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Tyler Thompson
IRL
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Tyler Thompson
# 15.01.24 11:55

L'orage

Avec SibbanE


Le bruit lui parvenait dans le lointain de son esprit. Les voix, les discussions, le son des roulettes des brancards, SibbanE en train de paniquer, les sirènes de police et des ambulances. Il ne sut pas qu'elle prétendit être sa petite amie, il ne sut pas dans quelle galère sa perte de conscience l'embarqua. Sa respiration était basse, silencieuse ; Tyler détestait le bruit plus que tout. Parfois, il se réveillait la nuit à force de s'entendre respirer, son cœur battant un peu trop fort pour ses sens aiguisés.

Transporté à l'intérieur de l'ambulance, les yeux parfois ouverts sur les silhouettes des infirmiers et dirigés sur sa voisine. Il comprenait grossièrement ce qu'il se passait, car il reconnaissait les motifs — les ordres volant dans tous les sens les machines où il était branché, les déclarations. On demanda à Téva s'il avait des antécédents médicaux, l'origine de la marque de brûlure sur son avant-bras sans s'imaginer qu'il en était le responsable. Un jeune ambulancier fit remarquer qu'il avait l'air d'être un vétéran.

Il y avait ces foutus androïdes autour de lui.

Les yeux à moitié ouverts, Thompson observait la vie s'agiter tout autour de lui. On découpa le scotch à l'air d'une paire de ciseaux, on embarqua SibbanE dans l'ambulance et le trajet jusqu'à l'hôpital se fit dans la cacophonie. Symphonie de klaxons et de sirènes, d'éclat de colère et d'urgence. Pourtant, on promettait à la jeune fille qu'il n'était pas en danger. La compresse maintenue avec le tape avait empêché l'hémorragie de s'aggraver. On leur avait annoncé quatre blessés, pas cinq. Au fond, peut-être avait-il espéré rentrer chez lui se soigner.

Alors que son esprit ballotait, Tyler se demanda si tout cela était suffisant.

Une vie à crédit, une dette remboursée pour avoir enlevé la vie d'un homme.


Est-ce que la pauvre SibbanE resterait à l'attendre ? Harris passa à l'hôpital, afin de prendre de leurs nouvelles. Elle lui offrit un café, elle montra son soutien dans sa douceur et sa voix grave. Harris était plus épaisse que Tyler, des cuisses musclées comme des troncs d'arbre, une force de bœuf et un visage maternel. Pendant ce temps, la petite supérette du quartier populaire devint la coqueluche du JT. On salua les forces de l'ordre pour l'intervention.

Quand Tyler se réveilla dans la chambre d'hôpital, il mit du temps à se rendre compte que ce n'était pas un souvenir. Il n'était pas dans le passé de ses 18 ans, son père n'était pas à son chevet — avait-il seulement été prévenu ? —, et il sentait le médicament, la sueur, le sang. Il se redressa grossièrement, ses articulations se plaignirent, alors qu'il grinçait des dents. Furieux d'être si fragile. Il détestait être enfermé dans une chambre d'hôpital. Raccordé qu'il était par tous les fils, le corps meurtri et épuisé de ce qu'il s'était passé. Surpris encore de ne pas avoir rêvé de lumière blanche, de ne pas s'être vu au-dessus de son propre corps comme la première fois. Mais le lycée, c'était fini. John resterait mort, comme Alan.

Le personnel soignant faisait des allées retours dans sa chambre, assurant qu'il recouvrait bien. Certains posèrent des questions sur l'origine des autres blessures, ce à quoi il se contenta de se murer dans le silence. On s'inquiéta même s'il n’avait pas perdu la parole devant son mutisme, alors qu'il n'aimait juste ne pas nourrir la curiosité des gens. On lui annonça alors que quelqu'un de très important attendait son retour, on lui demanda s'il voulait bien la voir.

Étonné, Tyler hocha ma tête.

Puis il se perdit dans ses pensées, les sens harassés par les sons émis depuis les machines, les roulettes des lits qui passaient dans le couloir.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 15.01.24 14:24

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Sa colocataire n’a pas saisit pourquoi elle lui donnait rendez-vous à l’hôpital de ville, une fois la raison donnée ce fut un silence au bout du fil, très surprise que Téva aille jusqu’à accompagner Tyler ; est-ce qu’on allait aussi loin pour un simple béguin ?
De l’extérieur elle était la parfaite petite-amie, attentionnée et terriblement inquiète, ses yeux ne quittaient pas le corps inerte de son supposé copain, au moindre mouvement annonçant un possible réveil, c’est tout son être qui réagissait.

La route fut interminable et le paysage défilait beaucoup trop lentement d’après son avis. Le médecin continuait de répéter que les constantes étaient bonnes, qu’il s’en sortait et s’en sortira bien, sans séquelles. Un repos sous surveillance médicale restait nécessaire.
Tout ce jargon sur les hypothèses sur ses blessures la laissèrent troublée. On l’interrogeait sur ses antécédents, elle se basait sur sa mémoire ; non elle ne l’a jamais vu prendre de médicaments sans préciser bien sûr que c’était selon les quelques occasions où ils se voyaient.
Mais le souvenir de l’appartement modeste et presque vide de Tyler présentait un indice sur ses conditions de vie difficiles.

Harris lui prêta main forte à l’arrivée, Téva ne savait pas sa date d’anniversaire ni l’intitulé entier de son poste. Elle jouait sur le choc des événements et les idées embrouillées par tout ce chamboulement pour camoufler comme il le pouvait son manque cruel d’intimité avec lui.

