix avait vrombi, malgré toute la froideur de son temps. Yve soupira, la mâchoire crispée, puis il boîta jusqu'à la réserve qu'elle lui avait indiquée. Il portait son titre de son pas claudicant — Van Kreupel, celui qui va clopin-clopant, et non copain-clopant —, aussi revêche qu'une vieille dame aux chats. Il avait laissé sa baguette en plein de son livre, ouvert sur ses notes, où quelques feuilles séchées étaient éparpillées.

Yve tira de toutes ses forces la porte de la réserve, puis il y entra en râlant en flamand. Il roula une épaule, puis il chercha du regard le plateau qu'Ambroise lui avait donné. Les yeux plissés, les cheveux dans tous les sens, il éternua face à une odeur inhabituelle. Un peu rance, comme ça, là. Il se frotta le bout du nez avec le dos de la main, puis se leva sur la pointe du pied pour trouver le plateau. Au moment où il l'attrapa, un autre éternuement, et il se cogna le front contre l'étagère.

« Heilige shit ! »

Le plateau dégringola au sol, en faisant un vacarme pas possible, et Yve éternua encore. Yve recula, les yeux humides à cause de sa crise ; l'espace d'un instant, il eut envie de demander à Ambroise si c'était sa peur de la technologie qui l'empêchait - aussi - de faire le ménage. Mais il était trop occupé à éternuer et pester pour faire des phrases correctes en français.
.
KoalaVolant
Ambroise Hoiearnviu
IRL
INRP
STATS
Ambroise Hoiearnviu
# 15.09.22 21:14

Ou comment faire des heures sup'

Tout le long de son discours pédagogique, Ambroise décèle sur le visage de son étudiant les passions qui l'animent. L'excitation et l'intérêt qu'il porte à son sujet, la façon dont ses conseils à elle viennent nourrir ses idées, lui insufflent de nouvelles inspirations. Comme de rares fois, sur le visage d'Yve, autre chose que l'expression fermée de son agacement ou de sa lassitude. Pendant une seconde à peine. Avant qu'à nouveau les ombres de ses humeurs ne viennent envahir son précédent presque sourire. Et c'est une petite mimique qui souligne le visage d'Ambroise, un petit sourire désolé, parce qu'elle comprend qu'encore une fois elle vient de rater le coche pour accrocher l'intérêt d'Yve et le pousser à communiquer davantage.

Alors qu'elle s'affaire autour de sa tasse, Ambroise se questionne sur les raisons qui poussent Yve à se fermer sans arrêt lorsqu'il entend quelque chose qui ne lui plaît pas. Peut-être est-il simplement têtu, un peu trop campé sur ses positions. Un manque de souplesse d'esprit, d'humilité ou d'indulgence ? Trois qualités qui auraient pu lui permettre peut-être d'envisager la potentialité que ses mots aient un fond de vérité, ou en tous cas d'accepter de les entendre pour avoir une discussion qui ne tournerait pas simplement court parce qu'il a décidé qu'il a raison et qu'elle a tort.

Elle est à deux doigts de hausser les épaules, elle-même un peu vexée de ne pas être prise au sérieux quand la pique du jeune homme est lancée dans son dos. Instantanément, ses lèvres s'arrondissent, ses yeux aussi. Et elle se redresse vivement, faisant un quart de tour sur elle-même pour fusiller Yve du regard. Mais l'étudiant passe à côté d'elle sans mot dire, son expression blasée plongeant le décor dans une tristesse absolue. Prenant une longue inspiration, la poitrine gonflée de colère, les joues roses d'embarras, la professeure hésite un instant. On aurait voulu illustrer son état dans une bande dessinée, on aurait esquissé un nuage de vapeur sortant par ses oreilles, les joues rondes, le visage cramoisi. Et quand elle se remet finalement en mouvement, c'est pour seconder Yve à l'entrée de la réserve, les poings serrés, visiblement outrée. Dans la quasi pénombre, le plateau dégringole et le vacarme qu'il produit couvre presque les éclats de sa voix. Sauf que ses aigus sont inégalables, et alors qu'elle souffle sa colère, même les élèves de deuxième année en cours du soir l'auront entendu depuis la salle de classe à deux ou trois étages de là.

- YVE ! NON MAIS ! Je ne te permets pas !

