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Téva Sibban
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Téva Sibban
# 01.05.23 0:14

la haine.

Par pitié non.

Téva a merdé, salement, brutalement. Si vous l’interrogez elle lèvera les mains au ciel, promis juré je savais pas et si je savais j’aurais pas continué.
Le mal est fait et la sentence est irrévocable : rendez-vous dimanche treize avril pour se racheter auprès de cette nation qui la pourrit déjà assez bien. DI-MANCHE. Les dents se serrent si fort qu’elle entend sa mâchoire craquer. L’envie d’appuyer plus fort encore pour la fracturer et éviter l’enfer dominical était tentateur la veille. Très, mais une main posée sur son épaule l’en a empêché. Apparemment il ne faut pas jouer les idiotes avec ce genre de convocation. Téva n’est pas idiote, juste saoulée au maximum de sa puissance.

Au lieu de jouer les citoyennes modèles après cette déviance, elle a préféré festoyer comme il ne se doit pas. Appartement 310, quartier Est, vue sur la pollution et les lointains immeubles de la finance publique. Accoudée au balcon, une cigarette entre les lèvres et un shot au contenu suspicieux, avalé, rempli, avalé, l’esprit vagabonde dans l’oubli des obligations. Dans son rêve, elle échappe aux responsabilités et on lui décerne le prix de la meilleure actrice pour une sitcom plutôt pourrie.

Le réveil est catastrophique. A peine les yeux ouverts qu’elle a envie de les refermer. Sous les coups incessants de son myocarde contre sa cage thoracique, Tev se retrouve forcée de se lever et d’y aller. Starbucks; Ducky-ducky.
Stéphi est adorablement culottée de lui souhaiter bon courage quand le type qui l’a mené jusqu’à là est son cousin. Tu m’aimes toujours hein, blondie qu’elle lui susurre. Blondie tire la tronche et se noie dans un grand verre d’eau.
Et Starbucks, ils vont pas lui en vouloir hein.
Le papier déplié et posé près d’une tasse à café, ce serait nul qu’il soit tâché.

Aaah- STEPHI !
OOOH, pfiou c’était moins une.

Le papieeer.
Vite rangé dans son sac avant que la situation ne dérape davantage.
Le chemin jusqu’à la salle de bain lui rappelle son rituel lorsqu’elle était enfant et refusait d’aller à l’école parce que cela signifiait revoir les gosses de riches. Avant de réussir à les faire taire grâce à des coups bien placés.
Et les Ducky-ducky, ils vont pas le découvrir hein.

En observant sa main abimée des causes d’il y a deux semaines, Tev se dit qu’elle doit envisager la fin de son fight era. Fini les bastons tard le soir, les prises de bec pour deux cents et les règlements de compte qui surgissent du passé. Toby l’a prévenue, une star ça se bat pas, ça se maquille et ça se marie trop de fois.
Toby est plus là, alors pourquoi l’écouter en fait.

L’effort se concentre principalement dans sa tenue. L’ensemble de sport la confondrait avec une des filles à papa blindées sortant d’un cours de pilate avant de pleurnicher parce qu’elle a fauté et qu’il faut maintenant le payer.
Sauf qu’après cette matinée, une retournera dans son palace et l’autre priera tous les dieux possibles pour ne pas finir au chômage.

Oh ce qu’elle veut le retrouver ce cousin et lui en mettre une bien dans la figure.
Futur mannequin mon cul ouais, peste-t-elle en s’avançant au lieu indiqué.
Bien sûr qu’elle n’est pas la seule, aucun regard de bienvenue au club partagé, que des têtes baissées ou ailleurs. Le moment va être plaisant à vivre youhou.

Le chewing-gum mâché discrètement, un rang se forme naturellement et elle croit rêver de ce spectacle.
On est soudainement dans Orange is the new black ou quoi.
Elle ne pipe mot, mâche et suit le mouvement pour que cela passe, se tasse et oust on en parle plus.

Dans l’idéal, ce serait ça le script.

Tyler Thompson
IRL
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Tyler Thompson
# 01.05.23 20:32

La haine  

Avec la fille au chewing-gum

Oh. Thompson, lui aussi, n'avait pas envie d'être là.

Quand on lui avait annoncé qu'il devrait se charger de cette journée de Travaux d'Intérêt Général, c'était avec l'espoir d'une réaction de sa part. Mais rien. Toujours rien. C'était à peine s'il avait cligné des yeux. Et d'un ton monocorde, il avait répondu « d'accord. »

D'accord, il allait s'occuper d'eux.

D'accord, il allait encadrer ces jeunes adolescents attardés de sa présence froide et humide.

On disait que son visage allait suffire à placarder une autorité sans appel, dès qu'il rentrerait dans la pièce. Il ignorait pourquoi les gens s'intéressaient tant à son jugement, ou au mépris qu'on lui supposait. Si bien que lorsqu'il rentra dans la pièce, d'un pas silencieux, il fallut quelques secondes pour que les jeunes gens du fond remarquent sa présence. À partir de là, quelques murmures s'envolèrent et se dissipèrent aussitôt qu'il darda ses yeux noirs sur leurs origines.

Une lourde veste kaki sur les épaules, un pantalon cargo rentré dans de vieilles bottes épaisses. Sous les semelles, des feuilles mortes et un peu de terre. Son odeur, la sueur et la forêt mélangée. Sur ses mains, des cicatrices disparaissant sous les papiers qu'il tenait. Sur son visage, la dureté de la pierre et l'indifférence du froid. Et les tatouages. La peau matte et tannée par le vent du nord, abîmé par les années à ne pas en prendre soin.

Derrière le bureau, droit et debout, il fixa chacun d'entre eux. Sans battre des cils, sans dire quoique ce soit. Son regard s'arrêta sur la fille à papa, aux cheveux teints en blond qui finirait par la rendre chauve à force d'utiliser un fer à lisser, et qui aurait été du genre à le forcer à jouer aux « cow-boys et aux indiens » à ses huit ans (oui, c'était déjà arrivé). Puis il fixa sans ciller la brute épaisse, cachée sous sa veste en cuir, et qui gardait les mains derrière la tête. Et enfin vers l'espèce de femme enfant en train de mâcher son chewing-gum.

« Bon. »

Sa voix sonnait douce, malgré le rauque des pierres dans sa gorge.

D'un ton moncorde, Thompson récita le début du sermon. Il ne semblait pas intéressé par ce qu'il lisait ni par les interrogations que certains cherchaient à prononcer. C'était simple, dès qu'il lisait « des questions ? », un oeil rivé sur la petite assemblée, il n'attendait pas même une seconde. Son discours s'interrompait parfois, et il se retenait de froncer les sourcils pour traduire certains mots. Tyler n'avait jamais été bon à l'école. Jusqu'à ses quatorze ans, il ne savait pas ce que certaines formules, ou certains mots signifiaient. Ainsi quand l'un de ses professeurs avait mentionné « ses congénères de l'Antartique », il n'avait pas compris tout de suite ce à quoi il avait fait allusion.

Il parlait des dangers des feux de forêt, de suivre les parcours balisés quand on se promenait afin de ne pas se perdre. De l'importance de l'écologie, ou encore de veiller à ne rien jeter dans les parcs. Parfois, ses yeux revenaient sur la femme enfant sans rien dire. Vraisemblablement, il avait une remarque à lui faire qu'il épargnait au reste de la classe. Quand il termina, Tyler distribua les feuilles qu'il avait tenues juste là. Il s'agissait d'un bête QCM, avec des renseignements personnels à rajouter, comme le nom et le motif de la TIGE.

Puis quand il posa la feuille devant la femme enfant, il la regarda de haut. Littéralement. Menton légèrement relevé, sa mèche noire tombant en travers de son regard, comme le coup de couteau qui marquait sa peau à vie.

Et là, Tyler se contenta d'un ordre :

« Crachez votre chewing-gum. »

En lui désignant la poubelle.




KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 01.05.23 21:52

la haine.

Un retour sur les bancs de l’école ne fait pas partie de ses passions du week-end, la fumette et le shopping pour oublier le travail oui. Et heureusement qu’elle ne doit pas garder les triplés, le sujet ne cesse de la tracasser, n’écoutant qu’à moitié les messes basses sur la venue de l’instructeur du jour. Ses dents mastiquent encore plus férocement ce bout de chewing-gum - élément clé à retenir car les rouages font tourner la machine, jusqu’à un point de rupture.

Tyler apparaît, on dirait le méchant dans massacre à la tronçonneuse qui se tient en haut des escaliers, jaugeant les invités dans sa maison et sa mère qui le somme de retourner dans sa chambre, c’est rien Sawyer, tout va bien. Non, tout ne va pas aller pour Téva.

La chaise est inconfortable, le bureau lui rentrerait presque dans les côtés et ses jambes dépassent de trop, est-ce parce qu’elle les tend à outrance ou juste car elle s’avachit ?
Elle n’entend pas de bonjour de sa part, le malpoli n’a aucune manière ; elle est belle l’autorité dans ce pays.
Son discours est aussi barbant que son look, ses yeux noisettes fixent avec insistance l’état de ses chaussures ainsi que les marques laissées derrière lui sur le sol maculé. C’est pas lui qui va nettoyer alors il s’en fiche. Comme les clients qui débarrassent pas leur plateau, dégueulassent la table et partent sans un au revoir.

Le silence règne, Téva regarde ses ongles et retient un bâillement devant le monologue. La fatigue la guette, sa voix monotone l’endort et la rend mauvais élève, mais elle se rattrape vite et prête vraiment attention quand il se met à parler de promenade, se redresse même. Elle comprend que c’est le ramassage de déchets qui l’attend, oui elle n’a pas lu entièrement le courrier officiel. Oh s’il y a un quota à remplir il y a donc moyen de conclure l’affaire très vite.

Ses camarades du jour ne lui insufflent pas bonne confiance, ils ont l’air incompétents et mous du genou. ll va lui falloir compter que sur elle-même.
Le dialogue de sourds entre les deux parties fait que l’introduction se termine rapidement. Tev a remarqué néanmoins, les regards sur sa personne et elle fronce les sourcils au point d’avoir mal au front. C’est quoi son problème.
Qu’on lui refourgue pas un sale pervers qui adore reluquer les minettes ou elle va cramer ses forêts chéries.

A la distribution religieuse du questionnaire, son pouce actionne le stylo et ses paumes aplatissent la feuille, prête à l’examiner. Sauf que ça y est, il arrive ; le grain de sable.

Hm ? Les yeux ne se lèvent pas tout de suite, s’arrêtent sur la silhouette se tenant devant et refusant de bouger. Sawyer ne veut pas retourner dans sa piaule.

Après. Le monsieur sort pas.

Ça l’embête qu’elle mâchonne ? Ça l’embête qu’elle ait pas la bouche vide pour répondre à son bonjour inexistant ? Pour lui dire merci alors que c’est pas très mérité ? Dommage.
Téva s’arrête pourtant. La voix énervante de Toby ressurgit. Tranquillise toi.
Elle daigne regarder la dite poubelle, de le regarder lui. La flemme de se lever pour ça, ça peut attendre, non ?-  Il fait flipper, obligé il a tué quelqu’un dans une autre vie. -

Je finis de remplir et je vais le jeter, c’est un androïde ? Non, il est glacial, mais il y a de la chaleur en lui. Il sent le dehors, pas l’usine et le caoutchouc.