Il a fallu deux bonnes heures avant qu’on l’informe de son état, entre temps on nota des multiples allers-retours dans le couloir, dans la cafétéria - sans rien prendre à manger -, dehors pour recevoir des appels, fumer trop de cigarettes et se noyer de caféine pour que le sommeil ne s’en prenne à elle.
Téva voulait à tout prix rester éveillée pour le début des visites.

Les infirmières se relayaient pour le surveiller, les patients s’attardaient sur elle pour un motif très simple complètement oublié par la concernée.

-

Tu peux toujours pas le voir ? Un soupir  d'agacement de son amie, suivi d’un sachet tendu, Tiens change-toi c’est plus possible là.
J’ai envie de prendre une douche, tu crois que c’est faisable ici ?
Va savoir, faut demander.

Un nouveau médecin de garde passe alors, la gentillesse incarnée qui comprend parfaitement que se laver lui est primordial. Téva veut bien utiliser la salle de bain d’une chambre libre, mais on lui suggère d’aller dans celle de son copain.

Ton copain ? Qu-
Ah oui oui ! J’suis bête, merci docteur.

La brune voit clair dans son jeu et lève les yeux au plafond.
Tais-toi, j’étais obligée.

Un androïde enchaînant les rondes indique passé l’heure du repas que les patients peuvent recevoir les visiteurs attestés par le secrétariat.
Vas-y.

Téva est déjà devant la porte, anxieuse et peu préparée à le revoir relié à des machines aux sons assourdissants.
D’un geste, la membre du personnel l’invite à rentrer et elle retient son souffle en passant le seuil de la porte.
Intimidée par leur retrouvaille et par ce qu’on a pu lui dire sur elle, la blonde n’avance que de quelques pas.

Comment vous vous sentez ?
Quelle stupide question, comment on procède déjà.

Apparemment vous pourrez sortir d’ici après-demain, c’est super. Elle y met toute son enthousiasme, en vérité le coeur n’y est pas totalement.
Le bruit de la pluie contre la vitre remplit les blancs entre ses phrases, elle s’approche de la cruche d’eau et lui sert à boire.
Vous pouvez boire de vous même ? Il peut ne pas pouvoir, ça ne signifie pas qu’il l’avouera.

Tyler, pourquoi vous ne vous êtes pas comptés dans les blessés, c’était inconscient de votre part. Le reproche tombe, avec lui un élan de tristesse dans la poitrine.

@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 15.01.24 19:11

L'orage

Avec Téva


Tyler soupira avant que SibbanE ne rentre dans la pièce. Il n'avait pas l'énergie pour discuter. Au fond de lui, il voulait se rouler en boule dans une tente, coincer en plein milieu de la montagne et être oublié. Pourtant, il ne reprocha pas à la jeune femme sa présence ni sa peu fière allure. Il voyait qu'elle avait pleuré, et qu'elle était fatiguée. Il l'observa à travers ses cils, d'une respiration calme et tranquille. Il ressemblait encore et toujours à un prédateur étudiant les moindres réactions de sa proie. Tyler songea alors qu'il devait peut-être la ménager. Elle n'était qu'une femme après tout.

Sans un mot, il se redressa en poussant sur son coude. Il serra les dents pour renfermer une expression de douleur entre ses lèvres, son omoplate brûlait et la plaie dans son ventre s'étira. Tyler gonfla la poitrine, faisant le point sur ce qu'il s'était passé. Quand il refermait les yeux, il revoyait les balles, les cris, SibbanE et le coup qu'il lui avait donné. Oh.

Tyler fronça légèrement les sourcils, toujours pudique dans sa manière d'exprimer ce qu'il ressentait. Les émotions, comme les alarmes allumées entre ses chairs et lui rappelaient qu'il était en vie. Là. Avec elle.

Les questions survenaient dans le silence, d'une tension qu'il ne connaissait pas encore dans sa voix. Et face à tout cela, l'homme ne sut pas quoi répondre. Ne l'avait-elle pas compris encore ? Tyler était misanthrope, il méprisait la race humaine et la société bruyante. Il cohabitait avec les gens plus qu'il leur parlait. Et pourtant, il donnerait sa vie sans hésiter si cela pouvait en sauver d'autres. Il ne pensait pas être particulièrement suicidaire, mais il ne se considérait pas plus important que les autres. Il avait su se soigner, il y avait des blessés plus graves. Et malgré sa haine envers leurs trois assaillants, il les avait inclus. Il ne les avait pas exécuté.

Même si au fond de lui, il l'aurait fait volontiers.

Il fit « non » de la tête face à la carafe d'eau, muré dans son silence réconfortant. Puis il balaya la pièce du regard, frustré de ses mouvements limités et d'être cloué au lit. Il voulait s'en aller. Se rhabiller, signer les papiers, puis s'éloigner de cet endroit.

Tyler ne lâcha pas une réponse. Ni sur son état ni sur son comportement. Il détaillait SibbanE du coin de l'œil, le sang incrusté sur sa jolie robe et sur ses chaussures blanches - une leçon qu'il pensait qu'elle avait apprise. Il se rendait compte qu'il ne s'agaçait pas de sa présence. Elle était là, inquiète, avec la peur infestant tous les pores de sa peau.

