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Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 12.05.23 23:38

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Les questions fusaient, comme des balles.

Tyler ne réagissait toujours pas. Parce qu'il n'avait pas à réagir. Sibban pouvait bien trouver sa réponse toute seule. Non. Bien sûr que non. Elle ne perdrait pas son travail, car elle n'avait rien fait de grave. Et puis, elle était blanche. Son monde de lumière était plus simple que le sien.

Il remarquait les regards. La limite dépassée au-delà de son intimité. Mais c'était une chose normale, parce qu'il ne faisait rien pour les cacher. Il n'en avait pas honte, il n'avait simplement rien à dire là-dessus. L'agitation infantile se manifestait depuis tous les côtés ; elle balançait des pieds, elle ne savait plus où regarder. Et Tyler qui continuait de ne rien dire. Quand il termina, se contenta de se relever. De nouveau, il alla se laver les mains pour se débarrasser des résidus de crèmes. Il les sécha grossièrement avec la serviette, avant de les essuyer sur ses cuisses.

Il remettait déjà son manteau quand Sibban posa la question.

Devant la porte, le corps tourné de trois quarts vers elle, Tyler plissa les yeux.

Pas la peine de lire dans son esprit pour comprendre.

Il se contenta d'ouvrir la porte, et de son ton toujours sans émotion, il déballa comme s'il récitait le Code pénal :

« Il est interdit de fumer dans le bâtiment. »

Ce qui ne signifiait pas pour autant qu'il était interdit de fumer dehors. Tant que Sibban jetait ses mégots de cigarette dans le cendrier, tant qu'elle respectait (scrupuleusement) les règles, il se fichait qu'elle perde son temps à s'encrasser les poumons avec de la nicotine.

Puis il revint. D'un pas silencieux, il se dirigea vers le placard où il trouva du doliprane et un gobelet. Il alla le remplir au robinet, avant de le déposer devant Sibban. Il se contenta juste de déballer la plaquette de Doliprane du paquet, sans ouvrir le cachet.

Bref, Sibban était une enfant. Coincée dans une espèce de corps d'adulte. C'était bien cela, laisser les femmes libres de s'exprimer et de se choisir une carrière. Ca commençait par des vêtements, du maquillage, et une nouvelle coupe de cheveux. Des demandes d'attentions muettes, la volonté de séduire pour remplir la matrice d'un chiard qu'elles se persuadaient aimer. Parce que les parents, Tyler ne pensait pas qu'ils aimaient vraiment.

Il soupira, très discrètement. Ses épaules s'affaissèrent, juste un peu.

Tyler jeta un oeil sur son vieux téléphone portable. Le genre de truc à clapet increvable. Puis il le rangea dans la poche de sa veste ; il avait besoin de retourner dehors. De revenir au calme de la forêt à la pluie.

Au moins, elle semblait aller bien.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 13.05.23 21:05

la haine.

Le silence incessant de Tyler réussit l’exploit de la réveiller petit à petit. Le mal de tête a beau scinder son cerveau en deux, elle retrouve de son énergie pour s’agacer de cette non réponse. C’est peut-être logique pour lui, mais tout le monde n’a pas le luxe d’être certain de ce qu’il adviendra de son avenir. Le poing se serre tranquillement, simple réflexe de sa colère naissante, remontant à la surface sans pour autant exploser. Pénible, pénible, pénible.

Je fumerai dehors c’est bon.

Elle se sent idiote de lui avoir proposé une cigarette, depuis quand elle fait preuve de gentillesse auprès de n’importe qui. Sacrée erreur de débutante. Le comprimé est vite avalé, ça y est elle en a marre de son attitude, de cette pièce, de cet état de faiblesse qui l’empêche de voir le monde en équilibre. Il mérite qu’on l’ignore au lieu de parler, elle aurait dû refuser sa main, la dégager d’un coup plutôt que de la prendre comme s’il n’était pas la personne l’ayant agacé depuis l’instant où elle a posé les pieds dans ce nouveau problème.
Les dents vont écraser le filtre, la fumée sortir entre deux canines, la langue râper contre son tatouage niché là où on ne le voit pas.

Tev commence à étouffer et triture son paquet bientôt vide jusqu’à passer le seuil du hall d’entrée. Les yeux se lavent de la vision de cette peau tiraillée par le passage du temps et des événements de la vie. C’est bien parce qu’il a préféré le silence qu’elle peut se permettre de faire comme si rien a été aperçu, retenu.

Traînant les pieds derrière celui qu’elle qualifie désormais d’homme de marbre, comptant centimètre après centimètre, remontant impatiemment le couloir et devinant la direction suivante par le mouvement lent des jambes de son guide. D’abord la tête, puis les jambes*

Le doliprane reste en stand by le long de sa trachée, elle doit déglutir à maintes reprises pour le sentir glisser. La main tapote à rythme régulier contre son torse pour accélérer le processus. Tout est chiant aujourd’hui, on se fout vraiment trop d’elle. C’est la pousser à l’ultime bêtise ça et après on lui tape sur les doigts, on lui retire son jour de repos et son pacifisme alors qu’on aura tout fait pour la provoquer.

Téva maudit l’univers entier. Peut-être qu’elle devrait réduire en cendres sa forêt chérie, oublier d’écraser son mégot et attendre que prenne le brasier. Non. Toby inutile d’intervenir, elle a compris et se coupe toute seule telle la grande qu’elle a du mal à être.

Satané Tyler Thompson.

La chaleur de l’intérieur est frappante quand elle affronte le froid extérieur. Elle lâche une injure discrète, les lèvres se pressent fort, les paupières se ferment immédiatement et tout son corps se soulève de frissons désagréables.
Il se met bien avec sa veste l’emo, après les chaussures c’est sa fine veste qui représente un piètre choix.

Ses paumes sont frottées entre elles, la mâchoire vibre sous un tremblement, les épaules s’agitent et elle se baisse pour descendre mieux son pantalon sur les chevilles. Ah. La crème fait son effet, ça va mieux d’un coup. La fraîcheur des doigts de Tyler revient et elle ricane.

On devrait pas juger un livre à sa couverture, mais punaise qu’il est facile à cerner dans sa froideur celui-là. Téva a encore PLUS H TE de lui dire adieu avec un big smile, celui qu’on réserve aux clients insupportables qui partent en insultant ton arbre généalogique et menacent de te mettre une pauvre étoile sur cinq sur google.
Qu’ils prennent leur café et qu’ils dégagent ouais.

Bref.
Un autre sourire apparaît, la délivrance du mal d’une douche douloureuse, des cheveux encore un peu humides et de tout ce qui s'ensuit.

Les doigts piochent dans le sachet, le bout du filtre piégé entre les lèvres roses, le papier déplié et on roule, on reproduit ce geste appris par cœur, une mécanique finement huilée.
La flamme au fond des yeux s’anime grandement, il manque plus que la vraie flamme pour allumer.

J’vais tellement pas me dépêcher, je m’en fous moi aussi, t’attendras pour rejoindre tes amis les piafs.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 14.05.23 12:48

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Leurs pensées se croisaient, et s'entrechoquaient. L'enfant d'un côté, et le survivaliste de l'autre. Deux extrêmes qui se dressaient en travers de la route, et qui refusaient de laisser passer. Pour autant, Tyler se fichait bien de ce que l'on pouvait penser de lui. Sibban pouvait lui promettre l'enfer, qu'il ne battrait pas d'un cil. Il ne croyait en rien, si ce n'était en lui-même. Si bien que lorsqu'une fois dehors, elle prit son briquet et sa cigarette, il leva le doigt.

« Non. Vous avez à faire. On a déjà perdu assez de temps. »

Pour ne pas dire : vous m'avez fait perdre du temps.

Tyler restait debout, droit, immobile. On le voyait rarement s'asseoir, il ne mangeait jamais avec les autres. Il restait planté là, d'une respiration légère et calme. À fixer Sibban avec ses yeux sombres, sans la moindre expression d'agacement. Pourtant, il était un peu agacé.

