Le tableau est - à ne pas mentir - original.

Jésus et le Marchand de Sable, bourrés, en train de jouer au football au milieu de la nuit et des immeubles. Ole n’a jamais vraiment aimé le football pourtant - pourquoi les humains apprécient-ils autant taper dans un ballon avec leurs pieds, la question le dépasse. Mais cette nuit, ça lui semblait être comme une évidence, loin de ses habituelles escapades nocturnes à la recherche d’un sable particulièrement rare qu’il aurait acheté sur le net.

Non, aujourd’hui la démarche fût tout autre.

Jésus et lui, amis de longue date et surtout de garde à vue mythique, se sont retrouvés en soirée, chez Ole, dans le but de faire quelques créations de cocktail - c’est qu’Ole souhaiterait inventer des recettes tout aussi importantes que l’est le Bloody Mary. Par la force des choses et à force d’expérimentations et de tests gustatifs associés, les deux mythes finirent - non sans difficultés, et avec un foie à l’agonie - ronds comme des culs de pelle.

Et c’est à cet instant que tout lui parût comme une évidence.

“Viens, on va se faire un foot. Genre, pourquoi les humains shootent dans un ballon ? Il faut le tester pour le comprendre.”

Il parlait avec les mains, et une voix vaseuse coincée dans le fond de sa gorge. Silvio adorait le football, à l’époque. Ou tout autre sport s’en rapprochant. Ole, de son côté, n’avait jamais été des plus sportifs.

“Je prends Sandy avec nous.”

La chienne, huit mois d’âge, porte encore la tête du chiot trop jeune, une staffy pas vraiment menaçante et qui probablement ne le sera jamais vraiment. Ole la porte dans l’escalier de son immeuble, alors vêtu d’un simple pantalon de jogging qui lui sert de pyjama, d’un vieux manteau pas assez chaud pour cette période de l’année, de ses lunettes de vue, et d’une paire de claquettes-chaussette.

C’est ainsi donc, que vous avez fini par vous retrouvez la nuit, au milieu de nulle part, à jouer au foot comme des idiots. vous êtes sur le terrain des jardins de St-Paul. La chienne vous court après sans jamais s’éloigner - il faut dire qu’elle est plutôt peureuse.

Après un énième but visé sur le côté, il souffle, un point dû à l’effort qu’il a fourni durant le dernier quart d’heure. Il s’assoit à même le sol, la chienne entre les jambes.

“Ouais, non. Je comprends pas pourquoi les humains trouvent ça si cool.”