Tyler contempla alors les dalles sur le sol de l'hôpital, il remarqua un emballage tombé sous l'armoire face à lui. Puis d'une voix posée, un peu lointaine, il demanda :

« Le caissier... Il s'en est sorti ? »



KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 15.01.24 20:52

   

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you can choke.

l'orage gronde

Téva pourrait s’énerver de le voir répondre le strict minimum, si encore on peut appeler ça le minimum. Il faudrait un autre mot pour décrire la volonté de Tyler de ne pas converser et s’étendre lors des interactions sociales - oui elle n’a toujours pas compris qu’il en avait que faire de la société et ses codes. Mais elle met de l’eau dans son vin et accepte qu’il ignore toutes ses interrogations en se satisfaisant d’un hochement à la négative.
Elle repose la cruche, examine le verre plein et se dit que quelqu’un doit bien le finir. Ce sera pour sa pomme.

L’eau est calcareuse, elle ne retient pas longtemps une expression de dégoût. Elle regrette cette décision autant qu’elle regrette son mensonge auprès du personnel hospitalier. A moins que Tyler soit tellement habitué à ses bêtises qu’il hausserait simplement les épaules. Ce serait bien, non, ce serait horrible, Téva croirait qu’elle a ses chances.

Le caissier ? Ah, elle l’avait complètement effacé de sa mémoire, Oui il va bien, sa famille est arrivée ici en même temps que nous. Ils ont attendu avec moi car les visites sont que pour- stop. Enfin bref.
Elle a failli se griller.

Le verre en main, les yeux qui remarquent les traces imbuvables dans le liquide plus très transparent.

J’ai donné mon numéro comme contact à appeler en cas d’urgence, vous voulez que j’appelle quelqu’un pour vous ?

Elle n’a pas beaucoup espoir qu’il ait véritablement une personne de son entourage proche en ville, Tyler lui a toujours paru dans son monde et sociable uniquement par obligation à cause de son travail ou à cause de sa voisine trop bavarde. Les personnes réservées et secrètes de son genre sont un vrai mystère pour elle et il est un cas compliqué.

Le sachet pendu à sa main émet un bruit de froissement quand sa jambe bouge légèrement. Mince, il y a encore ça.

Il pleut fort dehors, pointé du doigt l’évidence pour combler l’absence de réaction. Près de la fenêtre, non loin du lit, on a placé deux chaises et des fausses plantes. La fatigue émerge de temps à autre et dans ces moments-là, elle doit s’asseoir et ne pas forcer sur son corps. Maintenant qu’il est entre de bonnes mains, la jeune femme reprend connaissance de ses propres blessures dont le beau bleu aux côtes. Elle l’a examiné dans les toilettes et a tiré une tête pas possible devant sa couleur avant de rabaisser le vêtement, l’esprit euthanasié par cette vision. Ce n’est pas grave, ça va partir sauf qu’on ne sait pas forcément quand.

Les ongles se plantent dans l’accoudoir à mesure que la douleur la pince, une mauvaise passe avant de s’affaler en soufflant fort.

Ses yeux voyagent entre le sol et son visage, la salle de bain - non too soon.
C’est surprenant, vous avez une tête à naître en automne, pas au printemps.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
IRL
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Tyler Thompson
# 16.01.24 21:55

L'orage

Avec Téva


La pluie claquait contre la vitre. Tyler se surprenait d'être seul dans la chambre, si on oubliait SibbanE. Les questions de la jeune fille parcouraient son silence, elles se frayaient un chemin pour tenter de trouver l'endroit où il cachait ses secrets. Pourtant, il ne lui donna pas une ouverture. Il ne comprenait pas ce qu'elle faisait là, sans se douter de toute l'inquiétude qu'il avait provoquée elle. Et elle faisait peine à voir, cette jeune fille qui férocement lui tenait d'être. Tyler se rappelait des larmes dans la forêt, et de ses crises de nerfs. Quand il ferma un instant les yeux, il se souvint de l'instant où il avait senti son corps contre le sien. Un contact fugitif, perdu dans le crachat des balles.

Tant mieux, le caissier était en vie.

Il pensa : bravo Téva.

Il lui dirait une autre fois, là, son esprit était balloté dans les images qui lui restaient de la fusillade. Une certaine mélancolie se collait à sa peau, comme la pluie dehors. Il écoutait SibbanE d'une oreille, peu intéressé par ce qu'elle racontait. Si elle parlait, c'était bien pour elle et non pour lui. Peut-être ressentait-elle le besoin de se confier.

« Je suis désolé de vous avoir frappé. »

Les mots de Tyler tombèrent, comme une pierre au fond d'un puits. La douceur dans sa voix n'était là que pour cacher la virulence du souvenir. Il sentait encore les jointures de ses mains brûler, et il se revoyait exploser toute sa rage à la face d'un de leurs assaillants.

Il fallait qu'il se rende à la police.

Pourtant, il n'avait pas encore trouvé le courage d'affronter son père. Avouer à demi-mot que la tempête en Oregon était ce qui l'avait sauvé de la prison. Il coula un œil sur SibbanE, cherchant à deviner le bleu sous les vêtements. Elle avait perdu de son éclat — un soleil brûlant de colère et de soif du monde —, elle s'était ternie dans la fatigue.

« Vous pouvez vous changer si vous voulez. Soupira Tyler en comprenant alors qu'elle était restée à son chevet. Et vous devriez rentrer chez vous, vous reposer. »

Un rappel à l'ordre, un conseil qui cachait son autorité. Les murs de l'hôpital lui donnaient des angoisses, le bruit des machines harcelait ses sens, les voix en dehors l'agaçaient. Il voulait rentrer dans la forêt, s'abandonner à sa chère solitude.

Et SibbanE, hein ?

La pauvre. Elle avait vu des choses qu'elle n'aurait pas dû voir. Elle avait vécu une scène de téléfilm américain, l'héroïsme mis à part, ne restait que la violence et les traumatismes. Tyler pensa qu'il devait l'aider, sans trop savoir comment. Il n'avait pas de manuel pour les gens, d'autant plus lorsqu'il s'agissait des filles.

