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Téva Sibban
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Téva Sibban
# 19.11.23 18:51

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Le réveil ne l’a pas extirpée de son lourd sommeil, les rayons du soleil oui. La fenêtre entrebâillée, les volets ont été oubliés laissant à l’astre toute la liberté de s’étendre dans la chambre de Téva. Habituellement, elle en serait énervée et aurait tiré sur les quelques minutes lui restant pour replonger dans son rêve. Mais l’été arrive et cela joue foncièrement sur son humeur. Il ne lui faut pas grand chose à elle, un commentaire pour mettre le feu aux poudres ou un peu de chaleur pour calmer ses sautes d’humeur. C’est le retour des cheveux attachés, des mini robes estivales et des journées qui tirent en longueur. C’est l’arrivée des soirées en terrasse, des promesses de week-end et d’Angela qui la lâche avec ses sms, ce mois-ci elle part en vacances chez sa tante à Toronto.
Téva a caché son soulagement jusqu’à ce que sa mère lui ait tourné le dos et s’en est allée attendre son vol en salle d’embarquement.
La suite s’est traduite par des cadavres de bières et de bouteilles alignés sur le balcon plein sud.

Une journée caniculaire passée à prendre des commandes et promouvoir les nouvelles recettes de refresha au prix unique de $8,99 - comment, on trouve cela cher ? Portez plainte contre l’inflation.

Téva plie soigneusement son tablier, on l’entend même chantonner et arque un sourcil. Il est jeté dans son casier, sera froissé quand elle le récupérera pour son shift de demain après-midi.

Stéphanie envoie un message d’urgence la rompant dans sa course vers son pub préféré. Elle doit faire demi-tour, tourner à gauche et remonter la longue pente pour se rapprocher de la supérette du quartier. Il n’y a pas toujours tout, mais l’ambiance est telle que Téva veut bien se prendre la tête à fouiller pour trouver ce dont elle a besoin. Puis, elle se souvient à quel point on a d’yeux que pour les jeunes femmes en tenues courtes qui viennent acheter le nécessaire pour le repas de ce soir; elle aime ainsi d’autant plus cette période de l’année.
Le regard d’autrui lui procure cette satisfaction criante dans le regard, d’un coup le moindre geste la fait s’imaginer star du rayon des légumes et fruits.

L’index fait tournoyer une mèche de cheveux devant le dilemme de quelles pâtes choisir. Chaque étale est analysé, parce qu’on ne cuisine pas toutes ces pâtes pareilles, cela demande réflexion.

Accroupie à mi-hauteur du dernier rang, la blonde se tâte et l’employé à proximité la laisse dans son calvaire. Pourtant, quand Téva se décide à demander un avis extérieur, elle voit Tyler et rien que lui. Au bout de l’allée.

Subitement, paquet bleu ou paquet rouge ? Cela n’a plus d’importance. Elle prend sans y jeter un oeil et met l’aliment dans son panier, restant quelques secondes dans cette même position avant que sa présence à lui ne se répercute enfin sur ses neurones.
Tev se relève, ses genoux craquent et elle a le tournis.

Ty-, son essai se solde par un échec, Tyler est déjà ailleurs. Elle le suit d’un rayon à un autre. Les boîtes de conserve ne sont pas forcément sur sa liste à la base, elles se sont ajoutées comme par magie.

Bonjour. Le souffle court, elle n'a pourtant pas couru.

Son cerveau voulait lui faire dire bonsoir, elle a contré sa bêtise et le recopie maintenant dans sa contemplation des légumes industriels.

Vous allez manger quoi ?

Certainement pas ses spaghettis bolognaises qu’il avait froidement rejetées en avril dernier, elle s’en rappelle toujours et ça la pique davantage depuis qu’elle se met à penser plus à lui.

@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 19.11.23 21:43

L'orage

Avec SibbanE


SibbanE était devenu un élément récurrent du paysage. Dans son quotidien, elle apportait le bruit de la vie, les odeurs de la ville, un éclat flamboyant dans son univers terne. Une habitude. Alors plutôt que de lutter contre le courant Thompson s'était laissé emporter ; c'était ainsi, et lutter ne ferait que l'épuiser. Alors il accepta sa présence résiduelle, des bonjours longtemps muets. Des regards alertes, derrière le calme de sa stature. Les étages montés avant que l'ascenseur n'atteigne le couloir de leurs appartements, les jacasseries dans les oreilles quand il buvait son café le petit matin.

Puis peu à peu, peut-être au bout du centième bonjour balancé quotidiennement contre sa stature impassible, il avait répondu. D'abord d'un haussement de tête. Et il arriva enfin, ce bonjour décroché au bord de ses lèvres tatouées et abîmées. Une rencontre volatile dans les escaliers.

Une première fois. Bonjour.

Puis une deuxième fois. Bonjour Mademoiselle.

Et peut-être bien une troisième fois. Bonjour, Mademoiselle SibbanE.

Mais pas aujourd'hui, car aujourd'hui Tyler était parti trop tôt - peut-être pour ne pas la croiser, peut-être parce qu'il préférait le mutisme de l'aube, peut-être parce qu'il commençait à 6h. Et qu'il revenait après une longue journée à contrôler les touristes, et les autres marcheurs. Et quand il était rentré, c'était pour s'arrêter au supermarché du coin. Encore en uniforme, Tyler portait ses épaisses bottes et son treillis, la veste sur le dos. Malgré la chaleur. Malgré le temps. Pour ne pas laisser voir toutes les cicatrices de son corps ; pas qu'il en était gêné, mais il était las des questions.

Le supermarché du coin n'était pas très grand, auréolé à l'entrée d'une vieille caméra de surveillance. Là uniquement pour dissuader ; il n'avait jamais vu le voyant allumé. Les étagères étaient un mini dédale de produits ménagers, de codes promo, de normalités en conserve et de cafés solubles. Si bien que dans ce quotidien, il ne fut presque pas surpris de l'entendre arriver.

Elle retint son prénom, au bord de sa bouche. Et Tyler se tourna de trois quarts vers la demoiselle. De toute sa hauteur, il la toisa avec son air indifférent. Habituel et abrupt. La robe d'été, qui sentait la lessive à plein nez, l'insouciance de la jeunesse aux jambes dénudées - qu'il regarda un instant, la main vers l'une des conserves.

Cette fois-ci, il n'y avait pas de « Bonjour », juste un léger haussement de la tête en guise de salut. SibbanE posait tout le temps des questions, quand ce n'était pas pour le contredire, c'était pour essayer de faire la conversation. D'une envie qu'un homme trentenaire et endurci comme Tyler ne comprenait pas. Lui, le coup des pâtes bolos, il l'avait oublié depuis un moment.

« De la nourriture. »

Et voilà ce qu'il répondit, platement. C'était un début.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 20.11.23 22:29

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Téva ne voit pas les efforts que les gens font pour sortir de leur zone de confort, ce qu’elle reconnaît ce ne sont que les actions à la hauteur des siennes. Néanmoins avec Tyler, elle se veut différente quitte à ne plus être celle qu’elle reconnaît vraiment. C’est arrivé si vite que ça apparaît très bête à ses yeux. Depuis quand a-t-elle commencé à se réjouir de peu, peut-être parce qu’il lui a toujours donné de ce peu et quand par miracle le temps passé avec lui s’étirait, il en résultait un long silence de sa part pendant les jours suivants.

Cette rencontre fortuite devant des haricots et petits pois représente une de ces occasions en or, même s’il n’y a pas eu le bonjour tant convoité par la jeune femme. Elle n’a jamais autant ressenti son âge que depuis ce printemps, la décennie d’écart n’en ressort que plus prononcée.

De ses ongles beaucoup trop longs pour taper correctement sur les touches d'écran de la caisse  du Starbucks - leur bruit reste satisfaisant - elle survole les ingrédients, butte sur chacun des mots à rallonge, décroche un haut le coeur devant cet accoutrement de lettres à la suite. Une nausée retenue par la voix reconnaissable de Thompson. Ses yeux ambrés ne le fixent pas, ils préfèrent se poser sur ses bottes de travail, puis ses baskets blanches à elle. Cela rappelle des souvenirs précis. Qui aurait pu prédire un tel revirement dans leur réalité. Elle n’en veut plus à l’ascenseur d’être tombé en panne, parfois Téva se surprend à espérer qu’il cesse de fonctionner. La seconde fois, elle lui laissera immédiatement l’aider pour ses courses et ralentira sa cadence - mais n’oubliera pas ses clés ou retiendra la porte de claquer. Des pensées envahissantes bonnes à faire grimper son rythme cardiaque.

Haha très drô- il est sérieux ?
Elle dévisage le sol, réfléchit et se pince pour ne pas griller son idée qui se graverait bientôt sur son front.

Vous devriez manger, enfin mieux manger. Vous êtes dehors toute la journée. Et comme pour se délester du poids de ses paroles ou alléger le côté moralisateur de ses propos, elle hausse les épaules et embarque trois boites format xl. Stéphanie lui demandera ce qu’elle a foutu pour finir par acheter ça, voyant l’expression coupable sur le visage de son amie, le prénom de Tyler n’aura par la nécessité de se retranscrire sur ses lèvres, elle l’aura vite cramée.
T’as des goûts chelous, mais je vois d’où tu viens. Voilà en partie pourquoi Tev ne cherche pas à calmer ses ardeurs. Elle a tout de même été touchée par une certaine raison, ses salutations retournées et une indifférence ne se traduisant finalement pas comme du simple mépris ont su l’assagir.

Il ne sait sûrement pas à quel point elle compte toutes ses intéractions comme des petites victoires. Ca la fait intérieurement rire, à défaut de protéger son coeur de futures désillusions, la blonde se nourrit avec appétit des miettes qu’on lui sert.

Son bras droit se lève, pèse le panier, cela tire tout doucement sur les muscles sans faire grimacer. La main se referme sur la hanse, un pied frotte le carrelage beige, démonstration d’un caprice ; elle ne veut pas continuer ses emplettes (seule) maintenant qu’il est là.
Après une journée de travail, n’est-ce pas une jolie récompense que de lui voler de son temps ? Il va vraiment finir par en avoir maaarre d’elle. Jusqu’à déménager et lui fracasser le coeur, Téva fait les gros yeux en s’imaginant ce scénario. Ah non, y’a pas moyen.

Tyler ! Débute-t-elle, indécise sur comment formuler la suite et enfin son regard se pose sur lui, Téva remarque l’épaisseur de sa tenue. Vous n’avez pas chaud, vous êtes pas bien de vous habiller comme ça, je parie qu’en forêt il fait pas aussi froid. On rentre ensemble après ?

(l’audience imaginaire retient un OH de surprise)

Les voyants virent au rouge, elle se retient d’exploser devant la possibilité qu’il dise oui ou autre chose, un rien qui ne se rapprocherait pas d’un refus. Une gamine insupportable.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 21.11.23 21:17

L'orage

Avec SibbanE


SibbanE eut un rire qu'elle arrêta aussitôt.

Et Tyler se contenta de la fixer, toujours sans rien dire. Sans battre des cils, sans respirer presque. Il ne bougeait pas d'un poil, statufié dans cet instant de battement. La demoiselle semblait peser le pour et le contre de toute son existence, fébrile. La clim' du magasin repoussait les gouttelettes de sueur sur le front du garde-chasse, et malgré qu'il détestait la chaleur, il ne semblait rien ressentir.

Une pierre lisse, polie par les vagues, à peine moite du temps. SibbanE ressemblait plus à une adolescente, tout droit sortie des années de lycée qu'il avait connu. Pas nécessairement la fille populaire, mais celle qui s'entendait et se prenait pourtant la tête avec tout le monde. Et qui fumait derrière le bâtiment en traitant les professeurs de cons.

Tyler n'avait jamais touché à une cigarette de sa vie.

Des expériences de la vie que Téva avait, et que Tyler avait effleurées du bout des doigts — jamais expérimenté la douceur d'un baiser, la chaleur d'une étreinte, à se contenter de regarder au loin et de veiller que tout aille bien. John était un labrador plein d'énergie, à toujours apporter de la vie dans l'obscurité du chat noir qu'il avait été.

Tyler se demanda pourquoi soudain, il pensa à lui.

SibbanE parla. Quand Tyler avait attrapé sa boîte de conserve, elle osa s'adresser à lui par son prénom. Et le garde-chasse se contenta de ranger la boîte de conserve dans le panier. La question était surprenante, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle le trouve soudain sympathique. Il pensait avoir été clair sur le moment.