Téva Sibban, sa main cache ce qu’elle écrit, il faut se concentrer pour bien écrire et elle n’y parvient pas donc n’aime pas son écriture en cet instant.

Sa bouche marmonne, T’façon ça va pas ramasser les déchets plus vite, faut s’calmer.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 02.05.23 9:35

La haine  

Avec la fille au chewing-gum

TW : gros pamphlet misogyne

Il lui rendit son regard. Sans l'ombre d'une émotion.

Il s'attendait à ce que ce genre de fillette affiche une moue dégoûtée, mais il n'en fut rien. Peut-être ne prêtait-elle pas attention aux cicatrices sur sa face, le stigmate recouvert par l'entre. Les yeux tirés de fatigue et cernés comme s'il revenait des enfers. Non. Alors en retour Tyler jaugea l'adulescente, d'un oeil fixe et noir. On pouvait sentir son silence comme une forme de mépris. Peut-être en avait-il au fond. Pour autant, il attendait sans montrer l'ombre d'une quelconque impatience.

Et ça arriva.

Les premières dédonations de l'insolence. L'odeur n'était pas inhabituelle ; quand ce n'était pas les filles qui le traitaient de pervers, c'était les garçons qui cherchaient à asseoir leur domination sur lui. Tyler s'en fichait du « monsieur », des signes de politesse qui étaient là pour polir les blancs dans le sens du poil. Il s'en fichait que sa présence puisse mettre mal à l'aise.

Ses yeux se décrochèrent de la fillette au chewing-gum, et il lu (difficilement) le nom qu'elle nota sur sa feuille. Téva Sibban. Il serra la mâchoire sans admettre qu'il ne savait pas trop comment prononcer cette identité-là. Le reste, Tyler ne parvint pas à le voir.

Il y eut une vague de murmures, un sifflement discret et admiratif de son excès de confiance.

Sans un mot, l'homme recula. Son pas restait discret, c'était à peine si ses bottes grinçaient sur le plancher. Il attrapa alors la corbeille en papier, juste devant la porte. Et dans un même mouvement, il la claqua sur le bureau de Sibban.

Et là, Tyler recommença :

« Jetez votre chewing-gum. »

Pas de menaces. Ni de geste déplacé. Pas de signe qu'il puisse être agacé. Un bout de pierre qui refusait de bouger contre vents et marées.

Oh. Pourtant, il voyait bien quel genre de gamine c'était. La fille qui loupait les cours, trop occupée à fumer derrière le lycée. Celle qui rendait des copies vides, et qui ne savait pas bien écrire son nom. Des rebelles énervées contre la société, mais qui louvoyaient avec le courant, à en dépasser un peu les contours. Histoire de. De celles qui allaient au Starbuck commenter un café aux épices pour se sentir différentes. Parce que vous comprenez, cette fille-là, elle n'est pas comme toutes les autres.

À se croire plus forte que les mecs et à être la première à pleurer si on la frappait en retour.

Une fille sans père et sans repères, trop gâtée par une mère trop souple.

Mais au fond, Tyler n'avait que faire de ces filles-là. Il ne se sentait pas concerné par les existences ratées.


KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 02.05.23 20:21

la haine.

Il n’en démord pas, planté comme un de ces arbres qu’il semble surkiffer. Qu’il regarde ailleurs au lieu de ses informations, sa main couvre immédiatement sa feuille (trop tard).
Non, les encouragements des cas sociaux aux alentours dignes d’une classe de collégiens ne la motivent pas à continuer à lui chercher des noises à ce monsieur.
C’est lui et lui seul qui commence nettement à tirer sur la corde déjà bien raide. Elle va céder, tôt ou tard, le plus tard étant le mieux.

Le fracas de la corbeille posée sur la table lui fait lâcher son stylo, sa bouche s'entrouvre et un rire silencieux en sort. Il est complètement taré ce type.
Peut-être qu’il faudrait l’informer qu’on est pas dans l’émission real men*, les hautes institutions recrutent vraiment n’importe qui, ils manquent tant que ça de main d’oeuvre ou c’est là l’image qu’on veut renvoyer ? La jeune société fait bien de vouloir cramer des poubelles de flics et révolutionner les grandes instances.

Téva a sursauté, une fois, pas deux. Ses battements envahissent ses oreilles, son cortex cérébrale est en alerte, déstabilisé avant de se calmer. Il la toise, elle fait pareil ; sa merveilleuse générosité ne souhaite pas louper l’occasion de partager ce dédain mutuel. Ca y est, il doit plus se sentir le géant. Si elle se levait, sa tête lui arriverait tout juste aux épaules, mais c’est pas ce détail qui l’arrêterait pour lui cracher à la figure ou lui en décrocher une.
Patience Téva, calmos Téva, une journée et ce sera terminé.

Qu’elle fulmine pourtant, que ça grimpe et en partie à cause de la grande fatigue rendant ses nerfs à vif.

Le chewing-gum, l’objet du diable, est baladé, sans sortir de sa cachette.
Je finis ça et je le fais. La corbeille est décalée d’un coude, continuant alors de remplir - difficilement - ce QCM très intrusif. Oh, il est vrai qu’on peut se faire du pognon en revendant ses infos perso ; pourquoi elle a jamais tenté et est-ce qu’il y a moyen de négocier un prix ?
L’impertinence dont fait preuve Tev lui vaudrait quelques claques, son père suggérerait à Tyler de ne pas se retenir et de la corriger ; papa était gentil, il l’est toujours, mais la brutalité dans une punition telle qu’une fessée ou une tape à l’arrière du crâne est une bonne méthode à ses yeux pour remettre les pendules à l’heure.

Un soupir la coupe net. Pourquoi elle lui donnerait ce qu’il demande en fait ?
Ah !

Hm et si je le fais pas il va se passer quoi. Monsieur.
Ses cheveux tout propres qui sentent le shampoing au beurre de karité n’ont rien à envier à la chevelure grasse de son vis-à-vis, la blonde ne commentera pas à haute voix, mais elle en pense pas moins. Son dos heurte un peu plus le dossier, discrètement elle ramène la table contre son torse - établissant un écart avec Tyler.
Les jambes s’enroulent autour des pieds de la chaise, on dirait qu’elle évite tout contact direct. L’air respiré en commun étant suffisant.

Puis cette foutue corbeille, dans la précipitation de son mouvement le dit-coude tape contre le plastique et elle tombe à la renverse.
Punaise va. La vulgarité est rangée.
Pas si terrible gosse, se détachant de sa tâche, on l’observe tête en bas, ramasser les quelques papiers échoués hors de leur contenu.

*real men est une émission sud-coréenne où des célébrités testent le métier de militaire lol.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 02.05.23 21:50

La haine  

Avec la fille au chewing-gum



Elle le cherchait. Et elle le provoquait.

Tyler n'était pas vexé. Du moins, il ne pensait pas que chaque bêtise était une remise en cause de sa virilité. Si un adolescent le bousculait par mégarde dans la rue, il n'y réagissait pas. C'était comme ça avec les enfants. Ils ne réfléchissaient pas, et ils se contentaient de vivre dans le présent.

Alors il considéra Sibban comme une enfant. Il incarnait l'autorité. Il était là pour se planter en plein milieu de la route, barrage et limites pour éviter que les gens se perdent en chemin. Mais cela s'arrêtait aux parcs et aux forêts. Au-delà, dans les artères des villes, dans les poumons gorgés de pollution de Montréal, il s'arrêtait. Il ne sauvait pas gens de leur perdition, hormis s'ils faisaient quelque chose d'illégal.

Le "monsieur" se colla aux lèvres de la fillette, comme un chewing-gum sous la semelle de sa chaussure. Tyler ne broncha pas. Au jeu du silence, il était gagnant. Alors il se contente de respirer. Juste respirer. D'un souffle lourd qui faisait enfler sa poitrine. D'une respiration basse - elle seule pouvait le percevoir à cette distance.

Il ne bougea uniquement quand la poubelle tomba. Il fit un mouvement qu'il arrêta - la main se leva et se rapatrié le long de sa cuisse. Il fut surpris qu'elle ramasse les papiers, et de toute sa hauteur, il se contenta de veiller à ce que ses doigts ne trempent dans rien de dangereux.

Bon.

Son cas n'était peut-être pas aussi irrécupérable. Elle était blanche. Avec des yeux voraces portés sur le monde ; des prunelles qu'une candeur d'enfant, affamé de découvrir tous les secrets de l'univers. Moins princesse qu'il l'avait supposé. Les femmes, il n'y comprendrait jamais rien de toute façon.

Pas de réponses. Pas de réactions non plus.

Pas besoin d'expliquer. Elle le savait, non ? Une remarque sur sa fiche. Mademoiselle Sibban confronte l'autorité. Ce serait suffisant pour décrire leur relation.

Thompson sembla attendre.

Un pas en arrière, son pied s'en alla rejoindre l'autre.

Qu'elle termine, lui, il avait toute sa journée. Ce n'était pas lui qui se ferait réprimander par ses camarades pour avoir repoussé l'heure du déjeuner. Ce n'était pas lui qui payait les fardeaux de ses crimes.

La lourde veste sur ses épaules, le parfum de sueur et d'humidité collé à ses mèches de cheveux gras. Le visage d'une rare aigreur, mis face à la figure angélique devant lui. Tyler n'était pas de ceux qui commenterait son joli minois - encore fallait-il qu'il y pense quelque chose -, il n'était pas de ceux qui profitait de leur position pour s'adonner aux plaisirs vils de la vie.

Non.

Il était de ceux qui attendait.

Il n'était pas la pierre, polie encore et encore par les vagues du ruisseau. Il était le roseau qui se pliait et reprenait forme une fois la tempête terminée.

Alors ses yeux restèrent fixés sur Sibban. Comme ceux d'un lynx étudiant sa proie.



KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
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Téva Sibban
# 02.05.23 22:53

la haine.


Une sensation désagréable dresse son épiderme. La fermeture éclaire de son gilet remontée jusqu’au cou, un réflexe de protection qu’elle ne se connaît pas. D’habitude, même le soir dans la rue en rentrant d’un bar elle sait affronter les passants bizarres. Ce doit être l’éreintement, il n’y a pas moyen que ce Tyler - elle ignore toujours son nom - en soit l’origine.
Aux nombreuses phrases piquantes, il ne rétorque que dalle. Tant mieux pour elle, moins de salive gâchée, moins de tentation de vriller et alourdir son cas.
Son souffle la dérange, flotte autour de sa tête et frôle sa joue - la grimace est réprimée à la toute dernière seconde. Taré, taré, taré, c’est confirmé.

Après l’accident, les déchets sont re-jetés et la poubelle remise sur pied ; Téva attend une quelconque réaction - il va la foutre au coin, lui faire écrire des lignes au tableau ou lui imposer un silence énervant. La troisième option évidemment.
Les ongles vernis appuient sur l’écriture du stylo, la mine s’écrase contre la matière fluide et noircit la page d’un rythme mi-lent mi-accéléré. Lent en pensant à son lit, accéléré en relevant les iris sur le bureau d’en face. Les gros yeux qu’elle lui fait en le voyant ne pas la quitter du regard. Il veut quoi, qu’il ne la mentionne pas sur un rapport !
Ses deux métiers vont se dérober sous son nez, la panique s’intensifie et elle se loupe à la dernière question. Plutôt que de demander un blanco, l’encre rature et la bonne réponse est ajoutée en-dessous.