Il essaya alors.

« Comment vous sentez-vous ? »

Il pouvait écouter. A défaut de se confier.





KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 19.01.24 19:51

   

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you can choke.

l'orage gronde

Ne le soyez pas, c’est arrivé c’est comme ça.

Pas qu’elle ait envie de le rassurer au point de lui dire que c’était inévitable. Ce qui le saura, ce sont tous les moyens pour elle de camoufler cette horrible marque.

Elle regrette d’avoir choisi une place aussi proche de la vitre, le son extérieur commence à la déranger, plus que ses réponses laissées en suspens - vraiment elle en est immunisée !
Tant pis pour le numéro de téléphone, pour les personnes oubliées, au final Tyler a aussi droit à son intimité et Téva doit se rentrer dans le crâne qu’elle reste sa voisine de palier. Malgré le fait qu’ils se soient soutenus lors de cette fusillade, qu’il tolère sa présence dans cette chambre alors qu’il suffirait pour lui de lui ordonner de partir.

Ah c’est ce qu’il fait et elle se sent bête de l’avoir vu venir.
Est-ce qu’il est encore utile de se doucher pour sortir et se prendre un torrent en pleine tête. Supposons que la pluie arrive à nettoyer les traces d’horreur, marcher jusqu’à son appartement ne représentera plus un calvaire.
Téva a besoin de se vider la tête et elle planifie déjà de commettre l’erreur de ne pas rentrer en uber.

Je devrais me changer ouais. L’air distant, le regard posé sur ce verre à sa gauche. Si l’eau de la salle de bain est tout aussi propre, hors de question qu’elle rentre en contact avec ses cheveux.

Comment elle se sent, en voilà une bonne question. Dans le déni total de l’atrocité qu’elle vient de vivre et dans le déni de cette peur qui menace de la ronger de l’intérieur les prochains jours suivants ? Ou bien l’impression totale de perdre pied et de croire encore qu’elle arrivera à garder la tête hors de l’eau si elle la fait imploser d’illusions. C’est plus facile de se consacrer corps et âme au bien-être de quelqu’un d’autre au lieu de se tourner sur soi-même.
Son sourire se fige et creuse ses cernes. Le regard fuyant annonce la couleur, cependant Téva se fait rempart contre toute démonstration de faiblesse.

Je travaille demain à dix heures, je vais manger des pâtes et je vais essayer de dormir vers minuit. Je dois payer mon loyer, l’échéance arrive bientôt.

Le luxe d’avoir le mal la consumer n’est pas un privilège qu’elle peut s’accorder. Puis, son patron lui a précisément dit qu’elle n’avait plus le droit d’être en arrêt maladie sous peine d’un licenciement.

Ah, votre veste, elle se pince l’arête du nez, votre veste c’est ma pote - ah mince j’ai merdé. Elle l’a prise pour la laver, elle se sent con. Je vous la rendrai très vite, à votre sortie ? Il l’aime bien cette veste non ? De mémoire, Tyler la porte très souvent. Elle ne sera pas abîmée, vous inquiétez pas. Elle sentira juste la soupline et peut-être l’encens du salon où elles font sécher le linge.
Téva dans ces heures tirant en longueur, en avait même oublié d’avoir froid.

Un toc à la porte.
L’infirmière passe rapidement avec un en-cas du soir dont le plateau est déposé à côté de la table, elle-même à côté de Tev.

Vous en voulez ? Une pomme verte, comment on les appelle…Aucune idée.
Il y a bien des choses pour lesquelles elle n’est toujours pas assez douée, mais en ce qui concerne la cuisine et l’épluchage de fruits ; sa mère avoue que sa fille s’en sort avec les avec honneurs.

Le verre ainsi que le sac abandonnés, les mains désormais libres se frottent et prennent sur les genoux ce petit plateau.
Les mèches sont écartées derrière les oreilles pour éviter tout dérangement.
Le couteau la tranche en deux, elle retire le coeur avec les pépins, commence à enlever la peau sans se demander s’il l’aimait avec, s’il aimait ce fruit tout court. Prise dans cette nouvelle tâche, captivée par le mouvement circulaire et répétitif, hyponistant, et les épluchures qui forment une montagne sur la petite assiette. Coupée en deux, une rondelle est goûtée, on peut critiquer l’hôpital pour sa nourriture, moins pour la qualité de ses goûters.

Vous pouvez rester silencieux, mangez un peu tout de même s'il-vous-plaît.
Téva patiente, accompagne son geste d’une attention toute particulière et surveille au travers de ses cils un signe d’acceptation ou d’un énième refus.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 22.01.24 10:43

L'orage

Avec Téva



Tyler ne savait pas à quel point le silence était inconfortable. Ses quelques expériences humaines lui avaient toujours démontré que les autres voulaient le combler. Même quand il était droit dans ses bottes et immobile, surveillant les alentours. À l'armée, on lui avait conseillé de parler un peu pour se lier avec ses camarades. Un conseil entendu dans l'oreille d'un sourd. S'il avait franchi l'école militaire, ce n'était pas tant pour l'idéologie — Tyler méprisait les soldats, il détestait la guerre —, mais pour acquérir ses connaissances et devenir garde-chasse.

Mais il voyait combien le silence pesait sur Téva, et comment cherchait-elle à le combler. L'homme ne savait pas quoi lui dire, et pourquoi devait-il à tout prix la rassurer, hein ? Aller dans son sens ?

