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Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 03.01.23 0:16

Mascarade


Il se foutait * vraiment * de sa gueule. L'autre là. Le gamin du club. La pédale qui se foutait à poils pour quelques piécettes. Le taré qui l'avait enlevé.

De loin, il était difficile de se prononcer sur Laurence. Il semblait parfois gentil et doux, un peu discret et timide. Si seulement. L'on ne pouvait pas deviner les contours dramatiques de son existence, et sa tendance à transformer le moindre petit fait en un apocalypse déchaîné par les Quatre Cavaliers — Darksiders, il préférait Death à War, et il trouvait la rousse très naze. Dans tous les cas, les imprévus qui mouvementaient sa vie qu'il espérait contrôler à coup de Whiskey et de lame de rasoir avait été chamboulé.

Alors Laurence, les yeux fatigués et les cheveux en bataille, était impatient de retrouver ses lunettes. Oh bien sûr, il aurait pu se contenter de racheter une paire. Prétendre à ses frères et son père qu'il les avait oubliés. Mais la flemme.

Parfois, Laurence avait * juste * la flemme de vivre.

Se suivait parfois des jours affreusement longs, où il ne trouvait pas l'énergie de se lever, ni de se laver, encore moins de manger. Il laissait son âme couler à la dérive, pendant des heures interminables, à se demander si sa vie avait un sens. Oui, sur League of Legends, Laurence était un joueuse de Zed.

Alors Laurence, les yeux fatigués de ses nuits blanches et ses cheveux mal coiffés, était impatient de retrouver ses lunettes. Même s'il * fantasmait * à l'idée de crever les yeux de Bo pour se venger. Il tapotait son stylo ou son index sur la table, agitant le pied, et trouvant son cours pénible. Régulièrement, Laurence zieutait son smartphone, et vérifiait si l'autre lui répondait. Enfin, pour cela, c'est lui qui aurait dû relancer la conversation. Il n'en avait pas eu envie, et il s'était contenté de lui donner une date, une heure, et une adresse.

Quand la fin de son cours sonna, Laurence fut l'un des premiers à sortir. De sa veste noire, trop longue pour sa silhouette, habillé comme un bon petit bourgeois du 16e arrondissement de Paris. Il passa la main dans sa tignasse, puis il prit la sortie. Sans réellement regarder où il allait, il renvoyait des messages insistants à Bo. Il le menaçait sur il-ne-savait-trop-quoi, et sur aucune base. Juste pour le plaisir de se sentir puissant. Malgré la raclée, et la position de faiblesse dans laquelle il se retrouvait.

De même que Laurence se contrôlait, et réprimait l'envie de remonter le fil de leur conversation pour ne pas voir les photos.

Ce sale moufle.

Laurence contourna une rue, il s'arrêta devant une supérette. Il appuya son dos contre le mur, las de porter autant de sacs de sel sur ses frêles épaules. Puis, il s'allumait une cigarette qu'il coinça entre l'index et son majeur. Tout en écrivant à Bo :

Dépêche-toi, tu me fais déjà perdre mon temps.


KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
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Bo Brascoupé
# 03.01.23 21:20
Mascarade


avec Laurence


Comment tu vas, Bo?
Bo serre les mains sur le volant du pick-up rouge de son père en s’efforçant de respirer par le nez. La route est à peu près déserte, il n’y a que les épinettes la bordant de part et d’autre pour tourner leur cime à son passage. Où est-ce qu’il va comme ça en laissant trainer un présage de tempête derrière lui?
Je te présente Marco.
Un chêne. Un peu plus grand que lui, à peine, mais plus carré, le teint halé, la crinière de charbon et épaisse. Le sourire beaucoup trop sincère, la poigne beaucoup trop confiante, les yeux beaucoup trop brillants. Un vrai guerrier des temps modernes, bon chasseur, érudit des secrets des Anciens, un vrai de vrai quoi, le grand amour quoi, un type qu’on serait fou de laisser se perdre en forêt quoi. Quoi! Quoi! Quoi!
Bo ouvre la bouche pour rugir.
Du haut de sa branche, la corneille n’entend rien. Elle ne voit passer que la gueule béante de l’un de ces géants dans sa tôle qui galope sur l’asphalte. Elle coasse et prend son envol.
Prends soin de toi, Bo.

Bo respire un peu mieux, bercé sur le rythme hypnotique du Windigo d’Anachnid. Montréal se dresse à l’horizon. Grise et dense comme la jungle urbaine qu’elle est. Sur le banc passager, l’écran de son smartphone s’illumine; il l’ignore. Dans le porte-gobelet, rangées dans une pochette souple parée de motifs élaborés dans un perlage coloré, dorment les lunettes de Laurence.

Il arrive, il arrive.

Quelques minutes plus tard, le rutilant pick-up prend à droite et se stationne non loin d’une supérette. À travers le pare-brise, quelques mètres devant, Bo observe Laurence. Il donne l’impression de s’être égaré, puis d’avoir été recraché sur le trottoir. Pas comestible.
En revanche, lui se sent étrangement bien. Mieux, du moins.
Bo se passe une main dans les cheveux, glisse une mèche de sa frange derrière son oreille, attrape son smartphone et les lunettes dans leur étui de fortune. Il ouvre la portière et sort, traînant avec lui une odeur de bois, de feu, d’épinettes. Il range son téléphone dans la poche de son blouson aviateur et rejoint Laurence de son pas dégagé, la tête haute, dans son t-shirt taché de terre et son jean déchiré, un presque sourire au coin des lèvres.

Yo. Il lui tend l’étui de tissu et range ses mains dans les poches de son blouson. Comment tu vas, Laurence? La question a déboulé sur sa langue et il doit faire un effort pour masquer sa propre surprise. Ce n’est pas sa voix, qu’il a entendue. Nan… Fait-il en élevant une main et en secouant la tête. On s’en fiche. Et il lui fait un clin d’œil. Parce qu’il est con, et plutôt heureux de l’être, bien franchement.
Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 03.01.23 22:22

Mascarade


Laurence ne relevait pas la tête de son téléphone.

Entre deux respirations, alourdi par la nicotine, il allait sur ses différents réseaux sociaux. Twitter en particulier, où il passait ses soirées à débattre de l'existence des autres. Les remarques transphobes, homophobes et racistes pleuvaient. La plupart du temps, il ne changeait pas grand-chose à son argumentaire. Il se contentait de répéter, voire de paraphraser. Sans plus d'efforts. Quand quelqu'un prenait le temps de lui expliquer, il savourait son « gépalu », encensé par ses followers et les autres incels.

Twitter, c'était plus facile que la * vraie * vie. C'était son terrain de chasse. Et en dehors, Laurence avait bien conscience qu'il ne survivrait pas. S'il ne buvait pas, il restait ce petit geek coincé derrière ses lunettes, et ses cheveux gras. Quand il releva la tête, il remarqua tard Bo. Il envoya un message à l'un de ses frères, au cas où. Rien de folichon, ses simples coordonnées.

Après tout, ce bâtard lui avait déjà fait un sale coup.

Méfiant, le jeune homme plissa les yeux sur l'autre. Une grimace écoeuré, il semblait juger sa tenue sans pour autant trouver quoi y redire. Il tendit la main pour récupérer ses lunettes, la clope coincée entre ses dents. Il ne répondit à son cinéma que d'un « humpf », puis il vérifia qu'elles allaient bien.

« T'es censé t'en foutre, et par réflexe, pourtant, il avait manqué de répondre “et toi ?”. Décide-toi avant de parler. »

Laurence se décala, il fit glisser la sangle de son sac le long de son épaule. Il rangea ses lunettes dans son sac, après les avoir enlevés de l'étui. Il n'en avait pas l'utilité, et il ne voulait rien qui pouvait appartenir à ce garçon. Il ricana d'ailleurs, discrètement par le nez.

« C'est ta grand-mère qui a fait ça ? Haha. Ça sent le vieux. »

Laurence disait cela pour les motifs, les couleurs ; le tout. Pour une fois, il n'y avait pas de reproches dans le grain de sa voix. Un constat, balancé d'un ton fatigué. Enfin, Laurence regarda le jeune homme qui lui faisait face. Les sourcils froncés, l'oeil incisif comme une lame de rasoir. Il se pinça la lèvre inférieure en prenant une profonde inspiration.

Pas un merci ne lui écorcha les lèvres. Laurence prenait ce qui lui était dû.

Puis les veilles habitudes revinrent :

« C'était pas des menaces en l'air, fallait continuer à faire le coq. Prouver qu'on était toujours plus fort. Malgré ses bras de lâche, et son asthme. Puis Bo avait vu son vrai visage par deux fois, Laurence n'avait pas envie de se dissimuler. Il se disait en guerre contre l'hypocrisie, sans voir combien il baignait dans le mensonge. T'sais... joue pas au con avec moi. Tu m'as fracassé une bouteille sur le crâne. Il releva le menton. Eh ouais. Je tiens plus l'alcool que ça, j'm'en souviens. Un sourire torve tordit son visage en deux. Va falloir te faire pardonner, maintenant. »



KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
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Bo Brascoupé
# 04.01.23 2:25
Mascarade


avec Laurence

Pourquoi se sent-il devenir aussi grand dadais aux côtés de ce mulot? Comme si tout ce qui lui sortait de la bouche, à partir du moment où il se retrouve avec Laurence, devenait automatiquement chair à pâté. Peu importe ce que dira Bo, il ne s’en fera jamais retourner que sa présumée idiotie. À tout le moins, c’est ainsi qu’il le vit au moment où Laurence lui sert sa première réplique. Pan! Ta gueule Bo, t’es con, t’oubliais? Quand en vérité, c’est ce troll de malheur qui n’a aucun bon sens. Avec ses petits jeux à la con sur les réseaux, aux bals masqués de ce qui se fait de plus pénible et pathétique en matière d’êtres humains.

Bo reprend l’étui en se mordant la langue et marmonne un ma petite sœur en rangeant le bout de tissu dans son blouson.

D’un regard il évalue la distance entre leurs pieds et note qu’il lui fait véritablement l’effet d’un aimant du même pôle. Son regard remonte des chaussures de Laurence à ses cheveux. Sans se gêner, il jauge, et juge. Mais qu’est-il, en vrai, ce taré? C’est brouillon, Laurence. C’est une fatigue fardée. Une jolie police d’écriture sur une feuille constellée de cernes jaunis. Bo ne le comprend pas, il en a la certitude.

Hein? Il redescend sur les yeux gris pour y jeter l’ancre. Des menaces? Bo met quelques secondes à comprendre. Naïvement, il considérait que cette page avait été tournée. Que c’était tellement évident que Laurence méritait pire que ce qu’il avait subi, que tous les deux s’entendaient implicitement pour laisser les choses telles qu’elles étaient.
On se niaise un peu sur les réseaux, je te redonne tes lunettes, on se salue plus ou moins poliment et la vie suit son cours.
Il n’avait pas poussé la réflexion beaucoup plus loin, et n’avait pas songé qu’ils se recroiseraient possiblement au Vénus un de ces jours. Mais qu’importe, non? Il ferait face à la musique le temps venu. Entre-temps… Bo s’était cru sauf, après leur petite conversation par textes.