Chacun doit venir rapporter le document en personne avant de procéder à la suite. Téva ne veut pas son siège la première. Pas pour le saouler davantage, elle a simplement besoin d’un instant.
Les griffes tapotent le bois bas de gamme, chiffonneraient presque ce qcm. Le visage se tourne ensuite vers le sac noir, les papiers dans le fond et elle le crache ce chewing-gum. T’es content (Tyler) ? Hurle-t-elle dans sa démarche. Sans rancune.

Gneugneu, ça tapote dans son système, elle se moque des mots qu’il n’a pas prononcés.
Une attitude de daron, il doit pas atteindre la quarantaine - il ressemble à Matthew, le vieux l’ayant recalé pour une IA. Sa main se plaque contre sa bouche, elle glousse - et faut pas déconner Sibban, Matthew savait parler, lui.

On rit pas - elle veut terriblement fumer au moins deux clopes.

En passant au poste de contrôle - aka ce fameux bureau - Téva articule bien de sorte à ce qu’il remarque parfaitement qu’elle n’a plus rien entre les dents.

Je peux aller aux toilettes s’il-vous-plaît, que de civilité histoire qu’il conclut qu’ils ont juste eu un mauvais départ dans leurs interactions. Faut se racheter pour ne pas finir virée.
Ça presse, pas - elle veut juste en rouler une collée à la mini-fenêtre servant d’aération.
Et le ventre gargouille aussi comme elle a rien mangé. On mangera bientôt quelque chose ?
Elle jacasse beaucoup, en même temps les deux autres zigotos ne connectent pas leurs neurones pour demander un minimum de confort et aucune chance qu’elle se laisse tomber dans les pommes.

La scène est délirante, la mini-pouce qui tente d’imposer sa manière de voir les choses - ça la rend plus grande, en théorie, cache ces centimètres de séparation. En pratique, sa nuque lui tire et elle se tue a maintenir le contact visuel. C’en est presque attendrissant si sa tchatche réussissait à réveiller la tombe d’en face.
Ou ce n’est pas plus mal, qu’il dise le strict minimum voire rien. Ses cicatrices parlent pour lui. Téva ne juge pas ce genre de choses, elle est personne pour critiquer les blessures d’autrui, néanmoins ça ne se rate pas.

Tyler Thompson
IRL
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Tyler Thompson
# 03.05.23 19:32

La haine  

Avec la fille au chewing-gum



Tyler était resté une longue minute. À quelques pas seulement de la table de la fillette. Posture droite, toujours, sans le moindre langage corporel pour éveiller sur ce qu'il pensait ou ressentait. Au final, ce fut une petite voix timide venant d'ailleurs qui le désolidarisa de sa position. On aurait pu penser que ses pieds avaient coulé dans du béton, tant il ne semblait pas s'être décidé pour lâcher Sibban. Il récupéra la feuille d'une de ses camarades qu'il déposa sur le bureau, avant de s'adosser contre le mur. De là, le garde-chasse avait une vue complète de la pièce. D'instinct, il choisissait des endroits où on ne pouvait pas le surprendre. Le mur contre son dos, la mèche en travers sa cicatrice, il se sentait serein.

Puis les délinquants - c'était son point de vue - se levèrent chacun pour déposer le résultat du QCM. Il remarqua que Sibban mit du temps avant de se déplacer, et quand elle se leva, ses yeux se reposèrent aussitôt sur elle. De l'extérieur, il semblait rien en pensait. Et de l'intérieur, il n'en pensait rien.

Tyler bougea enfin. Son pas silencieux comme une ombre, il se décolla du mur pour prendre les feuilles. Il les tapota contre le bureau, afin de les mettre parfaitement droite avant de les reposer. Il réfléchissait à ce qu'il devait dire ; lui non plus, il n'avait pas envie d'être ici.

« On peut... »

Sa voix s'interrompit, comme le chant d'un oiseau lorsqu'un humain pénétrait sur son territoire. Il y avait eu une autre voix, une autre note. Il ne parlait pas fort, il n'élevait jamais le ton. Malgré tout, il savait où taper.

« Non. »

Première réponse. Un rire nerveux parcouru la classe.

« Votre pause est à 12h45. »

« Votre » et non pas « la ». Quel genre de monstre n'en prenait pas ? Ou le strict minimum ? Lui. Et pour avoir un peu de son respect, il fallait parvenir à suivre sa rigueur. Sa discipline de vie. Inhumaine. Invivable.

Tyler ne justifia pas son refus.

Maintenant, Sibban pouvait mettre un nom sur ce visage. Elle avait pu voir son écusson sur la veste. Elle avait pu voir sa froide indifférence.

Et d'une voix déchargée d'émotion, il reprit son cours :

« En moyenne, il peut avoir plus de 500 de feux de forêt. L'activité humaine en génère en moyenne 85% par an. L'an dernier... Et l'auteur épargna le long monologue, aussi ennuyeux qu'un épisode de Dora l'Exploratrice quand on est parfaitement sombre, que Tyler leur donna. Il n'y avait pas la moindre passion dans sa voix. Ni dans son expression faciale. Au moins, un androïd aurait déployé plus d'énergie, et aurait su quand marquer ses pauses. De même qu'il aurait pu voir les mains lever, s'apercevoir que certains s'endormaient. Du reste, il les voyait et il s'en fichait. Ce qu'il ne supportait pas, c'était simplement le bruit. Alors il récita en prenant parfois du temps pour lire. Tyler s'arrêtait, il se retenait de froncer les sourcils, et il lisait dans sa tête plusieurs fois la phrase. Il se contentait ensuite de la répéter. Sans âme. Des questions ? Une seconde. On vous distribuera une brochure à la fin de la journée.»




KoalaVolant
Téva Sibban
IRL
INRP
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Téva Sibban
# 03.05.23 20:25

la haine.

tw : la vulgarité naturelle de Téva (c'est pas énorme mais sait-on jamais).

Paaaardon ? Peut-on explicitement lire sur son faciès.
Étonnement, les rires cessent quand il annonce l’heure exacte de leur pause. Ca veut négocier; mais ça n’ose pas et maintenant il n’y a plus moyen.
Son sang ne fait qu’un tour, elle a besoin de sa dose de nicotine sinon un d’ici va finir au travers de la fenêtre.
Le pire étant qu’il n’essayait pas de plaisanter, de jouer les gros durs : il était simplement lui-même.
Elle essuie cet échec cuisant, le regard se vide et les pas des autres rejoignant leur chaise tels de dociles prisonniers lui retournent le ventre.

De sa hauteur et de son sale caractère, Téva pensa lourdement ; Oh le sale con.
Comme une vague de froid émanant de ce TYLER THOMPSON qui l’invita immédiatement à imiter ses chers camarades, elle regagne sa table. Sa démarche moins assurée parce qu’ébranlée par la colère. La nervosité aux bouts des doigts envoie succinctement des décharges électriques.
Très bien TYLER. Les poings serrés se posent contrairement aux aprioris, délicatement sur le meuble. La peau frotte jusqu’à rougir comme on ramerait pour se sortir d’une situation délicate.

Les talons tapent contre l’acier, tic tac, tic tac fait la montre imaginaire, tic tac tic tac tic tic tic tiiiiiiic-, un choc dans le crâne, elle se rappelle Sibban, quand on la secouait de mots peu tendres pour qu’elle arrête ses bêtises, ses bagarres et ses réactions excessives. Le directeur la vissait sur une chaise presque identique, les pieds touchaient à peine le sol et il récitait le règlement intérieur, revenait sur plusieurs points pour souligner à la fillette où elle avait pêché. Des fois elle pleurait pour défaut de compréhension des raisons de sa venue dans ce bureau intimidant et le proviseur ne s’interrompait pas - pleures tu dormiras mieux ce soir -.

En fait, elle a pas tapé assez fort. C’est impossible qu’elle ait rencontré Tyler à l’école, de part leur différence d’âge, mais c’est sûr qu’il y avait des types comme lui et c’est sûr aussi qu’elle LES a pas amochés comme il se devait. Il devrait payer pour les coups manqués tiens.
Tu vrilles pour de bon là vaten, tais-toi Tyler non Toby, roh un T et un Y dans les deux ; quel hasard.

Son index gratte le bois, s’applique dans cette tâche mille fois plus intéressante que son monologue. On est pas au théâtre ou à l’opéra, guess what ils sont tous trop pauvres pour se payer un ticket.
Aucun bâillement, juste une éternelle envie de mourir.

Et enfin le rideau se décide à se baisser, yes.
Téva retrouve le sourire, pas pour les wc, pas pour le tabac, pour une bêtise.

Bah moi j’suis pas d’accord, le grincement du mobilier, ainsi commence sa protestation et pareil qu’à l’école, on la supplie de rester calme, de passer à autre chose, non pas question. Vous nous racontez qu’il faut prendre soin de la forêt, que mère nature nous a donné la vie et blah blah blah. Mais regardez sur quoi on a nous a fait écrire jusqu’à notre heure de naissance ? Du Papier. Quelle ironie. Les arbres sont en train de pleurer par votre faute, monsieur Thompson Tyler.

Et le spectacle puéril s’est déroulé avec une Tev debout.
Enfin bref, tant que vous arrivez à fermer l’oeil.
Il est 46. À table.


Toute heureuse, bientôt toute pimpante quand elle sortira des toilettes en sentant la cigarette.
Cette pause va lui faire un bien fou, elle s’imagine écrire un thread sur twitter d’à quel point elle venait de rencontrer le mec le plus chelou et ennuyeux de la planète accompagné d’hashtag #vieuxcélib #oumecdivorcé #oumalaimé #SIAQ

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 03.05.23 22:39

La haine  

Avec la fille au chewing-gum



Bah moi.

Bah moi.

Tyler ne daigna pas relever ses yeux de ses notes. Il alla continuer, parfois l'indifférence était la plus terrible des punitions. Pourtant, elle l'interrompit presque aussitôt. Elle ne lui arracha pas un sourcillement ni un battement de cils. Un seul regard. Fixe. Toujours.

Nous y voilà.

La remarque. Le petit truc pour lui faire sentir qu'il n'était pas blanc. C'était souvent léger. Une présence plutôt qu'un véritable contact. « Les gens comme toi », « tu sais lire l'avenir dans les entrailles d'oiseau ? », « si tu es si attaché à la nature, c'est dans ta culture ».

Tyler baissa légèrement les feuilles. On aurait pu voir de la colère, s'il avait été plus jeune et moins habitué à tout cela. S'il n'avait pas été confronté, encore et encore, au système qui n'avait fait que le pousser dans l'abîme. Trop blanc pour la famille de sa mère, et pas assez pour celle de son père.