Parce qu'elle resterait traumatisée de ce qu'elle avait vu. Le coup qu'il lui avait porté, les balles éclatant dans tous les sens. Le sang et les plaies. Les flics érigés en héros. Le sang (encore) sur ses chaussures et sur sa robe. La pomme coupée, alors que Tyler n'avait rien dit et qu'il n'en avait pas. Il était trop épuisé pour manger, et puis il ne mangeait pas devant les autres.

Des déjeuners à moitié avalés dans le réfectoire du lycée, des repas entre collègues refusés une fois adultes. Le sentiment de culpabilité dans les tripes, quand John lui prêtait une tartine ou un jus de fruits, en se demandant comment il pouvait être plus grand et plus fort que lui, alors qu'il n'avalait rien. Puis la famine dans le fond de la forêt, la blessure brûlée au briquet pour éviter que les insectes ne pondent dans la plaie. Tyler soupira, il rejeta tous les souvenirs au-delà. Derrière la vitre, là où il pleuvait.

La pluie le calmait toujours.

« Je n'ai pas faim, ne vous en faites pas pour moi. »

Les fils et les machines, les souvenirs encore de son père pleurant à son chevet. Lui qui disait pourtant que les larmes, c'était un truc de pédé.

« Demandez un arrêt, lâcha-t-il en considérant l'allure de Téva. Et reposez-vous, vous en aurez besoin. »

Alors que lui-même reviendrait travailler trois jours après. Enfin, si Harris ne l'en empêchait pas. Elle ne comprendrait pas. Rester enfermé chez lui, avec les chants des sirènes de police, c'était ce qui le rendrait fou. Tyler gratta pensivement la marque de brûlure sur son avant-bras, songeant qu'il était habitué à survivre aux catastrophes.

Tyler poussa la petite table à roulettes et le plateau vers Téva, lui signifiant dans un autre silence qu'elle pouvait manger. Son omoplate était engourdie, il se demandait alors s'il serait capable de continuer à l'utiliser. Au bout de combien de temps pourrait-il refaire des tractions ?

Il frotta du bout des doigts sa balafre. Une chance que son père ne l'ait pas éborgné ce jour-là.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 29.01.24 21:18

   

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l'orage gronde

Téva ne ferait pas la meilleure des infirmières, il est déjà admirable qu’elle fasse preuve d’autant de patience avec quelqu’un d’aussi peu enclin à faire la plus basique des actions : se nourrir. Le couteau est reposé sur le plateau, la fin de sa phrase la crispe. Ne le sait-il pas, à quel point c’est difficile de ne pas se faire un sang d’encre ?
Il s’est naturellement oublié dans les victimes, il a perdu tellement de sang qu’il s’est évanoui, sa fièvre, ses blessures, cette plaie guérie à la va-vite près du comptoir de caisse.
Elle ne se fera jamais à son inconscience, sa nature, son fonctionnement et sa dévinsolture face au danger.

Tyler aurait beau se décider à lui expliquer qu’il est comme il est, qu’il a décidé inconsciemment ou volontairement de jouer le sauveur de la terre entière, mentionnant sa dette envers elle ne saurait qui, ce manque de peur face à sa vie sur le point de se terminer et son absence de réaction si on lui disait qu’il manquerait à d’autres.

Ce qu’elle voudrait s’enrager, s’énerver, se lever en précipitation, claquer la porte, ou lui faire la morale, puis là claquer la porte. Et les jours d’après, elle l’ignorerait, s’empêcherait de reconnaître sa présence, s’enfermerait dans sa chambre et enverrait le monde valser. On s’en fout du chômage, des appels manqués, des tocs à sa porte, des messages non lus du bruit de la fenêtre d’à côté - ce serait Tyler qui prend l’air, qui s’assoit à son rebord.
Mais elle est trop faible, trop en demande de son contact, trop attachée, trop à cause de lui.

Non, ce dont j’ai besoin c’est d’argent pour me casser de ce trou paumé.

Sa franchise et ce ton sec la surprennent la première. Elle passe une main sur le visage, se force à manger deux morceaux de pommes, a envie de vomir. Son estomac se rappelle de ce vide et il s’en est habitué, l’esprit rejoue les coups de feu, les cris, la vision d’horreur et les paumes touchent encore la chemise ensanglantée, perçoit encore le froid glacial du corps du caissier. Quelle vie de merde. Combien de temps on la tiendra prisonnière de cette malédiction.
Il est donc là le signe de tout arrêter, elle pensait le voir pas avant une quinzaine d’années.

Je reviens. L’avant-bras décale la table, elle se penche pour ramasser le sac, le verre est posé sans aucun regard.
Sa démarche s’accélère une fois le lit contourné, une œillade sur les gestes de Tyler ; aucune remarque dite, une de pensée.

Le verrou claque et la salle de bain fait peine à voir. L’eau du robinet est froide et met du temps à devenir tiède.
Sa pote lui a même ramené des nouvelles chaussures. On prend soin d’elle aussi, elle peut pas lâcher Stéphie parce que des envies suicidaires la détournent de sa vie pas si à jeter que ça.
Ses vêtements souillés sont échangés, le sachet finira à la benne et il est jeté au coin de la pièce.

Le savon trois en un fait pitié, mais aujourd’hui on ne fait pas sa difficile. L’eau n’a pas mauvais goût, sa température trop froide est augmentée jusqu’à brûler sa peau. Téva frotte, fait naître des rougeurs, se griffe et les marques rouges se jouent d’elle. Le savon mousse et quand elle pense que c’est peine perdue, sa peau en ressort immaculée. Le soulagement est total, le début de la libération ; la vraie.