Le froid lui mordait les joues, la veste pesait lourd sur ses épaules. Puis un grésillement émergea contre sa poitrine, suivie d'une voix coutumière et étouffée sur son torse. Il plongea alors la main dans la poche, en répondant à sa collègue qu'il n'allait pas tarder à ramener Sibban. Celle-ci plaisanta en lui demandant si elle était encore en vie.

Visiblement, l'adulescente n'était pas la seule à considérer que Tyler du haut de son 1m89 de froideur était taillé pour devenir un tueur en série, et faire la une des journaux ou à inspirer les scénaristes de Netflick. Dans tous les cas, restait qu'il avait tué une fois et qu'il n'allait jamais recommencer. Un jour, il avouerait son crime. Quand son père ne serait plus là.

En attendant, à défaut de vivre sa meilleure vie, il s'infligeait la présence d'adulescente fatiguée qui n'avait pas assez de bon sens. Qu'elle s'encrasse les poumons avec sa nicotine, il s'en fichait. Il ne sera pas là quand elle se plaindra de ses mômes, et quand elle se retrouvera incapable de monter les escaliers de son petit appartement.

Tyler claqua des doigts, en désignant la route pour revenir vers les autres. Sans même attendre ni s'excuser de ce geste plus que méprisant, il reprit la marche.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 14.05.23 14:32

la haine.

« Non. Vous avez à faire. On a déjà perdu assez de temps. »

Non.
Vous avez à faire.
On a déjà perdu
assez de temps.


Ouh. Ça monte illico au cerveau, ça recinde les synapses et la seconde suivante Téva le regarde, ses mains s’activant toujours dans leur affaire précise. Elle le regarde et parfois il n’y a pas de mots plus forts et significatifs que ceux qu’on pense très fort sans pour autant les dire. Oui. Oui. Oui. Quand elle est sur le point de vriller, elle se répète toujours plusieurs mots très simples et reformule encore et encore la provocation de son vis-à-vis. Il veut pas que je fume maintenant parce qu’on a plus le temps, il veut pas car on a plus le temps donc je ne peux pas fumer. Je suis tombée donc on a plus le temps, il m’a soigné alors je peux pas fumer. La conclusion reste identique, il ne lui autorise pas sa cigarette.

Vous croyez que Téva est attentive aux ordres quand on les lui donne avec si peu de scrupule ? Tyler aurait bien raison de la traiter de sauvage, mais Sibban sait qu’elle n’est surtout pas son chien. Son claquement de doigts est le summum de l’incitation à ce qu’elle devienne vraaaiment violente.

J’crois pas que vous m’ayez bien comprise.

Ses doigts vont plus vite, sa langue lèche le filtre, il est replié, tandis que le briquet allume à vitesse éclair la clope désirée depuis le moment de sa chute et elle la met très vite entre les lèvres, comme une gamine qui a trop pris de bonbons et les enfonce en bouche avant que sa mère vient  lui faire tout recracher.

On ne saurait expliquer en détail ce qu’il se passe dans sa tête, si ce n’est qu’on a la preuve de pourquoi elle a été punie. Elle s’élance et on jure qu’elle va le frapper, qu’il écrive dans mon dossier que je l’ai tapé, que je lui ai fait cracher sa salive, la pommade n’a pas un effet surpuissant sur sa violence, ça la tire à nouveau, moins fort, la douleur est tolérable à l’image du premier coup de poing qu’on se prend en pleine joue. C’est l’appel de l’adrénaline qui sert d’anesthésiant.

Tev s’arrête pourtant, en plein action, le pied est levé dans les airs et Tyler peut continuer sa route comme si de rien était sans savoir ce qu’elle s’apprêtait à commettre comme grave erreur.

Elle se stoppe car il y a un tic tac qui fait bouger ses pupilles de droite à gauche, de gauche à droite.Le calme avant le déferlement, la prise de conscience qui craque dans un gloussement.

Dégagez ouais, très bien parfait même, acquiesce-t-elle, DE-GA-GEZ, parce qu’elle ne compte pas bouger. Les bouffées de fumée s'enchaînent, elle les lui souffle insolemment en sa direction pour le chasser. Ses semelles frottent le sol plus propre que celui de l’endroit vers lequel il veut la tirer prématurément. Elle pose ses fesses, croise les jambes et déguste avec effronterie l’instant qu’elle s’est permise. On ne lui refuse rien, on ne lui impose que ce qui est permis, la limite une fois franchie ne peut plus être tracée. Il la pense hystérique, fille pourrie gâtée, sans père et sans repères ? A la bonne heure. Téva trouve qu’elle a été parfaitement cordiale jusqu’à maintenant alors qu’il mériterait un tacle par derrière.

Ciao Tyler, bon débarras ♪ qu’elle se met à chantonner. A ce qu’il parait, elle ne risque pas de perdre son emploi à cause d’une bêtise aussi minime, cela ne lui a pas été dit clairement et si elle a mal déduit, elle reviendra le voir pour lui demander d’une façon moins sympathique quel est son problème.

Téva est dans la pire des humeurs, à se croire au-dessus de tout et notamment des règles. Sa jauge de karma dans le rouge, elle ne craint rien, attend qu’il parte en soupirant, sans rien dire parce que pourquoi PARLER. Et en partant, il la traitera de gamine, avouera peut-être que c’est pour cela qu’il a divorcé de sa femme - non c’est elle qui a divorcé en fait -, qu’il ne voit plus ses enfants - Tyler en papa, ew, elle grimace - , que la jeunesse ce n’est plus ce que c’était, blah blah blah. Un discours à son image, barbant et soporifique.

Téva Sibban a gagné, elle a sa cigarette (la suite vous fera rire, pas elle.)

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 14.05.23 17:06

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Tyler l'entendit. C'était simple : les gens laissaient passer beaucoup d'informations. Du ton, au mouvement qu'il perçut. Son ombre projetée sur le sol, ou encore son instinct. Il était déjà prêt à se retourner quand elle s'arrêta, alors que ses muscles se tendirent. Il serra le poing, les dents, avant de prendre une profonde aspiration. Presque silencieuse, les yeux fermé, il expira pour taire la violence. Celle qui déchirait ses nerfs, celle qui menaçait sa tranquillité. Celle héritée de son père.

Elle est ridicule. Avec son pied levé. À croire qu'elle peut toucher un mec qui a fait l'armée. Qui a écrasé le visage d'un camarade de classe pour moins que ça. Enfant, il mordait. Adolescent, il frappait. Adulte, il tirait. Alors il se contenta de lui jeter un regard par-dessus son épaule. L'expression totalement fermée, le visage sévère. Les yeux noirs ayant fermé le peu d'émotion qu'il s'autorisait à transmettre. Et il y avait là, le plus simple des avertissements. Il ne lui ferait pas de mal, en théorie.

Mais il avait bien étranglé Méryl pour moins que cela. Il avait (?) frappé (?) un enfant (?) qui avait joué à le surprendre (?). Levé la main (?) sur une femme (?) qu'il avait sous-estimé (?). Mais pas le temps d'aligner une parole, une remontrance. Sibban lui déroula tous ses caprices, frustrée pour une simple cigarette. Vraiment. Une peste. Comme les gamines de sa classe qui critiquaient son ami et lui, qui se moquaient de ses cicatrices, ou du fait qu'il ne connaissait pas toutes ses conjugaisons à 12 ans.

Elle réveilla quelque chose en lui. Oh Tyler n'était pas stupide. Il savait que s'il levait la main sur elle, c'était lui qui serait mis au placard. On ne frappe pas une femme. Surtout quand elle est blanche, et qu'on est Inuit. Qu'on ne lui fasse pas croire que tous les hommes étaient privilégiés. Parce que ses privilèges s'arrêtaient aussitôt qu'on lui faisait savoir que « les gens comme lui finissaient alcooliques ». Ils avaient été avortés dès lors qu'il était né métis.