Tèva décida pour tout le monde. Et pourtant, Thompson ne lui laissa pas le choix. En une seule enjambée, il se glissa en travers elle. Si elle voulait passer, il fallait lui passer dessus. Au sens littéral, voyons. Et il ne pensait pas qu'une simple fillette le ferait trembler.

« Si vous le dîtes. »

Il balaya dans cette simple phrase de ce ton un peu doux, un peu rauque. Qui cachait le caractère aiguisé de la pierre. On pouvait la trouver polie, un peu douce sous les doigts, avant de s'apercevoir que les contours étaient pointus. C'était cela. Avec sa voix.

Posée.

Parfaitement droit. Toujours. Il avait la raideur de la justice dans tous les membres.

« Mais sachez, Mademoiselle Sibban : vous moquer de ce qui n'est pas vous, tout en faisant preuve d'insolence, ne vous rendra pas intéressante. Pause. Tyler inspira, il fixa la classe dans son ensemble. En conséquence, tout le monde attendra quinze minutes de plus. Ce qui faisait exactement 13h01. Tyler était radin. En mot et en concession. Il ajouta : et si vous êtes si concernée par le sort des arbres, je vais l'ajouter à votre fiche. »

Comme le reste de son arrogance. Mais cela, il n'avait pas besoin de le mentionner, n'est-ce pas ?

Il perdait vraiment son temps à devoir canaliser des adulescents.

Enfin, le monolithe bougea. Le dos calé contre la porte, il se contenta de croiser les bras. Et de sa position, il considéra les protestations, les plaintes, les regards noirs dirigés contre Sibban.

Tyler constata que la vessie de Sibban ne s'en portait pas si mal. Pour quelqu'un qui se plaignait plutôt.

On le piégeait très difficilement. Parce qu'il savait, Tyler. Que la nature du verbe était le mensonge. Sibban mentait.

Ça se voyait comme ses foutues taches de rousseur.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 04.05.23 21:00

la haine.

Téva est une gamine qui a la langue bien pendue quand elle serait mieux dans sa bouche.
Ce n’est pas pour blesser qu’elle parle, c’est surtout pour s’affirmer et rappeler qu’elle est là aussi, en dépit de l’autorité, des règles à suivre et des timings à respecter pour l’ouvrir.
Le désolée ne vient pas facilement quand on ne pointe pas ses torts. Mais Tyler a de la ressource et plus de maturité - une position de domination également. Il en use à merveilles. Quand elle s’élance l’esprit ailleurs, une musique en tête à la break free de queen, et que sa silhouette se faufile dans son espace vitale, pénétrant sa zone de confort, Tev recule d’un grand pas. Il n’y a pas moyen qu’elle se casse une nouvelle fois le cou, les yeux se lèvent le plus haut possible sans que le port de tête ne daigne suivre le mouvement.

Sa bouche se tord en entendant la mauvaise prononciation de son nom de famille, passons ce n’est qu’une déformation de plus sur la liste. Pourquoi il n’y a pas de e à la fin bon sang !

Le ton de l’homme ne change pas, terne, comme s’il lisait une notice sans qu’il ne s’y confonde une quelconque once de méchanceté ; un simple rappel à l’ordre en soi.
L’ordre, l’ordre, l’ordre ; il n’a que ce mot au bord des lèvres et elle ne souhaite que la piétiner.
[C’est pas ma faute, j’étais là au mauvais moment, avec la mauvaise personne, je veux juste clôturer l’affaire et m’assurer d’être payée.]
Sauf que voilà, on est pas au tribunal et aucun avocat n’a été engagé pour plaider sa cause. La punition est tombée aussi lourdement que les phrases de Tyler.

La mine sombre jauge le niveau de crédibilité à ce recul de l’heure de pause. Il ne bluffe pas, elle a envie de tout balancer et de lâcher des oh vos gueules aux imbéciles qui ont soudainement retrouvé l’usage de la parole.

Elle ne rit qu’à moitié, l’humour se fait la malle et…pourquoi se rasseoir ?
Les autres grommellent en arrière-plan, croisent les bras et l’insultent si fort par la pensée qu’elle a l’impression d’entendre des voix. Puis que fait-elle ? Elle reste devant lui - pendant qu’il se tient là. Quinze minutes debout. Avec le temps qui s’écoule, Téva a appris par coeur les défauts de sa veste, respirer ce parfum qui change des pastilles pour le lave-linge haute gamme, une familiarité qui fait mouche. Elle ne voudra pas se l’avouer qu’il est du même rang social qu’elle, pauvre avec pauvre. Son humeur lui refuse de chercher un tant soit peu de points communs, trop remontée pour se soucier, le manque de son addiction la prenant au ventre. Plus jamais après je vous revois, bon débarras, adieu.

Mademoiselle Sibban. Mademoiselle. Sibban, le moque-t-elle intérieurement. Vous n’êtes pas sans savoir que votre comportement n’éclaire pas votre intelligence, votre beauté ; bref votre existence, mais au contraire votre BêTisE ! Ô malheur de vous avoir dans cette pièce. Dommage que Téva soit une gamine adulte, si elle avait encore huit ans croyez bien qu’elle lui aurait tiré la langue, ponctué d’un coup de pied dans le tibia avant d’esquiver de justesse la raclée paternelle.

Quinze minutes debout, mais vite Thompson détale. Ça n'aura pas duré longtemps, son petit jeu à son adulescante (favorite). Tant pis, tant pis.

Tic tac, gauche, droite, ainsi se balance sa tête.
Tic tac, tap, tap font ses pieds, ils la ramènent près de la corbeille abandonnée, celle-ci est remise en place. La fenêtre donnant vue vers l’extérieur la rend mélancolique d’une liberté à peine volée, le grand air ce sera pour après et elle n’a pas idée de ce qui l’attend.


Miss fille-à-papa se lève, il est l’heure - la vraie heure et ils ont été très sages (le regard transperce l’arrière du crâne de Tev histoire de la remercier pour cette prolongation).
La blonde lui sourit, se gratte le nez, dégage une mèche d’un doigt d’honneur.

On reprendra à quelle heure ?
Pour déterminer combien de clopes elle pourra se griller avant le retour du supplice.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 04.05.23 22:19

La haine  

Avec la fille au chewing-gum



Tyler avait une notion approximative de l'heure. Il savait plus ou moins déterminer à quel moment de la journée on était, en observant la place du soleil dans le ciel, ou en avisant le comportement des oiseaux. Il n'avait pas de montre, il se contentait de l'heure indiquée par son téléphone portable. Pas un smartphone, non. Un truc tout droit sortit des années 2000, qui avait survécu à son père, et qu'il avait un jour récupérées pour « garder contact » avec lui. Il n'y avait dedans qu'un unique numéro qu'il connaissait d'ailleurs par coeur.

Alors quand les adulescents sortirent de leur silence, Thompson se contenta de vérifier sur son téléphone.

13h02.

Sans rien dire, il se décala enfin de la porte qu'il gardait. Son regard se glissa sur Sibban, mais il lui épargna les remarques qui lui passèrent par la tête. Il laissa passer les premiers gamins, puis il répondit à cette gamine :

« Dans 30 minutes, Mademoiselle Sibban. »

Oui. Cette dernière avait fait perdre quinze minutes à ses camarades sur l'heure de repas.

Tyler en avait parfaitement conscience ; l'armée lui avait appris comment monter un groupe entier contre une seule personne. La punition collective pour l'erreur d'une seule personne, c'était un mécanisme classique. Il n'avait pas spécialement envie de la faire souffrir ; il voulait « simplement » lui démontrer le coût de son arrogance.

Aucune réaction face aux remarques, aucune réponse quand certains tentèrent de le faire changer d'avis.

Une fois qu'ils furent tous sortis, Tyler se contenta d'aller chercher le tas de feuilles. De vérifier que tout le monde avait bien inscrit son nom dessus, et que personne ne manquait à l'appel. Ensuite, il remit les chaises à leur place, il ramassa un papier au sol qu'il jeta.

Sur la fiche de Sibban, il inscrivit l'incident qu'il y avait eu lieu. D'une écriture fatiguée, rigide. Il la rangea ensuite avec les autres, avant de sortir à son tour et de fermer la porte à clé. Protocolaire, toujours, encore. Dur. Sibban aurait roté par accident qu'il l'aurait noté malgré tout sur sa fiche.

Au fond, Tyler aperçut ses collègues encadrer le petit groupe. L'un le salua de loin, tandis qu'un autre leur demandait s'ils avaient survécu au garde-chasse. Lui, il avait déjà tourné le dos pour aller manger dans son coin. Il s'en fichait des remarques, des reproches.

Parfois, cela pouvait vaguement l'amuser.

Et aujourd'hui, ce n'était pas un de ses jours.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 05.05.23 21:04

la haine.

Trente misérables minutes.
Lorsque la voie vers le couloir se libère, c’est un véritable remake de la ruée vers l’or.
La trouble-fête reste à l’écart, il est à souligner qu’elle a encore posé une question utile pour se prendre un énième torrent de haine en pleine figure.
L’énergie lui manque pour soupirer, elle se contente de rester de marbre - la fatigue la tue trop.
Pas de dernier regard sur Tyler, c’est à peine si elle reconnaît sa présence.

Eux accourent vers la cantine ou les distributeurs, elle gambade vers son propre pré. Toilettes des femmes, la cabine tout au fond, un coup d’épaule pour ouvrir la porte vite verrouillée et de son sac le nécessaire pour se rouler la précieuse clopinette. Elle vérifie son envie de faire pipi ; ça va aller, installée sur la cuvette baissée, jambes croisées et le dos arrondi - penchée sur son téléphone.
La flamme emprisonnée dans la main, les premières fumées et le soulagement tant convoité.

L’ombre du souvenir de ce matin survient, l’expression absente et pourtant très présente du garde chasse envoie sa semelle frapper contre la dite-porte. Il l’a tellement saoulée, c’est indécent.
Sa nuque prend appui sur la porcelaine, la position est inconfortable et fera toutefois l’affaire. Ses paupières se ferment, elle continue de fumer et la descend en deux minutes.
Ses mains repartent à la tâche, hop hop pas le temps la demi-heure défile.
Elle ne la finira pas car Téva s’endort bercée par les claquements et les voix passagères.

Par un miracle venu de l’au-delà, son sommeil se rompt net un quart d’heure après. Déboussolée, mieux reposée (?), elle se relève avec une douleur aiguë et le regret de ne pas s’être tout bonnement laissée tomber sur le sol froid. Les paupières frottées à l’arrache, un bâillement infini et les yeux gonflés. Ce qu’elle donnerait absolument tout pour rejoindre son lit douillet.
Sa faim se manifeste grandement, d’un geste violent des bras elle fait voler les quelques traces de fumée, un souffle long l’envoie valser vers le plafond et la pauvre fenêtre ouverte.

Un raclement de gorge suivant, Téva se passe de l’eau sur le visage et admire sa mine affreuse.

Un, deux, la voix ne déraille pas trop. Enfin, elle regarde autour - aucun panneau ne l’interdit de fumer dans les toilettes donc…

Il reste dix minutes pour se sustenter, heureusement que ses fonds de poches renferment de la monnaie. La cantine est trop loin, la jeune femme se contentera de ce que lui propose la machine placée au bout du couloir.
Un paquet de madeleines et un café pour Sibban. Quel repas de reine.