Tout est lavé, tout disparaît sauf la fatigue et le mal-être quand elle se perd un peu trop là-haut toute seule. On garde espoir, les somnifères ne sont pas en vente libre depuis quelque temps ? Ou il y a au moins de quoi se rouler un joint dans son tiroir, au risque de virer en bad trip.

Une demi-heure plus tard - son record - Tev ressort de la salle de bain. Les cheveux séchés attachés en chignon à défaut d’avoir eu de quoi les brosser et l’ironie s’affiche dans sa nouvelle tenue. C’est celle qu’elle portait quand ils se sont rencontrés au centre. Paye ta coïncidence. Téva le remarque que trop tard et elle use de sa faible énergie pour rigoler, les yeux rivés sur son ensemble. Le fou-rire passé, elle se frotte les yeux.

Sa fierté mal placée veut rester dans cette chambre, se forcer à nouveau de manger ces morceaux de pomme pour profiter de ce moment où Tyler n’a pas les capacités de la renvoyer chez elle. Enfin il n’a pas de porte à fermer à son visage. Son plat de spaguettis aurait été très bon s’il avait accepté de venir le manger.

Tyler, vous voulez que je vous ramène un truc de chez vous ? Je sais pas, du travail, un livre, des habits. Une bonne raison pour elle de revenir.

@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
IRL
INRP
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Tyler Thompson
# 13.02.24 13:46

L'orage

Avec Téva



La franchise de SibbanE ne lui tira pas une expression. Tyler restait enraciné dans ses habitudes monotones, d'autant plus qu'il affichait toute sa vulnérabilité depuis son lit d'hôpital. Si bien qu'il se contenta de suivre la jeune femme du regard, quand elle décida d'aller se laver. Là, Thompson contempla le temps dehors. Il écoutait les bruits émanant depuis la douche, le jet d'eau, la porte claquée, toutes ses incertitudes ainsi dévoilées à son insu. Elle s'en remettrait.

C'était obligatoire.

Lui, il sentait ses muscles lui faire mal. Le trou dans son bide et dans son omoplate dégueulait de tension. Il se redressa péniblement, en serrant les dents pour taire la moindre expression de douleur. Tyler profita alors de sa sacro-sainte solitude pour manger un peu. Même s'il n'avait pas faim, même s'il ne sentait pas le goût des aliments. Ce n'était pas un sens très développé chez lui, et il préférait manger à l'abri des regards plutôt qu'être accompagné.

Tyler n'était pas désolé de cela.

Téva avait affronté la dureté du monde. La vraie. Celle que les gens comme lui protégeaient des autres. Une fusillade sans androïde, porté par la voix de l'extrême droite qu'il méprisait et rejoignait pourtant - l'imagerie survivaliste, les discours militaires, ah, Tyler n'étaient juste pas patriotes. Il mangea la moitié de son repas, il abandonna l'assiette dès qu'il entendit l'eau s'arrêter. Il retourna dans son apathie, dans son silence, en prenant soin d'ériger de hauts murs infranchissables. Tyler avait conscience que SibbanE cherchait à se rapprocher ; il n'était qu'un point d'appui. Une marche sur laquelle grimper pour aller mieux.

Ses sentiments, leurs véracités, l'homme ne les voyaient tout simplement pas.

Rester aveugle, même lorsque la lumière de Téva se mettait à briller si fort. Elle revint en tentant de l'appâter avec du travail. Cependant, Tyler se referma ; il était trop mal à l'aise pour la laisser rentrer chez lui. Son appartement était son refuge, sa prison ; il en disait trop sur lui.

« Ce n'est pas la peine, je rentrerai bientôt. »

Ah.

Venait-il de trop parler ? D'ajouter des mots en plus ? Un bonus, un DLC en récompense de leur survie. Tyler retint un soupir, il examina la jeune femme sans trop quoi penser de sa tenue - avait-il déjà oublié tous ces détails ?

Est-ce que son père était au courant ? Son travail avait son numéro. Tyler ne voulait pas de sa présence. Il contempla de nouveau la pluie dehors, l'orage était passé, ne restait que le soupir humide d'un mauvais temps. D'un mauvais moment.

Devait-il dire à Téva de rentrer ? Elle semblait n'avoir rien du tout pour la protéger de la pluie. Il n'allait pas la renvoyer comme ça. Surtout pas, non ?

« Rentrez chez vous, je vous payerais le taxi. »

Lâcha-t-il alors.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 27.03.24 18:19

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Il ne se souvient pas de ce qu’il faut et cela ne la choque décidément plus, il refait son Tyler ; cela montre qu’il a toute sa tête. Téva décide de voir le verre à moitié plein voire débordant. L’ensemble de jogging paraît bien fade face à l’absence de considération, ce n’est pas plus mal, non ? Ainsi, il ne se souvient pas de leur première rencontre et d’à quel point ils étaient agacés l’un de l’autre au point de se réjouir de ne plus avoir à se revoir dans un futur proche ou lointain. Avant que le destin se joue d’eux.

Les quelques mèches mouillées par la douche collent à la nuque et dérangent son épiderme, plaquées sous la chaleur de sa paume, elles ne bougent plus, s’effacent dans la moiteur et sont rangées sous l’épaisseur de son haut. Téva revit après ce choc sous ces hautes températures et ses cuisses continuent à picoter dû aux frottements.

Très bien, faites comme vous voulez. Elle n’avait même pas pensé à l’éventualité de devoir pénétrer dans son appartement pour récupérer documents et habits, il n’y avait en tête que la porte ouverte à lui rendre à nouveau visite.
Elle ne rétorque pas plus parce qu’elle pourra toujours le revoir au vu de leur proximité géographique, ce n’est que partie remise.