Ou bien cherchait-elle un sentiment de sécurité qu'aucun garçon de son âge ne pouvait lui donner. Pourtant, Tyler était habitué à faire fuir les filles de par son visage et son caractère. Si bien qu'il était réellement incapable de voir l'évidence ; elle était nerveuse, une enfant prête à demander à un autre enfant de sortir avec elle. Il avait noté l'attitude corporelle, il l'avait vue fébrile. Alors ce n'était pas cela, ce n'était pas lui qui la rendait nerveuse.

Bien sûr qu'il ne répondit pas, bien sûr qu'il n'exprima rien d'autre qu'un regard. Bien sûr que Tyler resta fermé comme une huître, et qu'il se contenta d'avancer dans l'allée. Mais pour autant, il ne marchait pas de son pas habituellement direct et franc. Il était plus patient, moins pressé.

Il se calait sur son rythme, tout simplement.

Il n'avait pas relevé pour la nourriture, il n'avait pas non plus relevé les chaussures blanches.

Il n'avait pas relevé le calme de la supérette. Alors dans la quiétude et la moiteur de l'été,

Tyler Thompson relâcha la tension dans ses épaules.




KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 22.11.23 22:02

   

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l'orage gronde

Il ne dit rien, personne n’est surpris et surtout pas Téva. Elle en sourit maintenant, ne tire plus la gueule et par contre ce détail la perturbe beaucoup. Jamais elle ne veut laisser quelqu’un la changer autant, c’est ancré en elle de prendre la mouche, de demander son dû et de ne rien lâcher pour l’obtenir. Tyler a réussi en quelque sorte à la calmer de ce côté là en faisant accepter son interminable silence. Tev reste convaincue que c’est parce qu’il faut lire entre les lignes, mais pourtant à trop se triturer l’esprit pour le déchiffrer, elle ne remarque pas l’évidence. Jusqu’à ce qu’il soit difficile à manquer.
Il s’en va pour poursuivre ses courses - contrairement à elle, il n’a pas oublié la raison de sa venue ici. Il s’en va sans vraiment partir. Son panier avec des produits en trop pendu à son bras suit son ombre. Au début, elle essaye encore de retenir la bombe à retardement nichée dans sa poitrine. Son coeur bondit et elle ne veut pas qu’il arrête de battre autant, si cela lui servira à soutirer une réaction verbale du garde chasse.

Ah, elle tire trop sur la corde ? Pourtant à l’attendre ainsi, il lui donne l’espoir que sa présence n’est pas synonyme de nuisance et la jeune femme se sent comblée.

Épousant son calme imperturbable, elle arpente les rayons et s’arrête quand celui-ci s’arrête. Son oeil averti ne lâche pas d’un cil les aliments choisis suite à une si courte réflexion, décide de ne juger que mentalement ce piètre régime. Quand elle sent qu’elle s’attarde trop sur les ingrédients dictés par Stéphanie, elle finit par prendre une alternative. Arrivée à l’appart, une excuse plus ou moins potable lui viendra certainement pour justifier cette terrible erreur.

Pour attirer son attention, elle est prête à tout et envisage de faire mine de ne pas voir la date de péremption pour qu’il vienne la lui indiquer. Le ridicule de cette idée la terre dans un mutisme.
Quand ils passent près d’autres clients, Téva se rapproche discrètement de lui comme pour prouver qu’ils s’entendent bien au reste du monde et que oui ils font leurs achats ensemble ! Les plus impliqués dans ce cinéma se diront à coup sûr qu’ils habitent ensemble sans savoir qu’officieusement oui, mais qu’officiellement c’est plutôt qu’ils vivent dans le même immeuble.

Sa démarche assurée se heurte à la fin de la liste, sa coloc lui envoie un message, elle a faim et Téva en met du temps. Cette dernière tape rapidement la vérité et un émoji d’un sourire au coin confirme la bonne compréhension du message.

Dites-moi, elle n’a aucun moyen de continuer sa phrase, celle-ci ayant été commencée par un trop-plein d’adrénaline après la réponse de son amie, un regain d’énergie qui la rend à nouveau bavarde. Il a les nerfs solides ce Tyler, à supporter une pipelette pareille.

Non rien. La jouant d’apparence mystérieuse, appuyée un peu trop faussement sur une tristesse imaginaire. Ou Tev a une soudaine baisse d’optimisme quant à sa situation.
Oh regardez des pommes ! C’est pas la saison ?! Alors que c’est tout le temps la saison des pommes.
S’ils étaient vraiment proches, ils ne se vouvoiraient pas, si ? Est-ce que l’âge dérange autant, le père des Denis ne semble pas s’offusquer de leur vingt ans d’écart quand il la drague dans la cuisine. Que devrait-elle tenter de plus..

Vous les voulez ? En les posant déjà dans son panier, un sourire enchanté en direction de la mamie de passage assez surprise de leur duo. Ne dit-on pourtant pas que les opposés s’attirent !
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 23.11.23 9:05

L'orage

Avec SibbanE


Tyler était loin, mais vraiment loin, du petit jeu que SibbanE était en train de construire toute seule. Il ne s'imaginait pas un seul instant qu'elle souhaitait qu'iels ressemblent à un couple, ou qu'elle cherchait à attraper son attention à la volée. Lui, il se contentait de ses boîtes de conserve, de son café soluble, et d'avoir chaud sous son épaisse veste. Avec la clim' du magasin, le garde-chasse supportait mieux la chaleur. La sueur sur son front avait séché, et n'émanait de lui que sa froideur et son calme habituel. De toute façon, Tyler aurait été capable de plonger la main dans de l'huile bouillante, sans réagir. Ainsi avait-il été éduqué.

S'il ne s'arrêta qu'au niveau des fruits et légumes en vrac, ce fut parce que la demoiselle le suivant lui parla. Il vit au loin, la promotion d'un épluche-légume et d'un couteau en céramique. C'était ce qu'elle voulait ? Non, rien ? Il s'était retourné vers elle, détaillant son petit jeu dont il ne connaissait pas les règles. Puis elle attrapa une pomme. Et ensuite ? Non. Il ne pensait pas que c'était la saison.

Un moment de battement, où il pesait le pour et le contre de lui répondre. Puis ses yeux quittèrent la main tendue de la jeune femme, ils relevèrent vers une silhouette au loin à l'entrée du magasin. De là, iels n'étaient pas loin de la sortie, alors il eut tout le temps de le voir arriver. Non, les voir arriver.

Il pensa alors : tiens, on dirait une MP40.

Les portes automatiques s'ouvrirent, et quand Tyler comprit ce qu'il se passa, il lâcha aussitôt son panier.

« À TERRE ! »

Dans un même mouvement, alors que la mitraillette se dressa, il attrapa SibbanE et la tira vers lui. Ses bras encerclèrent la jeune femme, alors qu'il se jeta au sol avec elle. Ses genoux claquèrent, son coeur éclata dans sa poitrine, tandis qu'il l'entendit dans le plus profond de ses viscères.

Le bruit familier des balles.

Iels y avaient échappé belles ; elles finirent leur course effrénée derrière elleux, tout juste dans la PLV de Docteur Pepper.

Ses doigts se crispèrent sur les épaules de SibbanE, alors que son cerveau prenait la mesure de ce qu'il se passait. Il y avait l'odeur, le grondement de la mitraillette revenu au calme encore présent dans son crâne. Les ordres et les menaces proférées au caissier : ferme le rideau, connard. Les cris de surprise et de terreur des civiles, puis le moment d'accalmie qui survenait toujours après une fusillade.

Tyler avait coincé la pauvre SibbanE entre le bac de pomme, et lui. Il en avait écarquillé les yeux, la respiration difficilement contrôlée par la montée d'angoisse et les souvenirs qui l'assaillirent. Il se redressa, les mains tremblantes, le regard à la recherche d'une blessure sur sa vis-à-vis. Et à genoux, les mains sur les épaules de la jeune femme, il hésita.

Au loin, il entendait le claquement familier des bottes militaires sur le sol.

Merde.

La peur. Cela faisait près de 15 ans qu'il ne l'avait plus ressentie.





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Téva Sibban
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Téva Sibban
# 24.11.23 22:36

   

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l'orage gronde

Téva ne remarque rien, elle n’a d’yeux que pour son monde érigé au gré de ses envies du moment. Il y a cette pomme qu’elle met dans un sachet, une autre parce qu’une ce n’est pas assez. Une pomme le matin éloigne le médecin, n'est-ce pas. Le dit sachet posé de force, n’écoutant aucune plainte pouvant venir de Tyler, les fruits heurtant le café.
La mamie continue ses courses, un regard plus adoucis pour eux-deux, puis tout va trop vite pour elle. Sa main lâche instantanément son panier, son regard le voit tomber et le contenu s’étaler sur le sol dont le bruit se tait contre les rafales des premières balles. Son esprit n’a pas le moindre temps de s’accommoder de la situation catastrophique dans laquelle ils se retrouvent tous piégés.

Thompson est étrangement très proche, ses cheveux chatouillent ses joues - les oreilles sifflent de douleur, l’étreinte serre la poitrine, la peau chauffe sous ses doigts et rougit sous son emprise. L'arrière du crâne se cogne aux cartons, les paupières se ferment à cause du contact violent et il y a là un long silence désagréable, angoissant. Enfin, Tev saisit à quel point le tintement à l’avènement des nouveaux clients présageait le début d’un malheur.

Le souffle est coupé et le coeur bat à tout rompre sans qu’elle ne comprenne qu’elle retient beaucoup trop sa respiration. Les tympans bourdonnent et l’appréhension gagne du terrain.

Elle voudrait demander à Tyler s’il a une idée de qui sont ces personnes, s’il y a des chances qu’elles repartent vite et pourquoi il a cet air si paniqué sur le visage.
Il n’est pas censé être quelqu’un n’ayant pas froid aux yeux, tout comme elle ? D’où lui vient cette peur accrue du danger. Elle ne réalise pas qu’elle projette sur lui une image honteusement lisse de quelqu’un que rien ne réussirait à ébranler, à la vie linéaire et sans bagage à trainer. Tyler reste humain et ses mains à elle aussi tremblent tandis que ses ongles percent la chair de ses bras.

Vous faites rien ? Vous avez toujours réponse à tout, bougez-vous ! Murmure-t-elle le plus bas possible si bien qu’on ne lit uniquement sur ses lèvres.
Les pas se rapprochent, elle plaque ses paumes de part et d’autre de sa tête, empêchant son esprit de les entendre car il faut que cela soit un cauchemar. Impossible qu’elle ne se réveille pas en sueurs, soulagée de ne pas vivre cette réalité.

Parfois, ses potes et elle blaguent de mourir à cause de la clope, de la drogue ou de l’alcool, ils s’imaginent la pire overdose du siècle et se voient décéder étouffés par leur vomi. Tev préfère une mort de ce style, ridicule et solitaire plutôt que de sentir son corps défaillir, une balle logée trop proche d’un organe vital. Ou pire, en plein dans le crâne.
C’est mieux de partir seule pour éviter à notre conscience de créer des derniers moments de vie douloureux, de laisser la place au regret et à l’espoir d’une vie idyllique.
Mais ces types-là ne prendront pas une minute pour revenir sur leur décision, elle en est persuadée ; c’est vraiment la fin de chez fin. Sauf qu’elle n’a même pas la force de s’accrocher à lui, histoire qu’on grave sur sa tombe que mlle sibbanE a tenté un move jusqu’à rendre son dernier souffle.
Un battement de cil égal à un mètre de moins entre ces mecs et eux, que va-t-il se passer dans la seconde suivante ?

Bon bah, adieu., à Tyler, adieu à ses parents, à la famille Denis et même à Gladys, adieu à Stéphie, à son collègue préféré qui change volontiers de shift avec elle sans demander la raison, adieu à son actrice favorite, aux groupes de musique jamais vus en concert et même au chat de la voisine du bas. La liste est censée être longue, cependant les personnes ne lui reviennent pas et le manque de temps la foudroie.

Si je pouvais me réincarner en meuf déjà riche ce serait pas mal.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 24.11.23 23:09

L'orage

Avec SibbanE


L'esprit de Tyler était loin. Retombé quinze ans auparavant, alors qu'il allait sur ses dix-huit ans. Il se souvenait encore de l'odeur de l'été dans sa salle de classe, la fenêtre ouverte d'où le vent rentrait avec légèreté. Ses camarades et son professeur logés tout au fond de la pièce, des tables et des chaises renversées. Et lui qui pense pouvoir jouer au héros. Et de « A », cette lettre anonyme ayant fait la une des journaux. « A » pour que cela ne soit personne. Et pourtant, « A » était responsable des deux marques de balles dans son corps.

Tyler aurait dû être la dernière victime.