L’ancre jetée tient bon. C’est sans démordre que Bo fixe Laurence. Le vent se lève, hallucine-t-il, il croit en percevoir le souffle continu et de plus en plus fort, et ce, à partir du moment où il entend Laurence le dire, l’articuler clairement : tu m’as fracassé une bouteille sur le crâne. Ça a quelque chose de surréel.
Laurence lève le menton et lui le baisse, sans toutefois le lâcher du regard. Est-il sérieux? Bo l’est. Est-ce qu’il a peur? Bo, non. Enfin, pas de Laurence, pas vraiment, plutôt de l’effet qu’il lui fait. Pourrait-il le frapper à nouveau? Oui. Est-ce qu’il saurait s’arrêter? Peut-être.

Ce n’est pas la forêt et il n’a pas sa carabine pour lui mettre du plomb dans l’aile, et la cervelle, à ce blanc-bec de malheur, néanmoins, Bo réduit la distance entre eux.

Mais Laurence, qu’est-ce que tu peux bien vouloir de moi? Il soulève momentanément de part et d’autre les pans de son jacket. Tu te doutes sûrement que j’ai pas les moyens d’acheter ton pardon. Il fait un pas de plus. Alors quoi, tu veux que je t’apprenne à danser? Plaisante-t-il sans sourire. Te laisser continuer à faire chier, caché derrière tes écrans et tes petits bonshommes, il me semble que c’est assez généreux.

Et elle est là, la vérité, Bo ne voit pas comment obtenir le dit pardon sans donner quelque chose en retour, mais il ne voit pas plus ce qu’il a à lui donner, à ce type qui semble avoir bien plus que nécessaire et être trop con pour s’en contenter.
Mais la vérité est aussi ici, dans l’inconfort qu’il ne peut s’empêcher de ressentir en se remémorant son geste. Tout simplement et trop facilement, son bras qui s’élève, et puis le coup. En plein sur le cabochon. Why, Bo? C’est pas comme ça qu’on t’a élevé! Et bien qu’il s’efforce de l’étouffer sous son pied, la culpabilité est là, sournoise comme un gentil poison.
Il baisse les yeux.
Sa vie a-t-elle à ce point perdu le Nord?
Tss…
Il exagère peut-être, un peu. Du moins l'espère.
Laurence Wilkinson
IRL
INRP
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Laurence Wilkinson
# 04.01.23 14:24

Mascarade


Sa petite soeur, hein ? C'est * presque * mignon. Cette façon de prononcer cette phrase, comme si ce bout de chiffon avait une * réelle * importance. Laurence aurait pu faire une remarque, ou bien demander l'âge de la gamine. Encourager la conversation vers des banalités, dans lesquelles les hypocrites aimaient se rouler ; pareil à des chiens dans la merde. Au lieu de cela, il attaquait autre part. Persuadé qu'il était dans son bon droit ; après tout, il était un homme blanc et cisgenre. Le portefeuille de Papa le protégeait de tout et n'importe quoi, et le maintenait dans le confort d'une vie que Bo ne pourrait jamais se payer. Alors en quelque sorte, sa vie avait * plus * de valeur. Parce qu'il était bien né.

Laurence n'avait pas * réellement * conscience des inégalités. Pour lui, il s'agissait d'un mythe. Parce que s'il était * si bien * né, pourquoi devait-il souffrir autant ? Évoluer dans un environnement aussi strict et cruel ? Non. Leurs inégalités, c'était des justifications pour tirer le système à eux. Il tenait à ses privilèges. Les seuls qu'il aurait grâce à son genre, et sa couleur de peau. Le reste, il n'allait jamais les acquérir de lui-même. Parce qu'il ne voulait pas faire d'efforts.

Un pas après l'autre. Bo se rapprochait, probablement en train d'essayer de lui faire peur. Si la première fois Laurence avait reculé, il campa sur ses positions à la suite. Un pas en arrière, prendre racine dans le béton pour ne pas vaciller. Il se força à fixer l'autre jeune homme dans les yeux, le menton toujours relevé dans son attitude princière. Oui. Bo avait raison. Il n'avait rien d'intéressant, ou de suffisamment amusant pour se faire pardonner. Le loyer de son appartement coûtait plus chers que son salaire, alors à quoi bon ?

« Mes petits bonhommes ? Laurence s'esclaffa, spontanément; Il se cacha la bouche en contenant le rire dans ses doigts, puis il secoua la tête. Mais de quoi tu parles ? Des personnages de jeux vidéo ? Des figurines ? Mais JPP. Laurence était de ceux qui transposaient le langage d'internet dans la vie réelle. Parfois de manière sarcastique, d'autre fois pour exprimer une émotion. Tu viens d'une autre planète, c'est pas possible. Laurence s'écarta, il contourna Bo pour fumer. Moins d'un mètre de distance, les Gitanes sentaient fort. On racontait que c'était ce que fumait Gainsbourg - même s'il ne savait pas qui c'était. Mais tu marques un point, admit-il en expirant la fumée par les narines. Sois un peu plus imaginatif. Voyons. Je ne vais pas te donner toutes les solutions. Fais fonctionner ta caboche, gamin. »

Laurence le testait. Il attisait le feu, notait les changements d'expressions. Du reste, l'incel prenait un malin plaisir à observer un jeune homme queer et racisé baisser les yeux devant lui. L'expression de Bo, dans le caractère malsain et tordu de Laurence, était loin de le laisser indifférent.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
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Bo Brascoupé
# 04.01.23 18:24
Mascarade


avec Laurence


Peu importe!
Qu’ils soient de plastique ou de pixels, qu’est-ce que ça change? Laurence prend ses petits bonshommes beaucoup trop au sérieux, songe Bo en serrant les dents. Il est monstrueux comme ses commentaires sur le Web et immature à la manière d’un gamin qui obsède sur un truc et qui ne pige pas qu’on s’en fout; qu’on s’en fout si le costume d’untel n’est pas orange pâle mais foncé, que c’est au soixante-et-onzième épisode et non au soixante-neuvième que le protagoniste se fait crever un œil. C’est ce que Bo lit entre les lignes que lui serre Laurence.

Et tandis que le fumeur le contourne, il s’adosse contre le mur de la supérette. Il regarde les filets de fumée envelopper le garçon et se dit qu’il l’épuise. Il allait bien, quelques minutes plus tôt. Il avait fini par se remettre de sa petite déprime, s’en était allé avec ses miettes de cœur recollé. C’est pour voir si le bricolage tiendra le coup, ce tour de manège?

Un rire lui étire brièvement un côté du visage.

Si moi je viens d’une autre planète, alors toi… Je sais pas ce que t’es.

Bo observe les gens sortir du marché. Un grand rouquin et une blonde se tiennent bras dessus bras dessous. Ils n’ont d’yeux que pour leur binôme et rient fort. La clope de Laurence lui fait soudain envie. Ou plutôt lui donne envie de fumer, mais pas de ça. Ça pue le cancer son truc.

Bo appuie sa tête derrière lui en soupirant bruyamment, joues gonflées. Laurence ne sait probablement pas à quel point ses neurones peuvent résister aux ordres. Il est de loin plus naturel pour Bo de laisser les idées lui tomber sur la tête. Susciter le moindre effort pour provoquer ces étincelles, aussi futiles soient-elles, le fait saigner du cerveau. Aussi renifle-t-il avant de se dégager du mur pour aller faire quelques pas sur le trottoir, l’air renfrogné. Sans y penser, il va vers le pick-up.
La précieuse machine de son père, gracieuseté prêtée à la condition, évidente, de ne pas faire le fou avec. Faire le fou sans, pourquoi pas, mais avec…
Bo se mordille la lèvre.
Laurence, revient à Laurence. Il jette un œil par-dessus son épaule, observe le petit bonhomme s’enfumer.
Au fond, ce gars se fait chier. Il s’en fout du pardon. Bo l’a insulté, en le frappant, et lui a sans doute fait peur. Du coup, il doit se remettre l’orgueil dans le sens du monde, d’où ses élans de boss des bécosses.
Qu’est-ce que t’as à offrir, Bo?
Il hausse les épaules, se dit qu’il fait un bon pote, et un bon coup, pour qui n’a pas envie de lui cracher dessus parce qu’il n’a pas la bonne orientation sexuelle ou les bonnes origines. Mais sinon quoi? Creuser la question rime invariablement à se retrouver devant le gouffre qui les sépare, Laurence et lui.

Bo appuie son front sur la vitre de la fenêtre du côté conducteur.
Il a des amies qui feraient baver Laurence. Enfin, qu’il se trouverait sûrement très cool de commenter grassement. Mais ce serait complètement idiot de les lui présenter. Ce ne serait probablement même pas drôle.

Ce n'est peut-être pas la forêt et il n'a peut-être pas sa carabine, mais... La vue d’une petite boîte noire et rouge glissée sous le banc passager et un coup d'oeil à l'arrière lui confirme ses doutes. Son père cache encore un fusil de chasse dans son camion. Ces découvertes lui donnent une idée. Une idée de gamin, en vrai. Le genre d’idée que son père et les pères de ses amis ont souvent eu, quand ils étaient enfant.
Aussi n’y songe-t-il pas longtemps quand il revient vers Laurence et propose, du ton sans enthousiasme de quelqu’un qui a trop réfléchi pour oser espérer que la fin de son calvaire est proche, et du ton de quelqu’un qui se dit que son idée n’a certainement rien d’original ni de particulièrement excitant.

Tu veux aller tirer? Du menton il indique le Nord. Y’a un terrain vague pas trop trop loin de Montréal. Il regarde l’heure sur son téléphone. Je pourrais te ramener en début de soirée. Une fois le soleil couché, de toute façon… C’est terminé.

Autant il ose à peine espérer que Laurence accepte, autant il n’ose pas devoir s’imaginer chercher davantage. Alors il attend, planté devant l’autre, sans prendre la peine de feindre un quelconque enthousiasme.
Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 05.01.23 13:18

Mascarade




« Je suis normal, moi. »

Lâcha Laurence, quand Bo admit ne pas savoir dont sa personne venait. Haussement d'épaules. Il se contenta de reprendre sa cigarette, puis il fixa Bo s'en aller sans rien dire. Un sourire au coin ; il avait gagné, l'autre fuyait. Tant pis, il se rappellerait à lui plus tard. Laurence était plein de pensées, les doigts à pianoter sur son smartphone. Il commença à marcher en direction de la bouche de métro la plus proche. Si Bo n'était pas revenu à temps, il l'aurait simplement laissé en plan.

Le jeune homme fixa l'autre. Un regard de haut en bas, qui s'arrêta une demie seconde dans ses yeux. Puis ses sourcils se froncèrent, son front se plissa. Il expulsa la fumée de nicotine par les narines, en se demandant vraiment si Bo était doué d'intelligence. La demande était surprenante. Dans une autre vie, peut-être aurait-il accepté. Mais Bo ne lui ferait pas le coup deux fois. Laurence avait déjà planifié douze scénarios possibles, et dans aucun, les choses se terminaient bien entre eux.

Il eut un autre rire, plus asthmatique, plus cruel.