Contournant une énième fois le lit pour récupérer ses affaires, la pluie n’est qu’un détail dans le paysage, un sujet superficiel pour maintenir un tant soit peu cette conversation ayant perdu depuis le début de son souffle.

Tyler mentionne l’idée de rentrer en taxi, Téva ne pensait qu’à rentrer à pied. Ce serait bête de se prendre une seconde douche en moins bonne qualité.
Je vais rentrer en profitant totalement de votre argent alors. L’humour se glisse timidement entre les lignes, la fatigue la fait soupirer, elle se retient de se frotter grossièrement les yeux. Les bras de Morphée l’attendent rapidement, le temps n’aide pas à rester éveillée plus qu’il le faut et naturellement les conséquences de cette tragédie daté d’il y a moins de quelques heures résultent en une disparition totale de son énergie. C’est d’ailleurs une prouesse de sa part d’avoir veillée aussi longtemps, ce que les sentiments nous poussent à faire est terrible.

Téva tend sa main vers Tyler, Votre argent s’il-vous-plaît...Ah. Il ne l’a sûrement pas sur lui, étant alité. Elle passe une main sur son visage, affiche un air sot. Évidemment.

Ne réfléchissant pas une seconde supplémentaire, elle s’avance naturellement vers l’armoire sans pour autant se permettre de fouiller. A cet instant là, les bruits de draps tirés la font se retourner.
Vous êtes pas sérieux, c’est bon je vais rien vous voler et je toucherai à rien de trop !
Son index pointe une poche, une autre, bouge de plus en plus afin de trouver la bonne. Celle-là ? Ou celle-là ? Tout en veillant à ce qu’il ne sorte pas de son lit par des coups d’œil rapides.

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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 18.04.24 21:41

L'orage

Avec Téva



Tyler était pingre.

Il vivait comme un ermite, à se terrer dans ses habitudes, car le changement le dérangeait. Alors c'était un effort supplémentaire de laisser Téva fouiller dans ses affaires, et surtout de lui payer un taxi. Dans d'autres circonstances, le garde-chasse aurait jugé qu'elle pouvait se débrouiller seule. Toutefois, son état, puis ce qu'iels venaient de vivre lui montraient toute sa vulnérabilité. Elle avait manqué de mourir ou pire, elle avait le déchaînement de violence dont il était capable.

Quand Téva ne parvient pas à trouver son porte-monnaie, l'homme commence à bouger. Si elle semble le remarquer, Tyler lui lance un regard froid, indifférent. Une façon de garder la distance entre elle et lui, afin de ne pas risquer lui donner ce qu'elle cherche.

Tyler se laissa alors tomber dans le lit, le coussin remua sous son poids. Il avala sa salive, et il soupira discrètement.

« Celle-ci. »

D'une voix monocorde, en désignant la bonne poche. Son portefeuille était en toile, vieux, usé, avec les coutures fragiles. Dedans, on ne trouvait que du liquide, sa carte d'identité sur laquelle Tyler semblait avoir tout juste vingt ans. Des tickets de caisses récents, rangés soigneusement par date. Une carte de visite donnée par une association dans la rue, et dont il ne s'était pas débarrassé. Une liste avec les numéros importants — seul celui de son travail et de son père était inscrit.

Mais aussi une vieille coupure de journal, accompagnée d'une date. Quatorze ans auparavant, un « A » pour anonymiser celui ayant commis la fusillade. Le nombre de blessé, à douze, au lieu de treize — la treizième victime est entre la vie et la mort.

Un autre ticket de caisse, rangé sous sa carte d'identité, indiquant l'achat de cartouche pour un Sig Sauer. Un autre mentionnant deux billets de train, daté de quinze ans avant.

Tyler était tendu, car il détestait lorsqu'on touchait à ses affaires. Téva approchait du bout des doigts des étapes de sa vie, elle s'infiltrait dans ses souvenirs. Elle souillait son intimité, alors qu'elle se dépêche de prendre les billets !

Les poings posés sur le matelas, prêt à se lever, il ne bougeait que les yeux pour suivre les mouvements de la jeune femme. Il sentait les fils dans son avant-bras s'étirer, il écoutait le bruit de ces machines du démon se déplacer dans le couloir. Ce qu'il voulait, c'était rentrer chez lui — en Alaska, afin de se perdre dans les aurores boréales.

« C'est bon ? »

Et pour une rare fois, Tyler montra de l'impatience. De l'émotion. Autre chose que cette tête de poisson mort, abandonné sur le rebord du rivage.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 24.04.24 22:35

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Coincé dans sa condition de patient alité de force devrait arracher une expression satisfaite à celle se dépêchant de trouver la bonne cachette avant qu’il ne décide de céder à l’inconfort de la situation. Malheureusement, Téva n’a pas le luxe de se délecter de sa domination aussi brève et superficielle soit-elle, éperdument focalisée dans sa tâche octroyée par obligation en ayant accepté sans arrière-pensée ce retour tout frais payé. Ses doigts passent furtivement sur la couture d'une multitude de poches, elles apparaissent par milliers tant il lui prend plus de cinq secondes pour tomber sur la bonne. Enfin sa voix résonne dans une pièce occupée par le bruissement du tissu contre son toucher désespéré et ce bip bip envahissant. Je l’ai, répondant que faiblement à son appel urgent, la légèreté dans son ton laisse entendre qu’il n’a plus lieu de stresser.