S'approchant vivement et se baissant avec souplesse pour attraper un des plateau en bois fin, elle lève finalement le bras pour lui asséner un coup du plat de l'objet sur la surface de son crâne, réceptacle d'un esprit visiblement incapable de faire preuve d'une once de politesse ou de respect. Elle grimace lorsque l'impact sur sa tête produit un autre vacarme assourdissant. Elle n'a pourtant pas frappé si fort ? C'est en se retournant qu'elle comprend qu'en réalité c'est la porte de la réserve qui vient de claquer. Le plateau toujours en l'air, furibonde, elle lui redonne deux coups sur le sommet du crâne.

- YVE ! Tu n'as pas bloqué la porte !!

Comme s'il pouvait savoir que la lourde porte de fer forgé et de verre ne tenait pas en place. Les étudiants ne vont pas tous les jours dans la réserve. Et, évidemment, la clef qu'il faut tourner pour déverrouiller le loquet est à l'extérieur.

Dans un grognement aiguë, Ambroise fait volte-face pour essayer d'ouvrir quand même, mais la grande porte reste inerte. Soupirant - elle fait autant de bruit qu'un enfant capricieux qui n'aurait pas eu son goûter - elle va pour prendre sa baguette dans la fine poche de sa robe. Ne l'y trouve pas. Essaye de l'apercevoir en vain à travers les carreaux irréguliers de la porte. Elle l'a de toute évidence oubliée sur la table.

- Yyyyvveeeee...!!! S'impatiente-t-elle encore. Fais moi une démonstration de ton plus beau sort d'ouverture de porte.

Sa voix, autoritaire, alors qu'elle tapote sa propre cuisse avec la surface du plateau accroché à sa main, les bras croisés. Hors de question qu'elle reste une minute de plus avec lui dans la réserve étriquée, ça commence déjà à empester le déodorant Axe.

- J'attends. Qu'elle siffle.  

❀ avec petit Yve ❀
artemis | www


Yvan El Sing
IRL
INRP
STATS
Yvan El Sing
# 17.09.22 12:01
Ambroise et Yve

Comment faire des heures supp’

Yve.

Yyyyyyyve.

Une fois. Deux fois. Trois fois.

Ambroise battait la mesure en prononçant son prénom, semblait-il. Et Yve, agacé d'éternuer à cause de l'odeur inhabituelle, ne répondit pas aux remarques de sa professeure. L'on pouvait même dire qu'il l'avait laissé honteusement en plan, sans même un regard pour son visage rouge et fulminant. Il n'avait jamais eu la langue de sa poche, et sa voix caverneuse, accompagnée de son accent, rendait la moindre remarque brutale. Mais Y(yyyyyyy)ve était loin de tout cela. Il avait balancé une vérité absolue, qui n'attendait pas la moindre contestation de sa part.

Le jeune homme était sur le point de se baisser, lorsqu'Ambroise reprit le plateau. Il grogna, et il eu à peine le temps de se redresser qu'il se prit un couteau de plateau sur le crâne. Un juron en flamand, une main au-dessus de sa tête. Il fusilla Ambroise d'un coup d'oeil, et il hésita honnêtement à porter plainte. Non mais. Déjà qu'elle ne portait pas de soutien-gorge, elle osait le frapper ?

« Les sévices corporels sont passés de mode, Mademoiselle. »

Yve roula des yeux, sa phrase couverte par le bruit assourdissant d'une porte qui claque, et qui fait trembler les murs. En réaction, le magicien éternua, en plissant les yeux sur sa professeure. Blasé, il la fixa s'énerver dans tous les sens, en l'accusant de ne pas avoir bloqué la porte. Un haussement de sourcil fut d'abord sa réaction, alors qu'une seconde d'après, elle le frappait de nouveau avec le plateau. Yve s'en protégea grossièrement, une main au-dessus de son crâne. L'autre crispée sur sa canne pour en pas perdre l'équilibre.

« Mais vous n’avez pas honte ? Se plaignit l'étudiant, en finissant par lui arracher le plateau de ses griffes. Vous vous comportez comme une enfant. Il soupira, avant de déposer le plateau sur l'étagère. Alors qu'Ambroise déroulait son numéro, en exigeant de lui un tour de magie, Yve  continuait d'éternuer. Ah oui. Lâcha-t-il, blasé, il leva un bras en l'air en prenant une voix plus rauque : Oh, Sésame, ouvre-toi. Je te l'ordonne. Pause. Quelle surprise, ça ne marche pas, Mademoiselle, on sentait le sarcasme rouler le long de sa gorge. Je n'ai pas ma baguette magique. Il pesta pour lui-même en flamand que le monde des bipèdes était fait de chocolats et de licornes sous ecstasy. Bon, je vais... ATCHOUM ! »