« Tu te fous de moi, là ? Il roula les yeux vers le ciel. D'où je vais suivre un mec qui m'a kidnappé pour aller tirer ? Au moins, il était honnête sur un point : il ne lui faisait pas confiance. C'était limpide. Il se racla la gorge. Je me demande vraiment si tu es si con que ça, ou si tu le fais exprès. »

Le mépris était comme son acné, une seconde nature. Laurence souffla la fumée au visage de Bo. Dans la rue, de jour, il se savait en sécurité. Et en théorie, son frère avait eu son message. Il rangea son téléphone dans la poche de sa veste.

« Ça doit être fun, d'être dans ta tête. Tu ne réfléchis pas beaucoup. Constata Laurence. Est-ce que tu accepterais toi-même cette proposition ? »

Un niveau plissement du front, Laurence recula d'un pas. Il fixa le bout rougeoyant de sa clope, son petit jeu commençait à l'ennuyer lui-même. Pourtant de son point, sa demande était * extrêmement * simple. Bo manquait d'imagination, ou il en avait trop — tout dépendait des points de vue.

« Ou peut-être que tu attends que ça... d'être à mon service, souffla-t-il avec un air ravi. Mais je ne sais pas quoi faire de toi, mon pauvre. »

La remarque raciste avait manqué de peu l'autre jeune homme. Au dernier moment, Laurence avait décidé de ne pas la formuler. Non pas qu'il se souciait des émotions de Bo, plutôt qu'elle ne sonnait pas assez vive dans sa tête. Autant la remettre à plus tard, mh ?

Et de l'autre, sa remarque n'était pas une proposition ni un ordre ; un sarcasme affûté. Ce n'était pas ce qu'il attendait de lui. Pourtant, c'était très simple. Il suffisait de réfléchir, et de se mettre à sa place pour comprendre ce qu'il désirait exactement.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
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Bo Brascoupé
# 06.01.23 2:19
Mascarade


avec Laurence
Le ciel est bleu, le monde tourne, et pourtant, l’air est vicié, irrespirable presque. Il s’en faut de peu pour que Bo glisse sur le rire et la réponse de Laurence. Glisse et tombe et se tape le derrière sur le béton suffisamment fort pour ne pas se relever. Ça vaudrait peut-être mieux, mais au final, il conserve ses esprits.

Mais je ne t’ai pas vraiment kidnappé, Laurence…

Il se dit que Laurence s’en fait un film, mais aux yeux de Bo, il l’a certes assommé cependant, l’amener en sûreté, le temps de reprendre conscience, le temps que l’erreur de Bo s’estompe; cela s’apparente presque à une forme de demande de pardon.

De toute façon il s’emporte, Laurence, picosse de son doigt la même plaie qui ne parvient pas à se refermer. Bo est con. C’en est rigolo, comme il est idiot, Bo.
D’ailleurs, ce fin propos, ça lui fera de nouvelles armes une fois qu’il aura épuisé ses discours racistes et homophobes. Si tant est qu’il puisse un jour manquer d’inspiration. « Gay, homosexuel et idiot ». Une biographie de Bo par Laurence, publiée à coups de charmants commentaires sur les réseaux sociaux.

Ennuyé, Bo ne sait pas pourquoi il répond, mais il le fait quand même.

Je sais pas, peut-être…

Bien sûr qu’il aurait accepté d’aller tirer. Il est con. Il n’aurait pas pensé que le fait de tenir une arme, même en contexte de loisir, n’en ferait par moins… Une arme. Et s’il était Laurence, il en aurait peut-être même profité pour tirer sur l’autre, dans un élan incontrôlé, par « inadvertance ». Tirer son soi-disant kidnappeur, ce doit être pour le moins satisfaisant.

Et alors, Bo échappe un rire moqueur. Sans regarder Laurence, lui préférant le tout et le rien qui les cerne, un point vague, il avoue.

Ça m’arrive aussi, t’inquiète.

Que faire de Bo quand sa vie le force à s’arrêter et contempler l’échec? Quel genre de médiocre exemple donne-t-il à ses sœurs, avec sa petite vie bancale qui bat de l’aile?
Bah… On s’en fout, comme dirait l’autre.
Visage incliné, il regarde Laurence de biais et se demande comment tant d’aigreur peut tenir dans ce blondinet sans épaisseur. Au sentiment de fatigue que lui insuffle cet échange succède une impression de distance. Bo contemple le vide. Deux astronautes en cavale aux confins de l’espace. Ensemble, et pourtant séparés par un insondable néant.
Laurence est incompréhensible. Et lui aussi peut-être, mais peu lui importe en ce moment. Laurence est trop complexe pour lui. Il faut renoncer à communiquer avec cette forme de vie. Mais avant de partir, sa pensée, amoncelée au seuil de ses lèvres à son insu, lui file entre les doigts avec une facilité qui lui échappe.
Épuiser les dernières réserves d’air avant d’entrer en orbite. Qu’importe lequel.

Je ne peux pas t’aider, Laurence. Je ne crois pas que je peux. Je le ferais si je pouvais. Il hausse une épaule. Parce que c’est vrai, et pathétique, mais vrai. C’est comme ça qu’on t’a élevé, Bo. Je te demande pardon de t’avoir assommé. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Enfin, t’es une plaie, et au fond ça m’a probablement un peu soulagé de le faire, mais reste que, c’était con.

Il tourne le dos, s’apprête à retourner au pick-up. Advienne que pourra. Mais en évoquant la soirée du Vénus, il se revoit sur scène, et surtout, revoit Laurence dans l’auditoire. Un regard ou deux, trois, attrapés ici et là sur sa peau comme des brûlures, de celles qui font frissonner, et qu’il avait, sans trop y penser, soigneusement rangés dans sa mémoire.
Il n’y a rien de mal à regarder. À désirer. Après tout, il y avait pensé, c’était pour Laurence qu’il avait dansé, ce soir-là, pas vrai? Et malgré l’ivresse et la haine… N’y avait-il pas eu autre chose, tout au fond de ces pupilles?

Il se retourne subitement.

Tu sais Laurence, par moments, c’est à peine si je ne t’ai pas senti me lécher du regard, au Vénus. Je me demande si c’est vraiment contre moi que t’en as. Je veux dire, on s’en fout que ça te branche de voir un mec danser, que ça t’excite. T’es pas le premier ni le dernier. Sauf que… Si tu considères que c'est un problème, c’est le tien. Pas le mien.

D’une main, Bo se peigne la frange vers l’arrière en soupirant, puis ouvre les bras, mains hors des poches, doigts tendus.

Un coup pour un coup? Tu veux me frapper? Sinon, si tu vois pas ce qui a à faire avec moi, laisse donc tomber.

Par principe, ce ne sera pas lui qui tournera définitivement le dos. Si Laurence considère la question close, soit. Autrement, autrement… Non, il n’y a pas d’autrement qui tiennent dans les méninges de Bo.
Laurence Wilkinson
IRL
INRP
STATS
Laurence Wilkinson
# 29.01.23 13:14

Mascarade


L'aider, hein ?

Laurence plissa les yeux sur Bo * méfiant *. Avait-il l'air * si * faible que ça pour mériter qu'on l'aide ? Oh. Certes, il n’était pas très gros, ni très grand. Il avait le charisme d'une huître et le caractère d'un cafard. Ce qu'il avait pour lui ne lui appartenait pas directement - l'argent, le titre, la relative tranquillité d'une vie engloutit par l'alcool. Il avala alors sa salive. Sa pomme d'Adam monta et descendit le long de sa gorge, alors qu'il soupirait. Une aspiration de fumée de cigarette plus tard, Bo lâcha la bombe.

La réaction de Laurence fut différente. Il n'explosa pas, il ne cracha pas son venin à la face du danseur. Il se contenta de l'examiner, de haut en bas et de bas en haut. Une attitude austère, drapée de mépris.
Mais au fond de lui, tout au fond de lui, Laurence avait envie de vomir.

Il avait appris avec ses frères et son père à ravaler ses sentiments. Dissimuler les larmes sous les sourires, à porter des manches longues pour ne jamais dévoiler la douleur qui était d'être lui. Il savait feindre la bonne humeur, tout en s'enfonçant une fourchette dans le poing. Alors il se ferma, tout simplement.

La fumée de cigarette forma une relative barrière entre Bo et lui. Certes, il admettait le regarder * parfois *. Mais ce n'était rien de plus qu'une vague admiration ; en vérité, Bo le dégoûtait - il se le persuadait, les hommes le dégoûtaient.

« Tu ne m'excites pas, lâcha le jeune homme d'une voix blanche, avant de détourner les yeux vers une poubelle, où un gamin venait de jeter un emballage de bonbon. Mais si ça te fait plaisir de le croire, il roula des épaules et releva le col de sa veste. Et je vais pas te frapper, je suis mieux que ça, moi. »

Un haussement de sourcil, provocateur et appuyant le mépris qui transpirait depuis tous les pores de sa peau. Laurence expulsa la fumée de nicotine depuis ses narines.

« Tu m'excites pas, répéta Wilkinson-fils d'une voix neutre. Puis enfin, il fixa Bo dans les yeux pour déclarer : tu me dégoûtes. »

Les gens comme lui le dégoûtaient, profondément.

Leur existence remuait dans ses entrailles un malaise qu'il peinait à nommer. Depuis toujours. À se battre pour ne pas coller à l'insulte de * pédale * que ses frères affectionnaient. On pouvait porter du Louis Vuiton, et baver des remarques pleines de merde. L'argent ne fait pas réellement l'élégance, et Laurence s'en fichait.

Oui, Bo le dégoûtait.

Sa simple existence était une insulte à la sienne, à remuer sa tranquillité. À bouleverser son petit monde étriqué d'incels.

« Et ne me donne pas d'ordres, t'en as oublié où est ta place, rajouta-t-il d'un ton détaché. »

Laurence était au-dessus de ça.

Il s'en persuadait férocement, à s'accrocher au vain espoir d'une normalité romantisé par les médias et son éducation.



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Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 06.03.23 18:17
Mascarade


avec Laurence


Il y a quelque chose de malaisant dans la froideur de Laurence. Il ne saurait se l’expliquer, mais Bo le ressent. C’est sur sa nuque, sur ses avant-bras, ça frémit, ça frissonne. C’est à peine une brise, mais c’est là. Un temps de suspension où l’air se raréfie. Devant le gibier, l’instant où il retient son souffle avant d’appuyer sur la gâchette. Devant le prédateur, l’instant où il retient son souffle avant de prendre ses jambes à son cou. Tout dépend du contexte. Et bien qu’il soit en quelques sortes armé, Bo ne sait pas s’il l’est vraiment devant Laurence. Les types comme lui couvent parfois les pires monstruosités au creux de leur ventre. Un truc atomique, un truc qui ne fait pas attention à qui ou quoi que ce soit, et qui détonne sans crier gare.

Bo baisse littéralement les bras. Sa main gauche retombe le long de son corps, sa droite atterrit sur son ventre. Il froisse distraitement le tissu de son chandail entre ses doigts, sondant inconsciemment quel genre de monstre l’habite, lui.