Le porte-monnaie sorti, ses yeux ravis d’en avoir fini avec cette chasse ne peuvent qu’analyser sur le chemin vers le lit son pauvre état. Il n’est pas très surprenant de constater que Tyler entretient pour des objets aussi abîmés un intérêt assumé. Téva préfère acheter un nouveau portable parce que son ancien modèle vieux d’une simple année n’est d’un coup plus à la mode, elle a depuis sa jeunesse changé une dizaine de fois de portefeuille car ce dernier n’allait plus avec son humeur du moment. Elle dira pour sa défense qu’elle garde les anciens au cas où leur couleur - chacun en ayant une différente - redevient attrayante. Leurs oppositions se dessinent jusque dans les moindres détails.

Dans son indifférence inhabituelle, elle n’a pas idée des précieux indices passant à la trappe. Des numéros - deux importants, il ne manquerait que le sien tiens - et un nom, un notable. Son ignorance n’aurait été que du passé et sa curiosité la plus mal placée aurait connu parfait contentement. Voilà qu’elle aurait de quoi s’en mordre les doigts plus tard.

Arrêtez de vous crisper autant - si elle savait pourquoi - voilà je vous le passe, l’instant d’après il lui est tendu et la blonde fixe une des machines monitorant sa tension et les battements de son cœur. Tout ça pour ça, se faire un sang d’encre pour si peu et des suites d’une journée pareille mériterait qu’il reste hospitalisé une journée de plus ou au contraire, qu’il soit autorisé à partir bien plus tôt. Tyler avait gardé assez de son naturel pour s’inquiéter de ce qu’elle ne parvient plus à relever. Qu’il respire à nouveau, l’idée de fouiller et de sortir soi-même l’argent ne lui a pas du tout traversé l’esprit car elle a un minimum d’éducation.

Si vous avez pas assez tant pis, je dois avoir dix dollars et quelques ça devrait suffire je pense. Et là survient sa chance de réparer son étourdissement précédent. Elle l’observe par réflexe et remarque que l’intérieur du porte-monnaie n’a rien à envier à son extérieur tant il est rangé avec une précision quasi chirurgicale. Des babioles qu’on oublierait au fond de son sac sont là avec une signification propre et des coupures avec des informations et des chiffres défilent sous son indiscrétion. Y allant de son commentaire, Il y a du monde là-dedans, je vous imaginais pas être du style à collectionner. Le regard est alors alerté par la nature de ce morceau de journal, tout va si vite, mais les mots clés perdurent quand on s’y identifie. La surprise s’affiche en grand sur son visage et ses billets donnés ne sont reçus que par un mutisme. Elle met du temps à les prendre, frappée alors par ce qu’il s’est dévoilé.

"C’était quoi ça" pouvait-on lire, la main accepte du bout l’argent. Merci. Un nouveau malaise qui n’était pas prévu pour ce soir.

@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 26.04.24 16:31

L'orage

Avec Téva



Le calme de la chambre, la pluie dehors, le souffle de SibbanE, et pourtant Tyler était toujours en alerte. Ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait arrêter d'un claquement de doigts, ce n'était pas non plus ce qu'il désirait. Il avait besoin de contrôler les choses, ne jamais être surpris. Et son corps se souvenait encore des coups, la bataille s'était imprimée dans ses chairs. Téva était une enfant, elle le serait toujours à ses yeux. Ce qu'elle avait vécu, ce n'était pas normal. Une civile ne devrait pas faire face aux balles. Et pourtant, malgré l'horreur de la situation, elle ne mesurait pas l'impact qu'elle avait eu. Sans elle, le caissier serait mort.

Sans elle, Tyler les aurait exécutés.
Et ils n'auraient pas été les premiers.

Le garde-chasse avala sa salive, la main tendue vers son portefeuille. SibbanE ignorait le genre de monstre lui faisant face. Un chien de l'armée, un ours, qu'importe. Mais un animal sauvage qu'on avait employé maintes fois.

La jeune fille ne semblait pas mesurer le sens de toutes les cicatrices. La brûlure cautérisée au briquet sur le bras racontait la vérité cachée. Tyler avait tué un homme au cœur de la forêt, deux balles dans le crâne — s'assurer qu'il tomberait bien et qu'il ne se relèverait pas.

« Cela ne vous regarde pas, répondit-il à sa remarque. »

En temps normal, Tyler n'aurait rien dit. Les remarques sur son physique, ou sur son attitude, ou sur ses loques ne l'intéressaient jamais. Il se fichait des avis des autres ; c'était une force, mais c'était ce qui l'empêchait de se lier aux gens.

Il rangea son porte-monnaie sur la table près de lui, avant de se laisser tomber dans le lit.

« Au revoir. »

Avec le ton inexpressif habituel, mais avec une froideur plus franche. On pouvait sentir la glace sous le regard noir, le cœur de pierre dans la poitrine abîmée, le rejet et la colère dissimulé sous une couche d'indifférence.

Il ne remarquait pas que son téléphone sonnait, éternellement coupé du reste du monde, en mode silencieux pour ne jamais être dérangé.

Peut-être était-il vexé de sa remarque. Peut-être était-il énervé de sa présence. SibbanE s'introduisait dans sa vie, tout doucement. Avec ses propositions bizarres, ses yeux de biche, ses manières de racailles de bas quartier.

En ayant manqué de se faire tuer.

Tyler serra les dents de toutes ses forces, un grincement léger se fit percevoir dans sa mâchoire. Il retint péniblement un soupir, et ses doigts se contractèrent sur le drap du lit. Son corps n'exprima pas plus de choses, il resta dans cet état de stase de colère maintenue.

Une chose était certaine : il était plus laid en colère.


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