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Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 05.12.22 17:31
Bas les masques


avec Laurence Wilkinson

Le jacket sport rouge aux manches blanches. Le jean ajusté. Les baskets impeccables et les cheveux lissés d’un côté. Ce soir, on fait dans le rétro, mais pas moins iconique. Dans la lumière brutale du miroir enluminé, Bo incarne le casting parfait du jeune athlète américain, un vrai jock.

Ça le fait?

Elle tire une fiole de son décolleté abyssal et se rince abondamment l’œsophage avant de répondre d’une voix rugueuse de rockeuse enfumée.

« Mets-en. »

D’un signe de tête, Bo refuse la gorgée qu’elle lui offre et s’applique à replacer une mèche de ses longs cheveux derrière son oreille. Il redresse le menton, hausse un sourcil et se compose un air fendant de jeune premier. Il adresse un clin d’œil à sa collègue avant de quitter les loges et d’entrer en coulisses. Une mince ouverture entre les épais rideaux de velours lui permet de constater que son admirateur y est toujours. Et toujours, pathétique. Seul? Il semblerait…
Bo doit inspirer profondément pour ne pas décrocher de son rôle.

Pipo sort de scène. Dans un claquement sonore, le géant à la gueule et dégaine de lutteur se déprend le string de la croupe en descendant le petit escalier.

« Bon show, BB! »

On annonce alors le dernier numéro de la soirée. Bo entre sur scène quelques heures avant l’aube. Ce soir, je danse pour toi mon coco. Songe-t-il en prenant la pose dans la pénombre, dos au public, mains dans les poches, léger déhanchement dans le bassin et le regard vers le côté.
À l’issue de cette nuit festive, devant un public s’étant étiolé et dont le délire a fini par se fatiguer, Bo se meut au rythme soutenu d’un reggae aux accents pop avec la même vigueur que s’il s’était agi du numéro d’ouverture. D’ailleurs, cette salle loin de déborder lui offre tout le loisir de tenir pour cible de ses regards explicites, à plus d’une reprise, un certain… Comment déjà?
Bo se dévêt un morceau à la fois, à moments choisis, unissant chorégraphie et effeuillage dans un heureux mariage, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un jockstrap pour l’habiller, fidèle à son personnage jusqu’au tout dernier morceau.

Noir. Applaudissements. Sifflements.

Préférant remettre la douche à plus tard, Bo se rafraichit rapidement et s’enduit la nuque d’une eau de Cologne. De retour dans le confort d’un t-shirt et d’un jean plus relâché, il se recoiffe vite fait et recentre sa chaînette autour de son cou. À peu près satisfait, il empoigne son sac de sport et quitte les coulisses désormais vides, laissant traîner une note d’ambre dans l’air.

Y est-il toujours?
Bo balaie les lieux du regard dès sa sortie d’arrière-scène. Sa sobriété contraste avec l’état des corps à la dérive. D’un, notamment. Particulièrement visible sans feu son anonymat. Lui, son bully des derniers temps.  
Il aurait dû s’en douter. Que cet idiot-ci s’avérerait aussi être cet idiot-là. À la fois ce client téméraire à l’intérêt pour le moins ambigu mais définitivement pénible, surtout connu ici comme étant « le frère des deux autres », et cet avatar du Web maître du commentaire indésirable. Aussi indésirable qu’une coquerelle dans un sandwich, ou quelque chose dans le genre.

Dans une tentative de se refroidir les esprits, Bo inspire un bon coup avant de s’approcher du bar où s’est échoué son boulet. Il échange un regard avec la barmaid qui a visiblement hâte de fermer boutique. Dans une entente tacite, Bo s’improvise barman tandis qu’elle déguerpit en douce.

Last Call… chantonne-t-il, doucereux, en s’appuyant sur le comptoir pour mieux faire face à son client. Hmm… Laurence, c’est ça? T’as aimé le show?
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 05.12.22 21:48

Bas les masques


Laurence n'était pas * plus * intelligent qu'un autre. Il n'apprenait pas les leçons, et il recommençait les * mêmes * erreurs.

Il se pensait intouchable, juché dans sa tour d'ivoir, à contempler la ville en dessous. Le visage éclairé par son écran de smartphone, et à tapoter tout ce qui lui passait par la tête. Puis au moment de sortir, avec * déjà * un verre dans le nez, il avait cru bon de poster une story Instagram avec son outifit du jour. Dans son miroir, on pouvait trouver sa petite silhouette maigre, le visage légèrement caché par le téléphone. Un pantalon noir et droit, une chemise blanche sous un pull océan, et une longue veste qui lui arrivaient aux genoux. Il maudissait ce 1m68, qui limitait sa * recherche * de masculinité. Petit dernier, avorton coincé entre deux beaux jeunes hommes.

Son reflet était reconnaissable, malgré qu'il fut tellement fade que c'en était indigeste. Des cheveux blonds, coiffés en arrière, et des lunettes. Ce soir, il sentait ses yeux gris fatigués.

Comme depuis quelque temps au Vénus, Laurence retrouvait ses deux frères. Il finissait la soirée avec eux, à commenter les filles, et à critiquer les mecs. Il y allait avec des bouffées d'angoisse, si bien que parfois, il disparaissait quelques minutes pour embrasser sa lame de rasoir. Toujours au fond de sa poche. Parfois, il se coupait le bout des doigts par inadvertance.

Mais ce soir, c'était * différent *. Ses frères l'avaient laissé depuis longtemps, fatigués de chaperonner encore et encore le plus jeune. S'il voulait rester, il n'avait qu'à rester. Pour une fois, ils n'allaient pas le raccompagner ; devoir se débrouiller seul, comme une grande personne ne lui ferait pas de mal.

Peut-être qu'au fond, Laurence l'attendait.

Ce mec.

Des insultes répétées, des commentaires désagréables, mélange d'homophobie et de racisme. Laurence se sentait protégée derrière son écran, malgré que son ventre se tordait à chaque fois qu'il revenait dans son feed. Et quand il le croisait au Vénus, il avait la tête qui tournait * et les idées noires, anarchiques, chaos de sang et de flammes. *

Alors ce soir, plus que les autres, Laurence enchaînait les verres de Whiskey. Si on acceptait sa présence, c'était seulement grâce à ses frères, et son titre. Les pourboires qu'il laissait s'allongeaient aussi. L'esprit embrumé par la moiteur de l'ivresse, il mettait un peu plus.

Il dépensait * énormément * un peu l'argent de papa dans ces conneries.

Si bien que lorsque le spectacle démarra, Laurence était déjà loin. Ses mots se perdaient, sa voix fluette se cassait dans des accents graves. Il sentait la cigarette, le parfum et l'alcool. Son halène soupirait la brûlure du Whiskey entre deux soupire, tandis que ses yeux curieux * fascinés * suivaient les faits et gestes du danseur. Et le malaise dans sa poitrine ne faisait qu'enfler ; une excroissance de plus en plus douloureuse. Inflammation du muscle, à irriguer le sang dans ses veines. Sa respiration un peu plus sifflante.

Il n'était pas * trop * mal, ce type, là. Laurence était certain qu'il devait avoir son * petit * succès avec les filles. Ses yeux suivaient les déhanchés, coulèrent le long des jambes, comme une pluie fine sur une gouttière. Avant de s'arrêter sur le bar, il recommanda un autre verre qu'il descendit cul sec dans la foulée.

* Non *

Avec sa veste sur le dos, les bras croisés sur le comptoir, Laurence n'avait pas fière allure. * Contrairement à lui. *

L'alcool s'évaporait de tous les pores de sa peau, une couche de sueur se glissait sur son front. Le visage dans le creux de ses coudes, à se demander pourquoi le monde dansait autant, il ne perçut pas l'échange. Il ne se redressa que lorsqu'il décida de boire encore.

Sa tête tanguait, ses yeux se plissèrent sur la silhouette désormais habillée qui lui faisait face. La migraine vrillait dans ses tempes, si bien que Laurence mit du temps à comprendre qui lui faisait * vraiment * face. Son prénom sonna étrangement à ses oreilles, comme si ce n'était pas le sien.

Laurence posa un coude sur le comptoir, les joues rouges d'alcool, * il avait chaud. *

Il se frotta les yeux d'une main, puis de l'autre, il poussa le verre.

« Mmmmmh... quel show ? Lâcha-t-il, la voix enrouée. Ah ouais... il leva l'index, il fronça les sourcils. Nah. T'étais dégueulasse. »



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 06.12.22 14:57
Bas les masques


avec Laurence

Bo se mord la lèvre inférieure et baisse les yeux. Dégueulasse? Lui? Il pourrait rire. Il pourrait aussi glisser ses doigts dans les cheveux blonds de Laurence, lui en arracher quelques-uns en les enserrant dans son poing avant d’abattre sa tête sur le comptoir et, avec un peu de chance, faire craquer ses lunettes en même temps. Mais… Non. Plutôt, Bo claque la langue et se racle la gorge avant d’empoigner le verre vide. Il en hume le contenu puis attrape la première bouteille de Whiskey qui lui tombe sous la main. Tout en versant, il contemple l’option de tout simplement offrir la bouteille à Laurence en lui souhaitant une belle noyade.

Mais ce type, ce con parmi trop d’autres, il le sait, est une âme à la dérive en cruel manque de regards pour attester de son existence. Ou quelque chose comme ça. C’est du moins ce que son père dirait, lui-même rescapé des eaux profondes et capiteuses. Alors Bo replace la bouteille où il l’a prise et repousse le verre à demi plein. Retour à l’envoyeur. Ce n’est pas lui qui lui tiendra la tête sous l’eau, ni celui qui se démènera à tenter de le hisser à bord d’un quelconque radeau de sauvetage.

Ouais. J’ai cru comprendre que j’étais pas trop ton type. Soupire-t-il dans un demi-sourire. Sara par contre… Cheveux platine, le justaucorps rose à paillettes… Elle faisait un peu Barbie, tu vois?

Laurence n’est pas seul au pays des trolls à la masculinité radioactive, incluant ceux qui bavent secrètement devant les photos de Bo en s’écrivant des scénarios pour public averti pendant que leur douce moitié dort à côté. Mais la plupart ne sont pas aussi effrontés que celui-là. Celui-là est tenace. Comme une coquerelle. Et comme une coquerelle, peut-être même qu’une bombe nucléaire ne saurait en venir à bout.
À défaut de pouvoir les faire disparaître, donc, on devient bon à donner l’impression que les ignorer est chose facile. Ces nuisances. Aussi Bo pourrait-il se contenter d’offrir le même traitement à Laurence qu’à ses prédécesseurs. Fermer les yeux. Continuer son chemin. Éventuellement, oublier. Espérer ne pas avoir été trop écorché au passage. Ou pas, et plutôt profiter de l’état d’ébriété avancé de ce rejeton de riche pour lui foutre le nez en bouillie.

Dans le bar, les lumières se tamisent davantage. Les derniers employés sortent. Un concierge, androïde, débarque avec son aspirateur et sa vadrouille. Bo tique légèrement mais détourne prestement le regard et s’en remet plutôt à son dilemme de l’heure. Pianotant lentement sur le comptoir, il se demande si cette loque débarrassera le plancher d’elle-même ou s’il faudra la balayer avec le reste. Et quel genre de carapace cache-t-il sous ses vêtements proprets? Oui, plus que tout, c’est vers cette question que son esprit glisse tranquillement : comment le mettre en pièces sans avoir à se salir les mains?

Bo tire de son sac une veste usée au style aviateur dont il se couvre les épaules avant de porter ledit sac en bandoulière. Il contourne le bar et va retrouver Laurence près de son tabouret.

T’es arrivé comment? Tu peux marcher, Laurence?

C’est plus fort que lui, Bo prend plaisir à l’appeler par son prénom, à s’en saisir et à le lui frotter sous le nez. À le faire rouler sur sa langue et en lui prêtant sa voix grave et soyeuse. Un peu de la même manière qu’il appréciait particulièrement se donner en spectacle et rouler du bassin en le sachant là, dans l’ombre, en l’imaginant suffoquer sous l’effet d’un plaisir qu’on se tue, en vain, à avorter. C’est le genre de chimère que tu es, pas vrai? Pas vrai, Laurence?

Surtout, ne pas disqualifier l’option du cassage de nez trop vite. Une ruelle est un angle mort où les accidents sont si vite arrivés…
Comme une invitation à se faire repousser, Bo lui offre son bras.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 06.12.22 18:03

Bas les masques


Qu'est-ce qu'il lui veut * l'autre * ?

Qu'est-il venu chercher auprès de lui ? Pourquoi se dandine-t-il impunément sous son nez ? Et pourquoi * diable * décide-t-il de répéter son nom ? Laurence plissa les yeux, il détailla Bo avec un mélange de colère et de dégoût. Il retroussa le nez, avant de reporter son attention sur le verre que le danseur poussa vers lui. Il avait des questions. Elles fusaient un peu partout, balles de ping-pong contre un mur, alors que l'alcool continuait de mariner. Son haleine puait, c'était un fait. Demain, il peinerait à affronter la journée.

La douleur tapait dans ses tempes, il respirait fort et la fatigue alourdissait ses épaules. Quand Bo mentionna la fille, Laurence eut un bref rire. Il baragouina quelque chose comme « elle est bonne », sans se souvenir exactement de quoi elle ressemblait. Fallait qu'il fasse * plus * attention, peut-être que ses frères la connaissaient.

Laurence se redressa, le coude appuyé sur le comptoir, et la main maintenant sa tête trop lourde. Ses doigts s'enroulèrent autour de son verre, le monde jouait encore avec lui. S'il bougeait trop vite, le flou sur ses yeux devenaient plus lourd, et ses gestes trop lents. Il inspira. Fier, il ne souhaitait pas montrer combien il était bourré à * ce * mec. La poitrine se gonfla, et resta ainsi quelque secondes. Puis le soupir s'entendit, ses sourcils se froncèrent, alors qu'il observait la silhouette de Bo se glisser vers lui.

Il se foutait vraiment de ma gueule.

Laurence le détailla, sans cacher son mépris. Ses yeux dégringolèrent le long de sa silhouette, fuyant les siens, avant qu'il ne fasse un petit geste agacé de la main. Qu'il dégage.

« En baisant ta mère, réponse simple, courte, et efficace. Insulter les mères, ça marchait toujours pour énerver quelqu'un. Eh... Attends, comment tu connais mon nom, déjà ? Et arrête de le dire. Décida-t-il, de sa voix rauque et fatiguée, alors qu'il pointait la poitrine de Bo avec l'index. Il appuya dessus, d'une force mollassonne, et il ajouta : t'es pas autorisé à m'appeler comme ça. Je te l'interdis. »

Brève illusion d'asseoir son autorité sur le danseur, dont la proximité le dérangeait soudain. Sensation désagréable, qui gratte dans les épaules, et brûle sur les avant-bras, les cuisses.

Laurence avala sa salive, avant de fouiller ses poches. Bien. Tout était là. En place. Son monde était aussi tordu, et il était toujours torché. Clefs, portefeuille, et la lame de rasoir. Bo le prenait pour un con ; Laurence avait encore * plus ou moins * toutes ses frites dans le même sachet. Il savait très bien qu'il cherchait à se venger, en jouant les bons samaritains. Un truc de Wokiste, ça.

« Mieux. Donne-moi le numéro de Barbie truc, une idée, une lumière dans sa cervelle. S'il avait son numéro, il pourrait s'en vanter auprès de ses frères. Il leur filerait certainement, ou il ferait mine de la contacter. Oui. Bonne idée. De quoi gagner un peu de charisme auprès d'eux. Il se frotta les yeux. J'ai payé pour le verre ? Lâcha-t-il, alors qu'il le vida encore. Il ne savourait pas le Whiskey ni la vague de chaleur. Il ordonna en relevant légèrement le menton : un autre. »



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Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 07.12.22 2:28
Bas les masques


avec Laurence


Laurence n’est pas un gentil soûlard. Ce n’est qu’une déduction, mais elle parait de plus en plus évidente. Il est de ces soûlards qui font apprécier à Bo sa taille. Il sait qu’il a au moins cela : son corps, pour faire rempart devant la malveillance et les relents de violence qui émanent de l’autre. D’être plus grand que lui, plus costaud, de se savoir plus fort, cela lui donne non seulement confiance, mais tend aussi à l’inciter, un peu, trop peut-être, à faire montre de bravade et à espérer trouver le moyen de profiter de ce con-là, particulièrement.

Bo lève les yeux vers le plafond à la mention de sa mère et soupire bruyamment. Jouant de la nuque un instant, paupières closes, il sait bien que sa maman n’a rien à faire là, dans ces insultes faciles de petite charogne de cour d’école, mais quand même. Cela dit, à rouvrir les yeux sur Laurence, Bo ne doute pas une seconde que sa mère saurait le mettre au pas, s’il le fallait, et la pensée l'apaise.

L’index sur sa poitrine marque un tout premier contact. Bo ne cille évidemment pas devant cette menace en manque de tonus.

Il me l’interdit… Répète-t-il moqueusement en écho. T’es mon plus grand fan, je le sais. Quoique tu fais un peu sangsue, dans ton genre. Et c’est pas comme si tu ne t’en permettais pas, toi…

Derrière eux, l’androïde, relativement efficace malgré sa désuétude, s’affaire à ramasser les restes de consommations et déchets qui traînent, à balayer le verre cassé… Bo ne tient pas à être présent lorsqu’il en sera à nettoyer le bar, à s’excuser poliment de les déranger, tout sourire malgré le vieux vomi sur ses semelles. Il tient encore moins à devoir parlementer avec un éventuel Type-2 de sécurité. Mais Laurence incarne le parfait client tache, de ceux qui ont à peine conscience que le monde au-delà de leur brouillard continue de tourner, et que l’on finit par déloger et jeter au trottoir en les empoignant par le fond de culotte.

Tirant son smartphone d’une poche, Bo y baisse les yeux en contournant Laurence d’un pas traînant, en direction de la sortie. Il range l’appareil après y avoir brièvement pianoté du pouce. Puis à son tour, il détaille Laurence du regard, de haut en bas, de bas en haut, froidement.

Ouf… Sara… T’es vraiment pas son genre. Elle m’en voudrait, tu comprends? Il hausse les épaules, l’air faussement désolé, tout en poursuivant son avancée.

Ce n’est pas tant l’androïde que lui-même une fois devant, qu’il préfère éviter. Et de toute façon, à cette heure, le changement d’air est plus que bienvenu.

Non. Pas payé. Et non. Pas un autre. Tu m’en devras une, Laurence. Il articule son prénom sans émettre un son.

Certains, des fous peut-être, disent qu’il n’y a justement que les fous qui ne changent pas d’idées. Et un changement de point de vue suffit parfois à provoquer un volte-face. En tous les cas, sans réfléchir, Bo fait soudain demi-tour, saute par-dessus le comptoir et attrape le Whisky rangé plus tôt. Il repasse par-dessus le bar avec la même adresse en tenant d’une main le goulot de la bouteille. À la pêche aux gros poissons, on ne lésine pas sur l’appât.

À moins que les étreintes avec les Types 2 te branchent, je t’invite à sortir, giigoonh. Et il rit, un peu con, les yeux en fentes comme le gamin qu’il était hier, trop bon public pour sa propre personne, avant de déboucher la bouteille et de s’en couler une gorgée moins généreuse qu’il n’y parait, question d’ajouter une couche de subtilité, ou de brume, à son jeu.

Puis, c’est sortie de scène pour le Bo, qui se retrouve sur le pas de l’entrée habituellement enluminée du club, sur fond de nuit ponctuée de quelques noctambules. Il attend. Patient, en bon pêcheur qu'il est.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 07.12.22 11:58

Bas les masques


Face au refus de Bo de lui filer le numéro de * Sara *, Laurence se contenta d'un authentique et spontané « pffff ». Pourtant, il n'insista pas. Son esprit embrumé par le Whiskey passa à autre chose, alors qu'il tentait de faire le point sur la soirée. Il était agacé. Sans ses frères, il était perdu et il peinerait à se débrouiller. C'était la * triste * vérité. Il pouvait leur reprocher plein de choses, néanmoins, ils avaient toujours été là pour s'occuper de tout * à sa place *. Il allait leur prouver qu'il était grand, et qu'il pouvait arriver à rentrer sans avoir besoin d'être raccompagné. Même si ses jambes étaient flageolantes, même s'il était bien éméché, et même s'il devait se taper la présence de l'autre * là *.

« Chui pas ton fan, grogna Laurence en se raclant la gorge. Arrête d'prendre tes rêves pour des réalités. J'préfère Barbie. »

Du moins, c'était ce qu'il essayait de se convaincre. Barbie ressemblait davantage au cliché de la gonzesse qu'il était * censé * aimer, et vouloir baiser.

Le temps était décousu dans son crâne, les phrases revenaient les unes après les autres dans sa tête. Des pièces de puzzles mélangées, qu'il peinait à retrouver pour les remettre dans l'ordre. Le tableau n'en était que plus chaotique, et Laurence remonta ses lunettes avec le majeur. Le tout en fixant Bo. Ses petites provocations ne s'arrêtaient que là ; il n'était pas suffisamment courageux pour se battre, de toute façon. Et Bo ne répondait pas à toutes ces questions. Quel gamin.

Quand le danseur voltigea sur le comptoir, Laurence eut un mouvement brusque. Il s'écarta aussitôt, comme s'il craignait un coup ou être touché dans sa démonstration d'arrogance. Il le fixa, les sourcils froncés, sans comprendre exactement ce qu'il avait voulu faire. Puis il vit la bouteille, en levant les yeux au ciel. Plus agacé qu'impressionné, finalement.

« T'en sais rien, au moins, pas obligé d'faire la conversation avec ces machins-là. »

Ses frères plaisantaient souvent sur l'utilité d'un androïde pour lui. Dans la maison du patriarche, ils en avaient quelques-uns pour le ménage et la cuisine. Lui, il se sentait mal à l'aise à l'idée d'utiliser une machine pareille pour ses * petites * affaires. Un jour, Laurence s'en doutait, ses deux frères allaient rendre la blague réelle. Dépenser du fric pour ça, c'était le comble de l'absurde.

Bo s'en alla et Laurence resta seul.

Le jeune homme poussa un profond soupir. Les coudes sur le comptoir, il fourra le visage entre ses mains. Ses lunettes remontèrent sur son front, tandis qu'il frottait ses yeux et ses joues pour tenter de se réveiller. Courage, mec. La solitude soudaine ne lui déplaisait pas. Au moins, il pouvait se concentrer sur autre chose que sur la face insolente du danseur. Laurence avala sa salive, puis il essaya de se lever. Il s'appuya sur le comptoir, il manqua de tomber en se cognant le genou contre le tabouret. Il faillit le faire tomber dans son autre tentative, avant de réellement se rendre compte de sa situation.

Laurence renifla en pinçant le bout de son nez. Les yeux à demi-ouverts, il inspecta les environs à travers ses cils, la conscience prête à basculer dans les abîmes. Bon. Il fallait marcher. Et appeler un taxi. Il avala encore sa salive, puis un pas à l'autre, il avança dans le silence du Vénus. La plupart du temps, il se tenait à ce qui était à sa portée pour ne pas s'écrouler. Il avait envie de dormir. Et il avait soif.

Une fois dehors, Wilkinson-fils grogna sur Bo. Il avisa la bouteille, alors que la conclusion que l'autre l'attendait fut claire comme de l'eau de roche. Agacé, il fourra la main dans la poche de sa veste pour allumer une cigarette. Plusieurs essais, entre le vent et le briquet, entre la flamme et le bâton de nicotine qui ne voulaient pas se rencontrer. Puis, leur étreinte se fit ; le bout rougeoya, et Laurence inspira une grande bouffée.

« T'as pas répondu : comment tu connais mon nom ? »



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 08.12.22 3:04
Bas les masques


avec Laurence

Une petite éternité fait son nid dans ces quelques minutes de solitude, dans l’attente de Laurence. Le temps de se sentir seul et con. De penser à son ex et à la tête qu’il ferait en le voyant ce soir. Il devinerait le gribouillis à l’encre noire qui accapare les idées de Bo. En fait, il saurait sûrement mieux y voir et en interpréter le véritable dessein. Mais Bo n’est pas Noodin. Il n’a ni sa bonté, ni sa sagesse. Il n’a que sa propre légèreté et son ignorance pour le porter de faux pas en faux pas. Il devrait s’en tenir à la scène. Dormir, cueillir, danser, n’aspirer à rien d’autre, n’être personne d’autre que parfois le fils, le frère, l’objet de désirs peut-être trop multiples, peut-être pas assez anonymes, qu’importe, prendre l’argent et s’en contenter.

Et puis, Laurence est une nuisance plus qu’autre-chose. Il n’est pas « spécial », il n’est digne d’aucun intérêt. Non? Si ce n’est de son portefeuille. Mais son portefeuille n’est pas exactement accessible. Du moins ce que Bo pourrait en tirer. Loin d’être un voleur expérimenté, il ne saurait trop comment s’y prendre pour l’escroquer sans laisser de traces. Il faudrait apprendre. Il y a sûrement quelqu’un au bar qui-

Tiens, tiens, un revenant. Bo redescend sur terre, dans une Montréal endormie qui tressaille parfois, chatouillée par des rires d’étudiants fêtards à l’issue de soirées colorées, ou piquée par des épaves de corps errants.
Laurence fait pitié. Enfin… En vérité Bo n’en a pas la moindre idée, de ce qu’il ressent, de ce qu’il en pense, et se sonder davantage le rebute, alors il évite. Pitié ou pas, il est clair que ce pauvre fiston n’a pas appris à boire, ou il a un sérieux problème. Sans ses frères pour l’escorter, ça permet de mieux faire état de la dérive et de l'ampleur de ses ravages.

Tsss… Désapprouve Bo en secouant lentement la tête.

Mais qui est-il pour l’arrêter? Il lui tend la bouteille, l’observe s’allumer une clope d’un œil amusé.

Pour toute réponse à la question que Laurence lui ressert, Bo sort d’abord son smartphone de son jean. Son sérieux retrouvé, il ouvre en quelques secondes le profil Insta de Laurence et le lui met sous le nez, le temps qu’il y reconnaisse sa dernière publication et par le fait même, sa petite personne.

Si c’est pas toi alors vous avez le même styliste hein.

Puis il ramène l’appareil à lui, navigue un moment. Sur l’écran, Bo et un autre mec se tiennent par la taille. Ils portent des vêtements de danse, leggings, camisole… Bo y tient d'une main ses longs cheveux en chignon et se compose un air hautain, l’autre rit. Un truc banal, inoffensif, en vrai. Si ce n’est pas carrément mignon, dépendant du point de vue.
Bo fait défiler lentement les commentaires.
Des cœurs, emojis avec des étoiles dans les yeux, des « vous êtes
beaaauuux », « Beau BB! », « ma machine à danser préférée », « just dance, boys! », etc.
Ça défile.
Ça défile.
Ah. Là.
Regarde Laurence, c’est toi là, le petit bonhomme manga?
Bo ne prend pas la peine de s'arrêter pour relire ce qui ne vaut pas la peine d'être relu. Ni lu.
Change de photo.
Défile de plus bel.
Et là.
Et encore.
Et là.

L’écran s’éteint d’un coup. Bo glisse le smartphone dans sa poche et détourne le regard vers rien. N’importe quoi outre cette tête de troll. Sa mâchoire se serre et le mixte de ses photos et des souvenirs qu’elles évoquent avec les commentaires de Laurence, comme des fausses notes aussi tenaces qu’assourdissantes, le rend inconfortable et frustré, mais sans le je-m’en-foutisme dont il se croyait maître plus tôt. Mon pauvre Bo, que ça lui dit du fond du crâne, t’es qu’un grand BB t’sais.

Je t’appelle un taxi.

Ce qu'il fait.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 08.12.22 12:02

Bas les masques


Ah. * Quel con *.

Laurence leva les yeux au ciel, le dos appuyé contre le mur. Il ne regarda pas Bo, ni ne tourna la tête vers les commentaires qu'il s'amusait à faire défiler. Il l'observait avec sa vision périphérique, visiblement agacé parce qu'il se tramait entre eux. Il fit un geste agacé de la main, repoussant le nuage de nicotine vers lui — sans faire exprès. Son esprit peinait à faire le point, entre la situation présente et celle passée. Laurence n'apprenait pas, et il n'évoluait pas. Il savait. Ce ne serait qu'une escalade de violence.

« Ta gueule. »

Commenta le jeune homme au danseur, avant de rouvrir la bouteille et d'en boire un coup. Puis il grimaça en la plaquant contre le torse de Bo. Ne l'avait-il pas vu boire devant avant ? Une expression claire de dégoût s'afficha sur son visage pâle. Puis il se frotta les yeux. Il fit un pas de côté pour mettre un peu de distance entre eux.

« Pas la peine, j'ai pas b'soin qu'un mec comme toi s'occupe de ça. »

Laurence refusa l'aide, comme toujours. Plein de mépris et agacé d'être toujours relégué au rang du petit frère, dont il faut s'occuper. Et d'un côté, sans avoir les deux autres sur le dos, il se sentait perdu. Il suivait leurs comportements, il s'adaptait à eux. Il savait ce qu'il devait dire ou faire pour être accepté. Mais là, avec Bo, il était pris aux dépourvus. Alors il se cachait derrière sa haine, l'alcool et la cigarette qu'il brûlait. Et puis, Laurence ne comprenait pas Bo.

Qui appellerait un taxi pour un mec qu'il détestait ?

Enfin. * Forcément *, Bo le détestait. Laurence faisait tout pour ça. Son attitude, ses commentaires homophobes et racistes sur les réseaux sociaux, qui franchissaient ses lèvres après quelques verres ingérés au Venus. Le mépris évident avec lequel il l'examinait, jamais vraiment dans les yeux. Comme si le regarder face à face allait lui brûler la rétine. Ou peut-être que son but, c'était de le piéger. Soit pour son fric, soit pour se venger. Les gens n'étaient pas bons.

Laurence soupira. * On vit dans une société. *

Laurence se détacha du mur, la clope entre l'index et le majeur, il fit quelques pas. Il fixa Bo de haut en bas et de bas en haut, puis il remonta ses lunettes avec son majeur. Un haussement de sourcils provocateur, l'esprit navigant en eaux troubles. Il ne savait plus trop ce qu'il faisait ni ce qu'il voulait. Au fond, il aurait été capable de s'échouer sur le premier banc trouvé et de décuver.

« Bonhomme manga, répéta Laurence en ricanant. JPP, lâcha-t-il, premier degré. T'as quel âge pour parler comme un demeuré ? »

Pourtant, il avait l'air sincèrement amusé par la réflexion. Il retenait des petits rires, partagé entre l'absurde de la réflexion, et l'alcool. Avec le Whiskey, le monde devenait plus supportable. Parfois, il était même drôle.



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Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 08.12.22 19:08
Bas les masques


avec Laurence


Bo range brusquement son téléphone. Qu’il se démerde. Qu’il se l’appelle, son taxi.

Les yeux baissés sur la bouteille que Laurence lui a rendue, un peu absent, Bo se dit que ça devient suffocant, son attitude. C’était vraiment du dégoût, sur son visage? Laurence descend dans des sphères que Bo n’a pas l’habitude de fréquenter, ou d’endurer. Là où il devient impossible d’avoir la moindre emprise sur la bêtise de l’autre. Sur son entêtement à délibérément se priver du moindre éclat de sincérité. Laurence lui donne l’impression de s’être un jour enfoncé les doigts, les mains, puis les bras dans les yeux et les oreilles, au point de les avoir emmêlés, et de n’être depuis plus qu’une bouche qui s’ouvre et se referme comme un clapet.

Bo sent néanmoins ses joues s’échauffer tandis qu’il se retient de justesse de tout bêtement répondre son âge à l’autre qui se moque. Il s’en mord la langue. Second degré, Bo. Sarcasme. Concentre-toi un peu. Ce n’est pas Laurence qui va lui apprendre qu’il peut parfois être légèrement… inculte, voire ignare sur les bords. Il est conscient de ce qu’il est, de ce qu’il fait, et des raisons pour lesquelles il a abouti là. M’enfin.

Bo commence à en prendre conscience : il a toujours affaire à un avatar. Laurence n’est pas là. Il ignore qui il est au-delà du bully et ne l’apprendra probablement jamais. Il ne s’adresse à personne. Du vent. Un masque et derrière; rien qu’une mauvaise haleine.
Bo perd son temps. Il cligne des paupières. Leur lourdeur le surprend un peu.
Il regarde l’heure. Il aura bientôt complété deux tours de cadran. Ce n’est pas comme si c’était la première fois.

Il reste que, il n’avait pas pensé que ce pourrait être aussi long.
Que Laurence serait dégoûté de boire dans la même bouteille que lui. Non mais toi t’as quel âge?

Qu’est-ce que tu veux dire, « un mec comme moi »? Demande-t-il d’un ton naïf sans détacher son regard du goulot dans sa main.

Il a bien une idée de ce qu’il veut dire, mais il veut l’entendre, peut-être pour se donner une meilleure raison de lui tomber dessus. Se valider, et en même temps, mettre le feu enfin à cette étincelle qui lui manque pour faire taire l’ambivalence. Que sa fatigue le fasse sombrer du bon côté. « Bon » côté…

Sa main se resserre sur le goulot, il porte le Whiskey à sa bouche et en boit une gorgée, deux, trois. Bo laisse tomber son sac à ses pieds avant de se rapprocher de Laurence, suffisamment pour lui appuyer fermement, d’un coup, la bouteille sur le torse.

Te gêne pas, surtout.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 08.12.22 22:42

Bas les masques


L'absence de réaction — du moins de mots — sur sa remarque lui tira un sourire. Plus mesquin, plus perfide. À faire apparaître les fossettes sur ses joues, à rendre ses yeux gris plus incisifs que des lames de rasoir. Laurence n'insista pas, il se contenta de ce coup d'oeil, et de ce rictus. Ce Drago Malefoy, terreur des féministes et des queers, à se draper de son titre et à se cacher derrière ses frères et son père. Tant mieux. Laurence se racla la gorge, avant de reprendre des bouffées de nicotine. Il se demandait encore ce qu'il attendait.

L'esprit clair, peut-être.

Jauger Bo, probablement.

Ce danseur-là. Qui se déhanchait comme une catin un soir de Sabbat, et dont la présence à côté de lui était une nuisance. Il remuait les épaules, des frissons désagréables remontant dans sa nuque, galopait le long de sa colonne vertébrale, et dégringolait le long de ses épaules pointues.

Oui. Pour le * juger *.

Laurence avait plein de mots immondes pour le qualifier. Ils n'avaient ni besoin d'être oralisé, ni d'être décrit ; ils étaient là, avec leur violence. Il ne savait pas encore ce qui le retenait de l'insulter, ni pourquoi l'autre s'infligeait sa présence morbide.

Qui était masochiste, hein ?

Laurence serra la mâchoire, il ferma les yeux intensément. Un instant, il s'était demandé si lui, le nerdz, l'avorton de sa famille, le fils de, * le * faisant * bander *.

Il secoua la tête, quelques mèches blondes tombèrent sur son front moite de sueur. Il en avait oublié la remarque de Bo.

« Mh... tu sais très bien, grogna Laurence. Il retenait ce qui lui passait dans son crâne de piaf. Il l'épargnait de sa langue aiguisé, de cet esprit affuté à être toujours plus violent. Ou devine, tenta-t-il alors que le froid du dehors affrontait celui du dedans. Un soupir, bref. Peu importe. Je m'en fous, en vrai. »

Bo s'en fichait-il ?

Laurence haussa les épaules, rejetant pour lui-même toutes les réflexions. La bouteille contre son corps le fit tanguer, un peu. Puis il fronça les sourcils sur Bo. Pour une fois, Laurence le fixa dans les yeux. L'alcool le rendait plus courageux d'ordinaire, jamais il n'aurait tenté un contact si * franc * tendancieux face à un inconnu. Il ne s'y risquait même pas avec ses frangins.

« T'essaye de me bourrer la gueule depuis le début. »

Un constat, un ton glacial. Sa langue claqua contre son palet, il ne voulait plus boire. Pas après lui. Alors il lui rendit la bouteille, avant de reprendre une bouffée de cigarette qu'il soupira sur son visage. Son haleine était le souffle d'un dragon de cartoon, ridicule et qui puait la mort. Un nuage de nicotine lourd de Whiskey. Laurence recula aussitôt, il se racla la gorge, avant de se débattre avec sa poche pour en sortir son smartphone. Le dernier modèle des Iphaunes, plus cher que la vie de Bo à ses yeux.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 09.12.22 3:10
Bas les masques


avec Laurence

La réponse de Laurence contribue à désamorcer le peu de conviction et d’ardeur que Bo était parvenu à collecter. Il s’en fout? Vraiment? Bo détaille le visage de Laurence un moment. Du moins ce qu’il en perçoit entre deux nuées grises. La fumée, d’ailleurs, ne l’incommode pas particulièrement. C’est certain qu’à côté des cigarettes que se roule sa grand-mère avec ce qu'elle fait pousser derrière sa cabane, son truc à lui sent la mort, mais dehors en plus, nah… Il en faudra plus pour le faire larmoyer.
Alors le blondinet, Bo déduit qu’il est du genre qui doit se trouver pire qu’il l’est. D’où la petite fierté dans la parure, le gel au toupet, tout ça. Sa petite exploration visuelle s’interrompt tandis qu’il remonte vers les yeux, car son regard bute plutôt contre la main de Laurence qui tient sa cigarette. Des cicatrices. Il semblerait qu’il ne s’en tienne pas toujours qu’aux mots; il cogne aussi. À tout le moins l’a déjà fait. Mais quoi? On ne se magasine pas ce genre de blessures en s’en prenant à de pauvres danseurs.
Bah.
Bo se dit qu’au fond…

Hm. Moi aussi je m’en fous.

Et c’est peut-être vrai.

Loin de craindre le contact, Bo glisse sans gêne dans l’échange de regards que daigne finalement lui accorder Laurence. Il en aura mis, du temps, songe-t-il. Sûrement symptomatique de son malaise face à lui. Mais ces malaises font partie de sa paye, à Bo. Tant qu’ils ne s’achèvent pas en insulte ou en crachat au visage, il y a définitivement du plaisir à en tirer. Pendant un instant, il se sent comme un funambule suspendu entre deux mondes. Plus le regard s’allonge, plus il s’approche du versant opposé et les contours de sa propre personne se dissipent doucement en laissant place au vertige.
Mais la soirée est trop vieille et usée pour ne pas risquer d’y laisser le peu de bon sens qu’il lui reste. Si tant est qu’il en a toujours. Aussi Bo reprend-t-il, mi-railleur, mi-rieur.

Peu importe, ouais… Que je te dégoûte pour vrai parce que t’es qu’un connard parmi tant d’autres ou que ce soit ta façon de me dire que… Il hausse les épaules en baissant les yeux sur l’entrejambe de Laurence, avant de lentement remonter se percher sur ses verres. Qui sait, qu’au fond tu sais pas comment le dire mais, que tu penses à moi dans ta douche, ou quand tu te branles dans tes petits bas… Et que tu te demandes si je fais des danses privées. Il sourit, heureux de lui annoncer la bonne nouvelle. Je fais des danses privées, Laurence. Mais t’as raison, on s’en fout.

Le poids de la bouteille dans sa main lui fait vaguement regretter son geste. Avoir su que Laurence serait autant sur ses gardes, Bo n’aurait pas osé risquer d’être pris à voler sur son lieu de travail. En même temps, il doute fortement qu’on lui montre la porte pour si peu. Contrairement à la bouteille de Whiskey, les fesses de Bo sont un modèle unique.
I drink to that. Ce qu’il fait, avant d’opiner de la tête en admettant tout bonnement ses intentions :

Oui. Et malgré l’avance que tu m’avais offerte, je suis en train d’échouer comme un con. Il rit un brin. Je suis nul à me venger, on dirait.

Ses yeux passent du smartphone à Laurence, cherchent. Est-il en train de l’appeler, son taxi?

Tu ferais quoi à ma place?

Une question somme toute sincère, bien qu’il n’ose pas espérer que la réponse le sera.

Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 09.12.22 10:25

Bas les masques



TW : insultes et propos homophobes

La longue déclaration de ce qu'il * pourrait * faire dans sa moite solitude n'arrange pas l'expression de dégoût. Oh s'il se sent rougir jusqu'aux oreilles aux premières secondes, cet état passe vite à l'écoeurement qui lui tord le ventre. Qu'il croit qui tord son ventre.

Un instant, Laurence se demanda si Bo ne voyait pas à travers le tissu. Les cicatrices. De plus en plus nombreuses, de jour en jour ; il ne s'arrêtait jamais. Et c'était certain qu'il recommencerait en rentrant chez lui. Pour évacuer les angoisses, pour se réveiller. Des journées chaotiques à tracer sur sa chair des lignes, encore et encore. Geste lent, médical qu'il en était. Alors quand Bo termina son numéro * l'incel * grogna :

« T'es vraiment un putain de dégénéré, gardes tes fantasmes de merde pour toi. »

La violence des mots n'était rien comparée à celle en dedans. Au sentiment de malaise qui tombait comme une pierre dans son ventre. Laurence venait de se fermer complètement. Son regard s'était adouci, un instant, avant de regagner sa froideur. Il avala une profonde bouffée de nicotine, n'écoutant plus ce que Bo racontait. Et il pensait. Il pensait toutes ces affreuses choses qu'il avait oralisées.

« T'es nul tout court. »

Rajouta le jeune homme en s'écartant, il répondait aux messages envoyés par ses frères. Au cas où, l'aîné lui demandait s'il était rentré ; un message envoyé plus tôt dans la soirée et qu'il n'avait pas vu. Laurence coinça sa clope entre ses dents, il tapota à deux mains sa réponse. Il se plaignait un peu, il peinait un peu - les lettres se mélangeaient sous ses doigts fins, et il effaçait, recommençaient ses phrases. Au final, ses répliques lancées à son frère étaient lourdes. C'était toujours ainsi entre eux. Difficile à dire s'ils s'appréciaient vraiment.

« Mh. Il écoutait d'une oreille, maintenant, il faisait un check de ses réseaux sociaux. Un énième avertissement sur Twitter, qu'il n'écouterait pas, et qu'il prendrait plaisir à contourner. Aucun like sur sa story Instagram avec son outfit du jour. La faute aux meufs, elles avaient de la merde dans les yeux. J'en sais rien. Je me demanderais pourquoi je suis tellement désespéré au point de vouloir passer la soirée avec un mec comme moi. Haussement d'épaules. T'es tellement en manque de queue que t'es prêt à sauter sur tout ce qui bouge ? »

Laurence ne releva pas les yeux sur Bo, toujours occupé à répondre sur les réseaux sociaux, et à ses frères. Au final, l'aîné lui répondit et lui demanda s'il voulait qu'il appelle un taxi pour lui. Laurence soupira, il aurait espéré que ce soit lui qui vienne le chercher. Il peinait à tenir debout. Il n'avait pas envie de vomir dans la voiture d'un inconnu ni de devoir donner son adresse. Au final, il se contenta de supprimer sa story.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 09.12.22 21:35
Bas les masques


avec Laurence
TW : Geste violent

Fantasmes?
Bo a l’ombre d’un sourire au coin des lèvres. Son regard se porte sur les alentours de plus en plus tranquilles. L’aube viendra mais avant, il reste à la ville ces quelques petites heures de répit où presque plus rien ne bouge. Elle peut enfin dormir, ignorer les miettes de vie restantes et se couvrir d’un silence que plusieurs ne lui connaîtront jamais.
Bo n’y cherche rien. Il se dit simplement qu’il ne connait pas ses fantasmes, pas vraiment. Il ne saurait pas les articuler de façon intelligible. Pas ceux-là. Il sait quand il aime ou pas, mais le désir est une bête qu’il a encore du mal à comprendre et à apprivoiser. Il aime Noodin. Il désire Noodin. Il a désiré d’autres garçons, aussi.

Il baisse les yeux sur Laurence.
Il ne croit pas désirer Laurence. Ou alors c’est qu’il se trouve face à l’une de ces bêtes qu’il ne sait pas flairer et dont la nature le dépasse. Mais il ne voit pas le plaisir à se faire couvrir d’insultes. Remarque, il ne s’agit peut-être pas de le voir.
De toute façon.

Non… T’as raison, t’es au-dessus de mes forces. Fait-il d’une voix éteinte.

L’envie de parler avec lui est passée. Elle a fui comme un chat au détour d’une ruelle. Laurence a le nez dans son écran et Bo tient toujours la bouteille à demi pleine. À nouveau, il a ce regard pour les alentours. Silence radio. En même temps, sa poigne sur le goulot s’inverse. Il respire profond, Bo. Il ne pense à rien, Bo. Un sifflement persiste dans ses oreilles, écorchées au passage des mots de Laurence, sûrement. Et ses yeux lui piquent un peu, secs. Il voit défiler Laurence et ses masques, et avec eux, la crasse indélébile qu’ils laissent trainer.
Une dernière fois, il baisse les yeux sur Laurence qui pianote toujours.
Avant de lui asséner un coup de bouteille de Whiskey derrière la tête.
Poc!
Aussitôt, le corps de l’étudiant se ramolli. Bo laisse tomber la bouteille pour les rattraper, lui et son précieux smartphone. Soutenant Laurence d’une main, il glisse l’appareil dans la poche arrière de son pantalon. Cela fait il se dépêche à attraper son sac, hisse la bandoulière sur son épaule puis passe sous Laurence pour le soutenir sur son dos. Son inconscience le rend lourd et Bo doit se plier par devant pour éviter que son corps inerte ne glisse trop d’un côté ou de l’autre. Ses mains jointes sous le derrière de sa victime lui permettent de lui faire une assise. Ça devrait aller. Ça doit aller.
Et hop c’est parti.
N’y pense pas trop.
Sage conseil.
De toute façon, ils pourraient très bien passer pour le type ivre mort qui se fait porter par son pote. Voilà.

Bo marche près de quinze minutes ainsi. Les muscles lui brûlent, mais sa respiration demeure constante. L’effort ultime le porte au premier palier d’escaliers d’un petit immeuble. Du bout du pied, il cogne à la porte arborant le chiffre 4. Il doit se reprendre deux fois avant qu’elle ne s’ouvre timidement, puis entièrement.

« WTF Bo!? »

Sara n’a plus ses longs cheveux platines, mais plutôt de courts cheveux noirs. Adieu makeup et paillettes, bonjour lunettes et grand t-shirt.

Je m’excuse…

Elle rentre en laissant ouvert. Bo la suit et referme derrière lui d’un coup de pied. Visiblement habituée, bien qu’énervée, par ce genre de visites, Sara s’affaire au salon à déplier le sofa-lit.

« J’ai un cours demain matin alors vous… Enfin tu me laisse dormir tranquille OK? »
Oui.
Elle passe à la cuisine, tire un bol d’une armoire qu’elle dépose près du canapé.
« Pas de vomi sur mon futon OK? »
OK.
Elle repart se coucher.
Merci Sara…

Et enfin, Bo dépose son fardeau sur le futon. Il retire sa veste et ses chaussures et s’assied. WTF Bo!? Elle ne sait pas à quel point. Sara n’a visiblement pas reconnu en Laurence le client désagréable du club et c’est tant mieux.

Bon…

À ton tour, Laurence. Bo lui retire sa longue veste et ses chaussures, les pose pas loin. Dans un ultime effort, il le hisse sur le matelas en le tirant par les aisselles, de sorte qu’il y soit complètement allongé. Il s’allonge à côté et, dans un dernier instant de lucidité, il sort son téléphone, colle sa tête contre celle de Laurence et se prend en photo. Il envoie le résultat en message privé à Laurence, sans trop se demander si c’est ouvertement une menace.
Ça vibre dans la poche arrière de son jean, mais il est déjà en train de sombrer très, très, très profondément… Sans trop savoir s’il se réveillera.
Laurence Wilkinson
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Laurence Wilkinson
# 19.12.22 10:53

Bas les masques



TW : insultes et propos homophobes

Laurence s'était réveillé en sueur, une tache de sang sur les draps. Il lui avait fallu de longues minutes pour se rappeler de ce qu'il s'était passé ; les souvenirs de la nuit précédente étaient encore flous. L'instant de panique succéda à la colère, puis à une réaction plus méthodique. Heureusement, il n'avait pas été déshabillé. Par contre, il lui manquait ses chaussures. Entre la gueule de bois qui sifflait dans son crâne, et l'endroit inconnu où il se trouvait, le jeune homme était désorienté. La présence de Bo, non loin de lui, fut l'un des premiers indices.

Et honnêtement, il eut envie de lui fracasser le nez sans plus de concession.

Il avait été enlevé. L'idée s'afficha clairement dans son crâne. Enlevé. Kidnappé. Emprunté à sa famille. Même s'il pouvait se mouvoir, et qu'il était a priori libre de partir, il n'était pas agréable de se réveiller ainsi. Ses mains tremblaient, les pensées étaient noires * violentes *

Laurence ouvrit son téléphone, il remarqua la petite notification accompagnée de sa tronche. Il répondit sans plus de céréominie : « T'es vraiment un fils de pute. Je vais détruire ta vie. »

Pourtant au corps assoupi près de lui, le nerd ne donna pas d'attention. Il se contenta de mettre ses chaussures, et de demander à son frère aîné de passer le récupérer. Un échange au téléphone, rapide, de sa voix éteinte et alcoolisée. Il baragouina un mensonge, mal fagoté, sans rentrer dans les détails. Au fond, Laurence avait honte d'avouer la situation. Si ses frères en avaient connaissance, que se passerait-il ? Il vérifia qu'il avait toutes ses affaires, son portefeuille, ses clefs, et sa lame de rasoir.

Quand il raccrocha, il fixa Bo avec un air mauvais. Il entendait d'autres bruits dans l'appartement. Il plissa les yeux sur le corps étendu face à lui, avec la rage au ventre. Il pourrait se venger. * Il pourrait *
Mais ils n'étaient pas seuls, et il n'était pas chez lui.

L'idée de l'attacher et lui faire Dieu ne sait quoi lui traversa bien sûr le crâne.

Au final, Laurence se frotta les yeux, avant de descendre quand son frère lui envoya un message. En bas. Son frêle corps déambula dans l'appartement, il fit tomber un truc en ouvrant la porte, et il la claqua sur son départ. Le moindre bruit lui tapait sur les nerfs, alors quand il monta dans la berline de son frère, il soupira. Celui-ci commenta son air malade, mais le jeune homme garda pour lui les souvenirs de la soirée. Il expliqua simplement qu'un des danseurs du Venus l'avait frappé.
Après s'être foutu de lui, son frère lui proposa de porter plainte.

« Je vais y réfléchir. »

Lâcha le jeune homme en rouvrant son smartphone sur la photo de lui, et il rajouta pour Bo : « t'as fais chier la mauvaise personne. »

Ce qui lui manquait, c'était encore du courage pour se venger.



KoalaVolant
Bo Brascoupé
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Bo Brascoupé
# 25.12.22 3:45
Bas les masques


avec Laurence
La scène est cernée par d’épais rubans de fumée. Bo note qu’ils sont plus denses qu’à l’habitude, mais n’interrompt pas son numéro pour autant. Il ne discerne plus très bien les visages dans la foule, mais l’étrange impression qu’ils se rapprochent lui noue lentement les tripes. Il continue. S’affaire. Des mèches lui collent au front, il a chaud. Il est nu. Ah, tiens. Il est nu, entièrement nu. C’est la première fois, non? Il a chaud et l’autre aussi. Malgré les brumes l’autre a un visage. Figé comme une tête de démon japonais, mais quand même. Il est là, avec son affreux visage et sa langue immense qui pend hors de sa bouche de laquelle il pleut des billets. Dans lesquels Bo se roule et se cambre. Ça lui colle à la peau. Ça s’immisce, sale.
Les billets cessent de pleuvoir alors il empoigne la langue et s’y hisse. Rien, toujours rien, la bouche ni ne crache ni ne dit, rien. Bo grimpe et la gueule se fait plus béante encore, la mâchoire comme disloquée. Tête première, Bo tente de s’insérer dans la bouche de l’autre. Au fond de la gorge, quelque chose étincèle. Il le veut, ce quelque chose. Il tend la main, se coince plus loin encore dans le gosier distendu.
Il est trop tard lorsqu’il sent les canines et les incisives s’appuyer contre son dos et sur son ventre. Trop tard et c’est à deux mains alors qu’il tente d’attraper ce quelque chose, doigts tendus, se démenant pour ramper dans cet impossible tunnel. Se démenant pour être avalé.
La mâchoire se resserre de plus bel. La peau se déchire, le sang jaillit, l’os craque. Le corps de Bo va se rompre sous la morsure, mais il y est presque. Et
CRAC
Tout juste comme on l’avale, il y touche, et cela lui entaille le doigt avec la fine violence d’une lame de rasoir.

Ouvre les yeux sur le flou. Au loin, une voix, une porte qui claque. Entre les rideaux, un soleil couchant. Entre les oreilles, un son qui tenaille, comme un trait sans fin.
Bo roule sur le dos, gémit. Il n’a pas envie de ramasser sa vie qui traîne au pied du canapé-lit. Elle s’agrippe à sa cheville, désespérée. Qu’on lui accorde la moindre attention, c’est tout ce qu’elle veut. Mais elle empeste la veille, toutes les veilles, la fumée, l’alcool, le sang… Pas la salive, ni les restants d’étreintes, hélas, non, cette vie-là ne tient aucune heureuse promesse, ses mains sont moites, sur la cheville de Bo, et elles laissent des traces indélébiles. Bo, qu’as-tu fait?
Il tâte, la paupière mi-close, il trouve, ouvre l’œil un peu plus grand et puis c’est là. Noir sur blanc sur son écran. Quelques mots qui, locomotive, charrient tout un tas de merde derrière eux.

« T'es vraiment un fils de pute. Je vais détruire ta vie. »

Et à sa vie de lui sauter dessus et de lui vomir tout son goudron en pleine gueule.
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