Yve grogna, pour ne pas changer. Il renifla, et il se frotta les yeux. Visiblement, une odeur particulière le rendait allergique. Et ce n'était pas celle de son déodorant. Il fit signe à Ambroise de s'écarter entre deux éternuements, puis il colla son épaule contre la porte, la canne entre et sa hanche ; c'était pour éviter d'appuyer sur sa jambe blessée. Il poussa de tout son poids, sans même sentir qu'il pouvait la bouger. Ce n'était ni son handicap ni ses 65 kg tout mouillés qui allaient miraculeusement tout arranger. Puis, Yve se demanda s'il ne fallait simplement pas la tirer vers lui — la porte. Alors il changea de position, en grognant de douleur lorsqu'il dû se contraindre à se servir de sa jambe malade.

Et la porte ne bougea pas pour autant.

Pour couronner le tout, et saluer cette démonstration pleine de masculinité boostée à la testostérone (non), Yve éternua encore. Il releva le menton, il renifla, puis il décida d'oublier pour l'instant l'histoire de porte — iels étaient bloqué·es, c'était un fait, mais ce n'était pas le plus important.

« Vous ne trouvez pas qu'il y a une odeur bizarre ? »
KoalaVolant
Ambroise Hoiearnviu
IRL
INRP
STATS
Ambroise Hoiearnviu
# 31.10.22 21:42

Ou comment faire des heures sup'

Les sévices corporels sont passés de mode, Mademoiselle. »
- Je t’en foutrais du « Mademoiselle » !

Du tac au tac, Ambroise à fleur de peau ne répond qu’à l’ardeur de ses émotions. Ses doigts sont agités autour du plateau, tellement qu’il manque de lui glisser des mains à son troisième coup. À son tour de lever les yeux au ciel sous les mots d’Yve, un second soupir s’élevant comme un râle agacé dans l’espace sombre de la réserve. Comme si Yve risquait quelque chose avec de petits coups de plateau. Il risque bien par contre de voir d’autres sévices lui tomber dessus s’il continue à lui manquer de respect, car bien qu’elle soit d’une douceur remarquable la plupart du temps, la petite pique déplacée de son étudiant n’a pas tardé à la faire bouillonner. Et c’est pire encore lorsqu’il se met à la traiter d’enfant. C’est un regard courroucé qu’elle lui lance, les bras croisés en attendant qu’il daigne faire quelque chose.

Ambroise se contient en écoutant le manège d’Yve, elle pose un œil mauvais sur sa petite scène, regrettant de ne pas être un peu plus grande pour ne pas avoir à lever les yeux vers lui. Avec les enfants, c’est facile : ils sont plus petits, plus impressionnables, il suffit de lever la voix pour se faire entendre. C’est plus compliqué quand il s’agit d’adolescents ou de jeunes adultes - d’ailleurs elle n’est pas sûre d’avoir déjà dû hausser le ton avec un étudiant auparavant. Mais elle ne compte pas rester là sans rien dire alors qu’Yve se permet de telles familiarités en plus de l’infantiliser.

Devant sa piètre tentative de déverrouillage de porte, elle lève encore les yeux au ciel. Ça aurait probablement été légèrement plus efficace si c’était elle qui avait tenté, mais toujours globalement inefficace quand même. Cette porte ne bougera pas d’un simple coup d’épaule, il faut se rendre à l’évidence.

- Bon arrête maintenant, tu vas te blesser.

Une touche d’inquiétude quand même dans sa voix, malgré le ton sec. C’est qu’il s’agit de son étudiant tout de même. Bien qu’il l’ait blessée, Ambroise voue toujours une affection presque maternelle envers ses élèves. Faisant mine de ne pas avoir entendu sa question, la jeune sorcière fait volte-face pour se diriger vers l’un des autres murs de la réserve, escaladant presque un amoncellement de choses et d’autres pour atteindre le sommet de la pièce. Là, elle arrache sans plus de cérémonie l’une des toiles sombres vouées à intimiser la pièce pour dévoiler les carreaux de verres et apporter un peu de lumière dans l’espace. Tant pis, elle refera son installation plus tard. Pour l’heure, l’important est de garantir sa survie en apportant un peu d’oxygène au milieu de tout ce déodorant. Et cette autre odeur, qu’elle souhaite masquer également. Elle ouvre la fenêtre.