L'espace d'un instant, il était redevenu ce gamin battu par son père, lisant et écrivant mal et qui se faisait insulter par les jocks du lycée. Mais qui avait du répondant, et qui gagnait toujours les bagarres. Parce que son père l'avait dressé pour survivre face à l'Apocalypse. Ils étaient figés dans une fin du monde, au bord du gouffre. Il était ce môme survivant, qui avait vu ce qu'il y avait après la vie. Mort l'espace de quelques minutes, réveillé dans un lit d'hôpital avec Greg en train de pleurer.

La voix de SibbanE n'atteignait pas son cerveau, empli par le crachat des balles, comme si elles avaient percé sa boîte crânienne dans la première volée. Son regard était trouble, son coeur battait vite. Il dissociait. Perdu entre le souvenir, la réalité abrupte, et le contact trop léger de la jeune femme sur son corps.

L'épluche-légume et le couteau en céramique en promotion, la PLV de Dr Pepper derrière lui. Son genou au sol, sa main se crispa sur l'épaule de SibbanE. Réflexe, ordre muet.

Tyler devait être l'homme de la situation. Il avait fait l'armée, il tenait une arme depuis l'âge de dix ans. Il ne s'agissait pas que de lui, il y avait des gens à protéger.

Comme au lycée.

Mais c'était facile, à cette époque. « A » l'avait détesté autant qu'il l'avait aimé. Et Alan, son harceleur était mort. Lui aussi d'une balle dans le dos. Pourtant, Tyler n'avait pas sa carabine, il n'était pas dans son élément - la forêt, l'orage, l'hiver et les aurores boréales -, il était coincé entre quatre murs. Un lynx qu'on avait mis en cage.

D'abord, observer, puis enfin agir.

Tyler avala péniblement sa salive. SibbanE. Il ne fallait pas qu'elle en fasse des siennes, il devait la mettre en sécurité d'abord.

Inspiration. Il respire par le ventre, son buste se redresse. Il ferme les yeux, écoute le pas familier des bottes, les échanges et l'assurance viriliste de l'un d'entre eux. Le caissier est menacé, obligé de fermer les rideaux. Il doit y avoir une arrière-boutique, sûrement fermée au public. Et s'il y a une course-poursuite là-bas, c'est un aller simple vers la mort. Et s'il les isolait ? La logistique pourrait être son terrain de chasse à lui. Non. Il ne connait pas la zone.

Un au niveau des caisses. Un autre vers l'entrée, et le troisième en train de chercher les clients.

Tyler expire.

Il rouvre les yeux sur SibbanE. Il dresse l'index sur ses propres lèvres, souffle un « fermez-la ».

L'information qui lui manque, c'est par où le troisième à commencer sa ronde. Il les trouvera à un moment, forcément. Ils feront du bruit quand ils se lèveront, et il ne peut pas mettre la vie de SibbanE davantage en danger.

Et après, hein ?

Il n'était pas armé.

C'était bien beau de penser stratégie, mais son opération était un suicide pur et simple.

Tant pis.

Tyler releva la tête quand il entendit l'un de leurs trois assaillants s'adresser à un couple de personnes âgées, sa voix était lointaine.

L'épluche-légume et le couteau en céramique, c'est quoi leur taille ? Tyler secoua la tête, il attrapa SibbanE par le bras, sans aucune douceur. Sa poigne tremblait moins, et dedans, on pouvait sentir sa force s'exprimer. Celle qui grondait sous la pierre, celle qu'on ne soupçonnait pas. Il la tira avec lui vers le rayon cuisine, attrapant au passage l'un des emballages d'épluche-légumes et de couteau en céramique en promotion. Foutu plastique.

Au fond du rayon cuisine, entre les conserves et les bouteilles d'huile d'olive.

C'était simple : il suffisait d'éteindre toutes les émotions. Agir et réagir comme un foutu androïd.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 12.12.23 19:59

   

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you can choke.

l'orage gronde

Le message est clair et elle ne trouve rien à redire, Tyler a raison de lui ordonner de se taire sans plus ample cérémonie. Téva doit mettre de côté tout son cinéma et se concentrer sur l’espoir de sortir vivant de cet enfer sur Terre et surtout sur la situation en elle-même.

Ses yeux se baissent sur le sol sur lequel s’est écrasé quelques fruits pris dans la bousculade un peu plus tôt. Sa nuque n’est plus endolorie, les cris terrifiés des clients ne sont qu’un souvenir douloureux à se remémorer. C’est le calme absolu et on prend alors conscience de tout ce qui nous entoure et menace de disparaître. La mamie d’avant a été rejoint de justesse par son mari, ils se tiennent les mains en reclus dans un coin entre deux rayons, peu à l’abri du regard malveillant cherchant à asseoir son autorité. Les pas poursuivent leur raisonnement, Téva craint que sa respiration trop normale ne soit que trop audible pour les maintenir en sécurité. En rapprochant ses doigts de sa bouche, elle se rend inévitablement compte que ses tremblements n’ont pas cessés. C’est comme si chaque nouveau mouvement l’exposait de plus en plus au danger.

Tyler bouge enfin, jusque-là plongé dans une certaine réflexion. Vide de toutes pensées, Tev se contente de laisser venir à elle les événements. Ce manque de résilience n’est pas naturel chez celle qui ne quitte pas longtemps le couple des yeux bien qu’ils semblent si loin de sa position. Mais une voix gronde et tous comprennent vite qu’il s’agit de celle de l’un des assaillants.. La jeune femme n’a pas le temps de réagir, de se faire entendre pour peut-être obliger l’homme à revenir sur sa décision de faire du mal au couple. Tyler l’attrape et les traine d’un rayon à un autre. Le bruit de l’emballage perfore le lourd silence imposé depuis que les rideaux ont été baissés. La démarche de l’inconnu est vive, il a changé de cible.

Là, un éclair de lucidité la force à reprendre possessions de ses mouvements, un choc électrique ; l’instinct de survie, rien de plus.
Elle reprend des mains de Tyler le plastique, enfonce ses ongles dans la matière en minimisant au maximum le bruit pour ressortir l’arme de fortune. Il n’y a pas de considération pour les fines coupures au doigts, elles sont sommaires comparées à celles qu’ils risquent s’ils sont découverts. Les couteaux emballés font de la résistance, difficile de parvenir au même résultat.

Le timbre monotone, mais assuré demande de se montrer. Un jeu de cache-cache s’improvise et le coeur bat de plus belle. Hors de question de fermer les yeux une seconde de peur de les rouvrir sur un visage cagoulé, victorieux de les avoir à débusqués.

Elle persévère dans sa tâche, essaye discrètement de savoir ce que le garde-chasse prévoit comme plan, il est clair qu’un écumeur ne va pas blesser autant qu’une arme à feu. Ces foutus couteaux ne veulent pas sortir de ce plastoc ! Rayant le derrière, frottant sans relâche et enfin une ouverture. Une inspiration, une seule.
Tout lui est rendu, elle ne se voit pas blesser qui que ce soit avec, c’est sa limite.

On devrait, commence-t-elle à mimer, se séparer. Il sera mieux tout seul, ne serait-ce que pour tenter de maîtriser celui qui s’avance à tâtons dans leur direction. Elle reste bloquée sur comment exprimer que c’est une mauvaise idée de la garder avec lui, il suffirait qu’ils la prennent en otage pour que la situation empire, puis sa présence ne le fera que ralentir. Les poings fermés, Téva réfléchit à son tour. Leur temps est compté et sans qu’un son ne sorte - elle prend toutes les précautions possibles -, articule pour qu’il puisse lire sur ses lèvres.

Se relevant légèrement, en écartant deux conserves pour avoir une meilleure vision, la silhouette du type est repérée une dizaine de mètres. Il ne sait pas où ils sont et il se concentre sur les autres personnes qu’il rencontre durant sa traque.
Bien évidemment qu’elle ne veut vraiment pas partir et finir seule, bien évidemment qu’elle n’arrive pas à complètement croire qu’elle peut survivre à cette fusillade. Son portable au fond de son sac, l’écran illuminé affiche les notifications de Stéphi, il est sur silencieux et hors d’atteinte.

C’est pas grave, je vais au fond du magasin et je me cache jusqu’à ce que tout soit fini, qu’importe comment ça se termine. Cette phrase est répétée jusqu'à ce que cela semble être une bonne initiative.

Ses doigts sont levés, dans cinq minutes ou cinq secondes (?), elle partira.
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 13.12.23 13:50

L'orage

Avec SibbanE


Tyler s'agaça de voir SibbanE lui prendre l'emballage des mains. Pourtant, l'heure n'était pas au mécontentement. Alors il se concentra ailleurs, l'oreille tendue vers les bruits alentour. Il entendit l'un des trois criminels s'adresser à la vieille dame, tout en promettant qu'il ne lui arriverait rien. Si elle obéissait. Il avait chaud dans sa veste, la sueur plaquée contre sa nuque, les cheveux épais et sales. Il inspirait discrètement, cherchant surtout à reprendre son impassibilité. Il ne savait pas quoi faire. SibbanE était en danger, les autres civils aussi. Ils étaient armés et il n'avait pas sa carabine. S'il agissait, il mettait la vie des autres en danger. Ses mains tremblaient, alors Tyler se concentra sur sa vie à l'armée. La mémoire pleine de ses entraînements avec son père, la fois où il avait dû achever un lapin au canif sous l'ordre de Greg. Puis la fusillade dans son lycée. John, abattu dans les vestiaires.

Dans le dos.

Ce n'était qu'une question de temps avant qu'on ne les trouve. Est-ce que les rideaux fermés allaient alerter les passants ? Avait-on vu les trois criminels passer la porte ? SibbanE s'agitait, alors Tyler lui fit signe de se taire. Il ne comprenait pas ce qu'elle essayait de dire, les yeux fixés sur ses lèvres. Il avisa ses chaussures ; au moins, elle n'était pas en talons. Puis il eut une idée, lui aussi. Il fouilla dans la poche de sa veste pour sortir son téléphone. Un vieux Nokia à clapet qu'il tenait de son père.

Il n'appela pas. Mais il se contenta de voir le dernier SMS qu'il avait reçu. Sous la pression, ses doigts ne suivaient pas son regard. Le T9 le rendit malade de rage, car il transforma « fusillade » par « noyade », il glissa une faute dans le nom de la rue qu'il corrigea. Il serra les dents sur sa langue, les yeux plissés jusqu'à parvenir à écrire : « Fusillade. » Suivi du nom du commerce et du quartier. Le dernier message qu'on lui avait envoyé datait d'un mois ; il s'agissait de sa responsable lui demandant de venir remplacer un collègue.

Il n'avait rien dit, il s'était contenté de venir. Pour une fois, elle recevrait une réponse de sa part.

Mais avant d'appuyer sur « envoyer », il vit SibbanE bouger. Il lâcha aussitôt le téléphone qui tomba sur ses cuisses, il voulut lui agripper le bras pour l'empêcher d'en faire qu'à sa tête. Bien sûr, il pensa « mais quelle conne » sans le moindre filtre, il vit le couteau et l'emballage éventré.

Puis des bottes de cuir.

« Hé ! Va au bout du truc mec, regarde ce que j'ai trouvé. »

Tyler remonta les yeux lentement sur les jambes postées devant SibbanE. Les genouillères, les mains qui tenaient la mitraillette. Sur celle de gauche était tatoué le soleil noir. Puis le visage cagoulé. Un gilet pare-balle. Pas de gants. Tyler ne sut pas s'il s'agissait d'amateurs ou non.

« Bah alors, les amoureux, on ne veut pas participer à la fête ? »

À l'autre bout de l'allée, son camarade sembla rire avant de reprendre la route entre les étales. Tyler leva les mains en signe de paix.

« T'as vraiment une sale gueule d'esquimau, lâcha l'autre. Tu crois mériter une meuf pareille ?
— Ce n'est pas ma petite amie. »

Lâcha-t-il, premier degré.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 17.12.23 22:16

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Elle doit se la fermer, again. Elle l’a mauvaise, il a de la chance Tyler qu’elle ne peut pas ouvrir sa bouche et le remettre à sa place à coup de Toi la ferme, tu vois pas que je tente un truc là.

Ça partait d’une bonne intention, égoïste et irréfléchie comme à son habitude, mais Téva voulait le protéger à son tour, à sa manière sauf que ça foire. Et bien qu’en général cela aurait eu peu de répercussion, juste un regard encore plus indifférent qu’à l’accoutumée de la part du garde chasse ou un au revoir moins engagé, là aujourd’hui ce n’était clairement pas le jour pour jouer les protatogistes. Elle apprend à leur dépens que la vie n’est pas un film et qu’il n’y a pas de directeur pour crier CUT pour arrêter la scène au moment où ça foire.