Laurence parle, lui réitère son dégoût et insiste sur le fait que Bo n’a rien d’excitant à ses yeux. Comme un refrain. À force, Bo ne l’entend plus que d’une oreille. « Tu ne m’excites pas » perd tout son sens, dans la bouche de Laurence. Espérant peut-être y entendre plus que des mots dénués de leur sens, Bo répète platement, la voix morne, Je ne t’excite pas, mais ça ne veut toujours rien dire. Et à vrai dire il s’en fout.

Bo cligne quelques fois des paupières, comme s’il s’éveillait. Laurence est toujours là et il le trouve ridicule, dans sa dégaine de fils de riche. C’est un mauvais casting. Laurence est nul, dans son rôle. Il aura mis du temps à en prendre conscience, mais Bo commence à se faire à l’idée. Ce type doit définitivement sortir de sa vie. Il s’est assez laissé aller à prendre des détours, à tenter de se distraire et d’oublier le pathétisme dans lequel il s’est convaincu qu’il venait de s’embourber.
Bo ira une fois pour toute se consoler de ses amours tragiques dans les bras de l’un de ses beaux et aimables amis, ou connaissance, ou… Qu’importe. La curiosité a ses limites, il vient de l’entrapercevoir. Tard, mais pas trop tard peut-êt-

Ma place?

De ses yeux verts, Bo a soudain mis Laurence en joue. Son corps s’est redressé sur son axe, mais sa tête s’est légèrement inclinée vers l’avant. Ai-je bien entendu? Ses mains tantôt relâchées se sont figées comme s’il s’apprêtait à dégainer.

Combien de fois, mais combien de fois a-t-il ravalé sa colère devant le mépris, aussi injustifié que dénigrant, de LaurenceS? Si ce n’était de l’insondable et douce sagesse de sa grand-mère, des enflammés argumentaires de sa mère ou des yeux de son père brouillés par la compassion et la révolte, Bo compterait sans doute déjà quelques têtes de LaurenceS en trophées sur les murs de sa chambre.

Au diable, les Laurences. Au diable sa soi-disant place. Aussi bien leur donner raison, pour une fois…
Aussi Bo ne se laisse-t-il pas prier plus longtemps. Il se décharge de toute culpabilité et, à grandes et promptes enjambées, rejoint Laurence dans ses brumes infectes et du même élan, empoigne d’une main ferme le col de sa veste noire, presse ses lèvres sur les siennes et lui assène presqu’au même instant un abrupt et pesant coup de poing au ventre.
Il le relâche en le repoussant.
Le soulagement dans son soupir est quasi tangible.

T’as raison, je suis pas mieux que ça.

Bo replace une mèche de cheveux derrière son oreille et tourne les talons. Il se fout d’absolument tout à ce moment précis et s’étonne presque de ne pas se sentir pousser des ailes tandis qu’il retourne vers le pick-up.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 12.03.23 14:24

Mascarade


« Ouais ta place. »

Répliqua le jeune homme, avec détachement. Il était déjà prêt à bouger, à vérifier que son frère allait bientôt le chercher. Être le petit dernier, avec une santé un peu nulle, ça lui donnait le privilège de pouvoir être protégé. Lui, il était déjà passé à autre chose. Alors quand il sentit le mouvement, quand il vit les pieds de Bo bouger, il releva paresseusement la tête. Avant même qu'il ne comprenne exactement la situation, il se retrouva dans une position de faiblesse qu'il détestait.

Ses mains se levaient déjà pour agripper celles de Bo, et le repousser. Le contact n'eut pas le temps de se faire, que l'autre.

Il ne sut pas * exactement * s'il l'avait repoussé. Il ne sut pas * vraiment * ce qu'il venait de se passer. Les yeux s'écarquillèrent, sa pupille se rétrécit, et il sentit des bouffées de chaleur et d'angoisse remonter depuis le creux de son estomac. Malgré tout, il se sentit rougir. Et avant même qu'il ne puisse l'insulter, le gifler - ça le * démangeait * la paume, depuis l'intérieur de ses tripes -, le coup suivit.

Plié en deux, Laurence cracha au sol. Une bolée d'air frais, qui lui trancha les poumons. La douleur dans la poitrine, celle dans ses entrailles. Il griffa le mur, alors qu'il prenait conscience des quelques regards tournés vers eux. Et soudain, la venue de son frère était la pire chose qui pouvait arriver.

Se prendre un coup de poing, c'était une chose. Il pouvait toujours jouer la carte du petit blanc agressé en pleine rue, par un putain d'autochtone. Mais le baiser ? Non. Il ne fallait pas. C'était pire que tout. Non non non non.

Son cerveau se remplit à ras bords de pensées intrusives, des envies de violence longtemps contenues. De la rage, de l'incompréhension et de la honte. Le regard des autres pesait lourd sur son dos, et c'était ce qui le rendait * dingue *.

Ses mains tremblaient, son souffle restait coincé dans sa gorge. Non. Calme. Il devait * se calmer *. Non. Tout mais pas ça. Il se redressa tant bien que mal, ses yeux cherchaient un endroit où s'enfuir, alors qu'il voyait l'autre enflure se barrer comme si de rien n'était. La crise d'angoisse en devenir, les lames de rasoir dans le fond de ses poches. Et toutes les cicatrices qui brûlaient à l'intérieur de ses os, ses nerfs et ses tendons en train de rugir de rage.

Et la peur, toujours. Que son frère débarque et voit ce qu'il était en train de se passer.

« T'es vraiment qu'une sale petite merde, putain. »

Cracha-t-il, d'une respiration sifflante. Il fondit alors sur Bo, il le poussa de toutes ses forces. Une fois. Deux fois. Il recula d'un pas, l'esprit chaotique, Laurence se tenait la tête. Sa respiration sifflante, les mots qu'il ne parvenait plus à prononcer, et qui l'étouffaient. Le feu qui passa au vert pour les voitures. Lui, qui poussa encore Bo sur le passage piéton. Il recula * encore *, la main agrippée sur son ventre, il se redressa plus ou moins.

« Si tu savais combien... »

Sa voix coupée par le klaxon dans le paysage.

Et lui, qui malgré toutes les envies de tuer ce sale * petit * con, l'attrape par le bras et le tire vers le passage piéton. La voiture fait péter son klaxon, une suite d'insultes et crachée à leur intention. Laurence se laissa tomber au sol, à bout de souffle. Entre deux bolées d'air frais, il crachait des « putainputainputain », à la recherche de son inhalateur.


KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 13.03.23 14:39
Mascarade


avec Laurence


Le point final enfoncé dans le ventre de Laurence.

Bo y croit vraiment, un moment, juste avant de trébucher par devant sous le coup d’un Laurence plus solide que soupçonné. Surtout, porté par la colère. Bo pourrait comprendre, mais il n’en a pas le temps. Il tente de recouvrer l’équilibre, mais est poussé de plus bel.
Mais lâche-moi! Grogne-t-il, énervé.

Un klaxon lui fait tourner la tête tandis qu’il remonte la manche de sa veste sur son épaule, mais il est trop tard. Il ne saura jamais à quel point Laurence… Le déteste? Le hait? N’est… pas excité par lui? Ah, ça, il sait, il sait!
Terrible comme c’est con, cette mort qui fonce sur lui…
Et qui demeurera de l’ordre du mauvais souvenir. Bo est tiré in extremis, repêché en marge sous les regards et exclamations de passants confus et alarmés, mais dont ses oreilles qui bourdonnent et son cœur qui cogne le préservent.

Il met un moment à faire la mise au point sur ce qui l’entoure, et c’est sur Laurence qu’il dirige d’instinct sa mire. Il le dévisage, troublé et horrifié. Il rêve ou il agonise?
Laurence. Souffle-t-il à mi-voix.
Celui-là cherche son air bien plus que lui qui déjà parvient à se redresser, mu par la décharge d’adrénaline.
Qu’est-ce que t’as!? Martèle-t-il.
Laurence cherche, il siffle. Ce type se tape une crise de panique?
Aussi emmerdé que pressé par le drame qui semble s’être entiché d’eux, Bo s’approche de Laurence et viole une fois de plus ses remparts, ses mains parcourant vivement les vêtements hauts de gamme et plongeant dans chaque poche qu’elles rencontrent. Il pourrait prendre le temps – si seulement il l’avait – de noter de quoi donc est fait ce corps faiblard. Y chercher les muscles sous ses doigts qui tâtent et glissent, prendre note de la maigreur du paysage, soulever un pan de chandail afin de mieux en effleurer le grain.
Bo sursaute soudain et grimace de douleur. Il a cru trouver et a serré trop fort.
Une coupure franche traverse le bout de son majeur jusqu’à l’annulaire et laisse s’écouler d’épaisses rigoles de sang. Agacé, il poursuit néanmoins sa fouille, semant au passage des taches rouges sur les vêtements de Laurence. Il finit par tenir un petit objet de plastique en forme de L. Il le tire au jour, agite un peu le truc et le décapsule dans des gestes dont l’efficacité le surprendrait s’il prenait le temps de s’observer.
Il lui enfonce l’inhalateur entre les lèvres.
Ce con n’a pas le droit de lui crever entre les mains comme ça et de s’assurer par la même occasion de le hanter jusqu’à la fin de ses jours.
Respire, p’tit con!
Bo regarde autour. Quelqu’un lui demande si ça va. Il lui crache de se mêler de ses affaires. Un vent désapprobateur et vaguement désolé finit par repousser certains badauds ou aspirants samaritains.
Bo a un regard pour le pick-up rouge.
Tsss…
Dire qu’il serait bien loin déjà.
Il baisse les yeux sur Laurence. On dirait qu’il s’est pris une raclée.
Hey, Laurence… Qu’il lui murmure en se penchant jusqu’à ce que leurs nez s’effleurent.
Hors de question que Bo se tape le procès social qui flotte dans l’air, porté par quelques regards plus tenaces que d’autres. Bientôt, il le sent, on l’avisera que la police s’en vient, qu’il ne s’en tirera pas comme ça. On aura oublié qui a poussé qui devant une voiture. On en aura que faire. Légitime défense.
Ils ne savent rien.
Hors de question qu’il leur laisse Laurence en pauvre victime abandonnée, avec son unique version forcément tordue des faits. Tout est déjà tordu. Ils ne comprendront rien. Ils ne comprennent jamais rien.
Je te kidnappe. Chuchote-t-il dans un clin d’œil.
Sans lui demander son avis, il cueille Laurence sous les aisselles et l’empoigne fermement, le soulageant d’à peu près tout son poids le temps de combler les quelques pas qui les séparent du destrier rouge de Brascoupé père.
Il pousse l’asthmatique sur le siège passager et court se glisser derrière le volant, l’œil un peu fou, presque excité. Le véhicule démarre et les pneus dévorent l’asphalte de la ville dans un bruyant crissement.

T’avise pas de crever dans mon pick-up!
C’est dit avec la légèreté d’une éclaircie post-tempête. Bo regarde devant. Il ne peut pas se permettre un retour sur ce qui vient de se passer. Pas maintenant. Peut-être jamais, s’il le faut. Il dormira là-dessus, offrira l’incompréhensible en pâture à ses cauchemars. En espérant que l’autre se la ferme aussi.