- Évidemment qu’il y a une odeur bizarre, Yve, c’est une réserve. J’y garde toutes sortes de choses parfois aussi vieilles que cette école. Tu éternues sûrement à cause de la poussière.

Descendant de sa position dans une glissade presque maîtrisée, elle retombe souplement sur le sol, la robe froissée et tâchée de saleté. Elle s’époussette distraitement, pensant à cette autre porte, camouflée derrière un rideau dans un coin de la pièce. Un rideau sombre, opaque, qui croirait-on cache simplement un autre coin poussiéreux, mais qui dès lors qu’on le traverse laisse apparaître bien d’autres secrets. Cette autre porte, Ambroise peut l’ouvrir sans clef, mais ça impliquerait qu’Yve la suive dans son petit coin et elle n’est clairement pas prête à ça.

- Essayons de trouver un fil de fer ou quelque chose comme ça. Peut-être qu’on peut crocheter la serrure.

C’est ce qu’elle s’emploie à faire de son côté, s’en allant fouiller sur une étagère proche dudit rideau pour inciter Yve à s’en éloigner et chercher ailleurs.

- Tu devrais changer de déodorant, Yve, celui là sent plus fort que tout ce que tu pourrais trouver dans cette pièce. Et ça pique le nez bien plus fort aussi que la poussière, crois-moi.

❀ avec petit Yve ❀
artemis | www


Yvan El Sing
IRL
INRP
STATS
Yvan El Sing
# 07.11.22 22:23
Ambroise et Yve

Comment faire des heures supp’

Une enfant.

Yve se contenta d'un profond soupir, et il leva les yeux vers le plafond. Malgré son allure, malgré la différence d'âge, force était de constater qu'il avait suffisamment d'arrogance pour se montrer paternaliste avec sa professeure. Une réaction basique d'homme, cisgenre et blanc. Il avait raison. Par défaut, les choses fonctionnaient ainsi, n'est-ce pas ? Le pragmatisme lui enlevait toute forme d'empathie. Pour Yve, il était inutile de s'agiter dans tous les sens jusqu'à s'épuiser. Et alors, il examinait Ambroise du coin de l'oeil sans se lever. Ni sans signaler qu'il avait mal à sa hanche.

Autant prétendre qu'il était suffisant plutôt que d'admettre qu'il était fragile.

« Ce n'est pas une odeur de poussière. Mademoi... Yve s'arrêta aussitôt, la bouche ouverte. Puis il se rappela de sa réprimande, si bien qu'il fronça les sourcils avant de sourire. Puis d'un ton détaché, il se reprit d'un : Madame Hoiearnviu. »

Après tout, Ambroise ne pouvait pas le punir pour le respect de la politesse, non ? Quand bien même elle s'y essayerait, elle devrait argumenter en quoi l'appeler par son nom de famille était une forme d'arrogance.

Mais revenons au présent, la jeune femme s'éparpille, s'agite, tel un oiseau. Et Yve, plusieurs fois, capte les oeillades amoureuses qu'elle lance dans un endroit précis. Il n'était pas doué avec les gens et il ne cherchait pas à l'être, pourtant, il n'était pas idiot.

Il y avait quelque chose que sa professeure souhaitait lui cacher.

« On ne pourra pas crocheter la serrure, elle s'ouvre de l'extérieur, Madame, soupira Yve en faisant un geste de las de la main. Et laissez mon parfum en dehors de ça, le changement de ton était perceptible. L'accent flamand roulait dans sa gorge, et cette fois-ci, la douceur s'était envolée pour des grognements. Vous en faites une véritable obsession. »

La vérité, c'était que cette odeur était chargée de souvenirs précis. Qu'il n'abandonnait jamais. Ne dévoilerait jamais.

Un nouveau soupir. Comme tous les autres, d'une lassitude qu'il ne prenait pas la peine de dissimulait. Ou bien, une ouverture, légère, sur son état d'épuisement. Si Yve s'était assis, ce n'était pas pour rien. Il voyait le temps filer entre ses doigts minces, et du temps, c'est ce qui finirait par un jour lui manquer. Alors il économisait ses forces. S'agiter allait consommer son énergie inutilement ; il enviait Ambroise qui n'avait pas à se soucier de ces détails.

Yve releva les yeux vers la fenêtre que la jeune femme avait dégagée.