« Vous n'êtes qu'une gamine capricieuse, lâcha enfin l'homme. Il la fixa droit dans les yeux. Impassible, même si la tension grimpait le long de ses épaules, et qu'il avait la tête légèrement baissée. Il ajouta : et vous manquez de cran. »

Pourquoi s'était-elle arrêtée ? Parce qu'elle avait peur d'abîmer ses chaussures ? Ou parce qu'elle n'avait aucun sens de l'équilibre ? Tyler ne bougea plus. Comme figé dans sa posture, le regard sombre et mauvais. De loin, on aurait pu le prendre pour un lynx qui s'était arrêté de bouger. Les sens aux aguets, prêt à sauter sur sa proie.

Elle pouvait se moquer de son prénom. Elle pouvait fanfaronner pour se rassurer. Lui, il s'en fichait. Parce que ce n'était pas lui qui se retrouverait avec une sale appréciation à la fin de la journée.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 14.05.23 18:03

la haine.

A quel prix.
Sa chansonnette se termine à peine qu’elle voit qu’il n’est plus sur le départ. Elle avale la fumée, celle-ci ressort des narines et brûle sa gorge. Sans broncher, les jambes se déplient et sont ramenées contre la poitrine. L’ongle tapote et les cendres s’échouent sur le parterre.
Elle assise, lui debout ; la différence de taille, de pouvoir, d’esprit (non attendez, il répond à sa provocation il y a balle au centre). Et surtout de violence retenue.

La première phrase tombe, ce n’est que l’écho d'antan des surveillants désespérés. Bienvenue au club des adultes énervés par le comportement de cette supposée femme responsable. Elle voudrait plaisanter et accuser les triplés d’avoir déteint sur elle, mais ça ne sort pas, rien de bon et de positif ne sort de sa bouche. Même sa salive a un goût amer. A cause de lui. Heureusement qu’il l’a soignée avant, imaginons qu’il devrait le faire après cette altercation. Sa main s’écrase contre son visage, trace les traits fatigués de sa pâleur.

Le rire reste prisonnier par la rage. Elle, manqué de cran ?
J’avoue, vous, vous manquez pas de cran pour m'insulter. Ça vous démangez depuis le début hein. Faites pas de fautes quand vous écrirez dans mon dossier. Ah. Elle écrase le bout et cherche des yeux une poubelle, Au fait c’est pas SibbAN, mais SibbANE. Enfin Téva peut le corriger, il lui aura fallu une matinée entière.

Son regard la déstabilise, elle ne mentira pas à ce sujet car elle aura du mal à se rendre crédible. Il va la taper ? Il va l’attraper par les cheveux quand elle viendra à sa hauteur ? Automatiquement, Tev passe en mode alerte rouge et le côtoyer devient dangereux. Pas plus bête que la moyenne, elle saisit qu’elle a aussi franchi la frontière de l’acceptable. En se relevant, le picotement se réveille et son haut est soulevé pour admirer la laideur de sa peau. Bon c’est sûr qu’avec ce cadeau empoisonné elle ne pourra pas draguer de si tôt.

L’issu de leur rencontre était couru d’avance, et physiquement aussi : enfin il avait l’air cool avec ses tatouages apparents, maintenant ce n’est pas les compliments qui lui traversent l’esprit.

Poubelle trouvée, mégot jeté. L’oeil averti remarque que sa silhouette n’a pas bougé, son attention aussi a été gagnée et un long frisson remonte son échine.
Quand tu es bourrée et que tu veux passer les portes d’un bar sans te faire arrêter par le videur, quand tu as refais ton stock de beuh et que tu vois le véhicule de la police garé sur le bas côté.

Ses doigts claquent silencieusement, le stress ralentit sa marche. Les paumes moites sont essuyées contre le tissu prêté. La poche à nouveau pleine du sachet et du briquet, la blancheur discutable des chaussures se rapproche de la zone de danger.

Pas ciao Tyler, pas ciao Tyler.

C’est simple, elle ne veut plus le regarder droit dans les yeux - son regard peut la sonder, sa tête demeure tournée vers le côté - elle attend qu’il avance, torture sa peau de griffures pour calmer les nerfs mis à rude épeuve. Elle ne manque pas de cran, qu’il la recroise en dehors de son travail, qu’il la recroise près de chez elle ou ailleurs, il verra de quel bois elle se chauffe et si c’est une femmelette comme il doit forcément le penser.
Non, elle n’en manque pas, elle avait juste l’impression de se lancer dans une mission suicide.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 14.05.23 19:20

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Tyler fronça (légèrement) les sourcils quand SibbanE lui déclara qu'il l'avait insulté. Rétrospectivement, il admettait qu'elle se trompait. À aucun moment il n'avait élevé la voix, ni balancé une remarque autre que « gamine capricieuse » — ce qu'elle était objectivement. Mais pour lui, « insulter », c'était utiliser de gros mots ou des remarques racistes. C'était quelque chose de clair, et inscrit dans la voix. Or, il n'avait jamais insulté personne. La plupart du temps, il se contentait de les décrire. Alors Tyler se contenta d'un :

« Dire la vérité, ce n'est pas insulter. »

Il se retint d'un « mademoiselle Sibban », vexé qu'elle ait remarqué (peut-être) qu'il peinait avec l'orthographe. Le français n'était pas sa langue naturelle, même l'anglais n'avait pas été si facile. Son père avait estimé que les devoirs étaient une perte de temps. À quoi bon rendre de grandes dissertations de littérature, quand on avait un fusil de chasse entre les mains, et une biche en ligne de mire ? Il n'ajouta rien de place. L'émotion parlait pour elle ; c'était le lot des femmes. Leur sexe les rendait par nature hystériques, il fallait se méfier. Un mot de trop, et voilà qu'elle faisait de grands drames. Parce qu'il était vrai et entier, Tyler. Dans toute sa froideur. Il lui désigna la route pour la laisser passer devant lui.

Et Thompson remarqua la peur. Celle qu'elle taisait au fond de sa poitrine, derrière une fierté superficielle. Il ne lui restera rien quand elle sera trop vieille, juste ses ovaires brûlés par trop de fumée de cigarette.

Oui, il était horrible. Et oui, il s'en fichait.

Dans son dos, il se déplaçait en silence. Dans d'autres circonstances, il aurait eu un fusil accroché à son épaule. Et là, SibbanE aurait eu une bonne raison d'avoir peur de lui. En théorie. Dans la pratique, Tyler ne frappait qu'en cas de légitime défense. Il se laissait insulter sans rien dire. Disciminé au quotidien sans même battre des cils. Critiqué et moqué. Bref, un vrai saint.

Si bien qu'une fois revenu vers le groupe, il désigna à SibbanE les affaires laissées là. Qu'elle serve à quelque chose, et ramasse les déchets. Il en avait assez d'elle, en fait, il en avait assez du sexe faible pour les jours à venir.

Dans un coin, adossé à un arbre, Tyler ne répondit pas aux questions soulevées par sa collègue. Et celle-ci, à force de le côtoyer s'était fait à l'idée qu'elle ne lui arracherait jamais rien. S'il répondait, c'était qu'il allait pleuvoir des billets de banque le lendemain.

Difficile de voir sa mauvaise humeur. Peut-être dans ses bras croisés, et dans ses yeux fixés sur SibbanE. La prochaine fois, il n'allait pas se montrer aussi doux.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 14.05.23 21:07

la haine.

La vraie malédiction n’est pas cette journée, c’est son regard noir à lui.
Elle n’est pas rassurée de le savoir dans son dos, s’efforçant du mieux qu’elle peut à maintenir ses yeux sur le chemin qui s’ouvre devant elle. Aucune nouvelle chute ne sera permise, pas par peur des blessures, mais parce qu’elle le sent gronder de colère à l’avance. Et qu’il ne voudra pas la soigner.

Les retrouvailles avec le groupe ont un vent de nostalgie inexplicable, d’apparence Téva est Téva, on la charrie de cette attente longue et elle sent venir les blagues salaces sur l’absence. Elle ne parvient guère à esquisser un sourire ou à rétorquer, c’est dire si elle adresse une marque de reconnaissance. Non, elle a autre chose à faire que de surfer sur leurs commentaires de puceaux.