Des yeux connus - le mec du groupe - ne sait pas où ils doivent se retrouver après la pause. Adossée au mur faisant face à la porte fermée à clé, son menton indique ce qu’elle pense être le point de rendez-vous. Il tente une approche, un début de conversation médiocre et elle préfère mille fois un entretien avec Tyler-l’émo plutôt que de poursuivre.
Fourrant son nez dans le gobelet en papier ‘recyclable’, Téva se dit qu’elle tombe bien bas à juger cette sentence préférable.

Un retentissement arrive, pas un à proprement parler, ce sont les pas feutrés de leur instructeur qui signalent la reprise.
Que la terre est basse, la blonde peine à se relever et patiente jusqu’à la dernière seconde. Le monde tourne, bah voilà ce qu’il se passe quand on mange pas assez. Quelle plaie pense-t-elle, ne sachant pas clairement si elle fait allusion à la situation ou à elle-même.

Ce dont elle a besoin maintenant c’est d’un gros bol d’air frais.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 06.05.23 11:02

La haine  

Avec la fille au chewing-gum



Dans le silence de la neige, il ne pouvait pas être surpris. Le non-bruit n'enfouissait pas les mauvaises surprises, et se contentait de laisser filtrer le souffle du vent, l'humidité et le froid. La saison de Tyler était l'hiver. Oh. Pas de métaphore sur son coeur glacial. Non. La sérénité des aurores boréales, la tranquillité de la solitude. Quand les gens s'enfermaient chez eux, à l'abri, il y trouvait une forme de quiétude. Ils ne s'aventuraient pas dans les forêts, ils ne se perdaient pas, ou ne perturbaient pas le sommeil de la nature.

L'été était loin, maintenant. Revenu le printemps, les fleurs à bourgeonner le long des branches des arbres. Les oiseaux se tenaient moins tranquilles.

Et lui, c'était blasé qu'il était revenu vers le groupe d'adulescent. Le pas toujours aussi silencieux, presque tranquille. Sa présence suffit pour que certains se redressent, alors que d'autres murmuraient des commentaires à l'égard de sa peau et de ses tatouages.

Sibban lui sembla étrange. Il était loin l'aplomb courroucé de tantôt. Il fronça les sourcils, et lorsqu'il passa devant elle pour rouvrir la porte, il s'arrêta net.

Son nez se retroussa, ses yeux se plissèrent, puis il se tourna de trois quarts vers elle. Pour une fois, Thompson laissa une expression filtrer à travers la dureté de ses traits. Pas vraiment de la curiosité, juste un peu de surprise.

« Vous sentez les toilettes et la cigarette, Mademoiselle Sibban. »

Lâcha-t-il d'un ton neutre, avant de rentrer dans la classe. Quelques rires discrets accompagnèrent sa remarque, tandis que lui se glissait déjà derrière le bureau. Oh. Tyler savait comment les adolescents fonctionnaient ; ce n'était pas innocent de sa part.

Elle lui devait bien cela pour sa remarque sur « mère Nature ».

L'homme attendit que tous reprennent place. Il fit ensuite l'appel en relevant à peine les yeux sur eux. Puis d'un ton toujours aussi monotone qu'un métronome, il indiqua la suite de la journée : rappel des règles de sécurité, la virée pour débarrasser la forêt locale des détritus.

« Ne sortez pas des chemins indiqués, ne vous perdez pas. Les arbres sont balisés. »

Tyler n'avait pas besoin de plus de détails. Juste des faits. Il savait déjà qu'il allait en perdre un ou deux, et qu'il devrait les sermonner. Au moins, il ne serait pas seul, car accompagné d'une collègue. Aussi large que haute, avec une sacrée force dans les bras. Une blonde aux allures de lesbienne, ou de maman - Tyler ne savait pas trop comment la situer. De dix ans son aînée, bien sûr.

« Des questions ? »

Un. Deux. Trois.

Pas plus. C'était le moment, ou jamais.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 07.05.23 17:47

la haine.


La victoire de lui décrocher une autre expression autre que celle habituelle n’a pas le temps d’être un tant soit peu appréciée. Son commentaire (un nouveau, magnifique) arrache des éclats ridicules de ses congénères et Téva rêverait de transpercer cette mèche tombante d’un regard. Son crâne surchauffe sous l’agacement, l’odeur en question de cigarette plane toujours dans son système, le carrelage de mauvaise qualité des toilettes publiques imprègne sa peau de frissons et dommage qu’il ne lui reste pas une taffe ici même, elle le lui aurait soufflé dans la figure. La mèche de cheveux aurait fait pouf ! Et c’est elle qui rigolerait.

La vie ne lui offre que de la merde de toute façon, elle devrait être vaccinée contre les débilités.

Et vous sentez la pluie qu’on veut pas voir au printemps, les giboulées et leur humidité qui te colle les tifs, t’as envie de criser quand tu viens de te les laver et qu’il faudra recommencer.

Un doigt d’honneur présenté à son dos retourné avant d’être rangé devant la présence d’une nouvelle personne. Une collègue qui pourrait la faire tomber en un coup d’épaule et n’est pas sans rappeler la dame de son périscolaire. Tev restait souvent jusqu’à la fermeture, ses parents ne sont pas nés avec la ponctualité en guise de qualité, alors à force elle avait coutume d’aider cette madame à remonter les chaises, baisser les rideaux et patienter sur le péron. Oh le souvenir positif de l’enfance réchauffe son coeur, c’est bizarre elle en oublie presque la corvée qui va la massacrer.

La veste est rouverte, maintenant miss-barbie-girl la fixe et elle compare d’un oeil mal maquillé leurs poitrines, bah ma belle on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

On prend mention des consignes, pas de question c’est fini elle va se taire, l’appel fut la dernière intervention de Mademoiselle Sibban. Sinon sa fiche personnelle sera remplie d’écriture de médecin. Un nouveau genre d’affront dont la portée n’a pas encore été concrètement définie. Le roi du silence a recommencé, non ?

Le faible silence règne, il n’y a vraiment aucune question et le soulagement général est palpable. On les invite à se lever, direction la pleine nature.

Le changement de température la crispe et Téva suit par mécanisme le mouvement de foule, elle se demande comment quelle âge à la collègue de Tyler, d’ailleurs il a pas une tête à s’appeler Tyler - Tyler c’est pour les gens cools et bavards, du style avec un skateboard et de la musique trop forte jouée dans les oreilles. En définissant ce scénario, elle est contrariée par le nombre de fois où elle a pensé à son prénom.

Vous sentez la cigarette et les toilettes. Purée de chez punaise, elle aurait voulu lui rétorquer un truc. AAAAH.

On leur distribue des gants en vinyle et un grand sac à remplir. Le gilet jaune est facultatif parce qu’on estime qu’ils sont faciles à encadrer. Elle se laisse en arrière des autres. On la pense vexée parce que madame s’est pris une remarque humiliante, c’est un peu vrai, mais la vérité c’est surtout qu’elle préfère fermer sa bouche et saouler son monde à sa manière.

La tâche n’a pas à se remplir dans le calme plat, ils peuvent plus ou moins parler sans que cela ne perturbe le travail et que cela sert de spectacle du plus de conneries dites à la seconde.

Alors Téva t’as foutu quoi dans les toilettes, le rire gras l'horripile.
C’bon ferme la. En temps normal elle lui aurait répondu autrement que par des mots.
En temps normal.

Les feuilles s’amassent, elle écarte les insectes et regarde accroupie le paysage de la ville qui se réveille et s’active. Stéphi doit sûrement dormir, à peine la porte fermée qu’elle avait deviné celle de sa chambre faire pareil.

Attendez, elle se rappelle qu’elle va peut-être voir ce satané cousin mardi. Oh il va prendre cher, si cher que sa mère adorée va plus le reconnaître.
Le sourire machiavélique qu’elle affiche la booste, ses articulations craquent sous l’effort et elle s’étire le dos.
Son sac n’est rempli que d’un quart, la motivation la quitte et elle a envie de chialer.

J’vais par là- bref personne m’écoute. Et va me voir, pense-t-elle.
Un arbre balisé, un autre, un autre ?? hm, elle sait plus.
Les saletés sont nombreuses, alors autant les ramasser même si ce n’est plus le bon chemin.
damn Righ pt.2 se lance imaginairement, son mal de tête débute sa percée au fin fond de ses tempes.

Alors elle s’en distrait.
Ce foutu Tyler, il ouvre trop sa bouche pour rien dire. J’aurai dû fumer dans les toilettes d’homme pour empester le lieu, mince coup manqué. Sa main fouille dans sa poche, délicatement - pour ne pas manger de la terre - elle reprend un chewing-gum.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 07.05.23 22:42

La haine  

Avec la fille au chewing-gum



Dehors, Tyler se sentait déjà mieux.

Peut-être qu'une fille comme Sibban dirait que c'était dans ses gènes, liés à la nature qu'il était. Peut-être que comme l'autre gamine blonde, elle critiquerait sa couleur de peau et ses vêtements abîmés. Du reste, c'était la vérité. Tyler se sentait mieux.

Il détestait être enfermé entre les murs de son appartement. Il ne supportait pas la solitude de bois et de béton. Il aspirait à la liberté de la neige, il aspirait au froid de l'Alaska. Loin des gens, loin des hommes, loin des voitures et du bruit.

S'il n'avait pas été obligé de surveiller les adulescents, Tyler aurait pris ses bonnes vieilles habitudes. Ses rondes silencieuses dans la forêt, à s'éloigner des sentiers pour vérifier la faune et la flore locale. Ce qu'il savait, on ne le trouvait pas dans les livres. Dans un manuel de droit, on n'apprend pas à suturer une plaie béante avec un briquet. Et à y brûler des insectes qui pondent dedans.

Il retint un soupir.

La plupart faisaient preuve de mauvaise foi, en prenant leur temps pour ramasser les déchets. Il les entendait se plaindre. Le froid revenait et dans l'air, il régnait cette odeur d'humidité qui lui collait constamment à la peau. Si Tyler adorait l'hiver, force était de constater que son élément était l'orage. L'atmosphère lourde lui collait à la nuque, sa présence rendait l'air alentour irrespirable. Et bien sûr, Sibban s'éloignait déjà. On ne pouvait pas échapper à son attention. Tyler était un lynx.

Doucement, derrière elle, Tyler pista Sibban sans qu'elle ne semble s'en rendre compte. Il lui laissa plusieurs mètres de distance, comme s'il jouait. Mais c'était pour mieux l'observer, et mieux l'entendre se plaindre. Elle ne lui tira rien d'autre qu'un léger haussement de sourcils, alors qu'elle plongeait la main dans sa poche.

Là, Tyler n'attendit pas.

« N'oubliez pas de jeter votre emballage à la poubelle. Il y a assez de déchets. Ah. Oui. C'était rare le passif agressif chez lui, les doubles sens. Mais hé. Lui aussi, il savait se plier aux règles des petites blanches. Ce n'est pas encore l'heure de la pause, ajouta-t-il. On ne vous a pas autorisé à ainsi vous éloigner. »

Tyler s'arrêta. Sa chaussure frôla une branche, il remarqua alors combien la terre était humide. La crasse s'accrochait aux rebords de son pantalon, il semblait nager dans sa lourde veste. Et son regard ne quittait pas Sibban, sans ciller. Un ou deux battements de cils par minute — c'était ce que ses collègues avaient mesuré, à force. Thompson ne bougea pas. Une statue, une nature morte. Les bras le long du corps, sans aucune attitude corporelle pour témoigner de son humeur.