« Bien. J'ai la solution. »

Yve ferma les yeux, il passa la main dans ses épais cheveux bruns, puis il soupira ENCORE. Il attrapa sa canne, et il se redressa en grognant. Sans bouger, il examina la pièce, avant de reporter son attention sur le rideau.

De là, le jeune homme claudiqua en sa direction. Soit il y avait une autre sortie, soit il trouverait quelque chose pour grimper, et se hisser dehors depuis la fenêtre.
KoalaVolant
Ambroise Hoiearnviu
IRL
INRP
STATS
Ambroise Hoiearnviu
# 19.01.23 21:14

Ou comment faire des heures sup'

Madame Hoiearnviu.

Elle fulmine. Non pas parce qu'elle n'apprécie pas qu'on l'appelle par son nom de famille — c'est une chose que la plupart de ses élèves font — mais parce que le ton employé par Yve n'était pas le ton respectueux auquel elle s'attend en général. Ceci dit, elle se refuse à manifester encore les signes de son mécontentement et préfère s'affairer autour de ses pots empilés sur les vieilles étagères poussiéreuses en recherche d'une clef, d'un fil de fer ou de quoi que ce soit d'autre qui puisse leur permettre de sortir par l'avant de la réserve.

— On ne pourra pas crocheter la serrure, elle s'ouvre de l'extérieur, Madame.

Un nouveau soupir et la voilà qui lève les yeux au ciel, sa voix d'ordinaire toute douce claquant beaucoup plus sèchement quand elle lui répond.

— Tu prétends m'apprendre comment fonctionne mon lieu de travail, Yve ? Ça fait des années que je pratique cette serre, cette porte s'ouvre de l'intérieur ou de l'extérieur. Il suffit de trouver un objet adapté pour faire tomber la clef de l'autre côté et crocheter ensuite la serrure.

Ça paraît logique. Tout autant qu'infaisable. Mais Ambroise a toujours cru en sa bonne étoile et elle est persuadée qu'avec un peu de bonne volonté et d'adresse, ils pourraient s'en sortir. Dans sa réflexion, elle éclipse totalement la question du parfum, qui semble être devenu soudainement un sujet sérieux, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle hausse simplement les épaules en percevant le soupir de son étudiant, d'un air perplexe. Ses remarques étaient faites pour l'aider, puisque Yve importune certainement la plupart des gens qu'il croise avec son parfum trop prononcé. Mais s'il ne souhaite pas s'en soucier, alors c'est aussi son droit.

Ambroise, ça l'arrange bien, qu'il ait décidé de s'asseoir et qu'il la laisse faire. Ça l'empêchera de fouiller au mauvais endroit. Aussi, elle poursuit sa petite recherche. Peut-être que le double des clefs de la réserve, celui qu'elle a perdu un jour sans remettre la main dessus, va réapparaître ? Ce serait l'idéal, bien qu'il faille encore faire tomber la clef de l'autre côté.

— Bien. J'ai la solution.
— Hmm ?

Trop absorbée dans ses pensées, Ambroise fait à peine attention à lui. Elle ne voit pas quelle solution il aurait pu trouver, alors elle ne s'alarme pas. Ce n'est que lorsqu'elle entend son pas claudiquant se diriger vers le coin au rideau qu'elle se tourne soudainement vers lui.

— Yve !

Elle s'approche de lui à la hâte attrapant son épaule pour le retenir. En soi, si Yve pousse le rideau, il ne verra rien dans un premier temps. La culture est relativement bien dissimulée — après tout, il faut tromper la vigilence de tous·tes les autres sorcier·e·s qui passent dans la serre de temps à autres. Une fois le pan de rideau traversé, son étudiant ne pourra distinguer que l'autre porte de sortie, droit devant. Ce n'est que s'il s'attarde dans le coin que certains indices pourraient lui mettre la puce à l'oreille.

— Mais tu as raison ! Quelle sotte, j'avais complètement oublié que la réserve possède une autre porte ! On ne l'utilise jamais, mais elle est peut-être ouverte.

Avec un grand sourire, Ambroise se dirige donc vers le fameux coin caché d'un rideau sombre. Sans se précipiter, elle le pousse et dévoile un petit débarras où, sur des étagères en métal, semblent s'amonceller des tas de vieux pots et autres bacs ou cartons à l'abandon, dans un noir quasi-total. Elle n'y jette même pas un œil allant droit vers la porte et sortant discrètement de sa poche une minuscule clef qu'elle tourne dans la serrure. En réalité cette porte n'est jamais ouverte, évidemment. En plus du sort d'illusion qui couvre sa culture, les deux portes de la réserve sont systématiquement fermées à clef et plusieurs sortilèges dissimulent les plans à la vue de quiconque parviendrait jusqu'ici.