La voix de tout à l’heure se rapproche, elle est même plus que présente auprès d’eux.
C’est quand il s’occupait à envoyer un message avec son vieux portable;
qu’elle comptait partir pour mener à bien son plan;
que la voix vint là.
Tout près de Téva.

Ah. Elle s’arrête dans sa lancée, son corps se fige immédiatement face au danger imminent. C’est de sa faute, elle aurait dû ne pas bouger, c’est de la faute de Tyler aussi tiens, il n’aurait pas dû vouloir la rattraper. C’est de la faute de qui en fait, elle n’arrive plus à réfléchir.
Ses genoux retombent à terre, ses paumes se pressent contre le sol, la tête penchée dans une soumission forcée.
La blague ne la fait pas rire du tout, on dirait juste des prédateurs qui s’amusent avec leur proie avant de leur shooter dans le crâne. Est-ce qu’il est envisageable de leur demander de tirer de sorte à ce qu’elle n’ait pas mal, une morte rapide pour ne pas agoniser.
Elle se rappelle qu’il faut rester optimiste. Merde, comment être optimiste.

Les paroles racistes d’un des assaillants la renvoient ironiquement à leur première rencontre, à Tom le sale petit con qui mérite encore à ce jour d’être passé à tabac.
C’est pour eux qu’ils commettent cette fusillade alors ?
Elle a mal au crâne, elle ne sait pas quoi faire.

Tyler répond sérieusement à la plaisanterie, il est fidèle à lui-même et Tev a envie de pleurer. Il ne veut pas juste cesser d’être lui le temps que ce cauchemar cesse. S’il devait mourir et pas elle - privilégiée ne serait-ce que par son ethnicité -, elle n'imagine même pas l’état dans laquelle on la retrouverait.
Tais-toi tais-toi tais-toi. Ça va les énerver.
Sibban voudrait également les énerver en réalité, dégoûtée par leur prétendu compliment.

Si je leur dis qu’on se connait pas ils vont l'abattre non, si je leur dis qu’on se connaît est-ce qu’ils vont pas vouloir le laisser en vie pour moi ? Putain je sais pas quoi faire.

La présence du deuxième tireur n’arrange rien à la situation.
Il a raison, sans relever la tête, on est pas en couple donc il y a pas de raison de, de de de de, son esprit bug et il sait plus parler anglais, et vas y fait chier, de le tuer. Connards.

Et toi ?
Hein ?
Hein ? répète–t-il railleur..T’es mignonne, mais tu voulais t’enfuir. On t’a vue.

S’ils la tuent en premier, ils tueront Tyler après. S’ils tuent Tyler en premier, ils ne la tueront potentiellement pas après.
Téva a envie de vomir.

Suis-moi. Et sans attendre il la prend par le bras, l’obligeant à se relever. Ça lui convient, tant qu’elle est sûre que Tyler restera vivant.

S’il-vous-plaît, son regard en dit long et elle n’en a aucun pour Tyler par crainte d’assister au pire, crispée et effrayée d’entendre un coup de feu derrière son dos, elle n’a pas d’autre choix que de quand même revoir son visage - et elle remarque le nokia, essaye de ne rien laisser paraître.

Peut-être que…
Faut qu'elle assure de son côté.
@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 18.12.23 10:56

L'orage

Avec SibbanE


Tyler bandit ses muscles. Sa poitrine se gonfla, son souffle se suspendit entre ses lèvres. Dans sa nuque, il sentit une goûte de sueur descendre entre ses omoplates ; ce qui le fit tressaillir. C'était la première fois depuis longtemps qu'il venait à frémir. La tension habitait chaque nerf, chaque muscle, chaque respiration. Et alors quand l'autre s'approcha de SibbanE, il serra les dents si fort qu'il les sentit grincer. Il avala lentement sa salive, comme s'il réprimait le moindre mouvement face à une bête sauvage. Dans son ventre, la rage s'embrasait au fur et à mesure. Et alors, malgré l'impassibilité de son regard, malgré la froideur coutumière qui caractérisait son être, il sentit l'animalité au plus profond de ses entrailles.

Thompson ne clignait plus des yeux. Cela faisait au moins une minute qu'il n'avait pas fait battre ses cils. Et soudain, le calme survint dans son cerveau. La froideur embrasa ses synapses comme une traînée de poudre ; comme la neige si glaciale qu'elle brûlait l'épiderme, jusqu'à les os, quand on y plongeait la main.

La silhouette menaçante s'éloigna, il croisa le regard de SibbanE. Ses yeux la dardèrent sans douceur : deux lames allant jusqu'à inciser toutes les émotions qu'elle montrait. Il prit doucement le téléphone, il appuya sur le bouton « envoyé » sans regarder. Puis il le glissa sous l'étale sans un son. Sa main retrouva l'emballage plastique.

« Tu fais quoi ? »

Tyler ne sembla pas avoir bougé, les deux mains levées en signe de paix. Il ne savait pas pourquoi l'autre le laissait là, si c'était pour répondre à une pulsion viriliste avec la fille, ou si c'était le sentiment de malaise que le garde-chasse répandait naturellement autour de lui.

Mais le voilà qui retourna son attention sur SibbanE. Il la tira par le bras, lui tournant le dos. Il passa son bras par-dessus son épaule, son arme en travers de sa poitrine. Même lui, il pouvait sentir son odeur de sueur et de poudre.

« Si vous n’êtes pas en couple, il n'y a pas de raison que je ne m'amuse pas avec toi, mh ? »

Tyler ferma les yeux.

L'autre fit mine de s'intéresser à sa robe, la baladant comme un trophée.

Tyler pensa : le premier gardait la porte, le second était tout au fond du magasin. Le troisième sous ses yeux. Les mitraillettes feraient du dégât. Il y avait les civils. Combien de temps mettraient les deux autres à venir jusqu'à lui ? Il ne pouvait pas prendre le risque de blesser SibbanE. Mais là, elle était clairement en danger ; l'autre continuait son petit jeu. De quoi nourrir l'animalité au fond de ses tripes.

Il rouvrit les yeux.

« Ne la touchez pas. »

Le dos collé contre l'étale, il s'était pourtant relevé sans faire un bruit. Il gardait les paumes ouvertes en signe de paix, les yeux fixés sur le duo- la victime et sa proie. Il avala sa salive, alors que l'autre avançait vers lui. Il tenait fermement la jeune femme d'une main, le menaçant avec son arme de l'autre.

À un mètre de distance.

Amateur.

« C'est quoi ce regard ? Tu sais où est ta place, connard ? Dans un chenil, avec tous les autres clébards de ton espèce. »

Il suffirait d'un pas.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 18.12.23 20:25

   

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you can choke.

l'orage gronde

Tout chez ce type l'écoeur, elle n’a pourtant pas le choix. Déjà parce qu’elle a décidé de sa situation en se disant qu’il y a moyen qu’elle soit une distraction assez forte pour qu’on se détache de Tyler. Puis, en sentant le bras entourer ses épaules et l’arme si proche qu’elle a un hoquet de surprise. Ils ont l’air calmes, pas du genre à trop vite monter dans les tours notamment car ils pensent maîtriser leur coup. Elle pense de son côté que plus ils tardent à agir, moins ils n’auront l’occasion de mener à bien leur carnage.

Le regard prononcé sur sa tenue la laisse de marbre, elle se force à ne vraiment rien faire transparaître et voudrait pourtant jouer le jeu de sorte à ce qu’il croit avoir une ouverture. En flattant son égo peut-être finira-t-il par baisser sa garde. Mais Téva comprend pourquoi elle ne fera jamais grande carrière au cinéma, feinter est impossible tant ses émotions veulent prendre le dessus.

Elle se félicite tout juste de ne pas avoir réagi plus que cela devant le téléphone, Tyler l’intimant fortement de se taire une énième fois.
Leur dialogue de sourd se finit maintenant que l’attention devrait se tourner que sur elle, quelques pas faits dans la direction opposée. Son commentaire ne lui tire aucune réaction satisfaisante, la main se refermant davantage sur l’arme comme pour lui demander d’afficher un semblant d’intérêt. Un sourire maladroit, tremblotant et il est content. Il prendra ça pour un oui de consentement.

« Ne la touchez pas. »

Non non, crient ses yeux, Téva affiche une mine affreuse. Il a perdu la tête !
Elle tape discrètement du pied, nerveuse au possible, le poing serré à en froisser sa robe. Les veines apparentes, à son tour de grincer des dents. Ils ne sont pas à en forêt, ce n’est pas des gamins qui savent à peine se battre qu’il a devant lui.
Ignorant complètement le vécu de Tyler, de ce dont il est réellement capable, Téva cherche quoi répondre.
Plaquée contre son torse, condamnée à rester témoin des insultes proférées à son sujet, la gorge est nouée et se refuse à toute communication.

Alors la tête parle à la place de sa bouche.
Quoi quoi quoi ? C’est touchant regarde elle est prête à t’adopter !
Son pouce caresse sa joue, Faut pas ma belle, ce genre de race rapporte que des maladies.

Ça m’saoule.
Désolée je sais que je suis censée rester tranquille
- la phrase dite pour Tyler interpelle l’assaillant.
Téva rassemble ses forces pour se dégager de son emprise, tout juste assez pour gagner de l’espace pour le pousser vers le rayon. Un coup de feu tiré en l’air dû à la bousculade, là une chance de s’enfuir et des réactions de part et d’autre du magasin. On s’imagine un mort.
L’envie de crier ne lui manque pas, tout va très vite et elle se réfugie à côté de Tyler.
Un mètre c’est rien, c’est encore proche.
Elle le supplie de partir pendant qu’ils le peuvent, l’autre n’a pas chuté et a réussi à se rattraper en s’agrippant aux boîtes de conserve. Il y a urgence.

Une injure à son encontre, une voix du deuxième gars demandant un rapport de ce qu’il vient de se passer, elle profite de sa taille imposante pour se faire toute petite, disparaître en priant qu’un miracle se produit.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 18.12.23 22:12

L'orage

Avec SibbanE


Il suffirait d'un pas.

Parce que ce qui différencie un amateur d'un vrai tireur, c'est l'égo. Jamais quelqu'un ne pointerait une arme à moins d'un mètre de quelqu'un ; l'ouverture est là. Juste quelques secondes. Tyler sentait l'adrénaline ronger ses veines, la tension était presque agréable. Si ce n'était SibbanE qu'il devait à tout prix protéger. Et les autres civils. Au loin, il vit la silhouette d'un de leurs trois assaillants s'engouffrer dans une autre allée. Concentré sur ce détail, il ne prêta pas attention aux paroles qui lui étaient adressées. Les insultes coulaient sur son épiderme, comme l'eau d'une rivière sur une pierre aiguisée.

Puis le garde-chasse raccrocha son attention sur SibbanE.

Quand elle s'excusa, il haussa les sourcils, le regard désespéré un instant. Il la vit bouger, il entendit le coup partir, l'autre pesta. Pas assez forte pour le désamorcer. Mais suffisamment pour créer une ouverture. Sa main fouilla derrière lui, son téléphone avait roulé sous l'étale. Le bruit des conserves résonna dans son crâne.

« Espèce de ... »

Tyler fit un autre pas, barrage entre l'autre et la demoiselle. Il le dépassait de quelques centimètres, et cette différence sembla l'énerver. Il le vit cracher au sol, il l'entendit serrer des dents et s'énerver en braquant sa mitraillette sur eux.

« J'vais vous descendre tous les deux... TA GUEULE JE MAÎTRISE LA SITUATION ! Gronda-t-il à son camarade de l'autre côté de l'allée. Tyler avala sa salive. Ses yeux étaient devenus deux lames de rasoir. Son souffle était plus rapide. Qu'est-ce qu'il y a de pas nette chez vous ? »

Un ennemi. Plusieurs victimes. Trois proies.

Les hommes n'étaient rien d'autre que des animaux. Et depuis tout petit, alors qu'il se faisait tabasser par son père, et qu'il donnait des coups dans la cour du lycée, il avait appris une chose. L'égo des hommes, des vrais, ça transpirait la faiblesse.

Il pensa : une mitraillette, ça prendra du recul.

« C'est quoi ce regard ? Tu veux que je t'en colle une dans le crâne ?
— Bah vas-y, la voix de Tyler était moins neutre que d'habitude. On sentait le sarcasme dans sa voix. Son regard conservait la même inexpressivité, si coutumière, si protectrice, malgré la suite et la douceur de son ton : ose seulement. Il haussa les sourcils pour asséner un : fils de pute.
– Qu.. Comment... »

Tyler ne croyait pas dans le verve. Les mots étaient une forme de vanité et de mensonge.