La gadoue était épaisse à ses pieds. Les pierres affûtées et prêtes à rouler sous les semelles.

Il attendait.




KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 07.05.23 23:44

la haine.

tw : vulgarité à la Tev again

On est jamais tranquille sur cette planète, Téva l’apprend à ses dépens en entendant la voix terne de Thompson. Elle avale presque de travers, porte sa main à son cou pour le serrer et retenir le bonbon de passer par le trou du dimanche. Sa respiration lui rappelle qu’elle est toujours en vie - malgré tout - et de facto, coincée dans cette forêt.

Sans un regard pour le garde, elle enfonce son poing qui renferme l’emballage bien au fond du sac, l’air d’envoyer un C’bon ?!. Elle soupire d’un coup de son propre comportement, normal qu’on la punissait une fois sur deux en fait.
Remontrance sur remontrance, la pilule a du mal à passer et elle frotte du dos de sa main ses oreilles, une par une, comme pour chasser le bruit incessant du moustique. C’est un bzzzz étourdissant.

Sibban se demande pourquoi il est que sur son dos et pas celui des autres. Elle doit avoir une tête qui lui revient pas - sans blague vaten, t’as pas éradiqué de ton esprit ta prise de bec à peine assise, si ?
Sans se presser pour le moins du monde, elle continue de nettoyer la zone environnante avant d’enfin se lever.

Un long grognement surgit quand elle se redresse. Oh. Ah, alerte elle voit des tâches. Il faut qu’elle dose sur la rapidité de ses mouvements. Tyler l’a dit, c’est pas la pause, l’information lâchée comme quoi il y en aurait une autre est vue telle une lumière au bout d’un éternel tunnel.

Elle ose pas se retourner, sachant pertinemment qu’il a pas bougé d’un pouce et ressemble à slender man. Qu’on vienne pas la charrier sur sa petite taille, ok elle n’est pas en forme pour se battre, mais sa bouche arrive toujours à s’ouvrir.

J’arrive, j’arrive, le timbre très bas, un choc électrique lui traverse le front. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe, sa mère lui dirait que c’est sa connerie qui lui monte au cerveau, est-ce qu’elle lui dirait aussi que c’est ça qui la fait chuter ?

Parce que cela arrive, de manière imminente. Au ralenti. Accompagnée de l’air de The Blue Danube Waltz de Strauss ou Ave Maria chantée par Céline Dion - pas Beyonce, elle prononce mal les mots.
Les baskets s’enfoncent dans le parterre humide, boueux et la dernière chose que son regard noisette voit est le visage inexpressif de Tyler.
Le reste est digne de video gag, mais sans qu’on sache si la personne va bien.
Aucun son ne sort avant que son corps ne heurte entièrement le sol. D’abord son fessier, puis ses épaules et l’arrière de son crâne. Les paupières papillonnent sous la surprise et la douleur. Le chewing-gum est englouti.

Elle se met à chouiner, les gants enfouis dans la terre tentent de la lever, mais elle ressemble plus à une carcasse échouée que quelqu’un en capacité de se remettre sur pieds.
La première chose lui venant à l’esprit sont ses cheveux.
Non non non non PUTAIN.
La joie immense d’être blonde !

La honte l’immobilise net. Oh, il y en a un qui doit avoir apprécié le spectacle. Elle referme soudainement les yeux, ne veut pas écouter son Vous n’aviez qu’à pas vous éloigner Mademoiselle SiBbAn.

Je vais mourir, laissez-moi, à peine dans l’exagération. Si elle meurt, elle n’aurait pas à terminer cette journée.
Ah, mais si elle meurt elle ne pourra pas se venger.
Nouvelle tentative, c’est un succès. Elle n’en peut plus et son ensemble est sale, n’en parlons pas de ses chaussures feu-blanches.
Ça m’a saoulé, dit-elle entre ses dents, énervée un cran au-dessus. Elle veut hurler, mais ce serait rameuter les autres nulles et même pas pour un million elle leur octroie l’occasion de se moquer. Son nez coule, elle s’essuie avec sa manche, ses yeux aussi, elle ne s'en soucie pas il y a plus important comme le fait que ses cheveux-soient-crades et qu’il-y-a-l’autre-en-face.

Tyler Thompson
IRL
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Tyler Thompson
# 08.05.23 10:05

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Tyler fit un pas.

Il fronça les sourcils, il remarqua l'absence soudaine de Sibban. Il contint un soupir, et il était déjà en train de se mouvoir vers elle, quand elle tomba. Au ralenti, il la vit taper ses fesses contre le sol, puis le reste suivit. Il manqua de réactivité, si bien qu'en se dépêchant pour tenter de la rattraper, il manqua de tomber. Mais l'habitude, les muscles, la maladresse quasi inexistante désormais (la peur de se faire gronder, terrorisé de recevoir un coup), il se rétablit de justesse. Ses genoux grincèrent, tandis qu'il se redressait. La jeune fille au sol, les chaussures immaculées pleines de gadoue, Tyler la fixa s'énerver puis pleurer.

Le bon sens aurait voulu qu'on ne ramène pas de blanc dans une telle excursion. Le bon sens aurait voulu qu'on ne s'éloigne pas du groupe. Le bon sens ne l'aurait pas embarqué sur son territoire. Oh. Bien sûr, le jugement était réel. Une fois la surprise passée de la voir pleurer, il prit sur lui pour ne pas faire de remarques.

Tyler avança en faisant attention, puis il s'accroupit face à elle. Les coudes contre les genoux, il la fixa sans rien dire.

Elle pleurait vraiment que pour cela ? Elle n'aurait jamais survécu. Dans son éducation à lui ; on bannissait les larmes. Tyler ne leva pas les yeux au ciel, il ne déclara rien de méchant. Il se contenta de lui demander d'une voix douce :

« Est-ce que vous vous êtes blessé ? »

Parce que pour le moment, c'était tout ce qu'il avait besoin de savoir. Peut-être qu'elle avait une bonne raison de pleurer, qui n'était pas reliée à ses chaussures blanches. Peut-être qu'elle était en état de choc — il théorisait, les filles étaient fragiles.

Tyler ne la toucha pas. Il resta à une distance respectable d'elle, et de toute façon, il l'étudiait. Il n'entrait pas en contact avec les gens sans leur consentement. Il se contenta de soupirer discrètement, et d'enlever sa veste pour la lui tendre. Trempée et sale comme elle l'était, elle risquait d'attraper la mort. Il se contenta de prendre son talkie, afin de prévenir sa collègue de la situation : « Sibban a eu un accident. Rien de grave. Je m'en charge ».

« Vous pouvez vous relever ? »

Demanda Tyler en lui tendant la main et toujours sa veste. En dessous, il ne portait qu'un vieux pull noir à col roulé, troué de partout, et qui s'effilochait, notamment sur les manches. Au moins, cet habit-là était plus ou moins taillé pour lui. Il ne nageait pas trop dedans, mais comme le reste, c'était usé.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 08.05.23 14:36

la haine.

Les feuilles, les branches, les arbres, la forêt ; la tête de Thompson.
Le tableau est pittoresque, on en ferait un timbre qui servirait à envoyer d’autres lettres de convocation pour TIG. Maintenant ils sont quittes, ils partagent presque la même odeur - de Mère nature.
Elle reprend doucement ses esprits et ses repères. La chute a eut le mérite de la réveiller.
Ses yeux sont grossièrement séchés de leurs larmes, les joues pareil. Elle renifle une deuxième fois.

C’est bizarre, il n’a pas émis une seule critique, il doit sûrement la juger intérieurement contrairement à elle plus tôt. Le karma l’a vraiment frappé, elle en rirait si le bas de son dos ne la tirait pas, lui arrachant une grimace. Les gants ont protégé ses paumes, leur qualité fait qu’ils ne sont pas troués - miracle, elle va pouvoir continuer sa punition.
La crasse dans sa chevelure lui donne envie de vomir, elle sent l’arrière de son crâne plein de terre et de boue. Ses épaules se crispent, sa tête se secoue, légèrement ce serait malencontreux qu’elle accentue sa migraine, pour se débarrasser du plus gros. Une douche est indispensable, même deux douches.

Son visage observe l’état de ses chaussures. Comment va-t-elle nettoyer ce chaos ?
Sa jambe droite est ramenée contre sa poitrine, tout son squelette crie à cause de l’effort.
Non, j-je vais bien. Son intonation entrecoupée la trahit, tant pis pour elle. Il peut en profiter pour se réjouir de son sort, qu’est-ce qu’il fait baissé à sa hauteur ?
Les calculs ne sont pas bons et l’équation n’est pas prête de se résoudre quand il retire sa veste pour la lui donner.

Oh la blague, pas besoin de jouer les sauveurs j’ai juste mal aux fesses.
Et aux chevilles, ses doigts relèvent le pantalon ; de simples rougeurs. C’est bien au dos qu’elle a pris le plus. Les bleus vont survenir d’ici sous peu, pourvu qu’elle puisse reprendre le boulot dès demain et ne pas vivre l’enfer.

Le mal l’a calmée bien qu’elle ait envie de taper dans quelque chose et que son stress oscille.
A la veste s’ajoute sa main, là Tev fait les gros yeux. Elle voudrait continuer à jouer les dures - ouais les filles sont des dures à cuir ! -, cependant c’est certain qu’elle va souffrir en ne comptant que sur elle-même.
Le regard dirigé du côté opposé, elle agrippe sa main, est surprise à moitié de la texture de sa peau, vraiment un homme de l’extérieur quand elle entretient la sienne pour paraître sophistiquée. Elle ne sait pas si c’est toujours la honte de l’accident ou la gêne de la soudaine proximité, quoi qu’il en est, dès debout elle la lâche aussitôt. Merci., chassant le contact autre que visuel.
La gorge raclée, le pantalon remonté  et le sac échoué au sol toisé : quelle galère.

Non non, gardez votre veste. Elle a froid oui, mais n’a pas un pull qui tombe en lambeaux.
Elle tâte ses poches car elle a une illumination.
Son cou et sa colonne vertébrale craquent en se tournant sur son briquet et son tabac qui l’attendent, intacts.

…Je peux vous demander de me les ramasser s’il-vous-plaît, si elle le fait, elle va de nouveau pleurer et ce sera pas beau à voir. Sa demande est risquée, il va vouloir les lui confisquer ou lui dire de le faire elle si elle y tient tant. Tyler est diabolisé depuis la première minute, alors comprenez déjà que la jeune femme va prendre un moment pour s’en remettre qu’il l’a aidée à se lever. Pourquoi c’est pas sa collègue qui la suivait aussi.