Par contre, la vision de sa collègue plus gentille lui arracherait presque de l’émotion. Elle a envie de voir sa mère, de manger son plat de pâtes signature et de subir sa série télévision qu’elle déteste depuis avant même sa naissance. Mais sa génitrice est saoulée en ce moment et lui a fait comprendre de la laisser tranquille le temps que ça s’arrange. Téva attend depuis cinq semaines.

Elle met une paire de gants neufs, empoigne le sachet et repart à la tâche comme si de rien était. De rien était étant le mot clé. Ses pas l’éloignent de la zone trop proche de surveillance du garde chasse, qu’il l’oublie au maximum, qu’il se focalise sur quelqu’un d’autre. Pitié allez.

Étrangement, les feuilles offrent un très beau spectacle sur quoi focaliser son attention fébrile, la blonde s’amuse du craquèlement quand on marche dessus et quand elle croit le voir bouger, elle se remet au travail. Les doigts se serrent davantage autour du plastique jusqu’à ce que les ongles le percent à travers toutes les couches. Elle est pas faible, elle ne manque pas de cran, elle sait taper et insulter, c’est juste. Qu’elle a senti un truc passer.

Le doliprane lui donne envie de dormir encore plus, les effets indésirables que les vieux ressentent, elle les ressent aussi. Le souvenir d’une pause pourrait la rassurer, sauf qu’elle parie qu’il ne va pas le lui accorder. Vous avez assez- même ça elle ose plus le faire. On ne l’imite plus, on ne lève plus rien sur lui, on l’ignore, l’imagine parti et il y a moyen que cela soit bientôt la fin.

Madame ! Je vais juste là-bas, j’ai vu des déchets.
On ne parle qu’à sa collègue. Celle-ci acquiesce, Téva quémande par son expression corporelle que ce soit elle qui la suit, évidemment problème de connexion oblige l’autre idiote de côté l’interpelle aussi.

Toute façon, elle ne s’éloigne pas trop, on la voit depuis le spot principal. Et ce n’est pas un remake d’une scène passée. Cqfd : inutile de la suivre. Tev reste très sage dans sa requête, les papiers, les emballages, les canettes, il y a même un gâteau qui traine qu’elle lance aux oiseaux alentour. Une vraie prouesse dans le comportement, que s’est-il donc passé pour un changement aussi drastique ? Haha. Ha.

Les flashbacks de guerre surviennent en voyant la terre boueuse. Un pied après l’autre, une leçon apprise de la pire des manières doit être impérativement retenue. Elle glisse, se retient à un tronc d’arbre et lâche un merde.

A l’époque, quand sa petite bouche crachait sur les vêtements et chaussures de marques de ses camarades, après que son père lui ait infligé une fessée, c’était comme un reset : le lendemain tout était rose bonbon, petite diablesse devenue ange qui disait bonjour à ces dits camarades et surtout plus de crachats, que des compliments. Elle pleurait tout le temps parce qu’elle désirait porter autre chose que les robes de Primark. Encore aujourd’hui elle se fringue là-bas. Tout ça pour dire qu’il avait raison Tyler, c’est une gamine capricieuse, envieuse, turbulente. Mais pas que.

L’effort la fait transpirer, elle a ses cheveux collés au front et son endurance avec les années à Strarbucks ne dure pas très longtemps. Les genoux craquent, le dos souffre et il y a trop de silence. A la maison ça a toujours beaucoup crié, au café aussi, chez les Denis aussi et à la coloc pareil : Stéphie met soit la télé soit spotify.

Le ventre gargouille, bah oui chaque minute sa peine !
J’ai faim, j’ai faim rechante-t-elle, cela couvre le calme, ça l’occupe pour ne pas sombrer.

Madame, la pause arrive bientôt ?  fit-elle sans lever les yeux du sol (il y a un oiseau rouge qui mange des miettes) Madame est sympa, madame lui répondra, ELLE.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 14.05.23 21:53

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Madame.

Madame.

Madaaame.

Tyler laissa juste ses yeux suivre les actions de SibbanE. Toujours en silence. De toute façon, s'il affichait un autre air que celui d'un poisson mort, on racontait qu'il allait exploser. Dans tous les cas, au bout d'un moment, il se contenta de ne plus trop y porter d'attention. Sa collègue était plus maligne et empathique que lui, si bien qu'elle ne lâcha rien sur ce qu'il s'était passé. Elle ne faisait que supposer, tout en échangeant avec SibbanE.

Alors que les rumeurs allaient bon train, Tyler attendait. Lui aussi, il sentait le temps passer sur sa peau avec une lenteur improbable. Alors quand Sibbane demanda quand était la pause, il échangea un coup d'oeil avec sa collègue. Des pauses. Pour quoi faire ? Il n'en prenait que pour manger. Et il détestait attendre que les choses reprennent leurs cours. Peut-être parce que (habituellement) Tyler aimait ce qu'il faisait - les astreintes, la solitude dans la pluie, le calme dans le froid.

La journée allait bientôt se finir, voyons un peu de patience.

Tyler décroisa enfin les bras. Avant de ramasser un papier que la fille à papa avait omis sciemment de ramasser, il le jeta en lui disant de faire attention. Une menace encore, qui sonnait plus comme un reproche. Il passa ensuite devant SibbanE.

Il aurait préféré que les bavardages les concernant portent sur autre chose que des trucs graveleux. D'abord parce qu'il s'en fichait, mais ensuite parce qu'il n'aimait pas qu'on se mette dans le crâne qu'un type de son âge puisse se taper une adulescente. Ce n'était pas correct.

« Je ne couche pas avec des enfants. »

Lâcha-t-il à l'attention du gamin, aussi grand que large, qui depuis le début avait envie de répandre sa testostérone dans tous les sens. Et les choses auraient pu s'arrêter là, si l'autre n'avait pas eu l'idée de lui dire que pourtant « dans sa culture, ça se faisait ». Tyler se figea, il le fixa par-dessus son épaule. D'une voix indifférente, il lui demanda de s'expliquer - il prétendait ne pas avoir compris. Les rires se turent aussitôt, et le gamin se mélangea dans ses explications.

Puis il parla des camps. Enfin, non. Des « pensionnats ».

La collègue de Tyler les arrêta aussitôt, alors qu'il s'emmurait dans un silence réconfortant. Il serrait le poing, sous sa veste, sa mèche de cheveux qui traversait son visage comme une lame. Il était bientôt l'heure, allez, du nerf les jeunes. Bientôt la fin, et vous serez libéré.

Mais quand même. Le Canada avait suffisamment payé pour « rien ».

Tyler inspira en bloquant sa respiration dans sa poitrine. Il reprit plus ou moins vie quand l'autre s'éloigna pour attraper un bout de carton. Il croisa le regard de SibbanE, et il se figea de nouveau. L'air de dire « quoi ? »


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 15.05.23 20:21

la haine.

Ses magouilles marchent bien, ses madames captent à merveilles l’attention de la collègue et sans que cela ne paraisse suspect, elles interagissent pendant qu’il s’occupe des autres. Elle s’évertue d’ignorer le moindre bruit par crainte de tomber nez à nez avec lui. Ce nettoyage déjà assez mouvementé jusqu’à présent aurait pu se poursuivre dans l’exemplarité qu’on leur avait demandé depuis le début.

Cependant, quand ce n’est pas Téva et sa grande bouche, c’est le mec du trio et sa stupidité affligeante. Elle ne prête pas du tout attention à ses gestes suggérant ce qu’il prend vite soin de décrire à voix haute au travers de commentaires déplorables. De marbre devant autant de démonstration de connerie humaine, Tev ramasse, jette, ramasse, jette, s’arrête pour étirer son dos, palper ses bleues - pourquoi on appuie dessus alors qu’on sait pertinemment que ça va faire mal ?. Bref une routine protocolaire qui a pour but de la garder loin de nouveaux ennuis. Oui mais voilà, c’est possible de prédire le comportement d’autrui, moins de les empêcher.