Si bien qu'à cet instant, ils formèrent entre les lèvres de leur adversaire une hésitation. Suffisante pour qu'il se jette sur lui, son bras s'enroula autour de son poignet. Malgré sa taille, l'autre était plus lourd et plus équipé. Sa mitraillette cracha des traînées de balles qui finirent dans les lampes, une partie au sol, alors qu'il criait à SibbanE de se jeter au sol. L'autre refusait de lâcher son arme, il poussa Tyler contre l'étale et les conserves. Son crâne buta contre une vieille boîte de Cassegrin, alors qu'il gardait un bras enroulé autour du sien. Et de sa main libre,  il chopa le couteau en céramique posé sur l'un des étages de l'étale (foreshadowing tavu). Si la lame n'était pas plus grande que sa main, elle fut suffisamment tranchante pour passer dans l'articulation du coude. Il l'entendit gémir, la mitraillette délivrée de sa poigne roula au sol. Leurs deux corps suivirent, Tyler sous l'autre, à moitié sonné.

Ses yeux cherchaient SibbanE, tandis que son coude se plaquait sous la gorge de son adversaire. Celui-ci se débattait comme un diable, ou comme un poisson qu'il attrapait avec les mains dans la rivière. Il avisa son pistolet à sa ceinture, tandis que les pas des autres arrivaient en grande trombe.

Il ferait diversion.

Mais il lui fallait quelqu'un pour rouvrir le rideau de fer.






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Téva Sibban
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Téva Sibban
# 19.12.23 22:29

   

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you can choke.

l'orage gronde

Il devait gérer, il savait gérer, il ne pouvait que gérer. Alors elle pouvait se planter sur toute la ligne. La sécurité qu’inspire Tyler c’est cet optimisme auquel elle doit s’accrocher. Elle ne réalise que maintenant cette évidence. Quand elle était tombée en forêt, il l’a ramenée à l’intérieur, il s’était assuré silencieusement qu’elle n’avait rien de cassé avant de la réprimander à sa manière - un jugement inexprimé, ressenti jusqu’à la fin de cette journée intense. Tom qui répond à sa violence par la violence et Tyler qui intervient. Tev a oublié qu’il ne voulait pas qu’elle le défende quand on s’en prenait à lui, qu’importe la hauteur des injures.  Et l’épisode des courses et de la porte claquée dans son dos, faut-il en parler même. Il n’était plus question de faire son job et de la surveiller - qu’importe si cela signifiait lui filer une tenue de rechange et lui indiquer les douches.

Cette tenue rendue à la va vite de peur de le recroiser et voilà quelques semaines plus tard avec lui dans cette supérette, dans cette foutue fusillade.
Téva rêve d’un après, ne s’énerverait pas si l’ascenseur est en panne et qu’il faut monter l’escalier propre un jour sur sept. Finalement, la possibilité d’oublier ses clés sur la serrure et d'à nouveau se retrouver sur le palier lui apparaît plus envieux que de mourir entre deux étales.
Que c’est nul d’avoir une raison de vivre.

Le mec n’a pas apprécié, il en perd ses mots quand Tyler trouve les siens. Dommage que l’enjeu soit grave, elle aurait bien voulu l’applaudir d’avoir usé plus de trois syllabes pour communiquer et rigoler suite à son insulte lui aurait mis du sacré baume au coeur. Ce présent craint et elle obéit en se couchant à plat ventre sur le sol maculé des conserves tombées de leur étagère. Ses doigts en esquivent, une dernière leur tombe dessus et elle étouffe un cri. Le regard est soudain alerté par autre chose que la douleur ; le portable. Il est tout près, c’est pas possible il est tombé et elle le voit à sa portée.

L’adrénaline lui permet de rester lucide auquel cas elle pense sérieusement qu’elle s’évanouirait. Se battre et s’infliger des coups et blessures en soirée diffère de risquer à tout moment de mourir en plein jour. La mitraillette tombe, plus de coups de feu, des pas lointains se rapprochent et là est l’alerte de se dépêcher de récupérer le nokia.

La jeune femme se hisse jusqu’à proximité, tend le bras au maximum et touche du bout le cellulaire. Sa mâchoire se contracte sous l’effort, un mauvais mouvement et elle le ferait reculer. Son index appuie sur une touche au hasard, l’écran s’allume sur une notification. Le sms réponse de sa collègue. Qu’elle se ramène, que ce soit le signe qu’elle est en chemin.

Couchée de la sorte, les battements de son coeur sont impossibles à ignorer, elle voudrait les réduire en silence, ce n’est pas le moment. Retenant sa respiration pendant tout le processus, enfin son majeur l’attrape et elle lit le message.

Ici dans un dix minutes, reçu il y a cinq minutes.
Téva le supplie de tenir encore assez longtemps avant qu’on vienne les secourir.

Je reviens, pense-t-elle fortement, avant de se relever au ralenti pour gagner du terrain vers l’entrée du magasin. Elle repasse vers les fruits, s’arrête aussitôt en comprenant que le deuxième gars n’a pas fini sa course et doit encore passer devant cette zone pour rejoindre son acolyte.
Les nerfs à vif, Tev va perdre la tête.

Le couple de vieux est toujours en vie, la mamie est blessée au bras, mais semble tenir bon. Cinq minutes, d’une main elle leur indique - leur demande, de garder leur calme et d’espérer. Cinq minutes.

Quatre maintenant.

Le caissier est menacé d’une arme, inutile de croire qu’il serait capable d’ouvrir le rideau de fer dans son dos.

40, 41, 42, 43 secondes.
Trois minutes.

Elle se sent à découvert et décide de changer de cachette en se glissant vers le rayon des pâtes. Le troisième fait sa ronde autour de la caisse et s’octroie la liberté de tirer vers le plafond pour asseoir sa domination, parfaitement conscient qu’il se passe quelque chose de pas conforme au plan à l’arrière.

Tiens bon aussi Tyler, encore deux minutes.

Un bruit sourd, elle pense de suite au garde-chasse. Un corps tombe à la renverse, le son ne vient pas de derrière.

Le tireur de la caisse vient d’être abattu.

La vue de son sang lui a fait peur la première fois qu’elle est tombée pile sur les deux genoux en cours de récré à la maternelle, on l’avait poussée rapportera-t-elle. Avec les années, la vision rougeâtre ne lui procurait qu’un regard curieux, du genre à donner envie de toucher la plaie pour sortir encore plus de ce liquide chaude. Gratter la croûte et le faire se déverser.
Sauf que là.
Là ce n’était pas un simple bobo sur lequel on colle méchamment un pansement de chez Wallmart.

L’homme inanimé résulte d’un cri d’effroi de l’employé, Tev hurle aussi, de vive voix. Personne ne pénètre dans le magasin, le rideau est percé de plusieurs impacts et tous attendent de voir passer une tête, celle du tireur.

Une femme apparait, celle de la forêt, celle qui semblait plus gentille que Tyler.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 20.12.23 23:30

L'orage

Avec SibbanE


Elle était où ? Dans ce chaos de conserves et de balles, où l'odeur de poudre se mélangeait à celles des lentilles préparées, où diable cette fille était encore passée ? Tyler ne savait plus gérer. Il ne pouvait pas s'occuper d'elle et des trois autres en même temps. Il cherchait depuis le sol des chaussures blanches dans la gadoue, le souffle rapide et le cœur battant si fort dans sa poitrine qu'il menaçait d'en exploser les parois. Son coude sous la mâchoire de son adversaire, il réfléchissait à toute vitesse. Alors qu'il essayait de le contrôler et de l'empêcher de se saisir de son arme, il avisa les pas arrivant au loin et la conserve. Il l'étranglait de plus en plus fort, les dents serrées sur sa lèvre en poussant des grondements animaux.

Les cheveux en sueur plaqués sur son front, il attrapa le couteau en céramique planté dans le coude. Il l'entendit gémir et il le sentit souffrir sous la pression, mais sans réfléchir, il enfonça la lame dans sa main dès qu'il la vit se diriger sur son pistolet. Tout se déroulait vite et lentement ; le temps se suspendait et d'un coup, il reprenait sa course effrénée. Tyler le poignarda à plusieurs reprises dans l'aine, là où il pouvait le toucher sans risquer de briser la lame sur le gilet pare-balle.

Au loin, l'homme remarqua les bottes de sécurité, le museau de la mitraillette. Il coinça le couteau entre ses gencives, il s'empara du pistolet d'une main tremblante. Son esprit était un chaos arrangé, il savait quoi faire malgré l'orage déclenché dans le fond de ses tripes. Le coup de feu le surprit, et dans le hurlement, il reconnut la voix de SibbanE.

Putain.

Aussitôt avec la crosse, il frappa le gars sur la tempe. Une fois, deux fois, il y avait peut-être un peu trop de rage dans son geste. Son sang sur les mains, il le poussa une fois qu'il sembla inconscient. L'autre semblait hésiter, ses pas se dirigeaient vers l'entrée. Là-bas, Thompson-fils n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se passait. Alors il accourra, mais au bruit métallique du rideau de fer, il entendit l'un de leurs assaillants ordonner à l'autre de tirer.

Le crachat des balles lui sembla lointain, et il resta figé sur place. Sidéré, non. Le souffle court et humide, il crut percevoir d'autres ordres « je vais m'occuper du clébard ». Mais tout cela ne lui indiquait pas où se trouvait SibbanE — à l'entrée ? Est-ce qu'elle était en vie ?

Pas le temps. Non. Il ne savait même pas si les secours arrivaient. Alors quand il vit des bottes s'arrêter à un mètre devant lui, il n'hésita pas et il tira aussitôt. Deux fois — on les reconnaissait les amateurs, car ils ne tiraient qu'une fois. Le second tir était là pour sécuriser la mort. Sa main tremblait, ses doigts se crispèrent sur la gâchette, l'autre sembla prendre conscience du combat animal qu'il y avait eu lieu. Et quand le chargeur se retrouva vide, il lui jeta la conserve à la figure. Il ne le vit pas tomber, il l'entendit juste hurler à l'autre de buter ceux qui étaient encore en vie. Il semblait battre en retraite.

Il fondit sur l'entrée de la supérette, ses chaussures couinèrent au sol. Il s'arrêta net entre la silhouette familière de sa collègue et le rideau de fer troué de balle. Il avisa le corps du caissier, et les images refirent surface d'elles-mêmes.

Il faisait beau ce jour-là. Comme aujourd'hui. Le vent filtrait à travers la fenêtre de la classe, le rideau se levait sous ses caresses. Ses camarades au fond de la classe, les chaises et les tables renversées. Le fusil de chasse braqué sur lui essayant encore de jouer les héros.

« Sale petite p... »

La gâchette prête à se déclencher, à déverser un raz-de-marée de poudre sur le corps de la blonde. Tyler était dans son angle mort, juste en face de la caisse sanguinolente. Combien de mètres, cette fois-ci ? Trois ? Peut-être quatre. Le rideau de fer bougea, et ce fut comme un signe. Tyler avala sa salive, c'était comme la chasse ; pas un son, caler son souffle sur celui de l'animal pour mieux le piéger. Sans un bruit, il enleva sa lourde veste. Et quand l'autre se rapprocha de Téva, Tyler fondit sur lui. Dès qu'il arriva à sa portée, il lui lança sa veste au visage, avant de le plaquer au sol. Toutefois, il glissa, et se rétama bêtement la tronche sur le carrelage. Malgré tout, il essaya d'attraper l'autre dans sa chute.

« COMBIEN ? »

La voix familière de sa collègue lui parvint péniblement. Il avait la main agrippée sur la cuisse de l'autre, concentré sur la mitraillette et sur SibbanE.

S'ensuivit un combat bordélique, déstructuré, qui n'avait rien à voir avec la beauté chorégraphiée d'un film d'action. Il se mangea un coup de grosse dans le bide, il répliqua en enroulant sa veste autour de la tête de son adversaire en passant derrière lui. Et là, Tyler serra de toutes ses forces jusqu'à ce que le corps retombe au sol. Il l'avisa à ses pieds, en débardeur humide de sueur et le souffle court. Il cherchait SibbanE des yeux, alors que le rideau de fer était enfin libre d'accès.

Tyler alla se diriger vers le caissier, mais un mouvement l'alerta. Une boîte de conserve qui se cogna contre une allée, une ombre projetée sur la vitre du magasin. Un pistolet pointé sur sa voisine. Le coup de feu reparti de plus belle, alors qu'il franchit les deux pauvres mètres le séparant de la jeune fille. S'il la poussa à temps, il sentit la balle.