Vous allez le marquer dans mon dossier ? L’air dépité et la voix éteinte. Téva a vraiment la haine.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 08.05.23 20:29

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Thompson se releva dans un même mouvement. Il ne chercha pas à poursuivre le contact, alors dès qu'elle le lâcha, il en fit de même. Sa main retomba le long de sa cuisse. Il avait de grandes mains, de longs doigts. D'une délicatesse soigneusement ensevelie sous la corne et les écorchures, les ongles coupés très courts. Malgré tout, il y avait la crasse qui s'amoncelait sous ses extrémités. Des cicatrices entre les phalanges, des marques de quelqu'un qui ne faisait pas attention à son enveloppe corporelle.

Une voix féminine lui répondit, il se pencha légèrement en répétant que cela avait l'air d'aller. Au contraire de sa collègue, son ton n'avait aucune note inquiète. Puis ses yeux se retournèrent sur Tèva. Il la fixa, mâchoire serrée, avant de finalement se baisser pour ramasser le briquet.

« Je vais signaler l'incident. »

Ce fut tout ce qu'il répondit, avant de renfiler sa lourde veste. Il rangea son talkie-walkie dedans, avant d'avancer. Il se tourna de trois quarts, puis il lui jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Il se contenta d'ajouter :

« On va rentrer. Vous allez vous laver et vous changer. Ne tombez pas malade. »

Ce n'était pas vraiment un avertissement, plus un conseil ; garder ses vêtements mouillés et plein de gadoue n'aiderait pas la jeune fille à aller mieux. Tyler fit un autre pas, il s'arrêta encore. Il attendait que Sibban avance à son tour.

L'humidité de l'air était étouffante, presque mélangée à la sueur de son front. Ses mèches de cheveux se collaient à ses tempes et sa nuque ; un piètre tableau qu'il était. Pour autant, il était plus chanceux que la fillette qui allait encore faire jaser ses camarades.

« Ne fumez pas ici. »

Un ordre. Cette fois-ci. Il était clair, net, et précis. Du moins Thompson n'expliqua pas que c'était pour préserver l'environnement ; Sibban avait théoriquement droit de fumer. Néanmoins, il se méfiait des mégots de cigarettes qu'on jetait. Le bout encore chaud, les animaux trop curieux qui pourraient l'inspecter. Les oiseaux. D'ailleurs, sa tête se releva vers le roucoulement bref au-dessus de leurs têtes. Un mouvement dans les branches, une tâche orangée et rougeâtre qui passa comme un éclair au-dessus d'eux.

Tyler plissa les yeux. Un carouge à épaulettes, ils n'étaient pas rares. Pas à cette époque de l'année, du moins. Bruyants. Oui. Ils faisaient bien savoir que le petit cinéma de Sibban les dérangeait. La jambe appuyée sur le renflement du sentier, sa haute silhouette dessinée dans le contre-jour du ciel gris déprime, il reposa son attention sur la fille.

Rien de cassé, mais suffisamment blessée pour ne pas vouloir risquer de se baisser. Elle faisait encore la fière. Sans doute par défi ou par esprit de contradiction. Ou c'était juste lui, qui la dégoûtait parce qu'il était froid et protocolaire. Parce qu'il était recouvert de cicatrices, ou parce qu'il était lui. Tout simplement.

Qu'importe.



KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 08.05.23 22:23

la haine.

On ne peut lui retirer sa droiture et son sens du règlement, Téva n’échappera pas au rapport. Son moral en prend un coup, elle s’efforce de ne rien laisser transparaître, notamment sa détresse. Elle croit qu’en mentionnant l’idée de rentrer, il voulait dire chez elle, mais elle comprend bien vite que c’était trop beau pour être vrai.
Les premiers pas sont laborieux, elle retient des gémissements, garde la tête haute et marche dans ses traces. Qu’il ne s’inquiète pas - enfin ne s’embête pas - il risque pas d’avoir des problèmes sous prétexte qu’elle est tombée sous sa surveillance, qu’il la jette sous le bus et dénonce ses gamineries. Ce sera expéditif.

Un Compris bien docile comparé à ses autres interventions plus immatures. Le tout est récupéré, rangé et ne sera pas touché comme convenu. Elle n’a rien à gagner si ce n’est une autre ligne rapportée aux autorités supérieures. Quand Stéphi apprendra ça…sa coloc ne vas pas en croire ses oreilles. Une vraie journée catastrophique.

L’énergie lui manque et cela la frustre, elle a l’impression d’être immobilisée et qu’on lui a retiré tout ce qui fait son essence. Si Tyler se complait dans l’admiration des oiseaux, analysant leurs bruits et traduisant ce que diable ils sont en train de piailler, Téva préfère largement se dépêcher et retourner à l’intérieur. Le poing serré pour supporter le chemin du retour.

Les railleries émanent déjà, l’ouïe attentive les réceptionne avec une ferme attention de leur faire regretter chaque mot prononcé quand son état le lui permettra. Non désolée, elle ne s’est pas assagie en l’espace d’une chute ridiculement marrante. Chasser le naturel et on connaît par cœur la suite de cet idiome.

Sa collègue vient la voir, évalue les dommages et la blonde est vaguement touchée, elle lui rappelle sa maman et sa maîtresse de grande section d’une gentillesse débordante. Elle ne la punissait jamais, au contraire défendait ses bêtises et mettait celles-là sur le dos de l’insouciance, puis le fait qu’elle n’avait même pas six ans.

La route se résume à Sibban - elle a oublié de le corriger, il ne va pas s’arrêter de l’appeler SibbAN - qui scrute son dos tout le long, sa veste qui aurait pu finir sur ses épaules. Ca lui paraissait inhabituel, l’odeur corporel ne la dérangeait pas - elle a majoritairement était déroutée par ce mélange de gestes impromptus. Ils ne se verront plus, alors oublions vite les attentions artificielles. Oublions les détails trop personnels, on ne dit rien sur les cicatrices, ça ne la regarde absolument pas.

Les mains se plongent dans les cheveux, retirent d’autres morceaux de terre, ça la dégoute rien a changé.
A l’étage, écartée des salles et de la cantine, Téva découvre une nouvelle aile du centre.

C’est donc là ma douche. Elle espère sans relâche un Non, vous rentrez chez vous. Ahaha.
Il y a une pile de vêtements propres à enfiler, la taille ne semble pas être erronée. Un sac pour ceux sales, une grande et petite serviette. Inutile d’expliquer le fonctionnement d’une douche, elle va actionner l’eau froide sans le vouloir et retenir un cri.

Je vais pas prendre quinze ans, rassure-t-elle en refermant vite la porte. S’il reste dans le couloir pendant qu’elle se lave, cent pour cent certain qu’elle sentira la pression de s’activer.

Le déshabillage débute facilement, les choses se corsent quand les bras se lèvent trop, qu’elle doit se baisser à nouveau pour se défaire de son pantalon - il ne glisse pas tout seul, bloque aux cuisses et elle se mord la lèvre.
Le miroir au mur lui donne une vue sur les traces rouges aux reins, quand l’adrénaline sera pleinement descendue, elle va morfler.

La libération remplace la souffrance, l’eau tiède savonneuse la débarrasse de la souillure, elle fait ses adieux à son maquillage complètement ruiné. Tant pis, tout le monde a compris que Tev est pauvre et pas la fille de.
Le revers de la médaille la frappe avec un coup de barre immense, elle est à deux doigts de se rendormir comme dans les toilettes avant. Alors elle coupe immédiatement l’eau.

A vue d’oeil, elle dirait qu’elle a pris trente minutes; C’est pas elle qui paye donc bon.
Coincée devant le lavabo de fortune, habillée - elle a lâché pas mal de jurons - la question de s’il y a de quoi se sécher les cheveux se pose. Un soupir témoigne de son irritation.

La porte se rouvre, la tête dépasse pour chercher vous-savez-qui.
Vous auriez pas un sèche-cheveux par hasard ? Son expression fait pitié, on dirait qu’on l’extirpe d’une sieste de deux heures. Sa migraine a diminué, une longue nuit de sommeil l’éradiquerait définitivement.

Tyler va pas trop criser en voyant le sol recouvert de ses vêtements, les serviettes jonchant tout près ? Son pied donne un coup pour les pousser dans un coin avant qu’il entre. Monsieur aime l’ordre, monsieur va lui dire un truc, elle attend que le jugement tombe.

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 09.05.23 7:29

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Si sa collègue l'encouragea à montrer un peu plus d'empathie pour Sibban, en lui conseillant de lui donner un chocolat chaud (des biscuits, tant qu'on y était ?), il n'en fit rien. Thompson se contenta d'étaler son silence tout le long de la route, veillant du coin de l'oeil qu'elle ne s'éloigne pas trop de lui. Qu'elle ne s'abandonne pas à cause de ses chaussures blanches (mais quelle idée de porter cela quand il faisait ce temps, et qu'on allait passer une partie de la journée dehors !), ou de ses cheveux dont le blond avait disparu dans la gadoue. Au moins, elle se taisait. Et cela, ce n'était pas trop mal.

Alors une fois à l'intérieur, le garde-chasse n'enleva pas sa veste. Il ne lui demanda pas si ça allait, il se contenta de l'escorter vers les vestiaires des femmes. Il resta dehors, en lui désignant la douche d'un signe du menton. Assez loin pour respecter son intimité, et suffisamment proche pour intervenir en cas de besoin.

Tyler colla le dos contre son mur, et il croisa les bras sur son torse. Il inspira et il se contenta d'écouter les bruits émanant de la douche. Il s'impatienta un peu, sans pour autant le démontrer. Il essayait de relativiser, et de retour le moindre jugement, mais on ne changeait pas une équipe qui gagnait. Alors quand Sibban revint, les cheveux trempés, caché dans les vêtements qu'on lui prêtait, il releva un oeil paresseux sur elle. Il fronça les sourcils à sa question, et il se contenta de faire « non » de la tête. Il désigna simplement les serviettes, vit les vêtements qu'elle cacha au loin.

Ce n'était pas le grand luxe par ici. Même pour ses collègues, ce n'était pas toujours facile. Certaines prenaient leurs affaires, comme le tant recherché sèche-cheveux. Et il y avait lui, qui se contentait de ramener des boîtes de conserve pour manger.

« Vous avez votre serviette pour cela. Et je vous demanderai de ranger vos affaires. »

Il avait une caméra de surveillance à la place du cerveau. Il se décolla enfin du mur, avant de lui faire signe de reprendre le travail. Pas le temps de niaiser, elle n'était pas là pour se faire un broushing (ou il ne savait pas trop quoi, il n'y connaissait strictement rien à la jeunesse, et à la beauté et à la mode).

« Est-ce que vous avez besoin qu'on passe à l'infirmerie ? »

Une dernière fois. Qu'elle exprime sa douleur, qu'il puisse y faire quelque chose si c'était possible. Un oeil par-dessus son épaule encore, aussi froid et tranquille qu'il l'était toujours. Mais de ce ton impersonnel. Tyler roula des épaules, dans l'attente d'une réponse.

Avec un peu de chance, ce n'était pas lui qui allait se taper la rédaction du rapport. Mais connaissant sa collègue, il n'y échapperait pas ; de noter que Sibban était tombée dans la boue.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 09.05.23 21:46

la haine.