La remarque tombe, celle de Tyler suit et la jeune femme s’arrête dans son geste. Elle prend un moment pour lever les yeux au ciel, se demande si mercure n’est pas en rétrograde pour que toutes les merdes inimaginables s’enchaînent pour sa pomme. La discussion continue et elle suit sans tout comprendre, l’histoire du Canada est connue de tous ses citoyens, ce dont ils font mention doit lui revenir. Elle fouille dans sa mémoire, dans ses connaissances, dans l’actualité récente ou ancienne. Ah. Ça sonne quelques cloches là-haut. Elle n’avait pas tilté, c’est tout con. Le caractère de Tyler avait primé sur les détails de son apparence, de ces traits qui le renvoient clairement à ses origines moquées ici-même.

Inconsciemment, elle se cache derrière son sac poubelle, rencontre le regard perdu du type et brandit son pouce pour le baisser vers le sol, t’es mort. Le sourire ne quitte pas ses lèvres, le piercing passe entre ses dents tandis que la langue est tirée à la va-vite. Des mains de qui doit-il se demander, m’enfin la réponse est plutôt évidente. Ce n’est qu’une question de temps.

On impose le calme, renvoie tout le monde à ses responsabilités et son travail. Sibban reste une dizaine de secondes à observer Tyler. Il lui paraît tendu et heurté à juste titre par ces propos. Ça n'a pas de sens. Elle ne peut rien y faire, il n’attend rien de sa part aussi. Alors devant son air, elle se fige à son tour.
Un sentiment bizarre fait se tordre son coeur, oh elle reconnaît l’amertume de la culpabilité.
Fumer lui ferait du bien, mais monsieur ne tire aucun avantage à ce qu’il partage ne serait-ce qu’une cigarette ensemble. Non, c’est fini. Pff, elle n’aurait pas dû chuter et en plus il n’y a pas de pause de prévue.

La faim lui file des crampes d’estomac, la vision du visage du gamin lui donne la nausée. Qu’on ne l’associe pas à eux, elle a causé pas mal de dégâts, mais pas au point d’être insultante - enfin pas de cette façon-là.

Ma-, elle soupire, mon sac est plein j’en fais quoi ?
Aussitôt pris, aussitôt remplacé par un autre ; on ne bronche pas on a dit, on se tait et on bosse.
Chaque messe basse suspecte attire son regard foudroyant, qui est le coupable, de quoi parle-t-iel, elle devient parano la Sibban.

Enfant, enfant, j’ai vingt-deux ans moi, marmonne-t-elle dans son coin.

Elle entend des psst, un doigt d’honneur y répond et la collègue l’interpelle d’un Sibbaaan !
Bah Sibbaaan en a plus que marre de traîner avec ces cas sociaux. Le coup de pied est parti tout seul, il a tapé dans une pierre qui heurte la cheville de Thompson.

Désolée, désolée, le second plus grave se référant à toute cette histoire puérile.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 15.05.23 22:20

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Tyler ne rajouta rien.

Parce qu'il n'y avait rien dire. Parce que les bourgeois ne comprenaient rien. Parce que c'était comme ça. Un non-sujet, creusé dans le racisme et le classisme. Alors il laissa l'autre idiot jouer des épaules, ricaner au geste de Sibban qu'il vit de loin. Pas de menaces. Pas ici, en tout cas. Puis bon, ce n'était pas comme si une fille pouvait battre un homme. Un non-sens de fable féministe, des mensonges mettant dans le crâne des petites filles qu'elles pouvaient être autre chose que des ventres.

Tyler glissa un oeil sur une énième « madââââme » qui éclata au loin, avant de retourner son attention sur les autres adulescents. Il ne bougea pas de son poste, même lorsque le caillou heurta sa chaussure. Sibban recouvra son attention — cela semblait tellement lui manquer. Il fixa la pierre, puis il releva les yeux sur SibbanE.

Pas un mot, son regard s'intéressa aussitôt à autre chose.

L'indifférence, c'était une arme comme un bouclier. Thompson s'en servait autant pour frapper que pour se cacher. Mais dans la situation actuelle, il avait retrouvé son humeur toute pleine de neutralité. Pas de réponse aux excuses, pas de remarque au racisme évident du garçon.

L'habitude, dira-t-on.

Il reconnaissait les signes de provocation. Lui aussi, il avait été au lycée. Lui aussi, il avait eu vingt-ans ans. Il n'était pas nul dans les relations sociales ; il n'y trouvait juste jamais son compte. Alors les choses reprirent leurs cours, le temps s'écoula avec une lenteur hallucinante. Même passé deux heures à la poste aurait été plus agréable qu'une minute avec le garde-chasse.

Un coup d'oeil sur sa montre, puis sa collègue lui informa qu'il fallait bientôt les libérer. Il était dix-sept heures bientôt, et il fallait terminer sur la paperasse. Elle lui proposa de s'en charger, alors que lui serait de corvée de raccompagnement. Malgré tout, ce fut elle qui héla le petit groupe pour leur informer que leur journée de labeur touchait à sa fin. Elle ajouta qu'il fallait suivre l'agent Thompson. Et l'agent Thompson, toujours aussi aimable qu'une porte de prison leur fit signe de le suivre.

Sur le chemin du retour, l'homme écouta d'une oreille les bavardages. Les regrets et les remords, les reproches et les remarques. Puis une fois qu'ils furent rentrés, il fit une dernière fois l'appel. Il leur désigna un tas de prospectus calés dans le coin de son bureau, avant de soupirer :

« Vous avez oublié vos affaires, Mademoiselle Sibban. »

Sans un mot de plus, Tyler se baissa et ramassa le sac où se trouvaient les vêtements sales. Il les lâcha sur la table, sans faire ou dire plus.




KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 16.05.23 19:06

la haine.

Mains posées à plat sur les cuisses, un dernier effort pour se relever définitivement. Sa tête qui oscille de droite à gauche, a-t-il même entendu ses excuses ? Téva conclut que ce fut une belle perte de temps et elle se promet de ne plus se donner autant de mal pour un résultat aussi moindre. Peu inquiète car il y a aucune chance qu’elle remette les pieds ici, si la prochaine fois elle devrait se bagarrer elle le fera encore plus discrètement que sur un trottoir bondé. Comprenons bien qu’elle n’est pas décidée à calmer ses ardeurs et contrôler ses pulsions. La stratégie doit juste être revue.

Le soulagement est immense quand sonne l’heure de rentrer, Tev se contente de suivre le troupeau et de tripoter sa poche avant de comprimer son ventre pour taire les gargouillements. La porte de sortie est si proche, en sortant elle ira s’acheter un bon mcdo sans avertir Stephi en guise de vengeance. La vue imaginaire du plateau garni la fait saliver d’avance.
L’appel de chaque nom connu par coeur filtre dans ses oreilles, ses yeux noisettes fixent au coin le dit-mec s’étant montré trop bavard ; ses doigts tripotent son pantalon, le tissu est pincé entre les phalanges trahissant son impatience de lui faire manger le sol quand la première occasion se montre.

La voix de Tyler la dévie de son plan, ah oui ses affaires.
Elle tire sur le haut porté, est-ce qu’il faut qu’elle revienne les rendre ?
Nul envie de poser la fatidique question car hors de question qu’elle se ramène une nouvelle fois ici. En demandant à l’autre collègue, il y a probablement un moyen de contourner cette obligation.

Le sachet est repris sans formalité si ce n’est le silence tant apprécié. Ceci marque un adieu, adios, au revoir pour de bon ; il n’y a pas de lueur étincelante dans les yeux, pas de poitrine qui s’abaisse d’un souffle relâché. Il y a par contre l’accumulation d’une fatigue qui pèse sur les épaules, l'affaisse et ne la quitte pas.
Elle ne sait pas combien d’heures elle risque de dormir ce soir, mais ce qui est sûr c’est qu’elle ira sombrer dans un sommeil aussi lourd qu’on risque de la croire passer de l’autre côté en tentant de la réveiller en vain.

Pas de salutations supplémentaires, le pas est pressé pour aller fumer avant de retourner à son quotidien.

La flamme contraste avec le ciel gris, une cigarette de grillée et l’attention sous-pesant les bruits de pas dans son dos. Elle les entend bien, ce n’est pas lui, mais lui là.

Maintenant qu’elle s’interroge, il s’appelle comment ? Nicolas, Mathieu, Julien, Thomas ? Tom ! Voilà.