Une sensation familière. Une brûlure dans l'omoplate, une tache rouge sur son vieux débardeur gris en train de grossir. Tyler ne se laissa pas le temps de comprendre, et un genou à terre, il se redressa aussitôt. Il vit l'autre, la cuisse percée de balles, peiner à rester debout.

Et là, l'Inuit ne lui offrit rien d'autre que son regard. Un pas lent, maîtrisé, la mâchoire serrée. Il paniqua, le petit néonazi de merde. Il essaya de tirer, mais son arme embrayée, il tenta de reculer. Mais Tyler le saisit à la gorge pour lui donner un coup de tête. Il se laissa tomber sur lui, l'esprit brouillé par la rage.

Et là, il frappa.

Encore et encore.

De ses phalanges abîmées, à travers le masque.

Impassible, si ce n'était le grondement de rage qui passait entre ses dents serrer.





KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 24.12.23 19:43

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Il faut s’y habituer, et vite. Téva ne se donne pas assez d’espace pour revenir sur ce théâtre sanglant, elle écarte son attention du cadavre. Dos contre le rayon, les yeux se lèvent vers la lumière du plafond qui s’étend très haut au-dessus de sa tête.
Elle attend que la dite collègue vienne la secourir, mais il n’en est rien. Bon sang, il reste deux types. Et Tyler.

Impossible d’y retourner, elle a causé assez de raffut en y partant, revenir serait mettre de l’huile sur le feu et le blessera encore plus.
Aucun tremblement, son esprit se vide de toute réaction, passe en mode survie.
Une machine qui réagit quand on l’appelle seulement, auquel cas elle reste immobile.
Alors son regard s’élargit devant l’arrivée de l’assaillant, prêt et décidé à l’abattre. Son coeur ne bat pas plus vite sous la peur, il accepte ce qu’il peut l’arrêter.
Elle voit aussi venir Tyler, son apparition lui redonne toute sa mobilité, c’est instinctif. Que prévoit-il de faire… et son visage en dit long sur le combat mené là où elle l’avait abandonné.

Sa bouche s’ouvre, or rien ne sort, pas un mot et surtout pas le moindre son.
La joie est brève, le cauchemar continue.
Un bruit familier, la pluie de balles ne s’arrêterait-elle donc jamais.
Les mains de part et d’autre de la tête pour mieux accueillir la chute, la couleur du sang et les projections sur le sol et la vue de la blessure quand Tyler se relève, presque l’air de rien. La douleur se lit sur ses traits, elle veut l’arrêter et tant pis, l’autre ne va rien tenter, il a aussi été touché. La main se lève, c’est parlé au mur, à l’instar de ces bonjours longtemps demeurés sans réponse.

La violence la choque, Téva ne veut plus assister à une énième mort et surtout pas la sienne.
Ses jambes ont heurté le sol, la crispation quand les articulations peinent à la relever et elle insulte son incompétence.
Vu que personne ne daigne interrompre une autre future catastrophe humaine, elle va s’en charger - du mieux qu’elle peut, c’est-à-dire difficilement.
Ce n’est que de l’ordre de quelques centimètres, mais c’est déjà beaucoup quand un pas équivaut à dix, le myocarde battant à tout rompre.
Jamais ne l’a-t-elle vu aussi déchainé et elle regarde l’autre type perdre conscience sous les coups. C’est de leur faute, elle le sait. Cependant-

Ses mains s’accrochent à ses épaules dans un effort incroyable de freiner ce déferlement.
Il a compris Tyler, ARRÊTE ÇA !

Tev regarde partout autour d’elle, paniquée, fixe les clients pétrifiés, sent l’odeur de poudre et analyse les bruits de pas - ceux du bon côté, ceux venus les aider. Ses ongles s’enfoncent dans sa chair, ce n’est pas voulu, cela montre à quel point elle essaye vraiment de réfréner sa haine. Dans l’euphorie, un geste de trop, un coup de coude porté au niveau des côtes et elle lâche prise, cambrée de douleur. Les yeux larmoyants, une réaction naturelle quand on se fait taper - même sans le vouloir.

La paume se presse contre son côté droit, elle appuie car elle n’a aucune idée de comment calmer le mal. Pas merci putain, ok Téva comprend qu’elle est de trop dans l’équation.

Ramenez-vous là, tonne-t-elle.

@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 31.12.23 11:27

L'orage

Avec SibbanE


Même la voix de SibbanE ne passait pas entre ses oreilles. Elle était lointaine, un écho abandonné dans le creux d'une montagne, une bouteille lancée à la mer n'atteignant jamais le rivage. Le poing serré, les articulations brûlantes de douleur, Thompson-fils ne prit conscience de sa présence que quand son coude la heurta. Un peu de mou dans la dureté de sa propre violence, un impact qui n'aurait pas dû être là. Deux planètes qui n'auraient jamais dû se croiser. Son poing resté en suspend, levé en l'air, alors que ses yeux s'écarquillèrent. Le « pas merci putain » rassura le garde-chasse, et il s'en voulut aussitôt de l'avoir frappé. Tyler n'était jamais violent. Surtout envers ceux et celles ne pouvant pas se défendre - les femmes, les enfants, même ces petits cons d'adolescents. Il détestait cette partie de lui que le visage tuméfié lui renvoyait.

Alors il baissa sa garde.

Tyler voyait la silhouette de sa collègue se rapprocher, puis il remarqua Téva pliée en deux sous la douleur. Pour une fois, une autre expression envahit son visage. Plus de regard de poisson mort, juste la surprise d'un petit garçon se rendant compte qu'il venait de blesser un autre. Mais il n'eut pas le temps de prononcer ses excuses qu'il sentit un mouvement sous lui. Et si ses doigts tentèrent de bloquer le coup, la lame avança de quelques centimètres dans son flanc. Un couteau de combat, il aurait dû s'en douter.

Tyler se plia en deux sous la douleur, les doigts contre la lame, alors que l'autre tentait de se redresser. La brûlure transperça son ventre, juste sous sa côte, tandis qu'il retenait l'autre d'aller plus loin. Et d'un coup, il relâcha la pression de sa propre main sur la lame, et il l'agrippa par le col pour le redresser. Là, il se contenta de lui donner un coup de crâne en plein dans le nez. Deux fois. Afin de s'assurer que cette fois-ci, il avait bien dit son dernier mot.

L'adrénaline baissait, son rythme cardiaque aussi. Les émotions revenaient avec les blessures qui se réveillaient. Il relâcha le criminel, avant de porter la main à son flanc. Il serra la mâchoire pour ne pas gémir sous la douleur en bon mâle alpha ne montrant jamais ses sentiments. Même les plus vitales.

Il essaya de se relever, cherchant Téva du regard. Il glissa dans la mare de son propre sang, alors il se contenta de s'agenouiller. Le couteau était toujours dans ses chairs, s'il l'enlevait, il risquait l'hémorragie. Sa collègue s'était arrêtée nette, et d'un geste, il lui signifia de ne pas aller plus loin. La tête rentrée entre les épaules, Tyler jeta un oeil à Téva dans sa vision périphérique. Au loin, il entendait les survivants sortir en criant.

« Le caissier... lâcha-t-il entre eux respirations douloureuses. Vous savez faire un massage cardiaque ? »

Pour une fois, il acceptait de déléguer. S'il n'avait pas reçu de balle dans la tête, il se disait qu'il y avait encore de l'espoir.

KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 07.01.24 17:45

   

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l'orage gronde

La brutalité s’est arrêtée le temps qu’il prenne conscience du coup involontaire aux côtes, elle aimerait lever la main, secouer la tête pour le rassurer, faire passer le message que ça va elle n’en est pas morte. Cependant, l’énergie n’est pas assez présente pour ne serait-ce que répondre un simple mot.
Dès qu’elle respire, c'est une vague de douleur dans tout le corps. Alors, elle appuie davantage, la paume en guise de compresse et les pieds ramenés contre les cuisses. Avant de remarquer les traces rouges et la marque de ses semelles pour motifs dans ce bain écarlate.

Ses traits se creusent, son visage se fige totalement. L’ouïe brouillée par le mal n’aide pas à dissocier la réalité des hallucinations. Les yeux plissés détaillent le mec par terre qui se lève, Tyler qui se retourne et depuis sa position, on ne peut plus voir grand chose.
Téva peine à suivre le cours des événements, lorsqu’il lui fait définitivement face la vision du couteau planté dans sa chair est clair.

Les poings se serrent, la jeune femme l’intime de ne surtout pas bouger et de se concentrer sur sa respiration. Elle pense vraiment apprendre à un homme comme lui comment gérer sa propre survie. Dans sa hâte, elle salit ses chaussures, mais également ses genoux. Le sang repeint ses jambes et tâche les bordures de sa robe.

Agitée et paniquée, son cerveau fuse ; que faut-il faire, que doit-elle faire.
Elle le priait de se taire, mais il devait lui dire.

Hein ?
Quoi le caissier. Il est mort, c’est sûr.
Pardon, quoi…quoi ses yeux s’écarquillent. Y’a pas moyen. Je sais, est-ce qu’elle sait ? Je crois. Je sais plus..j’ai jamais- non.

Téva ne veut pas y aller, elle préfère fuir, sortir et profiter de la liberté rêvée qu’elle a cru ne pas pouvoir retrouver. Tyler place beaucoup trop d’espoirs en sa capacité d’agir avec efficacité, pour les autres. Elle n’est pas lui.

D’accord, j’y vais j’y vais, répétant inlassablement j’y vais j’y vais jusqu’à s’avancer jusqu’à l’employer et le regarder silencieusement.
C’est de la pure folie.

Quelleidéedecomptersurmoi,jesuistropbête,pourquoimoietlesautresalors…

Il n’est pas vivant, c’est impossible. La poitrine ne se relève pas, le corps est froid, pas complètement certes. Elle sent sa froideur sans avoir à le toucher, et pour essayer de le ramener à la vie, elle devra y aller.

Ses mains tremblent, passent au-dessus de l’impact de la balle, le sang se déverse depuis la blessure. La chemise imbibée de ce sang qui la suit de partout.

Téva a appris en regardant une série policière, en tombant sur un reportage sur les autorités de ce pays, qu’il faut découvrir le torse et croiser les mains sur la poitrine.
La suite est brouillon, le visage du caissier reste dans l’oubli; hors de question de le fixer, détailler ce qu’elle pense déjà mort. Tyler veut le sauver, il doit voir ce qu’elle ne voit pas.

Elle commence, maladroitement, pas assez fort pour que cela fonctionne. Toute sa force, sa conviction de réussir - aussi faible soit-elle - se concentrent dans cette tâche.

Combi- on l’entend essoufflée - combien de temps je dois- sans finir sa phrase.
@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 08.01.24 10:54

L'orage

Avec SibbanE


La surprise de la jeune femme lui passa par-dessus la tête. Sa collègue se rapprocha, Tyler était surpris de la voir et de considérer son expression. Il désigna d'un geste las les étales, sans exprimer le moindre mot. Sa respiration était pénible, la sueur et le sang se collaient à sa peau. Pourtant, ses yeux se retournèrent sur SibbanE. Il avala péniblement sa salive, alors qu'il l'examina se diriger vers les caisses. Les doigts autour de la plaie, comme pour empêcher la lame de s'enfoncer plus loin, il se releva péniblement. Il sentait toutes ses articulations souffrir, la balle dans son omoplate brûlait. Et chaque fois qu'il inspirait, il avait la sensation que le couteau s'enfonçait plus loin. Dans le calme soudain de la supérette, l'homme prenait conscience de ses blessures. Elles se réveillaient, toutes les alarmes de son cerveau crièrent : tu vas crever. Puis il y avait le pragmatisme. Non. Pas maintenant. Il savait quoi faire.

Tyler savait toujours quoi faire.

En retenant un gémissement entre ses lèvres, il parvint à se remettre sur ses deux jambes. Il marcha en direction de SibbanE, l'esprit troublé par la souffrance, le regard vitreux. Il avait extrêmement chaud, et malgré tout, le bout de ses doigts était glacé. La lumière du jour s'étalait sur les traces de sang, les formes devenaient floues. Il se concentra sur la voix de SibbanE, repérant du tape en promotion qu'il attrapa. Il s'appuya sur le comptoir, puis il lui dicta la marche à suivre :

« Prenez son pouls. »

Tyler contourna le couloir, plus ou moins avachi dessus pour regarder le corps. Pas de balle dans la tête. Il se laissa tomber à genoux à côté de lui, puis il détailla :

« La paume ici, il désigna le milieu de la poitrine, l'autre par-dessus. Il peinait à parler, il avait la gorge sèche, le souffle court. Je ne suis pas en état de le faire, admit-il, alors que c'était l'évidence même. Trente compressions à une fréquence de 100 par minute, soit environ 2 compressions par seconde. Puis le bouche-à-bouche. Je m'occupe de lui pincer le nez. »

Tyler coinça son dos contre le mur derrière le caissier, le sang avait transpercé son pantalon. Ses bottes épaisses en avait bu la moindre goûte, et il avait laissé derrière lui des traces. Sa cage thoracique s'élevait et se baissait péniblement, alors qu'il tendait la main vers Téva.