Le verdict est sans appel et elle ne l’apprécie pas.
Il est peut-être satisfait de s'essorer les cheveux à outrance, tirer sur les mèches à s’en tordre le dos, pas elle. Ajoutons à cela qu’il a vite oublié qu’elle a du mal à se baisser, bref Téva ne va pas lui chercher des noises, elle préfère l’ignorer et serrer les dents afin de s’exécuter.

Aucun son ne sort, aucune insulte ne fuse, le silence tapisse son esprit tant la douleur résonne en un son aiguë et linéaire. Merci Mère Nature, MERCI.

Si elle a besoin de passer à l’infirmerie ? Le dernier vêtement est plié à la va-vite et rangé dans le sac prévu à cet effet. La petite serviette totalement trempée sèche partiellement sa crinière. Ne tombez pas malade qu’il a dit, c’est comme ça qu’elle va l’être mr-je-sais-tout.

Oui je veux y aller. Hors de question de retourner dehors et à cette corvée tout de suite. Chaque opportunité de se tenir à l’écart est la bienvenue. Elle ne sait pas que l’infirmière qu’elle envisage déjà prendre soin de sa blessure, a des horaires de fonctionnaires de la Poste. Et on est dimanche. Personne n’aime travailler le dimanche. Ils sont nuls ceux qui refusent, c’est majoré.

Ses mains appuient fortement sur ses lombaires, terrible erreur car cela a beau soulager ses articulations, ça accentue parallèlement la pression sur ses bleus.
Sa silhouette ne fait que suivre celle du garde chasse, lui et ses coups d’oeil, d’une démarche lente elle observe les couloirs et l’absence d’activités humaines aux alentours. Ses chaussures rachetées comme elle a pu ont perdu de leur éclat et elle se maudit avec du retard de les avoir choisies ce matin. C’est dans la précipitation ou la sous-estimation du programme.

Elle est où la dame ? Fit-elle une fois arrivée à destination.
La réalité met du temps à remonter au cerveau.

Ah, je capte. Un échange de regard furtif avant de s’installer comme la patiente modèle qu’elle est, si Tyler veut tant s’en charger, qu’il assume. Tev n’attend pas, elle relève le bas de son haut pour montrer l’étendu des dégâts corporels.
Vous avez de la pommade j’espère, à défaut d’avoir un sèche-cheveux.

Heureusement que les triplés n’ont plus trois ans, qu’ils ne courent pas sans écouter quand elle crie leurs prénoms. Ils sont toujours surexcités, il y a des caractéristiques qui ont la dent dure, néanmoins ils savent s’arrêter et mardi les parents vont à un gala de charité, elle est chargée de s’en occuper toute la soirée jusqu’au lendemain s’ils décident de dormir à l’hôtel. Le mari ne cesse de faire miroiter son envie de revivre leur lune de miel, Téva a la nausée dès qu’il aborde le sujet en la regardant au coin.

Je vais pas perdre mon travail, hein ? Sinon je fais comment pour payer mes factures.
Sa situation est stable depuis presque quatre ans, c’est un luxe pour une fille sans diplôme. Il ne faut pas que sa vie déchante, auquel cas elle sent qu’elle sombrera dans des trucs encore moins légaux et que là oui, Thompson la reverra.
Ses pieds chassent l’air, le sol paraît loin et par anticipation le dos se cambre, son mouvement se fige - elle reprend le contrôle, il ne va pas l’achever, sa première impression de serial killer ne peut qu’être fausse. Il n'y a surtout aucune chaleur quand on discute avec lui. La sensation vive d’être de trop dans son environnement.

Un coup du pied gauche : il me déteste ;
Un coup du pied droit : il me tolère ;
et rebelote.

Attendez ! Sa tête ne se tourne pas, elle devine sa présence et c’est suffisant. Doucement d’accord ? J’ai très mal. Ses sourcils aussi peuvent se froncer, et pire que les siens. Il ne sait pas que ses réflexes sont solides et qu’un mouvement du coude est si vite arrivé (et elle ne sait rien du tout de lui non plus).

Tyler Thompson
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Tyler Thompson
# 10.05.23 7:29

La haine  

Avec la fille au chewing-gum


Ce n'était pas faute de lui avoir demandé. Si elle était blessée, si elle avait mal quelque part. Si bien que Tyler la fixa, les yeux plissés sur sa frêle silhouette. Il lâcha un "compris" sans aucune implication, autre que les procédures qu'il appréciait tant.

En théorie.

Toujours le silence. Et au moins, Sibban se tenait plus tranquille. Il ne savait pas ce que cela changeait, si c'était le choc de la chute, et il s'en fichait un peu. C'était bien, le silence. Le son de sa respiration, léger et discret. Celui des pas. Une ouverture sur leur humanité. Simple et sans superficialité.

Une fois dans l'infirmerie, il laissa la question de la jeune fille en suspens. Pas de réponses, et une fois qu'elle fit elle-même le constat, il se contenta de lui désigner la chaise. Il enleva sa veste qu'il rangea sur le porte-manteau. Il alla récupérer la crème, du désinfectant et de la gaze encore dans son emballage. Il les déposa sur la table pour retrousser ses manches, et se laver les mains. Il les sécha après les avoir secoués dans l'évier, puis il se plaça face à Sibban.

Sa question ne lui arracha pas d'émotions. Il ne répondit pas non plus. C'était stupide. Les gens ne perdaient pas leur travail pour si peu. Et Tyler ne donnait pas de réponses aux questions stupides. Il inspecta les blessures, méthodiques, avant d'appliquer le baume sur le bout de ses doigts.

Sa peau mate n'avait rien d'agréable, froid et abîmé par la corne. Des mains délicates dans leur apparence, mais dont les ongles noircis de crasse et dont les coupures contrastaient. Tyler était fin, cachant la plupart du temps ses muscles sous ses vêtements. Il était taillé dans le roc, sec, d'angles et d'os comme une pierre polie par le temps. Il avait un peu de poils sur les avant-bras, qui s'arrêtaient au niveau des poignets. Il avait retroussé ses manches jusqu'à ses coudes, et de là, on pouvait voir d'autres stigmates.

Certains disaient qu'il s'était battu avec un ours, d'autres que c'était l'armée. Pourtant, des collègues avaient vu les deux traces de balles sur sa poitrine et sa hanche. D'autres n'osaient jamais en parler, comme s'il y avait quelque chose à dissimuler sous les questions. Et sur son avant-bras droit, on pouvait voir une brûlure zébrer son épiderme. Cela rendait sa peau plus claire, un peu plus fripée. Elle scindait son avant-bras en deux, comme si Moïse avait séparé en deux sa chair.

Du bout des doigts, Tyler appliqua la crème, concentré, pragmatique.

Son corps était un genre d'affront, un truc qu'on voyait, mais contre lequel on ne pouvait rien dire. On se devait de supporter sa vision. Parce que c'était comme ça. Et pas autrement.


KoalaVolant
Téva Sibban
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Téva Sibban
# 12.05.23 21:47

la haine.

Elle ne rate pas à un détail de ses actions, en partie parce qu’il n’y a rien d’autre à regarder. L’infirmière n’aurait pas réussi à accaparer autant son attention, à moins d’être très belle avec les cheveux plutôt courts, grande ou petite, un sourire à la colgate et un parfum frais qui monte jusqu’au cerveau et renverse le coeur. C’est Hannibal qui prépare son repas, se lave les mains et met son tablier de compétition pour cuisiner un bon festin - un buffet aux restes humains. Téva joue avec son piercing à la langue, se fait mal pour taire ses pensées parasites. Pourquoi adore-t-elle imaginer le pire, se tourner un film entier au lieu de relativiser et accepter la réalité ? Ah, parce qu’elle déteste son monde. Un gloussement chatouille sa gorge, il est retenu pour pas que Tyler le prenne pour lui et finit par changer de plan, ne plus la soigner.

De dos, il est rassurant, on oublie qu’il ne répond que par un mot ou des ordres, qu’il semble en avoir rien à faire de si elle était au bout de sa vie, plaie béante - on exagère à fond -. Elle s’aventure à se projeter dans des situations irréversibles ; et si elle avait vite jeté son chewing-gum à la poubelle, et si elle avait fermé sa bouche, et si elle n’avait pas fumé, et si elle n’était pas tombée, et si-. Ouais, avec les si on refait tout l’univers, mais ce serait pas drôle. Sibban aimait trop son chewing-gum, son franc-parler, ses cigarettes et puis osef de rester groupés.

Il se retourne, elle retient sa respiration, son regard reste évasif ne sachant où se poser sans paraître invasif. Cependant, il est là et pas ailleurs, elle ne peut que constater ce qu’il y a à constater et mon dieu la liste est longue. Les frissons grimpent rapidement sous sa peau froide, les dents se serrent au toucher, le myocarde relance avec difficulté la machine. Elle déglutit à peine, prenant pleinement conscience de sa propre personne par sa présence aussi proche. Même le subtil raclement de gorge est regretté.

Le visage continue à se crisper à l’éveil de la douleur.
Il n’a pas répondu à sa question, elle veut savoir.

Pourquoi vous dites rien, je suis au chômage ou pas ?
Les riches n’aiment pas les problèmes, et par problème on ne veut pas dire l’évasion fiscale pointée du doigt en fin d’année, mais bien les gens hors des clous et de la bienséance.
Aux yeux des Denis, Téva est la charmante fille sans le sou qui a assez d’autorité pour prendre un peu de la charge mentale des parents - de la mère. Elle est aussi jolie, ce qui permet au père de se vanter auprès de ses collègues d’avoir une bonne nounou pour ses mioches délaissés.

La brûlure s’impose à ses yeux, sa situation doit être tellement superficielle comparée à ce qu’il a vécu. C’est pour ça qu’elle se convainc que Thompson est friqué, enfin a une belle paie, qu’il est au-dessus de tout ça car ça ne l’atteint pas et ne l’atteindra jamais. Une pierre de plus à l’édifice des raisons qui l’empêchent de le tolérer sans vouloir l’emmerder.

Sauf que la blonde n’est pas méchante de nature, qu’il ne lui a rien fait et qu’au contraire il applique la crème sans air dégoûté ou las. C’est son job, il ne discriminerait pas par principe professionnel, mais il aurait des arguments pour la détester.

La chaise bouge à cause de ses coups de pied, elle s’arrête brusquement quand la peau réagit au traitement. Le karma refrappe alors que pour une fois promis elle est plutôt sympa !

Tev remarque l’état de ses ongles - depuis le début en réalité -, les imperfections de son épiderme, le résultat d’efforts inconnus, d’épreuves passées tenues secrètes. Ses mains sont si petites à côté des siennes, c’est indécent.

Le processus n’a pas duré très longtemps, le haut est vite redescendu et elle évite de plaquer sa main contre le tissu. Est-elle vraiment obligée d’y retourner ?

Vous permettez que je fume avant d’y aller ?

Le s’il-vous-plaît n’arrive pas, en revanche le supplice dans la voix oui.
Vous pouvez vous servir. Propose-t-elle, se surprenant car depuis quand ils ont une tête à fumer ensemble.

Avant qu’il n’émette un seul son, elle se rhabille vite, se sent esquintée de partout et la migraine renaît. On est au bon endroit, ce serait pas tirer sur l’ambulance que de demander.

Il y a de quoi soulager un mal de tête dans un des placards ?

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