Téva reste, elle attend son moment privilégié, un rire gras qui torture ses tympans.
Certains rient les yeux ouverts, d’autres fermés tellement qu’ils s’égosillent. Mauvaise habitude.
On dit qu’un coup de pied bien placé fait vrier même un géant, enfin son père lui a assuré ça en regardant le catch jusqu’à minuit, le son de la télé sur quarante.

Et depuis, elle s’y essaye.
La semelle ternie de terre et de boue qui se plaque contre l’arrière du genou, l’impression d’assister à la chute du mur de Berlin, les résistants applaudissant d’embrasser cette liberté. L’expression surprise de Tom-Tom entachée de salive, le pétasse tu m’as craché d’ssus est un bon indicateur qu’il faut qu’elle écrase sa cigarette et s’en aille vers de lointains horizons. Le sac s’agite avec sa course - pas du tout effrénée parce qu’elle a vite un poing de côté. Ses vêtements empruntés ne seront jamais rendus.

Elle ne peut pas le frapper plus ici, cela craint trop et ce serait tendre le bâton pour se faire taper en retour. Mais elle a fort espoir de le recroiser à l'écart de Tyler.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 16.05.23 20:52

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Pas un mot de place.

Tyler avait trop parlé, sa voix était devenue trop rauque et fatiguée. Il avait explosé son record de mots en une seule journée, et désormais, il observait la silhouette de Sibbane disparaître dans le couloir. Puis, il rangea un peu la pièce. Il ramassa des bouts de papier oubliés au sol, il remit les chaises sur les tables. Il effaça le tableau, puis il refit ses lacets. Parfois, ils se défaisaient tout seul, sans qu'il ne s'en rende compte. Il quitta la pièce après avoir éteint la lumière.

Restait le vide de son existence ; la fin de journée annoncée par la lumière vacillante du soleil. Il se rendait compte combien l'Alaska lui manquait. Il faisait nuit tôt, parfois plusieurs jours de suite. Et surtout, surtout, il se rappelait de cette quiétude dans sa poitrine. Quand lui et lui étaient venus contempler les aurores boréales. Des cicatrices fluorescentes qui déchiraient le soleil. L'ouverture sur la Voie lactée, les étoiles scintillantes. Le froid de la neige sur la peau, et la chaleur de l'amitié dans son coeur.

Thompson démarcha, tranquille. Il notifia que Sibban était rebelle sur sa fiche d'appréciation, en détaillant leurs conflits. Il ne répondit pas à la remarque de sa collègue sur sa dureté.

Les choses auraient pu rester là, si des voix familières ne l'avaient pas interpellé. Dans un coin du bâtiment, pile à l'endroit où il rentrait. Il entendit des insultes, et quand il arriva, il était déjà trop tard. S'il ne vit pas SibbanE faire tomber Tom, il vit ce dernier accourir vers elle en la traitant de tous les noms. Il lui agrippa l'épaule.

Alors là, Thompson réagit.

Un seul pas, une enjambée de géant. Et ses doigts qui se refermèrent aussitôt du poignet. Une laisse de chair et d'os, une force qu'on ne soupçonnait pas toujours sous ses airs livides. Tom grogna, il lui ordonna de dégager. Et Tyler s'emmura dans un long silence, un regard aussi noir que ses cheveux et de l'encre.

« C'est elle qui a commencé ! Elle m'a craché dessus.
— On ne frappe pas une femme.
— Oh ta gueule, j'vais t'apprendre... »

Tom remua, il essaya de le frapper au ventre. Tyler esquiva — un simple pas en arrière -, puis son pied frappa sa cheville. Il lâcha alors son poignet, juste à temps pour l'examiner s'étaler au sol. Et de toute sa hauteur, Thompson désigna le bâtiment des gardes-chasses.

« Vous deux, dans les bureaux. Et tout de suite. Les autres, partez. »

D'une voix toujours aussi douce, qui cachait l'aigreur du coeur, l'aspérité de l'âme. Tom était en train de lui promettre mille enfers, quand il se releva.

Cette journée n'était pas près de se finir.

KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 16.05.23 22:01

la haine.

Le Mcdonald le plus proche se situe à 20 minutes à pied si on ne se dépêche pas, elle marche vite, peut s’activer s’il y a urgence et il y a urgence. Durant sa fuite, elle se projette à la borne, sélectionnant les yeux fermés son menu préféré.
Ah les doux rêves sont vraiment que pour les autres, elle se coltine les cauchemars merdiques.

La main ferme de Tom la retient d’avancer, elle n’est pas plus perturbée que cela, est juste très embêtée de devoir lui en mettre une vraie si dans l’immédiat une insulte bien placée ne le freine pas. Et ses sales doigts qui touchent ses cheveux tout propres, elle se sentirait presque comme une célébrité poursuivie par un fan complètement dingo.

NE- inutile.
Ses pas à lui l’ont amené à eux. D’une insulte à une autre, tout y passe dans sa tête. Tom retombe, Téva reste stoïque, croit pouvoir s’en aller malgré le raffut. Douce illusion, elle implose quand Tyler les somme de se rendre à l’intérieur.
Les autres ne se font pas prier, déguerpissent, bande de-, elle voit flou et a des envies de meurtre à s’en tenir les tempes. C’est pire que ce qu’elle aurait pu imaginer. Quelle idiote.

C’est pas sérieux, j’délire. Dix-sept heure tapante, ses nuggets sauce ketchup avec une grande portion de frites et son coca avec glaçons été comme hiver.

La fatigue, la faim, la flemme.

Son ombre la précède, Tom grogne, exprime son mécontentement et prend soin de transmettre toute sa haine à Sibban par des gestes (censés discrets), à ne pas lui tenir la porte, à ralentir exprès pour qu’elle se cogne à son dos, à revenir à sa hauteur l’air de dire T’es contente de toi accompagnée d’une énième remarque sexiste. Non elle est pas contente, parce qu’elle va se déchirer le ventre de faim et qu’elle pensait se débarrasser d’un quelconque jugement de Tyler.

Un bâillement s'évanouit dans sa paume, sa mâchoire serrée jusqu’à ce que la silhouette du bureau se dessine à l’horizon. A l’image d’une série vieille de vingt ans qui n’en finit pas de cumuler les plotwists, Tev ne voit plus du tout le bout de ce satané tunnel qu’est cette journée.

Mlle Sibban vous ne pensiez pas sortir avec votre classe après votre comportement à la récréation ?
Une décennie plus tard, rebelote. Mlle Sibban ne pense donc pas rentrer à la maison tranquillement ?

Un long soupire traîne, elle voudrait rester debout, mais vous avez compris à force. Il faut qu’elle s'assoit - lourdement.

Le distributeur le plus proche est au fond du couloir, elle l’a vu, il est éclairé par sa petite lumière.

Les talons martèlent le sol, l’irritation sa fidèle amie dicte ses interventions.

Bon, oui j’ai commencé et alors. Je compte pas m’excuser, coupez-moi la langue je m’en fiche. Enfin - éclair de lucidité - façon de parler.
Ses ongles abîmés par le travail grattent fort l’arrière de son crâne, s’il les retient longtemps elle envisage une autre séance de larmes à cause des nerfs qui lâchent.

Tom joue parfaitement sa victime, oublie ses paroles racistes de tout à l’heure, peint son pelage en blanc pour paraître innocent. Le crachat n’était pas assez violent.
Son corps manque de se plier en deux au-dessus de la table; magnifique tout cela.

Avant qu’on m’enferme, je peux aller chercher à manger please ?
Les supplications ne fonctionnent pas forcément avec Tyler, elle rassemble sa faible foi pour qu’il décèle un minimum de détresse et lui accorder au moins ça.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 18.05.23 13:55

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Tyler savait que le coup de Tom ne resterait pas dans son dossier. Et que celui-ci risquait d'en faire des tonnes parce qu'il l'avait fait tomber. Il avait su dès le début ce qu'il risquait en faisant cela, pourtant il avait agi par instinct. Par droiture. Il l'observa protester et se relever, il jeta un oeil à SibbanE qui eut la présence d'esprit de se taire. Puis il surveilla le reste de la troupe détaler comme des rats qui quittaient le navire. Il recula avant d'ouvrir la route pour retourner au bureau. À chaque fois que Tom protestait ou se plaignait, l'homme ne disait rien. Aucun agacement, aucune remarque et l'indifférence toujours ; face aux brutes, c'était une arme autant comme un danger.