« Votre téléphone, je vais appeler les secours. Je vais compter pour vous. »

Tyler se mélangeait, son esprit perdait en clarté. Si bien qu'il attrapa une bouteille de Whiskey tombée au sol. Il ne savait plus trop ce qu'il faisait, défoncé qu'il était sous la violence de ce qu'il s'était passé. Il ouvrit la bouteille avec les dents.

Et il but une gorgée. C'était la première fois qu'il goûtait à l'alcool.

Le liquide laissa une traînée de poudre dans son oesophage. Mais il pensait avoir l'esprit plus clair. Les lèvres humides, les yeux  à demi plissé sur la jeune femme, les cheveux collés contre son front, la sueur étalée sur sa peau brune, il offrait un spectacle misérable derrière son air impassible. Et pourtant, quand il parla de nouveau, sa voix était douce, un peu vaporeuse.

« Téva, tout ira bien. Sa phrase sonna un peu rauque, comme un soupir, un grondement venu depuis les profondeurs de ses entrailles. Faîtes-moi confiance. À mon signal, commencez. »

Tyler leva la main, il se redressa. Et il compta : un, deux, trois. Puis il lui fit signe de commencer.


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Téva Sibban
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Téva Sibban
# 14.01.24 13:58

   

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l'orage gronde

C’est juste une étape à traverser pour s’en sortir, une énième étape, une encore, une dernière - elle espère.
Elle constate l’indifférence de Tyler devant sa peur criante, il en a que faire de sa lâcheté et en vérité il a bien raison de ne pas s’en préoccuper ; il y a plus urgent et d’ailleurs lui-même est une urgence.
Téva saisit à quel point parmi eux trois, c’est uniquement elle qui est en capacité de faire quelque chose.
Tyler a beau sauver les apparences et tenter le tout pour le tout pour tenir le coup, pas sûr que le whiskey panse les plaies de manière efficace. Elle ne rétorque rien, laisse faire les choses comme elle laisse couler davantage de sang de cette blessure bien trop proche de ses mains. Les doigts agrippés autour du tissu, le caissier qui n’est toujours pas revenu à la vie par lui-même; vous allez vraiment l’obliger à ça.
Il faut alors se bouger une première fois, le poignet ou le cou ; où prend-on le mieux le pouls ? Elle s’en rappelle, elle pense se souvenir que le cou est plus facile - la peau ne s’est non plus pas réchauffée entre temps, rien - nada - que dalle. Le néant dans ce corps totalement inerte.

Téva a suivi les instructions sans poser de question, muette et focalisée sans vraiment l’être, la tête ailleurs, les émotions en vrac qui errent sans but précis. Elle les sent vouloir s’échapper et exploser, mais même les larmes ne coulent pas. Quelque chose de plus grand la retient de craquer.

Hein- le téléphone, il a dit le téléphone; ses mains fouillent le fond de son sac, elle galère à l’ouvrir et la colère passe aussi vite qu’elle s’est manifestée.
Sa mémoire se bloque, aucune idée de quel est son code de déverrouillage, forte heureusement l’icône pour téléphone s’affiche en bas à droite et les numéros importants sont listés par défaut.

Elle le lui tend sans qu’un son ne sorte, tout se fait dans le silence de l’attente.
Il est alors l’heure de s’y mettre et le moment redouté commence.
Téva le vit déjà comme une éternité, l’infini qui s’étend et que personne ne cherche à contenir - sa collègue ne sert à rien, le vieux couple ne sert à rien, les morts gisant au quatre coins du magasins non plus. Il fallait que cela tombe sur elle, l’incapable.

Stéphie aurait rêvé de recevoir un vocal de sa part; d’une voix trop enjouée pour l’information si banale qu’elle lui crierait à travers son téléphone. Qu’il s’est souvenu de son prénom et qu’il l’a prononcé. Que Tyler a pris le temps de la rassurer et que ça a bien évidemment fonctionné. Même ça on le lui retire.

L’adrénaline prend le dessus parce que la force lui manque clairement. Elle a rien dans les bras, rien qui la ferait tenir aussi longtemps qu’il faudrait.
Comme à l’école, quand Téva devait prétendre ne pas entendre les menaces d’exclusion par le proviseur, les remontrances de maman à la maison et papa qui acquiesce en fond sans essayer de la comprendre.

Il a intérêt à revivre, qu’il se mette vite à respirer, vite vite vite vite vite vite.

Le décompte, les compressions, le bouche-à-bouche, ainsi de suite,
Sa famille doit certainement l’attendre et croire en son retour.
Téva n’aurait pas dû crier, elle croit se souvenir du coup de feu après son hurlement et se trompe dans l’ordre des événements.
Le hurlement, puis le coup de feu au lieu du coup de feu causant son hurlement.
Le décompte.
Les compressions. Deux par secondes, elle suit la cadence.
Le bouche-à-bouche, souffle plus fort, se convainc que cela augmente les chances.
Les bras s’engourdissent. Les secours- ils arrivent quaaaaand
Essoufflée, les paumes écrasent le thorax.
Elle se perd dans les chiffres, agit par pur mécanisme.

Combien maintenant, deux minutes, trois ou dix ?

Un bruit.
Un grognement ou
serait-ce une sensation, tout au fond.
Un truc bouge.

Téva se dit tout bêtement que son coeur bat si fort qu’il se met à battre pour eux-deux.
Enfin, la blonde se rend compte que son coeur bat oui, mais pas que le sien.

TYLER, la panique, la vraie.
Le regard désemparé le urge de lui expliquer ce qu’il se passe.
@LETYLER
# cc9933
Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 14.01.24 14:35

L'orage

Avec SibbanE


Le bout de ses doigts tremblaient, la brûlure de l'alcool emplissait toute sa gorge. La balle dans son omoplate remuait sous son propre souffle, alors qu'il avait la sensation que la lame s'enfonçait toujours plus. Pourtant, Tyler était encore conscient. Encore un peu. Toujours un peu plus. Pour Téva et le caissier. Sa voix parvenait difficilement entre ses lèvres, une expiration pénible et rauque, tandis qu'il comptait pour elle. Un deux ou trois, maintenant. Réglé comme un métronome, alors qu'il n'avait pas la moindre sensibilité à la musique.

Au téléphone, Tyler dira qu'il y avait quatre blessés. Leurs trois assaillants — exécutions non létales —, et le caissier. Il s'était oublié.

Le smartphone glissa au sol, tandis que le mode automatique se raccrocha au mode manuel. Son cerveau fonctionnait sans avoir à réfléchir, puis il y avait eu la voix paniquée de SibbanE. Il coula un œil en sa direction, puis il considéra la reprise légère du rythme cardiaque.

Sa collègue, l'agente Harris accourue vers Téva et lui. Dans un hochement de tête, elle lui assura que les trois autres étaient hors état de nuire. Tyler désigna le défibrillateur situé non loin de la caisse ; tous les endroits susceptibles d'accueillir du public étaient obligés d'en avoir un.

« Ne t'en fais pas, ma petite, tout va bien. »

Promit la garde-chasse, tandis que Tyler essayait de se relever. Son pied glissa dans le sang, il serra le poing, et dans un dernier effort, il se remit sur ses deux jambes. Comme une mère expliquant à son enfant comment faire ses lacets, Harris détaillait à Téva la suite des opérations. Elle lui assura que sans elle, l'homme serait définitivement mort.

Thompson-fils, survivant d'une deuxième fusillade. L'épaule et le bide en sang déambulait dans le magasin. Un pas après l'autre, avec la conscience fragile, incapable de situer la réalité de la douleur. Il ne réalisait plus vraiment ce qu'il se passait, cherchant simplement le rayon des serviettes hygiéniques et des mouchoirs pour se soigner ; non loin, se situerait ce qu'il cherchait. Il laissait des traînées rouges derrière lui, la semelle de ses chaussures imprimait son chemin sur le carrelage.

En voulant attraper une boîte de compresse, Tyler renversa la moitié des choses au sol. Ses doigts s'agrippèrent à l'étal, alors qu'il se redressait. Encore un peu. Il ouvrit l'emballage avec les dents, il attrapa les compresses pour revenir vers la caisse. Harris se chargeait de la suite, et SibbanE ? Dans sa vision brouillée, où la silhouette des PLVs se mélangeait à celles des gens, il peina à la reconnaître totalement. Pourtant, il s'attarda sur le détail de ses cheveux, de ses taches de rousseur, comme s'il la contemplait pour la première fois.

L'esprit peu clair, les pensées aléatoires, il laissa tomber le tape et les compresses sur le comptoir. Il attrapa la bouteille de Whiskey, avant de repousser Harris d'un geste de la main. Il baissa les yeux sur le couteau, avant de reprendre une gorgée de Whiskey pour supporter la douleur.

Tyler s'essuya la bouche avec le revers de la main.

Puis il enroula ses doigts autour du manche du couteau. Ses jambes tremblaient, sa silhouette cassée en deux sur le comptoir, il luttait encore. Un. Deux. Trois.

La lame tomba au sol, il inspira une grande bolée d'air frais sous la douleur. La nausée lui pendait sous le nez, malgré tout, il versa l'alcool sur la plaie. Il serra la mâchoire jusqu'à sentir ses dents grincer, l'émail se défoncer sous la pression. Les cheveux en bataille, quelques mèches tombant sur son regard noir et fiévreux, il fixait SibbanE pour ne pas s'écrouler. Ensuite, il entreprit d'arracher l'emballage du tape avec ses dents. Le scotch s'enroula sur lui-même, tandis qu'il plaquait les compresses sur la plaie après avoir relevé son débardeur. Il le tenait fermement, il refusait tout aussi fermement l'aide de sa collègue. Il colla un premier morceau sur son ventre, puis sur les compresses. Il fit un premier tour en serrant le tape au maximum, un second et un troisième. Il se baissa pour ramasser le couteau et couper le scotch.

Harris se racla la gorge, et dans un murmure, elle promit à SibbanE qu'elle avait appelé la police en venant. Tout n'était qu'une question de temps. Et tu devrais boire de l'eau, et ne t'en fais pas. Elle prendrait le caissier en charge dans l'attente des secours.

Et pendant ce temps, Tyler la fixait, SibbanE. Il sentait le bout de ses doigts et ses pieds devenir plus froid, malgré la chaleur de l'été. Son cerveau nourrit par la douleur commençait à l'occulter, tout doucement. Dans le reflet de la devanture, il examina l'image pitoyable qu'il renvoyait. On aurait dit un chien blessé. Un putain de clebs.

Tyler se débarrassa de son débardeur imbibé de sang et de sueur, révélant la blessure soignée à l'arrache et la balle perdue dans son omoplate. Il n'avait rien de beau, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ses muscles dessinés sous sa peau mate dénonçaient une vie pragmatique. S'il avait la taille en V, il n'avait pas les épaules si larges que cela, malgré le dessin de ses deltoïdes et de ses muscles dans le dos. Les obliques cisaillaient le haut de ses côtes, le reste de ses abdominaux était le trait de son transverse. Ne restait que les cicatrices.

Elles accompagnaient les boutons d'acné dans le dos, elles se creusaient dans la charpente de ses trapèzes. Des récentes et des moins récentes. Des coups de couteau, aux côtes déplacées sous son épiderme. Il avait la silhouette d'un gymnaste, mais de ceux qui avaient affronté des bêtes sauvages plutôt que les anneaux et les poutres des gymnases.

Et il y avait les trous.

Celui situé au niveau de son cœur sur sa poitrine, l'autre lové dans sa hanche, à peine cachée par son pantalon. Et bientôt le troisième dans son omoplate qu'il aura tôt fait d'oublier.

Tyler avala sa salive, son reflet dans la devanture rendit un regard indifférent pour toutes ces plaies ainsi exhibées. Il se tourna vaguement pour regarder, cherchant la présence d'une troisième blessure. Mais hormis les bleues sur sa face et dans son torse, il n'y avait rien de grave.

Il chercha encore Téva des yeux. Sans un mot, il remit son débardeur.

Le silence était revenu. Il n'y avait plus le crachat des balles, les insultes des nazillons, les cris des clients et les idées stupides de SibbanE.

Rien que le silence

Si réconfortant.

Alors dans le non-bruit, Tyler lâcha pour Téva :

« C'est fini. »

Il se détourna pour chercher sa veste.



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Téva Sibban
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Téva Sibban
# 14.01.24 16:56

   

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l'orage gronde

L’intervention d’Harris met fin au calvaire.
Elle prend donc conscience de la quantité de sang sur ses mains, sur ses affaires, sur tout ce qu’elle a touché et s'essuie sur sa robe avant de se demander ce qu’elle vient de faire.
Elle est bonne à jeter maintenant et ses chaussures aussi.

Téva se contente d’hocher de la tête, sa respiration reste saccadée à le recherche d’un moyen de calmer la tempête qui sévit à l’intérieur.
Elle ne s’accorde qu’un court moment de répit, ce qui l’inquiète le plus est l’état de Tyler. A chaque pas qu’il fait, elle a l’impression que ses jambes vont céder sous son poids, qu’il sera le prochain à flancher et à devoir sauver. Si cela arrivait, elle n’en serait pas capable, non non et elle prie fort qu’il tienne le coup. Juste un peu plus.

Il part pour chercher de quoi se soigner, sauf qu’elle croit qu’il n’a plus rien à lui dire et qu’il va s’enfermer à nouveau dans sa solitude.

Les secondes paraissent des minutes, des minutes des heures. Le bruit de boîtes tombées par terre interpelle, effrayée par ce raffut l’esprit part en quête d’un nouveau tueur qui aurait survécu. Le traumatisme s’est bel et bien ancré.
La vision du sang devenue habituelle ne lui extrait qu’un regard long, silencieux et vide.

Et Tyler alors, sa collègue la rassure, la félicite et fait de son mieux pour la calmer.
Et Tyler alors... Elle hallucine.

A son retour, Téva assiste à cette aberration.
La garde-chasse a beau lui parler d’un sujet important, les secours et la police en chemin, elle a du mal à écouter.

Il fout quoi au juste. Ça se bouscule tout là-haut, elle arrive à se détacher de l’horreur de la situation pour en constater une autre.

Vous attendez pas les secours- le débardeur retiré, la vision de toutes ses blessures, ses yeux qui ne suivent plus devant leurs nombres. Elle déglutit, se tient les mains, tire sur ses doigts, ne sait quoi en faire. On lit la souffrance sur son visage, et elle se sent de nouveau impuissante.
Vous devriez vraiment les attendre- autant parler à un mur, le résultat serait identique.
Ses doigts tordent ses mèches de cheveux, le stress n’en finit pas de monter à mesure qu’il s’occupe à déballer les compresses, se verser de l’alcool dessus, les poser sur sa plaie.

Il ne veut l’aide de personne, rejette toute intervention de sa collègue, alors que peut faire Téva ? A chaque fois qu’elle croise son regard, elle a mal de le voir souffrir.
Non ne me regarde pas, arrête.

Et ça s’arrête.
C’est fini.
Tout est fini.

Ça l’est.

La police arrive, les sirènes cessent à l’entrée du magasin.
Elle peut enfin pleurer.

Son amie lui a envoyé une centaine de messages, les notifications pleuvent sur son écran. Avec le dénouement, Téva peut lui signaler que tout est terminé, qu’elle est vivante, bien qu’elle ne voit plus rien avec les larmes.

Ce soir elle aimerait dormir chez ses parents, retrouver sa chambre d’enfant et manger les spaghettis bolognaises pas assez cuites que sa mère sert avec fierté.

On les guide vers la sortie, son visage est baigné par les derniers rayons de soleil. Ils réconfortent sans guérir du traumatisme.
Combien de temps cela va prendre, parce que la blonde se refamiliarise avec les sons de la ville et de la circulation, remarque l’attroupement sur le parking et elle a simplement envie de vomir.

@LETYLER
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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 14.01.24 18:50

L'orage

Avec SibbanE


Il y avait des émotions dans le regard de Téva que Tyler ne comprenait pas. Une ombre couchée dans ses prunelles, des mots coincés dans l'ourlet de ses cils, ou la peur, ou les questions. Si cela le fit légèrement, froncer les sourcils, il arrêta vite d'y penser quand il perçut le bruit des sirènes. La veste enroulée autour de la main, il poussa un soupir. Reclus dans ses émotions pour ne rien montrer. Ne jamais flancher. Il avait terriblement froid et chaud, l'alcool brouillait son esprit plus que ses blessures. Du Jack Daniel's comme désinfectant, on avait vu mieux.

Quand le garde-chasse se retourna, ce fut pour lever les bras en l'air en voyant deux policiers le viser. Son état, sa couleur de peau, son air détaché, tous ces détails lui portaient préjudice. Mais heureusement, Harris intervint en leur disant qu'il n'y était pour rien. Elle désigna ensuite les trois assaillants, dont un qu'on entendait gémir au loin, près du rayon cuisine. Puis on aboya à Tyler de rejoindre les secours.

C'était toujours la même chose avec eux.

Thompson avala sa salive, il déambula près de la caisse, jetant un œil aux policiers autour de l'homme. Il fut surpris de voir les portes automatiques se rouvrir sur la lumière, celle-ci lui agressa les yeux. Malgré tout, l'air était lourd, les nuages épais. Les sirènes, le bruit des gens, les regards, tout cela l'épuisa.

Puis Tyler remarqua la silhouette à la robe à fleurs, et aux baskets autrefois immaculées.

SibbanE semblait aller bien. Elle n'était pas blessée, c'était déjà cela. Les journalistes étaient déjà sur place, des androïdes placardés tout autour pour les protéger des questions. Le couple de personnes âgées était pris en charge, et Tyler grinça des dents en remarquant que l'épouse avait un œil au beurre noir.

Dans son silence, il avança vers SibbanE. À un pas derrière elle, il examina sa silhouette, sans trop savoir quoi dire. Il pressentait qu'il devait parler, la rassurer, lui promettre encore encore que tout cela était derrière eux. Qu'ils avaient survécu au pire, et qu'elle pourrait écouter sa musique, manger ses pâtes, râler contre la voisine aux cheveux bouclés.

Mais Tyler n'était pas un homme d'émotions. Il n'y avait pas de paroles qui venaient, en vérité, il se sentait un peu vide.

Dans le silence, où les sirènes et les gens se déchaînaient, il avala sa salive. Sa pomme d'Adam monta et remonta le long de sa gorge, puis sans produire le moindre son, il laissa sa lourde veste tomber sur les épaules de la jeune femme. Elle avait son odeur de sueur, elle puait les longues excursions en forêt, entre la boue et le parfum d'un feu de bois. Elle était imbibée de transpiration, un peu rêche, épaisse et pleine de poches.

Tyler avança encore, il respirait péniblement et désormais, il avait le vertige avec une forte envie de vomir. Il s'assit au bord des marches du magasin, ses pieds brûlaient dans ses épaisses bottes. Enfin, il se contenta de s'allonger complètement, ses longues jambes étendues devant lui. Ses yeux suivirent les mouvements de SibbanE dans sa vision périphérique, tandis qu'il remarquait l'orage se profilant à l'horizon. Des nuages gris, l'air électrique le calme après la tempête.

Ses traits se détendirent alors, il aurait pu sourire à l'idée d'être en vie. Ensemble. Avec Téva.

L'étreinte de l'inconscience se refermait doucement sur lui.

Il pouvait enfin se reposer.



KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 14.01.24 20:10

   

i will not water myself down to make me more digestible for you.
you can choke.

l'orage gronde

Téva ne veut pas avoir affaire au parterre de journalistes, aux curiosités malsaines et aux questions incessantes des médecins. Tout l’étouffe en cet instant précis et personne ne lui accorde la moindre tranquillité. Elle rêvait de sortir de ce cauchemar, pas d’en rejoindre un nouveau.

On l’intime de la suivre pour un examen de routine, le médecin l’aveugle d’une lumière blanche, on sert fort son bras pour vérifier sa tension, on claque des doigts et elle exprime une absence de réponse imminente ; c’est normal, cela reviendra dans quelques jours. Téva s’en fout, elle agite les pieds dans le vide, fixe longuement les traces rouges, n’a pas l’argent de s’en payer une nouvelle paire et elle ne sait pas si le sang part facilement sous la douche ou s’il faudra qu’elle se râpe la peau pour s’en défaire. Son sac est foutu, sa robe aussi, un horrible mal de crâne lui prend jusqu’aux tempes et pour cela on lui donne un doliprane. L’eau la ravive et elle se rend compte d’à quel point sa bouche était asséchée.

Ça va mieux les larmes ?
Oui j’en ai plus en réserve, l’humour est revenu, un mouchoir pour se moucher et elle sort de l’ambulance.

Le retour des flashs, des voix écrasantes et des policiers haussent le ton à leur encontre.

La chaleur extrême annonce une nuit orageuse, elle n’a plus son sachet de course - heureusement qu’elle n’avait rien payé.
Pendant que Téva se décide à ignorer le premier appel de Stéphie suite à son dernier message, elle est enveloppée d’une chaleur tout autre. Ce n’est plus l’air et l’été caniculaire, c’est une veste posée sur les épaules.

La silhouette de Tyler dénote, ça y est elle a envie de repleurer.
L’odeur l’interpelle à peine, trop occupée à réaliser ce qu’il vient de se produire.
A force elle a réussi à cerner les intentions dans ses gestes quand les mots n’existent pas. Le sourire s’affiche, tire ses traits du visage et il est facile de remarquer sa grande fatigue.

En tirant dessus, elle réajuste la dite-veste et l’excès de température ne la dérange pas.

Tyler s’échoue un peu plus loin tandis que la police scientifique investit les lieux condamnés de bandes jaunes bariolées.
L’hésitation la pousse à rester stoïque, pourtant son esprit lui crie d’aller le voir.

Finalement, elle y va.
Le silence qu’il instaure l’oblige à ne pas venir le troubler.
Elle patiente. N'a-t-il pas remarqué sa présence ?

Tyler ? Essaye-t-elle dans un premier temps.
Aucune réponse.
Il doit réfléchir.
Elle s'assoit près de lui, le copie et tend ses jambes, les articulations craquent et elle pousse un long soupir.
Merci pour tout, les poings serrés, elle n’a pas pour coutume de lui parler posément, il y a constamment une recherche de réponse dans ses prise de parole, Tyler a quand même de l’énergie pour ne pas fuir dès qu’il l’aperçoit - ou du moins de ne plus fuir autant qu’auparavant.

Aucune réponse, vraiment aucune.
Elle se retourne sur son visage, elle le découvre sous un nouveau jour et ça la perturbe. Il ne lui racontera pas d'où sortent toutes ses cicatrices, il ne se livre pas, mène sa vie de solitaire. Ses bonjours sont un miracle que Téva prend plaisir à renouveler dès qu'ils se croisent. Les sourcils se froncent, pourquoi il arrive à la rendre timide, ce n'est pas juste.
Et pardon.
Dommage que le destin ait voulu qu'ils traversent cette épreuve ensemble, il l'a soutenue, cependant peut-elle en dire autant.
Hm. Elle trouve cela bizarre qu’il ne réagisse pas. Un doigt tapote son épaule, puis un second et enfin une main.

La terreur.
Euh…EXCUSEZ MOI !, tous les visages se retournent de son côté.
Un médecin arrive.
Les questions fusent sur son prénom, son nom, ce qu’il a, Téva raconte tout ce qu’elle connaît de lui, elle s’imagine le pire ; une infection à cause de sa blessure mal entretenue, un coup de chaud à cause de la température, est-ce qu’il n’aurait pas de la fièvre ?

Elle laisse de l’espace aux secouristes, ou plutôt on le lui impose de se relever. Sa main posée sur le front de Tyler s’enlève et une policière la prend à part.

Il m’a aidé, il m’a sauvé c’est pour ça qu’il est comme ça. On lui a tiré dessus je l’ai entendu !
C’est ce qu’on nous a rapporté, vous étiez avec lui lors de la fusillade ?
Oui, tout le long avant qu’on soit séparés.
Vous êtes de sa famille ou de son entourage proche ?
Oui, parce que Tyler n’est pas comme elle, ils s’en sont pris à lui. Elle a retenu les insultes, les regards, les sous-entendus. En mentant la blonde croit le protéger de nouvelles accusations ou d’oublis, et si on ne prenait pas au sérieux sa détresse parce qu’il n’était pas blanc. Je, je - il comprendra sa décision - je suis sa copine, prenez soin de lui s'il-vous-plaît.

On note sa déclaration, l’assure que tout ira bien, sauf que Tev en a marre de cette phrase et insiste pour rester à proximité.

@LETYLER
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