Tenant le volant d’une main, il porte ses doigts entaillés à sa bouche pour en aspirer le sang qui ne cesse de couler. La manœuvre est vaine et lui laisse des coulisses rouges sur les lèvres.
Connerie… Soupire-t-il en virant à gauche. Tu traines des lames dans tes poches, ou quoi? Il rit nerveusement. Tu comptais m’égorger?
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 13.03.23 17:28

Mascarade


C’était donc ça * la douleur *, celle qui lui sciait les cotes. Il fallait parfois un moment pour la reconnaître. Le baiser était encore sur ses lèvres. Et en vérité, Laurence avait oublié le coup de poing. Ce n’était pas * vraiment * ça qui déclenche la crise.

On n’était pas au printemps, pourtant. Le vent ne charriait que la poussière et la pollution, pas vraiment les essences des fleurs. Entre deux respirations anarchiques, entre deux plaintes et insultes, il repoussait les mains de Bo. Il le frappa peut-être au tibia. Laurence ne savait pas se défendre. Il était habitué à subir. Il se subissait tous les jours que Dieu faisait, à sentir les lames contre sa peau pour se soulager un peu.

« Mais… t’es vraiment… con. »

Gronda-t-il, avant de repousser encore Bo. Inspiration. Il serra les lèvres autour de son inhalateur. Bon. Bo au moins avait compris. Ses pensées étaient trop chaotiques, son cerveau trop coupé de la réalité. Elle se superposer entre ce qu’il se passait dans le présent, et ce qu’il s’était passé. Ses oreilles sifflaient, puis avant même qu’il ne se rende réellement compte, il se retrouva embarqué.

Bien sûr qu’il se débattit, et bien sûr qu’il n’y arriva pas avec son coeur de lâche. Trop léger pour pousser Bo, trop délicat pour supporter le contact. Et une fois dans la voiture, à fermer les yeux pour combattre la montée d’angoisse * pire que tout *, il serra les dents.

Putain les lames.

Laurence utilisa de nouveau son inhalateur. Il sentit une décharge dans ses poumons. Il sortit son téléphone, celui-ci était en train de vrombir.

« T’es… dans la merde. Arrête ta putain de voiture. C’était un ordre, malgré l’élan de faiblesse, sa voix était forte et ferme. Il semblait avoir un don pour donner des ordres. Mon frère. Il va arriver. »

Malheureusement pour Bo, les gens de son espèce se reproduisaient, Et surtout, ils restaient dans de hautes instances de pouvoir.

Les lames.
Il saignait ? Ah bordel. Il avait fallu qu’il y mette la main.

« T’as un… problème ? Arrête ta voiture… Puis aussitôt il décrocha à son frère. Ouais ? Oui. Je suis avec… un oeil jeté à Bo, il laissa sa réponse en suspens. Non. On va arriver. Oui, bah ça m’arrive de sociabiliser. Je t’emmerde. Quoi ? Oui… je fais… Oui, c’en est une. » *De crise* « Rien, c’est rien. Ouais ouais. Compris. Il raccrocha. Depuis le combiné, la voix de son grand frère était lointaine, mais l’on avait pu percevoir les accents graves, autoritaires. Bien loin de la petite voix de Laurence. M’oblige pas à t’égorger avec ça, ajouta-t-il en se tournant vers Bo. Ramène-moi, t’as un sérieux problème avec tes kidnappings. »


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Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 14.03.23 16:23
Mascarade


avec Laurence


Non. Lâche-t-il avec l’aplomb désinvolte du gamin qu’il est.
Bo conduit sans savoir où il va, mais il est hors de question qu’il arrête la voiture maintenant. Du moins, c’est ce dont il se croit convaincu, jusqu’à ce qu’il y ait mention d’un frère.
Il sourcille, gardant les yeux sur la route mais n’y percevant plus aussi clairement l’échappatoire qu’il espérait. Son pied se fait moins lourd sur l’accélérateur et ses virages s’adoucissent. Distrait, Bo conduit étrangement mieux. Du moins, de façon plus sécuritaire.
De quoi, ton frère? C’est ton babysitter?
Il ricane – jaune – mais mine de rien, le trajet jusque-là improvisé prend des allures de boucle.

Bo n’a qu’un souvenir imprécis des frères de Laurence et une impression approximative du genre d’individus qu’ils sont. Au bar, il les revoit aux côtés de Laurence, deux beaux grands et costauds garçons qui ne semblaient pas avoir grand-chose à envier à quiconque. Le genre de types, néanmoins, auxquels il préfère ne pas trop prêter attention. Croiser le chemin, détourner le regard… Le genre de types entre lesquels il n’aurait pas souhaité être un Laurence.

Jetant de furtifs regards du côté passager, Bo tente ouvertement de saisir la teneur de la conversation entre les deux frères.

« Oui papa, compris papa. » Sourit-il, goguenard, à l’issue de l’échange.

Bo rigole à la menace de Laurence.

Ouais, ouais… Que veux-tu, je peux pas te résister! Les petits emmerdeurs asthmatiques frustrés me branchent peut-être, finalement. Faudrait voir, tu vois? Si jamais tu te décoinces, appelle-moi, je crois que ça pourrait être CHAUD entre nous, Laurence! Et il éclate de rire comme le pick-up revient à la case départ.

Le véhicule s’immobilise en bordure de la rue, non loin de la supérette. La vie a tout bonnement repris son cours et il ne reste plus de traces de leur altercation. Si ce n’est du sérieux qui saisit soudain Bo. Il baisse les yeux sur sa paume tachée de sang. Il ferme le poing. Le goût ferreux sur ses lèvres lui fait tenter de s’essuyer la bouche du revers de sa main libre. En même temps, il observe les alentours, tentant visiblement d’y distinguer le frère de Laurence, s’il y est.

Dans une sorte de sursaut, comme s’il craignait qu’il s’évapore, Bo porte brusquement sa main sur Laurence, sur sa cuisse.
Attend!
Il la retire aussitôt et darde sur lui un regard dans lequel il peine à masquer son appréhension.
Je te dois rien, pas vrai? Je t’ai rendu tes lunettes, c’est tout.
Pas embrassé.
Pas frappé.
Pas de kidnapping.
Pas de sang puisque pas de… lame.
Un instant, à l’appréhension cède une inquiétude vague et non assumée.
Fais gaffe. Marmonne-t-il.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 14.03.23 21:56

Mascarade


Au contact sur sa cuisse, Laurence leva la main. Le geste se suspendit dans l'air, alors qu'il serrait la mâchoire. Pourquoi la cuisse ? Parmi tous les endroits que Bo pouvait toucher, il avait choisi ici. Là où il y avait les  cicatrices, plus ou moins récentes, là où il suintait de tout son malêtre. Il l'insulta entre ses dents, avant de reprendre une profonde respiration. Au final, il n'avait pas eu besoin de plus de deux ou trois inhalations pour que ça fasse effet.

Restait l'angoisse.

Au bord des lèvres. Au bord de ses oreilles, et de son cerveau anarchique. Putain. Il lui avait donné son premier baiser. Par un mec.

Laurence n'avait approché les femmes que par-dessus son écran, sur le papier glacé. Rien de tangible. Et au fond, c'était tant mieux. Il ne voulait ni toucher leurs poils ni leurs vergetures. Horrifié qu'il était par leurs formes, par leurs voix lascives. Par leurs séductions qui le laissaient de marbre.

Pourtant, il en avait eu l'occasion.

Plusieurs fois. Grâce à ses frères.

« Il y aura jamais rien. Et te branles pas en pensant à moi. Lâcha-t-il d'une voix automatique, alors qu'il écrivait à son frère depuis son smartphone. »

Chaud, entre eux, hein ?

C'était * peut-être * déjà le cas.

Laurence se racla la gorge, et il jeta un oeil par-dessus son épaule à Bo. Il remarquait les goûtes de sang, ce qui lui fit froncer les sourcils. Ah oui. * Les lames *. Une part de lui se demandait encore comment il avait pu mettre les mains dans ses poches, l'autre espérait qu'il n'en parle juste plus jamais.

Laurence ne répondit pas, il se contenta d'ouvrir la portière. Au loin, une berline était garée. Proprement rangée. Du diamant parmi du charbon. Laurence soupira, il posa les coudes sur ses genoux et il grogna : putain, ce fils de pute est là.

Le fils de pute en question n'était rien d'autre que son frère. Et comme tous les fils Wilkinson, Éric avait le cheveu blond. La différence entre lui et Laurence ? Le charisme, la confiance, une certaine douceur dans les traits. Des épaules larges entraînées par le sport, bien habillé dans un costume beige. Le cliché du héros de Shojo qui mouillait les culottes. Il semblait inquiet de ne pas le voir.

« Tu saignes. »

Reprocha Laurence en sortant de la voiture. Il fit signe à son frère aîné, et celui-ci fronça les sourcils. Il se dirigea en quelques enjambées vers la voiture. Il fixa Laurence, puis il regarda ostensiblement l'intérieur du véhicule. D'une voix solaire, Éric balança :

« Attend Law', tu te moques de moi ? Il avait la voix grave, rauque, pareille à celle de Chris Isaak dans Wicked Game. Oh. Ton ami est blessé, Éric avait les yeux partout — surtout dans les décolletés des femmes. Il faudrait passer à la pharmacie, tu lui as fait ? Tu l'as mordu, Law' ?
Ta gueule. »

Éric sourit tout en soupirant, et lança à Bo, un regard désolé.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 15.03.23 15:21
Mascarade


avec Laurence


Bo s’écoule sur son siège, ramollit sous l’effet de l’adrénaline qui l’abandonne. La langueur qui le prend lui donne des envies de paresse. Le sentiment de faire tache sur le jour qui bat son plein l’ennuie. Il regarde dehors, accoudé sur le rebord de la fenêtre.

Laurence le prend tellement au sérieux… Ça lui tire un sourire au coin des lèvres. Se branler en pensant à lui? Et alors? Bo en revanche, soupçonne ne pas avoir l’imagination assez vive pour être en mesure de deviner à quoi pense Laurence, sous la douche. Des trucs tordus, sûrement. Il hausse une épaule, se répondant à lui-même. Tordus ou torturés, ouais.

T’inquiète, j’te le dirai pas si j’ose... Fait-il à la blague.

Le changement de posture de Laurence lui fait lever l’œil. Bo cherche et, cette fois, ne tarde pas à trouver le frangin. Il pourrait siffler ou souffler un commentaire stupide afin de dûment souligner la venue du prince charmant, mais non, pas aujourd’hui, pas ici avec Laurence qui rapetisse à côté de lui.
Bo a l’impression de s’être pris les pieds dans les coulisses et d’être tombé au beau milieu d’une scène où il n’a que faire. Il n’a pas appris son texte.

S’en fout... Qu’il marmonne en réponse au constat de Laurence. Qui de toute manière sort de la voiture. CQFD songe-t-il moqueusement.

Il aurait préféré que l’autre là, reste à l’écart. Qu’il ne vienne pas lui faire sentir son charisme de créature de qualité supérieure de si près. Inconsciemment, Bo s’appuie plus fortement contre sa portière et incline légèrement la tête du côté opposé au passager, tentant d’échapper à ce que l’aîné dégage.
Tire-toi, Bo!
Ouais, ouais, il sait… Et puis ça écœure, cette aisance, ce sans-gêne qu’il leur sert. Bo écoute en n’osant qu’un regard de biais. Il n’est peut-être qu’un élément du décor, en fait. Il se permet tout de même de plisser les paupières à la mention de la morsure. Le prince se croit drôle, en plus.
Ta gueule.
Entendre Laurence le dire de vive-voix lui apporte une certaine satisfaction.

Bo soupire bruyamment. Ça devient franchement inconfortable. Le frère de Laurence ne sait rien et il vaut mieux en rester là. Autrement dit : fuir.

Ça va, je m’en occupe.

Absolument pas, mais qu’importe.

Devant le duo de frères, Bo ignore d’où lui vient son parti-pris pour Laurence et sa presque envie de cogner le beau, l’autre beau, mais c’est là. Oui, Laurence est un taré, violent, il est cette plaie béante qui suinte et empeste et qui donne franchement l’impression qu’elle finira par s’infecter au point de tout simplement répandre sa nécrose… Mais c’est visible. C’est grossier et laid. Du coup, on peut taper dessus en toute légitimité. Plus ou moins. En tous les cas… Bo peut. Ou se le permet.
Laurence est piètrement, mais terriblement humain. Alors que l’autre… Le rend mal à l’aise.

Un mal-être s’agrippe à ses chevilles, il sait qu’il n’y échappera pas aujourd’hui. Il aurait voulu plus de cette violence qui fait sentir vivant. Plus de Laurence pour le faire sentir Bo. Il lui reste ses doigts ensanglantés pour le rappeler à son corps et indirectement, à celui de Laurence. Il tourne la tête vers lui. Regarde sa bouche. Il l’a embrassé. C’est comme s’il avait oublié, pendant un moment. Ce pauvre garçon. Ce baiser qu’il croyait n’être rien d’autre qu’une façon de le torturer s’avérait moins justifié qu’anticipé. À quoi il pensait?
Qu’importe.
Bo ouvre la boîte à gants et en tire un carré de tissu du genre qui sert à nettoyer des lunettes. Il l’enroule gauchement autour de ses doigts.
C’est vilain, mais son père lui arrangera ça, éventuellement.
Bo fait démarrer le véhicule et n’attend plus que Laurence referme la portière pour déguerpir.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 15.03.23 16:28

Mascarade


Laurence grinça des dents.

C’était un son discret, à peine perceptible. Mais qui faisait contracter sa mâchoire. Le forçait à avaler sa salive ; sa pomme d’Adam monta et descendit le long de sa gorge. Éric ne semblait pas comprendre la situation. Laurence devinait pourtant le chemin de ses pensées derrière sa mèche blonde, cachée derrière la lueur de ses yeux clairs.

Il était venu le chercher, alors que Laurence avait * un ami * prêt à le reconduire s’il le fallait. Pour autant, le jeune homme ne le reprocherait pas directement. Si Laurence était hargneux, Éric était patient. Si Laurence avait l’insulte facile, Éric maniait le passif agressif avec brio. Après tout, il n’était pas le fils d’un diplomate pour rien.

Pour autant, Éric tenait plus à son image qu’à son âme. Si bien qu’il se devait de s’assurer que Bo — qui était plus jeune que son petit frère — ne se retrouve pas infecté de sa blessure. Au geste du danseur, Éric leva la main. Un signe de paix, coupant Laurence dans son élan.

« Vous êtes sûr ? S’assura Éric d’une voix douce. Il ne faudrait pas que votre blessure s’aggrave. Il coula un oeil à son petit frère, puis il lui reprocha en déroulant son plus grand sourire naïf : d’ailleurs, tu ne me présente pas ton ami ? »

C’était ça. Partout. C’était dans l’air, et ça s’accrochait à la peau de Laurence. L’agacement, les remarques que seuls tous les deux pouvaient comprendre. Il n’avait pas d’amis IRL, c’était comme ça. C’était tant mieux.

« Bo. »

Grogna Laurence, en retenant * de toutes ses forces * un soupir agacé. Il se tourna vers le danseur, puis il lui balança (il aurait mieux parlé à un chien que ça) :

« C’est mon grand frère. Éric. Éric ? Bo. Voilà. Il remonta le col de sa veste autour de son visage. Il ne regardait ni l’un ni l’autre dans les yeux. C’est bon, il est grand. Il peut se soigner tout seul.
— Laurence, on ne traite pas ses amis comme ça, voyons. Mh ? Je vais passer à la pharmacie, je reviens. Après, promis, je l’embarque. »

Éric accompagna ses saintes paroles d’un clin d’oeil, puis il se mit en route vers la pharmacie. Laurence soupira, il se ralluma une cigarette, avant de s’adosser contre la camionnette de Bo.

« Vous saoulez. »

Bo. Son frère. Tout le monde. Il grinça encore des dents, plissant les yeux. S’il avait pu tuer les deux d’un battement de paupière, il n’aurait pas hésité. Il expira la fumée de cigarette par les narines, avant d’ajouter :

« Tu fais pitié avec ton truc, tu devrais l’écouter. Il agita la main pour évacuer la fumée autour de lui. Il fuyait Bo du regard, son oeil s’attardait sur la blessure, sur le tableau de bord de la voiture, ou sur le volant. Allez, viens me montrer ça. »



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 15.03.23 19:03
Mascarade


avec Laurence


Non! Non non non non non!
Un vent de panique se lève entre les oreilles de Bo qui garde sa main immobile sur le démarreur tandis qu’il hoche la tête à l’adresse de beau blond, sans pour autant parvenir à prononcer le moindre mot. Ses lèvres restent bêtement entrouvertes tandis qu’il ose le regarder dans les yeux.
Il est sûr, oui, mais n’est visiblement pas convainquant.
C’est qu’il a mis la tête dans le collet à lapin. Pire : c’est une main habile et douce qui la lui a insérée à son insu. Une main sous la caresse de laquelle il peine à se débattre. Le terme choisi, « ami », pour le désigner parvient presque à le tirer de sa stupeur. L’étincelle d’un rire lui traverse les yeux.
Hélas elle ne fait pas long feu, car son prénom dans la bouche de Laurence lui fait l’effet de la détonation d’une détente.
Touché le lapin.
Alors c’est vrai, il y est vraiment, l’échappatoire s’est envolée. Le troisième personnage de cette saynète, c’est lui. On ne s’en sort pas.

Et tandis que le personnage d’Éric se précise sous les présentations on ne peut difficilement plus forcées, si ce n’est douloureuses, de Laurence, Bo a un léger hochement de tête pour toute salutation.

Bo regarde Éric s’éloigner et se demande comment ça se fait qu’il est toujours ici et non sur la route à se décoiffer la crinière en vociférant des paroles qu’il comprend plus ou moins. D’ailleurs, il rêve ou il n’a pas capté la moitié de ce qui vient de se passer? C’est plus fort que lui, l’aide qu’on lui offre, de force, n’a rien de réconfortant.

Et toi, alors… Songe Bo à la remarque de Laurence, mais sans la présence d’esprit pour répliquer quoi que ce soit. Il appuie ses bras sur le volant et laisse tomber sa tête entre les deux en soufflant, s’accordant le luxe de fermer les yeux un moment.

Laurence en rajoute – c’est à croire qu’ils se liguent contre lui – et même si la pitié du fumeur reste à son avis de l’ordre de la science-fiction, elle force Bo à s’avouer que la douleur le rattrape et commence à lui peser. Il n’en reste pas moins que ce n’est qu’une coupure, que ce ne sont que des doigts. C’est ce qu’il se répète. Mais à ce point, n’est-ce pas plutôt en jouant le rôle de « l’ami » de Laurence et en acceptant de se faire aider un peu qu’il parviendra à se dépêtrer de cette impasse plus vite? Acquiescer à cette possibilité lui donne l’impression de se montrer imprudent et de risquer de s’embourber davantage. Mais Bo est à court d’arguments et d’énergie pour se convaincre lui-même.

Défait, il éteint le moteur et sort, ne pouvant s’empêcher de se demander s’il rêve ou s’il fait réellement l’objet d’une forme de… D’attention? De la part de Laurence.
Il le rejoint de son côté du pick-up et s’adosse à ses côtés, conscient qu’il empiète forcément sur sa bulle si leurs coudes se touchent, mais s’y risquant quand même. Il lui présente sa main, sans le tissu pour couvrir les coupures. Lui s’attarde plutôt au profil de Laurence, qu’il regarde fixement en se mordillant la lèvre inférieure.

Donne-les moi! Finit-il par lâcher abruptement.
Bo guette d’un œil le retour d’Éric et, bien qu’il ne le voie pas, il se penche vers Laurence et parle bas mais tranchant.
Qu’est-ce tu fous avec ça dans les poches? Donne-les moi, Laurence.
Il peine à mettre le doigt dessus, mais quelque chose le dérange plus qu’il serait prêt à l’admettre. La possibilité que Laurence en possède, de toute façon, des dizaines, ou le fait que la simple présence des lames ne prouve rien en soi, ne traverse pas l’esprit de Bo. Il sait qu’il a des lames, il ne sait pas pourquoi. Il sait que Laurence est le genre de gars à se taper des crises de nerfs, d’asthme (pareil au même à son avis), et qu’il est sérieusement dérangé. Façon plus juste, et moins malaisante surtout, de dire que Laurence lui apparaît de plus en plus comme un type troublé de chez troublé. Et bien qu’il ne sache pas grand-chose – entendons, en général – Bo n’en reste pas moins un peu trop bon. La faute à son cœur qui bat pour dix, sûrement.
Il secoue la tête comme pour chasser la possibilité qu’il soit sincèrement préoccupé par le bien-être de cet emmerdeur.
De toute façon, c’est moi qui me suis coupé... Argue-t-il naïvement. Et ton beau Éric, c’est pas un peu un genre de fouine?
Oui, non, Bo ne sait pas trop ce qu’il dit. Ce serait tellement plus facile de se contenter de taper sur Laurence et de lui faire les poches.
Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 15.03.23 22:10

Mascarade


Laurence coinça la cigarette entre ses dents, il serra la mâchoire. Ce sale type l'avait embrassé. Il ne devait pas y penser. Surtout * pas * maintenant. Il se racla la gorge, puis il avança les mains vers la blessure de Bo, quand celui-ci remua. Alors Wilkinson-fils recula d'un pas, le dos arqué et prêt à répliquer. Mais rien ne vint. Si ce n'était Bo qui lui bavait des ordres. Hein ? Laurence releva les yeux sur lui, agacé, malgré tout surpris. Puis il comprit.

Donne-les-moi.

Ah oui. Bien sûr.

Bo lui parut bien plus enfantin, on aurait dit un gamin qui réclamait la manette face à ses frères. Si bien que Laurence eut un rire, bref et étranglé dans le fond de son oesophage. Il expira la fumée sur Bo, et de nouveau, il retrouva son flegme de fils à papa insolent.

« Ouais, c'est toi qui t'ai coupé tout seul comme un grand. Répliqua-t-il avec nonchalance. Après m'avoir frappé. Deux fois. Précisa le jeune homme en haussant un sourcil, et en levant sa cigarette entre eux. Matte pas mon frère, il n'est pas de ton niveau. Laurence se rapprocha alors, il plaqua la paume de la main derrière la tête de Bo. Il n'avait pas peur des menaces. Il avait l'impression d'être en position de pouvoir, et il allait en profiter. Malgré sa taille, il se croyait imposant. Ce n'était pas * si désagréable * comme situation. Tu vas faire quoi, si je refuse ? Et qu'est-ce que je fous avec ça ? Mh... Il se caressa la mâchoire, la clope en bouche, d'un air exagérément pensif. Puis il sourit à Bo. Ce n'est pas des lames de rasoir qui devraient t'inquiéter. Il recula d'un pas, puis il tira une autre bouffée de nicotine. Mais que je sois armé. »

* En ta présence *

Mais il le garda pour lui. Il préférait que Bo puisse être terrifié à l'idée qu'il puisse passer à l'action. Il se voyait déjà à la Tate dans American Horror Story, en Éric Harris. Il fantasmait souvent sur cette idée.

« Tu sais. D'un fusil de chasse. »

Il recula encore, levant les paumes entre eux dans un parfait signe d'innocence. Fier de son assurance, fier de ce fantasme pas encore réalisé. Mais que Bo se rassure, Laurence était lâche. Il n'aurait ni le courage d'affronter la prison ni celui de mettre fin à ses jours. Et il n'était pas sûr que la notoriété de son père le sauverait.

« Et fais-toi plaisir, qui sait si mon frère est au courant ? Laurence ricana. Si Éric l'était, c'était un lourd secret que personne ne se partageait dans la famille. Qu'est-ce que ça changerait ? Tu peux lui dire comment tu t'es coupé, après m'avoir frappé et kidnappé. Vas-y. Il avala sa salive. T'es tout seul contre deux blancs, Laurence cacha son sourire, mais il transparut dans son sifflement de nez. Mais si tu veux un conseil, rentre dans ses petits papiers, il te le rendra bien. Mon frère est gentil, genre, vraiment, Laurence roula des épaules et il croisa les bras. Mais t'as pas envie de l'énerver. Crois-moi. »




KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
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Bo Brascoupé
# 16.03.23 18:16
Mascarade


avec Laurence


La fumée qu’il reçoit en pleine poire lui fait plisser les yeux. Bo détourne la tête, le temps que le poison se dissipe un peu. Pas étonnant que ce con se tape des crises d’asthme…

Devant la réponse que lui sert Laurence, Bo ne cache pas son agacement, pour ne pas dire son exaspération. Voilà qu’il lui refait la ritournelle des menaces en s’apitoyant sur son sort de victime. Et qu’il lui donne des ordres à son tour. Bo en rit presque, de découragement. Il se demande pourquoi il essaie. Et qu’est-ce qu’il essaie, au fond?

Laurence le tire de son problème sans solution en lui mettant la main derrière la tête. Pris de court, le danseur se laisse mener. Laurence piétine trop vite pour lui. Son rythme est chaotique et impossible à déchiffrer. Du moins pas aussi rapidement, pas pour Bo. Alors il l’observe et se laisse porter un temps, deux temps, trois ou quatre tout au plus, car bien que la cadence paraisse toujours imprécise, Laurence trouve le moyen de la briser de plus bel.

À l’évocation de l’arme, Bo fronce franchement les sourcils, confus.

Quoi?

C’est étrange et pernicieux, cette façon que Laurence a de s’insinuer dans les replis de sa tête où il ne l’attend pas. Il se raconte des histoires, c’est sûr, comme un gamin, mais des histoires pour le moins dérangeantes... Bo n’en reste pas moins plutôt impassible, et presque surpris de l’être, devant ces tentatives de l’intimider. Réflexe de survie, il recule vers les coulisses.

Le fait est que Bo ne peut plus se permettre de lever la main sur Laurence. Et bien franchement, même s’il apprécierait sincèrement qu’il se ferme la boîte, ça va. Une sorte de calme devant sa soi-disant défaite, ou son abandon de quelque chose – il ne saurait encore dire quoi – parvient à lui éclairer l’esprit malgré la voix de Laurence qui lui bourdonne aux oreilles comme un moustique.
Après tout, qui est-il, lui, Bo Brascoupé, pour prétendre savoir ce qui est mieux pour Laurence? Qu’il se dépiaute tout entier, s’il le faut. Même que, Bo pourrait lui donner un coup de main.

Son regard effleure distraitement Laurence pour mieux s’égarer par-dessus son épaule, en quête d’un point de fuite. Il n’aurait su trouver mieux que la reluisante berline pour se poser.
Laurence lui parle de son frère et lui se voit soudain installé sur le siège passager de la voiture de luxe, dans un costume griffé, des bagues aux doigts, à rire avec Éric pendant que Laurence se ronge les ongles à l’arrière.
Il revient sur terre en arborant le sourire d’un heureux rêveur.
Laurence et Éric empestent le fric.
Il avait presque oublié.
Oublié, aussi, que c’est du confort de son spotlight qu’il était le plus souple et surtout, le plus habile. Notamment devant Laurence. Alors aussi bien y retourner et ne plus en sortir.

T’as raison Laurence, je me mêle de ce qui me regarde pas. C’est juste que… En tant qu’ami, je me fais du souci pour toi.

Comme c’est facile et étrange, soudain.
Finalement, un rôle avait possiblement été écrit pour lui, dans c’t’histoire.

Excuse-moi, je n’ai pas à te dire quoi faire. T’es un grand garçon.

Sourit-il, innocent, avant de baisser les yeux sur ses doigts, qui ne saignent pas moins.

Ça n’arrête pas de saigner. Il me faudrait peut-être des points, non? Conduire comme ça, tu crois que c’est sécuritaire?

Innocent, innocent, innocent comme un lapin.
Imaginaire ou pas, Bo se complait dans son nouveau costume.
Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 17.03.23 9:12

Mascarade



Ouais.

Ouais.

Bo lui ressort ses petites manigances. Et Laurence bien * évidemment * au-dessus de tout se contente de rouler des yeux. Ce n'est pas lui devra se supporter plus longtemps. Ce n'est pas lui qui devra supporter les élans de bonté d'Éric. Alors Laurence soupire et expire la fumée de cigarette par la bouche.

« Avec un peu de chance, t'auras un accident. »

La méchanceté revient égratigner ses lèvres sèches, coincées contre sa cigarette. Néanmoins, il jette un oeil à la blessure. C'est tout ce qu'il lui faut ? Lui, il a l'habitude des coupures. Des marques * profondes * dans sa peau, qui dégueulent de sang. Il sentait même celles sur ses cuisses raper contre le tissu de son pantalon. Avec le temps, la sensation était devenue rassurante. Il se méprisait de s'adonner à ça, mais il n'avait pas d'autres moyens. Heureusement, Bo ne semblait pas avoir compris.

« T'es vachement fragile, si t'as besoin de points de suture. »

Tu es vraiment fragile, si tu fais une crise d'angoisse et d'asthme pour un baiser. Tu es vraiment fragile de pas arriver à courir à cause de tes poumons. T'es vachement émotif pour t'énerver contre un jeu vidéo en ligne, parce qu'on a insulté ta mère.

Laurence se tourna vers Bo, il lui fit signe malgré tout de lui donner la main.

Son contact à lui, n'avait rien d'agréable. Il avait le bout des doigts glacés, les paumes moites. Les ongles cassés ou rongés, le bout des manches de son pull couvraient presque son pouce. Il semblait porter des vêtements trop grands.

Du haut de son 1m68, Laurence se trouvait * trop * petit.

Il soupira. Comme toujours. Avant de fouiller dans la poche de sa veste et d'attraper un mouchoir. Il l'appuya sur la plaie, avant de grogner et de s'écarter. Il espérait lui avoir fait mal au passage, histoire de lui rappeler qu'il n'était pas * doux *.

« Excuse moi, j'ai pas à te soigner, t'es un grand garçon. Bon, qu'est-ce qu'il fait l'autre ? »

L'autre, c'était Éric. Laurence prit son téléphone, puis il vérifia si son frère ne lui avait pas envoyé de message. Lui, il se contenta d'un « t'es où » et eut une réponse. Un simple : « désolé, il y a du monde ^^' » qui lui fait grincer des dents.

Attendre grattait sa poitrine, se fourrait dans ses veines et le démangeait depuis l'intérieur. Parce qu'attendre c'était encore resté près de Bo. Et qu'il lui en voulait. Que s'il semblait calme, c'était un leurre sur ce qu'il imaginait lui faire.

Le baiser.

Le coup de poing, il l'avait presque oublié.

Laurence avait envie de boire. La gorge asséchée. Il avait trop parlé.

Alors il se contenta d'ouvrir Twitter, en continuant de fumer, prêt à partir à la chasse aux LGBTs et aux féministes. Il avait une proie de choix, près de lui. Mais elle était trop réelle.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
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Bo Brascoupé
# 17.03.23 16:22
Mascarade


avec Laurence

Bo lâche un rire bref, mais sincère.
Laurence est-il intentionnellement drôle?
Mm… Probablement pas puisque ce qui est drôle, c’est justement le fait qu’il parait sérieux en lui souhaitant un accident. Et qu’il l’est sans doute, mais en même temps, c’est tellement gros et « dans ta face », c’est tellement dit, tellement assumé, cette méchanceté de premier degré, que c’en est, oui, plutôt comique aux oreilles de Bo, à ce point-ci.

Son sérieux lentement rapatrié, il hausse nonchalamment une épaule en réponse à Laurence et ses suppositions.

Pas si fragile… Corrige-t-il vaguement. Je tiens pas à collectionner les blessures, c’est tout. C’est assez commun, je te dirais.

Il porte une main à sa poitrine et se gratte distraitement entre les pectoraux, là où sommeille une quasi imperceptible cicatrice, tout en confiant ses doigts blessés à Laurence, dont les « bons » soins lui tirent une grimace passagère qu’il s’efforce de contenir. En bon « grand garçon », il maintient ensuite lui-même la pression.

Merci~ Chantonne-t-il comme un automatisme.

Bo n’est pas pressé. Il ne travaille que tard ce soir et, bien qu’il n’en ait pas vraiment envie, il sait que son corps lui sera fidèle, qu’il pourra compter sur sa mémoire musculaire et sa condition physique pour le garder du ridicule. Il aura beau avoir la tête dans les brumes et les paupières lourdes, qu’importe, les spectateurs auront de quoi se repaître quand même. Et c’est tout ce qui compte.
Du coup, c’est d’un œil bien impassible qu’il observe Laurence texter « l’autre », s’impatienter, bouillir et replonger dans son écran. Il soupire. Ce n’est pas comme s’ils avaient leurs vies à se raconter, après tout… Par mimétisme, il finit par tirer son propre smartphone de sa poche, mais quelques secondes suffisent à lui confirmer que son ex a toujours d’autres chats à fouetter. Au moins un. Il se contente donc de répondre un thumbs up à un texte de sa mère qu’il prend à peine le temps de lire, avant de ranger l’appareil.
De toute façon, il s’avère que lui aussi a un genre de chat à fouetter.

À balayer Laurence du regard, Bo ne peut s’empêcher de songer que, si ce n’est du fait qu’il risquerait d’avoir de l’eau dans la cave, comme qui dirait, il porterait probablement mieux ses vêtements que lui.

Est-ce que… Est-ce que tes frères te refilent leurs vieux vêtements? Demande-t-il, dubitatif, avant d’ajouter, blagueur : Genre, ils savent que t’as fini de grandir ou…?

Bien qu’il n’ose le plus souvent une certaine extravagance que sur scène, Bo n’en reste pas moins toujours habité par un certain souci esthétique, conscient de son image. Et si ses uniformes de tous les jours se composent de morceaux pour le moins répétitifs – jeans, t-shirts… - ils n’en restent pas moins tous choisis à sa mesure. Ne pas savoir mettre en valeur – même le moindre de – nos atouts est un petit drame en soi, à son avis.

C’est juste que… Tu pourrais avoir l’air plus… Moins… Cherchant ses mots, Bo porte sa main indemne à ses lèvres, détaillant du regard les épaules, les bras, le cou de Laurence. Ça écrase ta silhouette, d’avoir l’air perdu dans tes fringues, comme ça. Il range sa main dans sa poche, tandis que de l’autre, il tient toujours fermement le mouchoir sur la coupure. Je pourrais t’aider. T’aurais l’air moins con. Et puis je suis ton ami gay pas vrai? C’est un peu ma raison d’être, te refaire une garde-robe… Le sourire est grinçant. L’offre, même Bo ne saurait trop dire, mais il tient bon, il tient bon. Se retenir de frapper Laurence ne signifie pas qu’il doive se tenir de lui dire la vérité, non plus.
Quel bon ami il fait, vraiment…!
Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 17.03.23 17:28

Mascarade



Qu’est-ce qui était commun ? Les blessures ?

Lawrence ne chercha pas en savoir * plus *. Il refusait de donner plus d’importance à Bo, alors que déjà, ses pensées allaient tourner en boucle autour du danseur. Il fixa encore la blessure, avant de déporter son regard plus loin.

Son souffle était revenu à la normale, quoiqu’il restait légèrement sifflant. De longues respirations, bruyantes à ses oreilles; charriant les relents des crises. Celles qui étaient passées, et celles qui arriveraient bientôt.

Laurence remua les jambes, les épaules, afin de se défaire de la sensation désagréable des yeux de Bo sur sa silhouette. Il avait envie de se cacher davantage dans ses fringues, se rouler dans une couette et boire. Boire.

Alors quand Bo décida de prendre un fusil imaginaire, et de pointer toutes ses insécurités, à tirer à balles réelles sur son corps abîmé et maigrichon, Laurence grinça des dents.

Il était sensible. Au fond. Mais il savait ravaler ses émotions. Si bien que Bo ne lui tira qu’un roulement des yeux, avec la sensation malsaine et étrange que Bo voulait le revoir. Depuis tantôt, le danseur alignait les tentatives.

Gay.
Ce mot dans cette bouche le fit tressaillir. Une brûlure dans son ventre. Un brasier qui lui tailladait les côtes.

« Non. On est pas des pauvres, nous. Gronda le jeune homme. Voyons. Laurence respirait l’argent. Une odeur de métal coulé dans le sang des innocents. C’est moi qui achète mes fringues. On dirait que tu veux en rencard, c'est un truc de gays d'être tout le temps en chien ? Et laisse mes fringues, répéta-t-il encore, en vérité, vexé comme un pou. Je les choisis et elles sont très bien comme ça. »

Laurence ne se rendait pas compte que cette information était pire. Parce que oui, Laurence ne savait pas s’habiller correctement. Et en plus, il se taillait mal. Au moins, ça le confortait dans l’idée que mal se fringuer, faisait que LUI, n’était pas une * pédale *.

« Ta gueule, se renfrogna-t-il en redressant le col de sa veste pour se cacher dedans. J’ai soif. J’vais me chercher une bière, le temps que l’autre crétin se pointe. »

Laurence avala sa salive, sa pomme d’Adam monta le long de sa gorge avant de redescendre. Il termina sa cigarette, avant de se diriger vers une petite supérette. Il s’arrêta devant celle-ci, et il aboya à Bo :

« Tu viens ? »

Ce n’était pas une question. Mais bel et bien un ordre. Il ne savait pas pourquoi il réclamait sa présence. Sans doute pour maintenir l’illusion d’amitié. Du reste, agacé par ce qu’il avait lui-même exigé de Bo, Laurence rentra dans la supérette. Oh.

Bien sûr, il n'était pas là-dedans pour meubler la conversation. Ça aurait pu. Non. Il se dirigeait déjà vers le rayon des alcools. Ses yeux vagabondèrent sur les bouteilles de Whiskey, avant qu'il ne tire une grimace. De la bière, ça serait suffisant en attendant.


KoalaVolant
Bo Brascoupé
IRL
INRP
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Bo Brascoupé
# 18.03.23 18:17
Mascarade


avec Laurence


Mais qu’est-ce qu’il espérait, au juste?

Ouais, ouais… Soupire-t-il en levant le nez vers le ciel. T’as peut-être raison. Elles sont très bien, tes fringues. Elles sont comme toi, parfaitement disproportionnées.

Bo baisse le menton, adresse un clin d’œil à Laurence.

T’es too much.

Il ne sait pas comment il y arrive, mais c’est facile, là maintenant. Comme si Bo avait épuisé tout le sérieux qu’il arrivait à prêter aux paroles de Laurence jusque-là. Comme si à force d’entendre ses bêtises, il n’arrivait plus à très bien saisir le sentiment derrière. Ou tout ça devenait flou.
Au fond, Laurence entend-il vraiment, lui-même, tout ce qu’il dégobille? Est-ce que ce n’est pas à ce point répétitif que ça en devient cacophonique, même pour lui? C’est peut-être le but, avoué ou pas. Faire assez de bruit pour se distraire de ce qui, autrement, serait insupportable à entendre, à admettre…

Damn… Ce type est vraiment pas bien.
Bo suit Laurence des yeux sans bouger, en se demandant quel genre d’asthmatique s’allume une cigarette en sifflant encore ses restants de crise. Quel genre d’homophobe vient et revient se briser les yeux sur un mec comme lui. Quel genre de personne traîne des lames dans ses poches. Et voilà qu’il a besoin d’une bière. Pour avoir trop souvent trop jeune serré les dents en reconnaissant cette soif que l’eau ne saurait étancher chez un de ses proches, Bo le jurerait : il en a besoin.

Au moment où il l’appelle, Bo réalise que le truc, son truc, c’est que Laurence ne lui inspire pas, ou plus, une once de peur ou de méfiance. Enfin, s’il en reste quelque chose, c’est sourd, presque indiscernable.

Le ton de Laurence l’agace, mais il le rejoint quand même, le pas lourd.

Il ignore si c’est le mouchoir ensanglanté qu’il tient toujours sur ses doigts, sa tête de type qui sort d’une réserve ou le fait qu’elle a peut-être assisté, à l’abri derrière sa vitrine, à la scène qu’ils ont jouée plus tôt, ou encore un mélange de tout ça, mais la femme derrière le comptoir lui lâche un sale regard. En chat échaudé, Bo se retient de cracher, mais se voit néanmoins rattraper Laurence à grandes enjambées et maladroitement lui rentrer dedans tandis qu’il regardait par-dessus son épaule.

Scuse-moi… Balbutie-t-il en rangeant ses mains dans ses poches.

Il esquisse une grimace en constatant le choix de Laurence. Il aurait grimacé peu importe, bière ou autre alcool, loin d’avoir envie de ça, en ce moment.

Tu fumes autre chose que des cigarettes? Demande-t-il soudainement, haussant un sourcil intéressé.

Après avoir vu un Laurence bourré, Bo se demande franchement de quoi il peut avoir l’air sous l’effet d’autres substances. Et puis qui sait ce qui se cache parfois au fond d’une poche? Mais Bo se contente pour l'instant de sa question. Avec le grand frère dans les parages, dont il ne sait somme toute pas grand-chose, une mauvaise – ou peut-être plutôt encore plus mauvaise – première impression le guette toujours.
Laurence Wilkinson
IRL
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Laurence Wilkinson
# 19.03.23 18:54

Mascarade



Ouais. Laurence était * trop *.

Trop mal dans sa peau, trop riche, trop blond. Trop lui. Bo lui alignait ses sermons, sans lui tirer même un regard. En vérité, il se fichait bien de ce qu'il pensait de lui. Alors occupé à errer dans les allées de la supérette, il lui jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Un « hum » fut sa seule réponse. Suivi d'un haussement d'épaules, détaché, il murmura :

« Ouaip, comme toi, j'imagine. »

Ses doigts défilaient sur les canettes. Il en sortait parfois une du paquet, l'inspectait, avant de la reposer. Ce n'était pas assez fort. C'était ce qu'il semblait penser, et c'était bien le cas. Il se racla la gorge, puis il continua d'avancer vers des bouteilles plus chères. Pas qu'il se souciait du goût, non. S'il avait bien des goûts de luxe, l'objectif n'était pas de savourer les différentes liqueurs. Non. Il voulait se détendre, et ce n'était pas de la bière coupée à la flotte qui allait l'y aider.

Laurence attrapa une bouteille, il la tourna dans un sens, puis dans l'autre. Il fronça les sourcils, il fit rouler ses yeux gris jusqu'au plafond, et il décida que cela ferait l'affaire. Il jeta un autre regard à Bo, les sourcils froncés, il le détailla dans un profond silence. Puis il renifla, avant de se diriger vers les caisses.

« Mon frère est stupide, la supérette, ça pouvait suffire pour la blessure. »

La pauvre dame, derrière le comptoir, leur servit un regard noir. Mais aussitôt, elle leur envoya son plus beau sourire commercial. Laurence ne lui accorda pas un regard, et quand elle eut l'insolence de lui demander s'il lui manquait autre chose, il grogna « des gitanes ». La marque de cigarettes qu'il fumait, comme son père, comme ses frères. Il balança la monnaie sur le comptoir, il attrapa la bouteille et le paquet de cigarettes. Dehors, il fit quelques pas avant de ranger les gitanes dans la poche de sa veste.

« Quelle conne. »

Siffla-t-il à propos de la caissière, agacé de s'être fait mal regarder par une femme. Il fixa de nouveau Bo, puis il soupira :

« Ne dis pas à mon frère que t'es gay. »

Un ordre. De nouveau. Parce que Laurence ne voulait pas qu'Éric s'imagine qu'il avait eu un * rencard * avec un mec. Même s'ils s'étaient donné rendez-vous. Ils s'étaient quand même tapés dessus, et Laurence aurait pu le tuer à force de le pousser sur la route.

« D'ailleurs, tu m'en dois une, ajouta-t-il en pensant à la voiture qui avait manqué de peu le jeune homme. A ce rythme, tu vas devenir mon homme à tout faire. »

Ah. Peut-être que ce dernier point n'allait pas lui déplaire. Il ne savait pas trop ce qu'il en ferait, de Bo s'il l'avait à ses bottes.



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