Dans son adolescence, Tyler avait appris à répondre férocement. Assumer sa dominance face aux jokes qui semblaient plus forts que lui. Leur démontrer que le danger, c'était lui. Quand Alan lui avait mis une claque derrière la tête en l'insultant, il lui avait écrasé la face contre la table de la cantine. Le couteau à un centimètre de sa main. Un avertissement qui ne prouvait rien, si ce n'était que lui, il saurait aller jusqu'au bout.

Et il y était allé, jusqu'au bout puisqu'il avait son sang sur les mains.

Tom ne lui faisait pas peur, et face à une énième menace, Tyler s'arrêta. Il ignora les questions de SibbanE, et avant d'ouvrir, voilà ce qu'il répliqua d'une voix neutre :

« Les chiens aboient, mais ne mordent pas. »

Il perçut le « espèce de » qui s'arrêta au rebord des lèvres, et il ne prêta pas attention à la détresse de SibbanE. Il se contenta de leur faire signe de rentrer, avant de refermer la porte derrière eux. Tyler attrapa une feuille, il commença à détailler l'incident et pourquoi il avait dû intervenir. Penché sur le bureau plutôt que de s'asseoir, il écrivait en patte de mouche. Les lettres collées les unes dans les autres, afin de cacher les éventuelles fautes qu'il pouvait faire.

Il soupira, discrètement.

« Puis-je savoir pourquoi vous vouliez frapper Mademoiselle SibbanE ? Il serra la mâchoire, avant de regarder la concernée. Et vous ? Quelle est votre version ? »

Les mains posées de part et d'autre de la table, la mèche noire qui tombait en travers de sa balafre, Thompson ne détachaient pas son attention des deux. Ses yeux bougeaient vers celui ou celle qui allait prendre la parole, attentifs, sombres et froids. Tom promettait de faire appel à son père, ou encore de se venger de ces deux-là.

« Comportez-vous déjà en adulte, trancha Thompson. Et cela vaut aussi pour vous, Mademoiselle SibbanE. »

Il n'avait pas cligné des yeux pendant au moins une minute, quand il tourna légèrement le menton vers la jeune fille.

Quelle journée de merde. Quitte à rallonger son temps de travail, il aurait préféré s'occuper d'une urgence dans le parc.


KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 27.05.23 20:43

la haine.

Mauvais choix stratégique, il est aveugle comme sa mamie Justine - bon elle n’est pas si aveugle que ça, prétend que si pour ne pas avoir à user de sa salive et critiquer les décisions calamiteuses de la garde de robe de sa petite-fille.
Sa répartie pour clouer sur place Tom lui tire une satisfaction royale et lui fait aussi oublier son estomac qui passe en auto-suffisance aka il se mange lui-même. Le poing se serre sous la table, les pieds appuient dans la chaussure, la semelle gratte le sol et la respiration se perd entre deux appels à l’aide visuels.

Tev ne sait pas si elle veut parler, si avancer ses raisons feront alourdir sa peine ou juste sourciller Tyler. Il a l’air exaspéré de la situation, oui ça ne se voit pas des masses, mais ça se sent dans tout son corps - elle le sent dans tout son propre corps. Le coude soutient sa mâchoire, les doigts pianotent contre sa joue, Tom son poto ne change pas sa version, c’est elle monsieur, je suis la victime, c’est la méchante, c’est n’importe quoi et laissez-moi rentrer chez moi : le garçon marque un point, Téva aussi veut rentrer chez elle - veut manger son menu mcdo. Passer sous le radar Thompson accentue son rêve de lever les voiles, quitte à partir en courant - ok non Téva mauvaise idée, tu te rappelles de comment tu as ralentis parce que tu traînes une endurance de mémé aujourd’hui.

Bon Elle se redresse, grimace en entendant ses os craquer sous l’effort.
Je l’ai frappé la première, il a raison. Bien qu’on s’enfiche de qui a tapé qui en prems. Parce que sa tête ne me revenait pas. De base. Mais elle se retient bien de le préciser, parce que ce serait amener à la vraie raison de son geste et bizarrement Tyler n’a pas l’air d’être du genre reconnaissable d’une quelconque prise de position à son égard. Cela fait vriller Sibban, elle se traite d’idiote dans sa tête. On dirait une gamine qui a pris du crack pour impressionner son crush, se croit maintenant assez cool pour l’intéresser et au final elle finit juste avec des pensées suicidaires supplément râteau. Le doliprane tire sur ses effets pour préserver sa concentration.

Sa dernière remarque finit de tuer sa patience.
Oh et puis merde, la prochaine fois je le taperai pas parce qu’il vous a insulté c’est bon. Elle croise les bras sur sa poitrine, s'avachit sur sa chaise et martèle le sol de coups de talons en fixant tantôt la fenêtre tantôt la porte. Qu’il la lâche car la blonde sent la fatigue l'assommer et quand elle est fatiguée, elle chiale et explose pour un rien. Vraiment pour un rien.

Mais vu que y’en aura pas de prochaine fois - on y croit haha - toi je te préviens, en visant Tom de l’index, tu croises mon chemin je te défonce.

Et Tom réagit évidemment, il la pointe du doigt en retour l’air de dire au garde chasse Regardez, regardez !

Son esprit s'échauffe, ses nerfs s'épuisent.
Tev finit par se lever d’un bond, J’en ai ma claque, j’ai mal au crâne, j’ai faim depuis trente ans là, je me casse. CIAO. Elle a tapé sur la table, s'est fait mal aux paumes, se cogne le bassin contre le table - ne dit rien, souffre en silence.
Et à l’attention de Tyler, Ne me retenez pas, ne me retenez surtout pas - elle s’avance à reculons en direction de la porte, J’vous jure je- tic tac, sa vision se trouble, elle voit des tâches et s’arrête dans sa fuite fantasque. Il fallait se lever plus en douceur, moins parloter Mademoiselle Sibban.

Il y a l’ombre du malaise, elle se retient en se tenant les hanches, la tête baissée pour retrouver de la contenance. Ça devient dur d’être aussi stupide.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 05.06.23 10:09

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Tyler restait droit ; son corps ne semblait jamais connaître le repos. Incapable de souplesse mental, il n'en était pas moins habile des membres. Pour autant, il savait garder le dos droit sans sentir la fatigue tirailler ses reins, ou encore ses pieds ne le faisaient pas trop mal. Dans tous les cas, éternel piquet de grue, il jaugea les deux adulescents. Si Tom se défendit, SibbanE finit par sortir ses crocs. Ah, voilà. La fameuse sensibilité féminine s'exprimant à travers tous ses mots. Et le syndrome du sauveur, particulièrement blanc. Le garde-chausse haussa un sourcil sur elle, et de sa voix douce, toujours calme, il trancha :

« Je n'ai pas besoin qu'une enfant me défende. »

Et peut-être en était-il blessé, au fond. D'avoir paru suffisamment faible face au racisme quotidien pour être défendue par elle. Ou bien se croire suffisamment malignes pour sortir les poings, et les revendications véhémentes, c'était le lot des gamines comme elle. Tom retint difficilement un rire ; son visage se tordit dans un sourire qu'il cacha sous ses mains épaisses. Pour autant, il se calma dès qu'il vit lui aussi, SibbanE perdre en aplomb dans son vent de colère.

La dalle, hein ?

Tyler avança aussitôt. Un mouvement de lynx, rapide et efficace. Il se plaça vers elle, même en se baissant un petit peu. Sa voix l'appela une fois, deux fois, puis blasé, Tyler claqua des doigts juste sous ses yeux. Tom s'arrêta, la bouche ouverte alors Thompson gronda :

« Ce sera retenu sur vos appréciations à tous les deux. Vous pouvez sortir. »

Il s'adressait à Tom, alors celui-ci ne se le fit pas attendre deux fois, avant de filer comme un rat. Tyler tendit la main vers l'épaule de SibbanE, avant de s'arrêter. Il lui désigna la chaise, sans lui ordonner de s'asseoir. La gamine était sur le point de tomber dans les pommes. Entre sa chute, ses élans de colères juvéniles, son chewing-gum, elle lui en faisait voir de toutes les couleurs.

Tyler avala sa salive, puis il croisa les bras sur sa poitrine.

« Avez-vous des antécédents médicaux ? Demanda-t-il enfin, après un bon moment de silence. Tyler ne pensait qu'on pouvait faire un malaise à cause de la faim, mis à part situation médicale particulière. Mais lui, savait tenir une semaine après une tempête, blessé, à se soigner avec un briquet et à se nourrir avec de la mousse d'arbre. Son cas était extraordinaire, mais il en faisant une généralité. Les femmes étaient faibles, peut-être avait-elle ses règles — ce qui expliquait sa mauvaise humeur. Ou quelque chose que l'on devrait savoir ? »

Malgré tout, il essayait.


KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 08.07.23 21:54

la haine.

Elle ne brille pas d’intelligence Téva, il ne faut pas lui en vouloir c’est compliqué d’acquérir la maturité avec l’âge. Dans son cas, on peut dire qu’elle a un train de retard sur pas mal de domaines, la réflexion avant l’action ça ne lui parle pas. Elle essuie les échecs et les conséquences de ses tentatives après coup, se mord les doigts depuis presque toujours et pourtant elle se flatte de garder une jolie manucure malgré la montagne de bêtises commises.
Peut-être que Tyler aurait compris avec une simple phrase qu’elle était en pls, peut-être qu’il aurait même changé son expression super en neutre en une expression juste “neutre”. Peut-être même qu’elle aurait réussi à en rire au lieu de morfler.

Mais avant de subir son indifférence complète face à sa détresse, Téva essuie une énième remarque.
La bonté lui perdra se dit-elle et en réalisant sa pensée elle a une expression de dégoût. Elle raisonne comme sa tante Tessa et ce n’est pas bon signe pour la suite de sa courte vie. Plutôt finir en prison que marcher dans les pas de cette tata qui vote extrême droite.

Elle le prend aux mots, si un jour ils se recroiseront - amen que ça n’arrivera pas - blessé ou sur le point de mourir, elle ne lèvera pas son petit doigt. Monsieur semble si enclin à se défendre par lui-même, en autarcie. Sa main gauche agrippe son ventre, étouffant les cris de famine pour son numéro de sortie digne des plus grands navets du cinéma. L’actrice qu’elle n’est pas se fait rapidement recadrer. Rien de nouveau, mais elle grince des dents et les yeux papillonnent sous son geste, la migraine s’intensifie à cause du son. Punaise. Ouais, la prochaine fois elle ne bougera pas pour sauver son égo.

Soit.

Qu’il écrit ces appréciations de sa plus belle écriture. Son pied la démange en sentant Tom passer à ses côtés, un croche-pied serait bien venu, un petit coup de pression pour qu’il ressorte de la pièce avec son air victorieux en moins. La fierté broyée jusqu’à la fin. Ah tant pis, le voilà parti.

Téva voit la main de Thompson s’approcher dangereusement, elle a un mouvement de recul mental, parce qu’en réalité son corps ne bouge pas d’un centimètre. Il va la taper ? La mettre en garde ? Libérez-la bon sang !

La chaise pointée restera ainsi. Téva ne veut pas rester plus longtemps ici, aussi si elle s'assoit elle risque  de ne pas pouvoir se relever. Son regard fatigué fixe le siège, un moment d’absence tirant en longueur.

Hein ? Attention docteur T entre en action. Mais voyons, il n’a pas simplement envie qu’elle détale aussi ? La blonde ne comprend plus ce qu’il pense d’elle.
Non mais, elle rit, faiblement, se tient la tête après une vague de douleur. Ca vous regarde pas déjà, Tev mange pas forcément équilibré, ce ne serait pas étonnant qu’on lui détecte dans un futur éloigné du diabète et de l’hypertension. Mourir de ça serait nul, enfin est-ce qu’on peut en mourir ? Elle n’a pas cherché sur doctolib.
Je vais manger et ça passera, épargnez-moi vos questions hypocrites.
Tyler peut bien survivre aux hunger games, la brindille qu’il a devant lui ne peut tenir avec une clope que quelques heures tout au plus. La nicotine ça nourrit l’adrénaline, pas l’estomac.

Elle ne rajoute rien de plus, ne bouge cependant pas. Ca y est, il l’a déstabilisée avec ses questions sorties de nulle part. Il veut la faire passer pour la méchante de l’histoire en fait ? Celle qui s’énerve pour rien, est désagréable alors que l’autre parti essaye d’apporter du soutien ? La douche, les soins, ça !

Hm, marquant une pause, oubliez - le terme hypocrite, il y a plus de place dans son dossier. Sur ce. Faible courbette, un salut imaginaire.

Le pas est difficile, cela lui demande un effort surhumain et les dents se referment sur ses lèvres. Le distributeur n’est qu’à quelques mètres, il est à droite - non à gauche ? - elle a de la monnaie, il y a des gâteaux, une bouteille d’eau. Elle va aussi devoir appeler un uber, attendre ce dit uber, se retenir de s’endormir pour pas finir dans un trou paumé parce que les chauffeurs de uber sont pas fiables. Retrouver Stéphi, lui raconter à moitié sa journée de l’enfer, s’endormir en parlant d’un Tyler trop chiant, et sa pote qui n’y connaît rien au ciné pensera que sa coloc a croisé le chemin d’une star pas ratée comme Tev. Ça la fait sourire qu’à moitié en se dirigeant vers la porte ouverte donnant accès au bout de ce tunnel.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 09.07.23 12:05

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Ah. L'hypocrisie. La fameuse.

Tyler haussa un sourcil à la remarque de SibanE, seule véritable expression qu'elle était parvenue à lui tirer après cette journée trop longue. Néanmoins, vexé (?), il répliqua d'une voix calme :

« Ce n'est pas de l'hypocrisie. C'est mon travail. »

Pas de prendre soin de petites gamines effrontées et capricieuses. Mais de prêter attention aux détails, s'assurer que tous les adulescents ici rentrent en un seul morceau. Si cela ne tenait qu'à lui, Thompson aurait fait en sorte de les abandonner dans le ventre de la forêt. Comme son père l'avait fait. Dans le but de vérifier qui survivrait, et qui en ressortirait traumatisé. Mais voilà, Montréal, ce n'était pas comme l'Alaska. Les règles étaient les règles.

Tyler retint un soupir, laissa SibanE faire tout un drame. Si cela lui plaisait autant, tant mieux pour elle. Lui, il se fichait de ses grands numéros. Il la laissa s'en aller dans un long silence, sans battre des cils. Seuls ses yeux suivirent sa silhouette quitter la pièce. Une fois seul, le garde-chasse ne se relâcha pas. Il n'y eut ni un soupir ni un regard agacé vers le plafond. Simplement sa haute silhouette qui se redressa, ses longs doigts qui attrapèrent la paperasse. Un peu de rangement, puis le voilà en train de sortir. Fermer la porte, s'assurer qu'elle l'était bien. Un regard vers la droite, puis vers la gauche.

La fille et le distributeur.

Tyler serra la mâchoire, il hésita. Puis il décida de passer devant SibanE, sans un mot ou une oeillade. Il se contenta de son silence - ses lourdes bottes, qui placardaient le sol, le souffle calme et à peine perceptible renfermée dans sa poitrine recouverte de cicatrices. Il bifurqua sur le côté, déposant ses feuilles au bureau. Puis il rentra chez lui.

Dehors, l'homme inspira le parfum de la pluie à venir.

Pas d’Uber ni de bus. Juste de la marche pour rentrer dans son 25m², coincé entre deux étages dans un vieil immeuble. Qu'il ne payait pas cher, avec des voisins plus ou moins bruyants. Une longue marche, toujours silencieuse comme la mort.



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