Seulement voilà, la magie n'est pas infaillible et quand Ambroise finit par tirer la lourde porte pour l'ouvrir, invitant Yve à la précéder à l'extérieur d'un geste du bras, la lumière du jour fait miroiter quelques reflets dorés sur le faux bazar qui traîne dans le coin.

— Bien vu, Yve, j'avais complètement oublié qu'on pouvait passer par là !

Elle prendrait bien une grande inspiration pour dissiper toutes les odeurs et les tensions qui la crispent depuis qu'ils sont entrés dans la réserve, mais pour l'heure sa vigilence est encore accrue. À raison.

❀ avec petit Yve ❀
artemis | www


Yvan El Sing
IRL
INRP
STATS
Yvan El Sing
# 29.01.23 13:10
Ambroise et Yve

Comment faire des heures supp’

Ce qu'Ambroise semblait ignorer - ou du moins n'en avait-elle pas encore conscience —, c'était qu'Yve avait toujours raison. Dans les faits, il était plus intelligent que la moyenne, plus observateur ; il était doté davantage d'un esprit d'analyse que d'un coeur. Si bien qu'il était très difficile de le faire changer d'avis, ou de lui prouver qu'il avait tort. Quoique sur ce dernier point, le jeune homme recherchait des compétences qu'il n'avait pas chez les autres. Du reste, il reconnaissait son manque de tact, et il reconnaissait surtout d'en avoir rien à faire.

« Vous êtes bien émotive. »

Fut ce qu'il lâcha face à l'éclat de frustration de la jeune femme, d'une voix toujours lancinante, où son accent néerlandais roucoulait. Ainsi, Yve épargna ce qu'il pensait vraiment à Ambroise, et il se contenta de fixer la fenêtre. Malgré sa jambe, il était plus ou moins persuadé qu'il pourrait grimper. Au pire des cas, sa canne l'empêcherait de tomber. Il s'appuya sur cette dernière, la mauvaise humeur d'Ambroise le contaminait doucement. La douleur grandissait, le sentiment de fatigue rendait son pas plus raide.

Si bien que lorsque sa professeure le toucha, Yve serra les dents et poussa un sifflement, pareil à un feulement de chat. Il ne la repoussa pas, il ne lui lâcha aucune parole, ni même un regard. Il n'avait rien contre le contact en soi, mais sa hanche lui faisait mal. Il ferma les yeux, il prit une profonde inspiration, avant de reporter son attention sur Ambroise. Celle-ci lui déballa tout un cirque, alors qu'Yve ne cherchait pas spécialement à montrer qu'il la croyait. Au contraire, au sourcil haussé, il était évident qu'il ne la croyait pas.

Sa réaction était plus qu'étrange, son monologue ne tenait pas la route. Et l'odeur, dans cette pièce, elle se faisait plus forte. Yve n'arrivait pas à déterminer ce que c'était.
Ce qui lui donnait envie de pousser un peu plus.

Le soudain éclat de lumière le fit fermer les yeux, et quand il les rouvrit, il vit l'amoncellement de bordel rutiler. Enfin... ce n'était pas tout à fait le terme, mais il décela quelque chose d'anormal — en plus de l'attitude d'Ambroise.
Agacé qu'elle le prenne pour un idiot, l'étudiant balança :

« Je suis boiteux, Madame Hoiearnviu, pas idiot. Yve renifla, l'odeur lui arracha une nouvelle grimace. Il ajouta alors : ce n'est pas mon parfum, cette odeur. Par ailleurs, je ne pensais pas que la réserve serait si grande. Oh. En le formulant à voix haute, Yve comprit que c'était anormal. À part pour l'entretien des plantes, rien ne justifie sa taille. À moins que... »

Yve tourna la tête, il regarda autour de lui ; il s'attarda sur le reflet doré. Puis, il décida d'aller voir de plus près — au fond, il s'en fichait un peu, mais l'attitude d'Ambroise lui donnait envie de creuser. Et le parfum se faisait plus fort.

« Vous fassiez de la récup' sur vos heures de travail, mh ? J'ai entendu dire que les no-mag' faisaient des meubles avec du carton, ou des palettes, après tout. »

KoalaVolant
IRL
INRP
STATS
Contenu sponsorisé
#



Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum